Chaque Québécois doit plus de 34 000 $ au provincial seulement

Vaut mieux en rire!

Avant de couper des centaines de millions dans les services, est-ce qu’on peut avoir les services ? - Michel Beaudry

31 octobre, 2018

Analyse du modèle scandinave

Analyse du modèle scandinave

Quand vous entendez une morale facile provenant de nos politiciens québécois justifiant nos impôts élevés en se comparant avec les pays scandinaves, attention, il y a des différences majeures :

Transparence, efficacité et imputabilité

sont les mots d’ordre du modèle scandinave.

Pour obtenir les données utilisées pour cet article: Scandinave_data
Ces pays – qui sont la Suède, la Finlande, la Norvège et le Danemark – ont des taux d’imposition élevés, un filet social étendu et généreux, des taux de syndicalisation élevés, mais figurent tout de même parmi les plus riches du monde et on semble y trouver une superbe qualité de vie (santé, éducation, etc).
La Scandinavie serait-elle un paradis gauchiste? Serait-ce la preuve que le socialisme-démocratique est un modèle viable? Je vous propose ici une plongée en profondeur dans le modèle Scandinave…
Selon les données de la Banque Mondiale (2010), les pays scandinaves sont très riches et se classent tous dans le top 20 en terme de PIB/capita (PPP). Sur 180 pays, la Norvège est 4e, le Danemark est 12e, la Suède est 14e et la Finlande 19e. En guise de comparaison, les États-Unis sont 7e, le Canada 15e, le Royaume-Uni 20e et le Japon 23e. En fait, excluant la Norvège qui bénéficie d’une très grande industrie pétrolière, les pays susmentionnés sont tous très près les uns des autres; il n’y a pas vraiment d’écart de richesse entre le Canada et la Suède. Ceci étant dit, je suis conscient des problèmes du PIB en tant que mesure de richesse et de production (je l’expliquais ici). On peut néanmoins en conclure que les pays scandinaves figurent parmi les pays riches tels que le Canada et les États-Unis.
Libre entreprise
Les pays scandinaves embrassent le libre-échangisme. Des 141 pays analysés par l’Institut Frazer concernant leur ouverture au commerce international, le Danemark se classe 17e, la Suède 22e, la Finlande 42e et la Norvège 90e. Ce qui coule la Norvège sont les taxes sur les transactions internationales, les barrières non-tarifaires, les contrôles sur les mouvements de capitaux et les restrictions sur les intérêts étrangers dans des entreprises locales. Dans le cas de la Finlande, ce sont seulement les contrôles sur les mouvements de capitaux qui réduisent sa note, tout comme pour la Suède. Notez que les États-Unis se classent au 28e rang et le Canada au 59e rang. La Scandinavie est donc autant, sinon plus libre-échangiste que l’Amérique du Nord.
En fait, il n’est pas rare de voir les grandes entreprises scandinaves délocaliser leur production vers des pays à plus faible coût de main d’oeuvre et à pression fiscale moins élevée.
Concernant la règlementation, les pays Scandinaves sont très libéraux. Selon le rapport « Ease of Doing Business » de 2012, le Danemark se classe 5e, la Norvège 6e, la Finlande 11e et la Suède 14e. Les États-Unis sont 4e et le Canada 13e.
Beaucoup de services publics y ont été dérèglementés et privatisés,notamment en téléphonie, en transports, en électricité et la poste. Les subventions agricoles suédoises ont été abolies au début des années 1990s (ce qui a dû être renversé à l’entrée du pays dans l’Union Européenne). De plus, les gouvernements Scandinaves utilisent énormément la sous-traitance.
On peut donc dire qu’en Scandinavie, l’État n’intervient pas beaucoup dans le commerce et les affaires. La bureaucratie, la règlementation et la paperasse ne sont pas un problème.
Marché du travail
Au niveau de la flexibilité du marché du travail – qui a un énorme impact sur l’emploi et le chômage comme je l’expliquais ici – il y a d’énormes différences entre le Danemark et les autres pays scandinaves. Ce dernier se classe 7e sur 142 pays (par le World Economic Forum), alors que la Norvège se classe 85e, la Finlande 89e et la Suède 106e. Les États-Unis sont 6e et le Canada 12e.
Pourquoi une telle différence entre le Danemark et les autres? À cause de la « flexi-sécurité ». Cette politique permet une grande facilité de licenciement pour les entreprises (volet flexibilité) et des indemnités longues et importantes pour les salariés licenciés (volet sécurité). Les chômeurs ont aussi de fortes incitations à reprendre un emploi (obligations de formation, suivi, sanctions financières, etc). En dix ans, le Danemark a réussi à diviser son taux de chômage de moitié et le temps de chômage est très court.
Par ailleurs, plusieurs de ces pays n’ont pas de code du travail, ni de salaire minimum, ni de durée légale du travail. Les pays scandinaves encouragent les départs à la retraite tardifs; en Suède, les aides de l’État sont supprimées pour les retraites avant 65 ans. De plus, les pays Scandinaves affichent des taux de syndicalisation très élevés, mais les pouvoirs des syndicats y sont plus limités qu’au Québec. Leur attitude est plus collaboratrice et les grèves sont très rares.
