Chaque Québécois doit plus de 34 000 $ au provincial seulement

Vaut mieux en rire!

Avant de couper des centaines de millions dans les services, est-ce qu’on peut avoir les services ? - Michel Beaudry

28 février, 2021

Et tous seront égaux, de gré ou de force

OPINION : Et si on évitait de créer des lois dont l’efficacité ne semble pas toujours la qualité première et de laisser le citoyen moyen penser qu’il n’en a pas pour son argent ?

Dans l’éternelle guerre française opposant libéralisme et étatisme, c’est ce dernier qui semblait avoir remporté la dernière bataille. L’improbable Covid est tombé du ciel pour redonner l’avantage à la machine étatique française.

Il était en effet vital en 2020 :

  1. Que chaque Français soit traité avec équité.
  2. Que la méchante hydre ultralibéralequivousveutdumal ne s’empare pas de ces nouveaux marchés juteux pour escroquer les pauvres consommateurs et/ou malades et/ou usagers français.
  3. Que, quoi qu’il en coûte, nous laissions notre pays dans l’état dans lequel nous l’avons trouvé en arrivant.

Un an après, il semble que le libéralisme reprenne du poil de la bête au vu des multiples errements, hésitations et autres incompétences dont la machine étatique semble avoir fait preuve ces douze derniers mois. En tout cas, mais je suis peut-être influencé par mon biais de confirmation, il semble que l’on entend moins fort les voix qui chuchotent à l’oreille de l’État et hurlent leur amour du collectivisme dans les médias.

Mais finalement, tout cela est-il bien le sujet de la discussion ? Trop ou pas assez d’État, c’est un peu comme trop ou pas assez de tests, trop ou pas assez de malades, de contraventions, de dette…

Le problème que l’on pose habituellement, à savoir : un État pour tous ou un État pour s’occuper de ceux qui en ont vraiment besoin, n’est peut-être pas le bon problème. Et si le problème est mal posé, la réponse ne peut être bonne.

ANECDOTE PERSONNELLE

Pour illustrer, voici une petite aventure personnelle du quotidien, autrement baptisée anecdote.

Je suis membre d’un club de théâtre. Comme toute association, nous devons faire preuve d’une transparence complète vis-à-vis de la préfecture, notamment en déposant notre procès-verbal d’assemblée générale sur le site ad hoc. Je dépose donc le document et me dit que l’affaire est pliée… Mais non.

Je reçois quelques semaines plus tard un courrier indiquant que la demande est refusée pour cause de cases non cochées. Je retourne cocher la bonne case qui permettra à un préposé assermenté de vérifier si notre association très petite et très amateure n’est pas en train de préparer… je ne sais quoi de dangereux.

Cette aventure passionnante soulève un certain nombre de questions.

Quelqu’un est-il VRAIMENT chargé de lire tous les procès verbaux de toutes les assemblées générales de France pour traquer les déviants ? Est-ce fait ? Dans quelles conditions ? Dans quel but ?

Et puis que cherche-t-il exactement ? Quel est le risque de laisser une association comme la nôtre gérer sa vie en toute autonomie ? Que mettons-nous en péril au point d’être contrôlés ainsi ?

La seule réponse crédible est que, parmi le maquis ahurissant qui compose l’asso-sphère française, ces millions d’organisations plus ou moins grosses, plus ou moins amicales, ont pu émerger quelques brebis galeuses : entreprise maquillée en association, détournement d’argent à des fins personnelles ou diffusion d’idées pas très républicaines. Certes.

Mais alors est-ce par le moyen qui nous est proposé, ce contrôle tatillon de toute modification, que nous allons remédier à cela ?

Ne serait-il pas plus efficace de mettre en place une vraie politique d’enquête et de traçage des contrevenants ? Vous savez : tester, tracer, isoler. Hein ? Ça vous parle ?

Ce qui m’amène à ma réflexion de départ : trop/pas assez d’État, est-ce le problème ?

LA SOLUTION DE LA PUNITION COLLECTIVE

Le problème n’est-il pas plutôt que nous traitons toujours des situations particulières de manière générale ? Autrement dit, plutôt que de trouver et condamner les fautifs, nous préférons faire subir à l’ensemble de la population une loi contraignante en espérant que le nombre de déviants restera limité.

