C’est la Nième étude qui conclut que les jeunes Québécois sont irresponsables en matière de finance personnelle. (Voir le texte d’Yves Therrien ici-bas.)
Il y a plusieurs raisons qui peuvent expliquer cet état de fait lamentable, mais deux d’entre elles sont particulièrement importantes : le manque d’éducation financière et la déresponsabilisation des individus.
Dans une société moderne, une connaissance minimum des principes fondamentaux d’économie et de finance est aussi nécessaire que les langues et les mathématiques.
Un sondage sur les connaissances financières pratiques de Visa Canada révèle que parler d'argent à la maison prépare mieux les étudiants à l'autonomie financière. Quatre étudiants interrogés sur cinq, qui parlent de planification financière, sont plus susceptibles d'établir et de tenir un budget.Malheureusement, les parents ne sont pas tous outillés pour transmettre ces connaissances à leurs enfants. Malheureusement, les bureaucrates du ministère de l'Éducation n’ont pas jugé utile d’inclure des cours d'éducation en économie et finance dans le curriculum scolaire. C’est à croire qu’ils jugent préférable de maintenir la population dans l’ignorance des rudiments de finance et d’économie.
C’est franchement « couillon »!
L’utilisation d’une carte de crédit est une responsabilité individuelle. Si vous n’en connaissez pas les conditions d’utilisation ou si vous abusez du crédit mis à votre disposition, vous ne pouvez vous en prendre qu’à vous-même.
Malheureusement, comme c’est souvent le cas au Québec, les trop nombreux organismes de défense des consommateurs véhiculent la notion que les utilisateurs de cartes de crédit ne sont pas responsables de leurs malheurs. Ce sont les émetteurs qui abusent de leur naïveté.
L’Association coopérative d’économie familiale de Québec (ACEF) demande de changer la loi de la protection du consommateur pour encadrer les pratiques de mise en marché des émetteurs de cartes de crédit. En d’autres mots, puisque les jeunes sont trop immatures pour utiliser une carte de crédit de façon responsable il suffirait de les tenir dans l’ignorance pour régler le problème. C’est une attitude « maternante » qui ne contribue en rien à responsabiliser les jeunes.
La Coalition des associations de consommateurs du Québec (CACQ), un autre organisme subventionné, reproche aux émetteurs de cartes de crédit de ne pas faire appel à l’intelligence des consommateurs. Ce reproche aux émetteurs de carte insinue que c’est de la faute des émetteurs si les consommateurs abusent du crédit à leur disposition. Une autre belle façon d’encourager la déresponsabilisation des individus.
Enfin, le Groupe de recherche en animation et planification économique (GRAPE) affirme que les jeunes qui obtiennent une carte de crédit pendant leurs études hypothèquent leur avenir. Alors, selon GRAPE, les étudiants sont nécessairement irresponsables et on ne devrait pas leur permettre d’utiliser des cartes de crédit. Encore une fois, comme tous les autres organismes « maternants », le GRAPE insinue que ce sont les émetteurs de cartes de crédit qui sont responsables du comportement irresponsable des consommateurs.
Au Québec, notre plus grand malheur découle du fait qu’il existe des dizaines d’organismes toujours prêts à nous fournir une excuse pour expliquer les déboires que nous nous sommes habituellement infligés volontairement.
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Quand la carte de crédit hypothèque le futur des jeunes
Yves Therrien, Le Soleil, 18 novembre 2009
(Québec) Trois jeunes Québécois sur quatre, dans le groupe d'âge 18 à 29 ans, possèdent une carte de crédit. Un jeune sur quatre s'en sert pour payer l'épicerie. Les jeunes utilisent la carte pour tout, même pour «joindre les deux bouts» du budget.
Ce constat émis par la Coalition des associations de consommateurs du Québec (CACQ) dans sa lutte contre le surendettement montre que les quelque 600 émetteurs de cartes de crédit au pays ne font pratiquement jamais appel à l'intelligence des consommateurs, mais à leurs sentiments, sauf lorsqu'ils disent ou écrivent cette petite phrase : «Utilisez la carte de crédit intelligemment.»
Le reste du temps, la sollicitation sous toutes ses formes joue sur les émotions des clients potentiels en faisant miroiter les possibilités de combler tous leurs désirs en faisant croire qu'il s'agit de besoins.
«C'est un non-sens», affirmaient mercredi matin les représentants du GRAPE (Groupe de recherche en animation et planification économique) et des ACEF (associations coopératives d'économie familiale) de Lévis et de Québec. «Ces jeunes qui obtiennent leur première carte pendant leurs études commencent dans la vie active avec de la monnaie de plastique et un endettement qui hypothèque leurs revenus futurs», poursuit Robert Bilodeau, du GRAPE.
Il n'est pas étonnant que le thème de la campagne de sensibilisation soit «J'en avais tellement besoin, mais là je suis dans la marge jusqu'au cou». Pour rejoindre les jeunes dans leur monde, outre la création du site Web www.danslamargejusquaucou.com, on propose un groupe dans Facebook et une chanson dans un rythme de rap.
Le groupe de jeunes du Centre de formation professionnelle de Limoilou a appris en assistant à la conférence de presse que la moyenne d'endettement était de 4900 $. «Ça serait intéressant d'avoir des cours de budget à l'école, pas des cours sur la Bourse», lance l'une des étudiantes.
Mais ces cours n'existent plus, poursuit M. Bilodeau en écorchant les «savants penseurs du ministère de l'Éducation qui ont laissé ça de côté. Le ministère et les commissions scolaires devraient accorder du temps pour ces informations de base».
La sollicitation omniprésente est l'objet des dénonciations des associations de consommateurs depuis des années, mais la Loi de la protection du consommateur n'a pas encore été changée pour encadrer ce qu'elles qualifient du plus grand facteur de risque d'endettement. «Nous espérons que la révision en cours de la loi répondra à nos attentes», ajoute Nicole Petitclerc, de l'ACEF de Québec.
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