Lorsqu’on regarde les chiffres, on constate trois choses : 1) en raison de la rigidité de leur marché du travail, les pays scandinaves ont souffert de taux de chômage nettement supérieurs au reste de l’OCDE; 2) ce sont surtout la Finlande et la Suède qui sont les moins flexibles et qui ont eu les taux de chômages les plus élevés; 3) le Danemark quant à lui, grâce à sa flexi-sécurité, a bénéficié de taux de chômage très inférieurs à la moyenne de l’OCDE.
Leur marché du travail inflexible est donc l’un des principaux défauts du modèle scandinave, sauf pour le Danemark.
Cependant, on note que les taux de participation de la main d’oeuvre sont plus élevés que la moyenne de l’OCDE pour tous les pays scandinaves. Pourquoi? Il semblerait que le modèle scandinave fait en sorte que les chômeurs ont moins tendance à se décourager et à sortir de la population active. Peut-être que le taux de participation des femmes est aussi plus élevé en Scandinavie (c’est le cas pour la Suède comparativement au G8, mais celui du Canada est plus élevé).
Productivité
Les salaires sont très élevés en Scandinavie. Sur les 34 pays de la base de données de salaires horaires du secteur manufacturier du BLS des États-Unis, la Norvège se classe 1ère, le Danemark 4e, la Suède 5e et la Finlande 7e. Le Canada est 13e suivit des États-Unis.
Côté productivité, mesurée par le PIB par heure (PPP), la Norvège se classe 1èresur les 39 pays étudiés par l’OCDE, la Suède, 12e, le Danemark 13e et la Finlande 15e. Les États-Unis sont 4e et le Canada 14e.
SI je divise le PIB à l’heure par le salaire horaire, je constate que les pays scandinaves ne se classent pas très bien. Sur les 29 pays pour lesquels j’ai les données, la Norvège se classe 18e, la Suède 26e, la Finlande 27e et le Danemark 28e. La conclusion est que la main d’oeuvre scandinave est fort dispendieuse et que son secteur manufacturier est vulnérable aux délocalisations.
Défense
Autre observation : les pays scandinaves ont des budgets de défense en bas de la moyenne relativement à leur taille. Sur 153 pays dont le budget de défense moyen se chiffre à 2.2% du PIB, la Norvège se classe 89e (1.6%), la Finlande 96e (1.5%), le Danemark 100e (1.4%) et la Suède 114e (1.2%). Cela les aide sûrement à maintenir des finances publiques saines.
Éducation
En ce qui concerne l’éducation, tous les pays scandinaves sauf la Suède sont en haut de la moyenne selon les tests PISA de 2009. À ce niveau, la Finlande se démarque clairement, d’autant plus qu’elle dépense moins que la moyenne de l’OCDE, que le Canada et que les États-Unis en termes de dépenses par habitant en éducation. Qu’a-t-il donc de si spécial le système d’éducation de la Finlande? Cela faisait récemment l’objet d’un documentaire diffusé durant l’émission «Une heure sur terre» à Radio-Canada.
La recette se résume en cinq mots : gratuité, décentralisation, flexibilité, concurrence et imputabilité. Les écoles sont autonomes quant à la gestion de leur budget. La bureaucratie est minimale; il n’y a pas de commissions scolaires. En Finlande, l’enseignement primaire et secondaire est entièrement gratuit, incluant les manuels, les repas et le transport.
La performance des établissements est fréquemment évaluée et les résultats sont transparents. Les effectifs des classes dépassent rarement 25 et celles-ci sont spacieuses et bien équipées (c’est ce qu’on peut se payer quand on économise sur la bureaucratie). Les professeurs jouissent d’une très grande liberté pédagogique; leur marge d’initiative est leur source de motivation.
On pourrait aussi noter que la Suède utilise davantage la concurrence avec le privé, mais celles-ci sont gratuites. Les parents reçoivent des «chèques-éducation» du gouvernement et peuvent choisir l’école de leurs enfants, qu’elle soit publique ou privée.
Santé
Tout comme pour l’éducation, le système de santé scandinave repose sur une organisation décentralisée. Il y a une séparation entre les acheteurs et les offreurs de services et ces derniers sont mis en concurrence.
Par ailleurs, l’entreprise privée a sa place dans le système (du moins en Finlande et en Suède). En Suède, 20% à 25% des centres de soins de premier niveau sont détenus par des entreprises privées. Le rôle des infirmières est élargi, lesquelles constituent une porte d’entrée pour les soins secondaires. Elles ont leur propre cabinet de consultation et fournissent une grande partie des soins maternels, infantiles, aux personnes âgées et aux personnes handicapées. De plus, des tickets modérateurs sont utilisés pour la plupart des services médicaux (en Finlande et en Suède). Finalement, les pays scandinaves sont des leaders en ce qui a trait à l’utilisation des technologies de l’information en santé (e.g. dossier électronique).