Poussé par la curiosité et un peu de mauvaise foi, je vous propose ma liste des cas généraux censés traiter les cas particuliers.

Des foufous prennent la route pour un circuit ? C’est vrai. La réponse : le 80 km/h. Ou les ralentisseurs tous les 100 mètres ou les ronds-points à chaque carrefour même quand ce n’est pas un carrefour.

Il y a des malades ? Confinons toute la population.

Un problème d’emploi ou de stratégie industrielle ? Refabriquons un commissariat au plan et planifions sur dix ans l’ensemble de l’économie française.

Un problème de trafic de drogue dans les quartiers ? Jetons quelques milliards sur les tours.

Des élus peu scrupuleux s’en mettent plein les poches grâce à des marchés truqués ? Pas de problème : pourrissons la vie de l’ensemble des entreprises françaises qui voudraient commercer avec les administrations en les obligeant à remplir des dossiers épais, complexes et illisibles pour qu’au final seules les plus grosses d’entre elles aient les moyens et le temps nécessaires de s’y consacrer.

Certains abusent de la Sécurité sociale ? Ça roule : un parcours de soin général et global que tout le monde doit suivre sous peine de sanction financière.

Un problème de pollution en ville : supprimons les voitures.

Toutes ces décisions globales évidemment agrémentées de taxes, impôts et contraventions mitonnées aux petits oignons par nos énarques en liberté, eux.

TROP DE LOIS TUENT LA LOI

Quand je discute avec tout un chacun de libéralisme, la remarque qui m’est généralement faite est que l’on ne peut pas laisser les gens faire ce qu’il veulent.

Je suis d’accord, et d’ailleurs personne n’a jamais dit que le libéralisme consistait à supprimer toutes les lois pour laisser s’installer le laisser-faire généralisé.

Au contraire, l’un des objectifs du libéralisme étant de laisser aussi peu de lois que possible pour encadrer efficacement la vie en société, il est impératif que ces lois soient appliquées à la lettre. Et que le contrôle soit efficace.

Rêver à une instauration du libéralisme en France passe d’abord et avant tout par le recentrage de l’action de l’État sur l’application des règles telles qu’elles ont été décidées. Donc de déployer les moyens humains et techniques pour faire respecter ces règles. Et de sanctionner les contrevenants individuellement et systématiquement.

Ceci devrait éviter à l’avenir de créer des lois systémiques dont l’efficacité ne semble pas toujours la qualité première. Et de laisser le citoyen moyen penser qu’il n’en a pas pour son argent.

27 février, 2021

Le désastre de l’écologie anti-technologie

 Les appels d’écologistes anti-technologies, anti-capitalistes et, bien sûr surtout anti-nucléaires, à concilier écologie et économie sentent de plus en plus l’arnaque intellectuelle.

La sacro-sainte transition énergétique, financée sur fonds publics mais anti-technologie et anti-industrie, ne répond pas aux espoirs qu’elle a suscités et elle appauvrit la France.

Pire, elle rackette le peuple au profit d’une minorité de pseudo écologistes aux méthodes quasi-mafieuses qui bénéficient d’avantages financiers colossaux provenant, entre autres, de fonds européens FEDER, du département et de la région.

Les nombreuses passerelles entre les aides européennes, le marché des certificats verts et celui de l’effacement de l’électricité, engendrent des mouvements financiers qui attirent des esprits habiles captant l’argent public prélevé sur tous les ménages (plusieurs dizaines de milliards d’euros).

GABEGIE FINANCIÈRE

Cette gabegie financière internationale prospère via une nébuleuse d’intérêts d’investisseurs et de marchés financiers opaques qui surfent sur le slogan universel « il faut sauver la planète ».

Étrangement, aucune de nos icônes écologiques auto-proclamées ne s’insurgent contre ce vol institutionnel.

Le radicalisme écologique d’une minorité se réclamant du Bien mine la France avec la bénédiction des médias et de la plupart de nos élus démissionnaires qui n’osent plus contredire le dogme des Khmers verts. Tous les moyens sont bons pour enrober la transition énergétique d’un bel emballage verdâtre masquant l’arnaque financière.