Il est difficile de faire des comparaisons entre les systèmes de santé de différents pays. Pour ma part, j’ai utilisé les études de Health Consumer Powerhouse, qui couvrent 33 pays d’Europe, et celles du Commonwealth Fund, qui couvre 11 pays industrialisés (incluant la Norvège et la Suède). Selon la première étude, les systèmes scandinaves ont une excellente performance, étant tous dans le premier tiers. Lorsqu’on met leur score en relation avec les dépenses, on constate qu’ils en ont tous pour leur argent, sauf la Norvège. Selon la seconde étude, on constate que 44% des répondants Suédois pensent que leur système de santé fonctionne bien et n’a besoin que de changements mineurs, versus une moyenne de 41% pour les 11 pays sondés et 40% pour la Norvège. Il semble que la Norvège aurait fort intérêt à s’inspirer des politiques de la Finlande et de la Suède pour réduire les coûts de son système, qui est entièrement public et entièrement financé par les impôts.
En Amérique du Nord, le Canada obtient une note de 38% avec des dépenses en santé par habitant similaires à celles des pays scandinaves, alors que les États-Unis obtiennent 29%, la deuxième pire note des 11 pays, avec le niveau de dépense le plus élevé.
Fait à noter, les temps d’attente dans le système de santé scandinave sont plus long que dans le reste de l’Europe et des pays industrialisés. Au Canada, les temps d’attente sont pires qu’en Scandinavie, alors qu’aux États-Unis ils sont bien plus courts. Cependant, les pays scandinaves gèrent leurs listes d’attente plus intelligemment : si l’attente est trop longue, les soins seront prodigués par un fournisseur privé ou situé dans un autre pays, aux frais de l’État.
Source : Consumer Health Powerhouse, OCDE.
Source : Commonwealth Fund, OCDE.
Corruption
La corruption est bien faible en Scandinavie. Les quatre pays sont parmi les 11 premiers rangs des 180 pays sondés par Transparency International (plus le score est élevé, moins il y a de corruption perçue). C’est ce qu’on s’attendrait à observer dans une société où le gouvernement est décentralisé (donc pas de haut-fonctionnaires ayant trop de pouvoirs), où la sous-traitance est fortement utilisée, où les fonctionnaires sont imputables et où l’État intervient peu dans le monde des affaires et dans le commerce.
Fiscalité
On entend souvent qu’en Scandinavie, les impôts sont élevés. C’est vrai, mais il y a nuance importante. Les taux d’imposition pour les entreprises sont plus bas qu’au Canada et aux États-Unis, ce qui est une bonne chose (voir ceci). Cela est compensé par des taxes de vente très élevées et des impôts sur le revenu très élevés.
Inégalités de revenus
Selon le coefficient Gini, les revenus des Scandinaves sont plus égaux que dans le reste de l’OCDE, surtout après impôts et transferts gouvernementaux. Les impôts élevés et un filet de sécurité social généreux contribuent à cette situation. Ceci dit, je ne crois pas que cette mesure soit adéquate pour évaluer le niveau d’équité dans une société (je publierai un article sur le sujet bientôt).
Conclusion
Les pays scandinaves sont des pays où l’État intervient peu dans le monde des affaires et le commerce. Ce sont des pays libre-échangistes et où les taux d’imposition des entreprises sont bas. Leurs économies ont été largement privatisées (en tout ou en partie) et dérèglementées. Il est facile d’y démarrer une entreprise et d’y faire des affaires.
  • En général, les employés du secteur public ont des primes reliées à leur performance, des évaluations fréquentes et sont immédiatement licenciés s’ils ne font plus l’affaire.
  • Les services publics sont gérés comme des entreprises privées mises en concurrence et leurs gestionnaires sont imputables.
  • La sous-traitance est prépondérante au sein du gouvernement, qui agit davantage tel un coordonnateur, plutôt que comme un prestataire de services.
Le talon d’Achille de la Scandinavie est l’inflexibilité de son marché du travail, qui fait malheureusement en sorte que son taux de chômage est constamment plus élevé, sauf pour le Danemark qui montre l’exemple à cet égard avec sa flexi-sécurité.
En éducation, c’est la Finlande qui a le meilleur système, usant de la décentralisation (petit ministère de l’éducation, pas de commissions scolaires), de flexibilité pédagogique, de mise en concurrence, de transparence et d’imputabilité. Ce système est à l’opposé du système québécois. En Suède, les écoles privées occupent une grande place et le financement se fait par l’utilisation des fameux «vouchers» vantés par Milton Friedman.
La même recette s’applique au système de santé scandinave: décentralisation, réduction de la bureaucratie, séparation des acheteurs et offreurs de services, mise en concurrence avec le privé, tickets modérateurs, etc.
Ce que je constate dans l’ensemble (et qui est surprenant) est que les pays scandinaves sont plus liberaux que le Canada et le Québec! En fait, je rêve du jour où nous adopterons une réforme du marché du travail comme celle du Danemark, une réforme de la santé et de l’éducation comme celle de la Finlande et de la Suède, ainsi qu’une libéralisation, privatisation et dérèglementation du commerce comme l’ont fait ces pays. Si le prix à payer en contrepartie n’est qu’un taux d’imposition plus élevé pour les particuliers, en échange duquel le filet de sécurité social serait plus élevé, alors je signe n’importe quand! Ce serait un grand pas dans la bonne direction.
Article tiré du blog Le Minarchiste

La réflexion du jour

Entre 1981 et 2015, la proportion de la population mondiale vivant dans l'extrême pauvreté a chuté de 42 à 10%.--- Jasmin Guénette

30 octobre, 2018

La réflexion du jour

Montréal impose le plus lourdement les immeubles non résidentiels parmi 11 grandes villes canadiennes, révèle une étude du Groupe Altus. Québec n’est pas loin derrière. Le taux d’impôt foncier non résidentiel par tranche de 1000 $ de Montréal est le plus élevé au Canada depuis 2008. Il s’élève à 37,76 $, comparativement à une moyenne de 24,21 $ dans les grandes villes du pays.--- La Presse+

29 octobre, 2018

La réflexion du jour

En français, cela signifie que le prêt ne sera jamais remboursé. Il a été radié. Voilà près de 2,6 milliards de dollars, incluant les intérêts, que le Canada ne reverra pas. Tandis que la société américaine engrange aujourd’hui des profits – plus de 4 milliards l’année dernière.--- Paul Journet

27 octobre, 2018

La réflexion du jour

Les petits copains de la CSN, la centrale préférée des cracheurs de feu, brandissaient des affiches vengeresses, cinq jours après le scrutin! La démocratie n'oblige pas les rustres à la politesse... Alors, vous verrez, la machine à chiâler tournera bientôt à plein régime et toute baisse des impôts sera qualifiée de crime contre l’humanité par les marxistes parlementaires.--- Michel Hébert

26 octobre, 2018

La réflexion du jour

Des experts comme Sylvain Charlebois, professeur de politiques agroalimentaires à l’Université Dalhousie, sont d’avis que certains secteurs de notre agriculture souffrent d’un manque cruel de vision d’avenir. Soulever ce type de questions, ce n’est pas de vouloir du mal à une industrie essentielle au Québec.--- Jonathan Trudeau

25 octobre, 2018

La réflexion du jour

Ce genre d’exemple me rappelle toujours comment nous sommes devenus la province la plus pauvre du Canada. De multiples freins à la croissance, des bâtons dans les roues de ceux qui diri­gent des PME, des ressources non exploitées, il a fallu en faire des bourdes pour tomber à la queue du peloton.--- Mario Dumont

24 octobre, 2018

Climat : SOS de 700 scientifiques en détresse

Bel exemple de lucidité scientifique à géométrie variable : quand il fait chaud c’est le climat, quand il fait froid c’est la météo.
Par Benoît Rittaud.
Normalement, je devrais être en train d’écrire quelque chose sur la première journée de la conférence organisée à l’université de Porto par l’Independent Committee on Geoethics. Et puis je suis tombé sur un nouvel appel incontournable, cette fois publié par Libération. Les climato-réalistes n’étant pas encore « maîtres des horloges » (©Emmanuel Macron), il me semble hélas plus urgent de réagir à cette nouvelle bêtise alarmiste que de faire un compte-rendu de ce qui s’est passé à Porto aujourd’hui.
Rien qu’à voir la couverture de Libé annonçant ce million-et-unième « appel », on sait d’emblée que l’intelligence et le sens de la mesure n’y ont pas leur place.
Une telle couverture nous fait entrer d’emblée dans la climatologie tabloïde dont on n’est certes pas surpris que Libé se fasse le porte-voix complaisant.
700 scientifiques, c’est du lourd. Autre chose, a dû se dire Libé, que les acteurs et chanteurs de l’appel précédent qu’a lancé son concurrent Le Monde il y a à peine quelques jours. Et vu l’indigence pitoyable de cet autre appel (il va bientôt falloir les numéroter pour qu’on s’y retrouve), on peut penser qu’il a été demandé aux signataires de faire en sorte que les lecteurs en aient cette fois un peu pour leur argent. Ils n’ont pas dû être déçus : des drames, de la peur, des excès, des affirmations fausses… on a droit à tout. Les acteurs du millionième appel de l’autre jour n’avaient rien à dire. Au fond, c’était peut-être mieux.

LE FAMEUX « RÉCHAUFFEMENT »

Je vais me concentrer sur le tout début de l’appel, en principe le plus « scientifique » de l’appel, au sens où il est censé, comme d’habitude, peindre le paysage qui justifie l’action rapide, les efforts massifs, l’absolue nécessité de tout repenser, et autres changements de paradigme.
Nous sommes d’ores et déjà pleinement entrés dans le « futur climatique ». Hausse des températures moyennes et récurrence des chaleurs extrêmes, y compris dans le nord de notre hémisphère tout cet été, fonte des glaciers et de la banquise, sécheresses, modification de l’aire de distribution de certains animaux et espèces végétales, destruction d’écosystèmes rares et précieux, hausse du niveau de la mer, désoxygénation et acidification des océans, etc.  : les manifestations concrètes du changement climatique ne cessent de s’accumuler. Quant au futur, les projections d’impact sur les milieux, les espèces et les humains sont systématiquement revues à la hausse au fur et à mesure des nouvelles connaissances.
La hausse des températures moyennes est principalement tirée de l’imagination fertile des signataires, qui tient davantage du wishful thinking que de l’analyse raisonnable des données disponibles. On sait en effet que, hormis un récent événement océanique (El Niño) qui a ponctuellement réchauffé la Terre en 2015-2016, la température moyenne de la planète est relativement stable depuis le début du siècle. Même les carbocentristes les plus acharnés conviennent a minima que l’augmentation de la température a fortement ralenti ces dernières années. Pour l’illustrer, voici par exemple les données satellitaires UAH :
La courbe bleue montre clairement que nous sommes sortis de l’El Niño et que, hormis donc cette singularité d’origine parfaitement naturelle (mais mal comprise), les fluctuations de température tournent autour d’une valeur qui n’évolue pas beaucoup depuis environ 2001. Même le GIEC en a d’ailleurs convenu dans son dernier rapport (la fameuse Box 9.2).
Aussitôt ensuite vient ce morceau de phrase qui relève de la pure malhonnêteté intellectuelle au sujet de la « récurrence des chaleurs extrêmes, y compris dans le nord de notre hémisphère tout cet été ». D’abord, les signataires n’ont pas l’air au courant que l’hémisphère nord a aussi connu des épisodes neigeux inattendus cet été en Amérique du nord aussi bien qu’en Europe centrale. (Reconnaissons toutefois que, l’« appel » étant franco-français, il convient de postuler que la France représente le monde.)

MÉTÉO, CLIMAT ET CONFUSION

Ensuite, la météo n’est pas le climat : il peut très bien faire chaud un été quelque part dans le monde sans que cela soit représentatif, et… bon, j’arrête, j’entends déjà des contradicteurs m’expliquer que je suis dans une posture de déni et que je refuse de voir l’évidence.
Prenons donc les choses d’une autre manière. En décembre dernier, l’Amérique du nord a connu une grosse vague de froid, conduisant Donald Trump à publier le tweet que voici :
Une ânerie car, comme je viens de le dire, la météo n’est pas le climat, et un événement ponctuel ne prouve rien. Heureusement, quand il s’agit de s’en prendre aux négationnistes du climat, nos vaillants climatologues sont là. (Ouf !) Par exemple, découvrant l’énormité proférée par le vilain Trump, le sang de Valérie Masson-Delmotte n’avait fait qu’un tour sur FranceInfo :
Franceinfo : Comment avez-vous réagi en découvrant ce tweet de Donald Trump ?
Valérie Masson-Delmotte : Quand j’ai pris connaissance de ce tweet, j’ai cru que c’était une caricature et c’est malheureusement le président des États-Unis qui s’est ainsi exprimé. Ce qu’il fait c’est qu’il confond la météo, localement et instantanément, et le climat, c’est-à-dire l’évolution à l’échelle de la planète et sur le long terme. Malgré la vague de froid aux États-Unis, si l’on prend par exemple l’ensemble des températures à la surface de la terre, aujourd’hui on est à 1°C de plus ponctuellement par rapport aux températures moyennes des 30 ans précédents. On voit qu’il y a vraiment une volonté de tromper le public comme l’avait fait un sénateur conservateur américain il y a quelques années qui s’était filmé jouant avec une boule de neige pour mettre en cause la réalité du changement climatique.
Au cas où vous auriez un doute : oui, Valérie Masson-Delmotte fait bien partie des 700 de l’appel d’aujourd’hui, où le coup de chaud de cet été sert d’argument dès la troisième ligne.
Bel exemple de lucidité scientifique à géométrie variable, donc. C’est la méthode du cliquet, bien connue de la climatologie contemporaine : quand il fait chaud c’est le climat, quand il fait froid c’est la météo. Bien sûr, ce type d’entorse à la rigueur doit être toléré puisqu’il s’agit de faire le Bien. D’ailleurs, ne trouve-t-on pas aussi dans la liste des signataires cet autre membre de la fine fleur de la climatologie carbocentriste française qu’est François-Marie Bréon qui, il y a quelques semaines, étalait dans Libération (déjà) son appel à la dictature climatique
Il est 2h40 du matin ici à Porto, alors j’espère que vous ne m’en voulez pas de ne pas poursuivre mon exégèse de ce nouvel appel. Les trois premières lignes en ont déjà dit fort long. La banquise, la hausse du niveau marin, l’acidification… il faudrait finir d’y passer la nuit.
Eux sont 700, ils ont le temps et les moyens… il y a quand même des moments où l’on se sent bien petit devant les efforts qui restent à accomplir pour sortir enfin de cette nasse.

La réflexion du jour

Il existe un consensus assez fort voulant que la solution au problème de compétitivité canadienne réside dans la réduction de l’impôt sur le revenu des entreprises. Lorsqu’une telle mesure a été adoptée au Canada de 2001 à 2012, l’expérience a été un succès et a contribué à relancer l’investissement, en dépit de deux récessions et malgré l’impact considérable de la chute des prix des produits de base.--- Mathieu Bédard et Kevin Brookes

23 octobre, 2018

La réflexion du jour

La question environnementale est importante. Pour réussir, il faut miser sur des solutions réalistes, pas des sermons. Les Québécois étant de grands innovateurs, je suis convaincu que nous allons relever ce défi.--- Jérémy Bélanger

22 octobre, 2018

La réflexion du jour

Un an et demi après son lancement, le système gouvernemental offrant des rendez-vous en ligne avec un médecin n’est utilisé que par une infime minorité de cliniques, en raison de bogues importants, alors que les coûts de sa mise en œuvre ont explosé, approchant les 7 millions jusqu’à maintenant.--- La Presse+

19 octobre, 2018

La réflexion du jour

La stratégie de développement économique de Montréal, dévoilée le printemps dernier par la mairesse Valérie Plante et qui sera au cœur d’un forum de mobilisation la semaine prochaine, était pavée de bonnes intentions. Mais elle semble avoir été élaborée par des fonctionnaires davantage soucieux d’élargir leur emprise sur l’encadrement du développement que de générer véritablement une activité économique accrue.--- Jean-Philippe Décarie

17 octobre, 2018

Ces associations écolos au fonctionnement néo-soviétique

La méthode soviéto-marxiste s’est imposée comme guide stratégique et moral de l’action politique dans le domaine de l’écologie.
Quels sont les dogmes de l’écologisme1 ?
Tout d’abord celui que l’action humaine conduit inexorablement à la ruine de sa propre espèce (la défaite de l’Homme) par les agressions qu’elle opère sur une Nature innocente dont nous pillions et empoisonnons les ressources.
Ensuite, que les modèles économiques en place, orientés vers le productivisme, produisent à répétition des crises sans limites avec des victimes manquant de tout : désagrégation sociale, chaos environnementaux et climatiques, mondialisation injuste.
Nous sommes donc tous les prolétaires d’un environnement insupportable, victimes de l’action égoïste d’un monde économique conduit par une oligarchie, devant nous tenir prêts à nous libérer pour atteindre un avenir radieux de simplicité, d’harmonie entre nous et avec la Nature.
Une action alternative est nécessaire –un projet global– fondée sur l’action locale et mutualisée par une nouvelle gouvernance mondiale, ayant comme objectif  la « mutation écologique de la société » afin de la rendre durable et juste, sans privilèges ni victimes.
Organisé en cellules locales, coordonné par une puissante Internationale, le monde soviétique savait assurer sa mainmise sur le politiquement correct de son époque, malgré les contre-offensives de la propagande yankee. Par compagnons de route interposés et en instrumentalisant bon nombre d’idiots utiles, la méthode soviéto-marxiste s’est imposée comme guide stratégique et moral de l’action politique.
Et nous ne sommes pas près d’en être libérés, le relais étant pris par cette doxa écologiste qui s’est imposée en l’espace d’un demi-siècle. Même buts, le matérialisme en moins et la Nature en plus, même combat, mêmes méthodes : l’histoire nous l’enseigne mais nous n’apprenons pas.
Les néo-Soviets, cellules de base du mouvement, sont les associations écologistes, souvent préoccupées par une défense ou une protection allant du lombric au grand mammifère, d’un biotope particulier à la flore et la faune d’une région entière, ou soucieuses de conserver la biodiversité ou de régler le climat global, etc. Il y a aussi les militants anti-quelque chose –nucléaire, chimie, biotech, béton– ou prônant leur schmilblick –véganisme, LGBT, panneaux solaires et éoliennes, agriculture bio.
Bien que cela ressemble à un inventaire à la Prévert les fondements de ces entreprises se trouvent partiellement ou entièrement dans les dogmes cités plus haut. Avocats et chiens de garde, ces groupes animent la scène en exprimant des revendications ou en réagissant à tout évènement ou publication leur paraissant scandaleux.
Les arguments factuels et rationnels faisant défaut, l’opposant ou le déviant a droit à des attaques ad hominem pour le disqualifier ou l’accuser de crimes imaginaires. Les programmes scolaires en ont été envahis. Les enfants n’en sont pas encore à dénoncer les mauvais comportements de leurs parents, mais la tentation est grande de les y inciter.
Or il est bien connu que les petites racines doivent nourrir de grands arbres. Des fédérations globalisées sont en place qui disposent de moyens énormes, bien supérieurs à ceux que des associations d’industries engagent dans leur lobbying. Leurs noms sont GreenpeaceWWFFriend of the Earth, Sierra Club, Climate Action Network, et d’autres encore.
Quoique dénommées ONG elles jouissent d’un statut quasi gouvernemental, avec des agents infiltrés ayant accès aux préparations et délibérations de conférences internationales qui s’assurent de la rectitude politique des experts publiant des rapports de synthèse pour les décideurs.
C’est une sorte de Komintern virtuel qui fonctionne, maître de l’agenda politique donnant le ton et le rythme, sachant parfaitement user des médias et du levier des réseaux dits sociaux de l’internet. Ni un Pape, ni un comité directeur, ni une académie écolo-climatique ne sont nécessaires, la syntonisation est devenue automatique.
Comme tout producteur d’électricité ne peut se connecter que si sa fréquence et sa phase sont parfaitement synchronisées avec le réseau, tout écart provoque un rejet immédiat du fautif et à sa destruction s’il persiste.
Les compagnons de route sont les habituels collectivistes et planificateurs de bonheur au prix de la liberté individuelle, les étatistes distributeurs d’impôts trop perçus, soutenus par des administrations trouvant là une raison d’exister et de perdurer. Les médias y participent aussi, voulant se donner des airs de maîtres à penser mais en réalité subordonnés à un politiquement correct qu’ils aident à imposer. Ils n’aiment pas savoir qu’ils sont les idiots utiles de la farce, pourtant leur conformisme discipliné prouve leur manque d’opinion propre et d’esprit critique.
La réponse à ce néo-soviétisme est quasiment absente ou muette : ceux qui s’y opposent sont isolés et désorganisés. Dans le monde francophone un Claude Allègre, pourtant socialiste, a été réduit au silence et ridiculisé, les Luc Ferry et autres Pascal Bruckner s’expriment avec talent mais ne disposent d’aucun relai médiatique ou politique pour amplifier leur message, au contraire de n’importe quel incompétent –Président d’une grande république, cheffe d’un département fédéral, ministre d’État, animateur TV ou vedette pop et éphémère– répétant le mantra écologiste avec splendeur.
Pas de place non plus pour un Bjorn Lomborg, considéré comme traitre à la cause écologiste parce qu’il propose une méthode fondée sur les faits et les priorités des peuples concernés plutôt que de s’aligner aveuglément au courant dominant et aux solutions toutes faites des « sachants ».
La fibre écologiste a maintenant été phagocytée par tous les partis traditionnels, tant d’un bord que d’un autre, bien que, à l’exception du dogmatisme vert, n’ayant aucune opinion structurée à propos de la gestion de l’environnement, le monde politique reste fidèle à lui-même : suiveur et opportuniste.
À gauche, le néo-soviétisme bat son plein, bis repetita placent, cette fois sous la métaphore de la pastèque. À droite, personne ne conçoit rien pour s’y opposer ni même n’entrevoit les dérives totalitaires que cela entraînera ; la sidération devant l’avènement de l’État social, percepteur et redistributeur se poursuit face à l’écologisme.
Alors que dans le bon vieux mauvais temps le communisme pouvait mobiliser une opposition déterminée, le néofascisme écologiste ne semble effrayer personne. Même aux USA les Républicains ne mettent pas en cause les causes écologistes mais s’attachent à préserver des avantages politiques et financiers à plutôt court terme, celui de la prochaine élection. Le monde de la finance semble aussi y trouver son beurre, peu lui chaut l’illibéralisme que cela implique.
Faudrait-il alors se résoudre, une fois de plus, à subir les « visions » d’un monde promis comme meilleur, à accepter l’omniprésence d’une propagande qui vend cet avenir radieux au prétexte mensonger que le présent serait des plus horribles, le pire de l’histoire, à obéir à l’ardeur normative et planificatrice contraignant nos besoins et nos désirs, nous imposant des comportements et des croyances absurdes ainsi que des taxes toujours plus élevées ? Faut-il se soumettre au mensonge2 organisé et permanent, à cette contrainte moralisante ? Non, bien sûr !
Mais comment faire, alors que les Soviets et leurs commissaires politiques sont d’ores et déjà en place à tous les niveaux, que les gardiens du temple y font de magnifiques affaires et que la mise à l’index n’a jamais été aussi efficace ?
Il serait plus confortable de se planquer, de rester coi. C’est certainement ce que fait cette majorité silencieuse dont on dit qu’elle sait tout mais ne l’exprime pas. Comment faire pour la réveiller, la secouer ? Je n’en sais rien mais je commence en écrivant ce billet…
  1. Afin d’éviter toute confusion il faut rappeler que l’écologisme n’a rien à voir avec l’écologie, qui est une discipline scientifique. Par définition un « -isme » procède d’une idéologie, avant tout politique, fondé sur un ou plusieurs dogmes. C’est de cela dont il est question ici. Le très court résumé dogmatique qui est présenté a été tiré des déclarations de partis écologistes. ↩
  2. La place manque ici pour démontrer l’inanité, donc le mensonge, du message catastrophiste à propos des malheurs sans précédents des temps modernes. Voir mon livre Réarmer la raisonet ses chapitres consacrés à l’écologie et au développement. ↩