Mais les Français commencent à apercevoir les manœuvres de ces pseudo-écologistes affairistes qui piochent dans leurs poches au nom de la sauvegarde de la planète pour les mener dans le caniveau.

GILETS JAUNES

La situation quasi-insurrectionnelle des Gilets jaunes s’est introduite par effraction  dans l’écologie de salon. Le peuple s’est révolté contre le pillage de son porte-monnaie sous couvert d’écologie.

Cette révolte populaire, expression d’un ras-le-bol fiscal, couvait depuis plusieurs années.

Une fracture territoriale s’est installée entre des métropoles écolo-intelligentes et des provinciaux de ploucs-pollueurs seulement bons à payer et à se taire pour sauver la planète…

Cette appropriation marchande de l’écologie est devenue un business pour la préservation de la planète sur fond d’un marché de certificats verts et de droits à polluer !

Un mouvement de fond ose enfin dire que ce n’est pas aux plus pauvres de supporter la fiscalité carbone et de porter la responsabilité du désastre financier des solutions vertes concoctées par des gouvernants hors-sol.

Le soulèvement des Gilets jaunes a mis en lumière la rupture entre l’écologie utopiste et les Français moyens qui ne veulent plus payer la gabelle pour les erreurs de parangons de vertus pseudo-écologiques.

Le peuple se révolte contre un système qui le prend en otage. Il ne veut plus courber l’échine sous les excès des lobbies écologistes infiltrés comme l’Office Franco-allemand pour la Transition Energétique (OFATE) dans les rouages du pouvoir, et jusqu’au sommet de l’État.

Tout est mis en œuvre pour rendre cette transition écologique ruineuse et incompréhensible afin d’exploiter l’ignorance des citoyens pour mieux les pressurer fiscalement.

« Le carburant est trop cher ? Eh bien donnez-leur du biocarburant et de l’hydrogène ! » (encore davantage subventionnés et qui coûteront encore plus chers…) disent en cœur les stratèges du ministère de l’Écologie.

Les prélèvements fiscaux augmentent mais les services diminuent dans les campagnes : moins de trains régionaux, moins de bureaux de poste, moins de maternités, et paradoxalement même moins de… services fiscaux dans les petites villes !

LES KHMERS VERTS

Les appels d’écologistes anti-technologies, anti-capitalistes et, bien sûr surtout anti-nucléaires, à concilier écologie et économie sentent de plus en plus l’arnaque intellectuelle.

Cette transition énergétique reniant les lois physiques et économiques s’effiloche lentement et craque en profondeur.

Les fausses solutions du développement de l’éolien et du photovoltaïque, du biogaz et de l’hydrogène, commencent à être mises à nu mais continuent à enrichir des Khmers verts en col blanc.

L’écologie est devenue un nouveau système politique totalitaire où règnent la démagogie, l’hypocrisie, la culpabilisation et la désinformation.

Se dirige-t-on vers un enfer vert ?

Faudra-t-il un écofascisme pour sauver le monde ?

L’astrophysicien français Aurélien Barrau, devenu activiste écologique a déclaré dans une tribune pour le site Diacritik : « Les initiatives locales et la volonté citoyenne ne suffisent plus. Il est aujourd’hui vital que des décisions politiques drastiques – et contraignantes donc impopulaires – soient prises. »

ORGANISER LA PÉNURIE

Remplacer des centrales nucléaires par des « énergies renouvelables » (principalement le solaire et l’éolien) à la production électrique aléatoire conduit inéluctablement à une diminution de la production et à une casse sociale sans précédent.

Pourtant, un parc croissant de véhicules électriques entrainera une consommation d’électricité beaucoup plus importante qu’aujourd’hui.

Comment concilier l’intermittence des énergies dites renouvelables, leur faible capacité de production et l’augmentation de la demande d’électricité liée au tout électrique à un coût acceptable ?

C’est impossible.

Il faudra donc gérer la pénurie en organisant la distribution d’électricité quand elle sera disponible. Cela s’appelle le rationnement (sous une forme moderne bien sûr) ce qui ne semble pas déplaire à nos idéologues écologistes.

Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes écologistes puisque la décroissance, qu’appelle de ses vœux l’écologie politique, est « En marche » !

26 février, 2021

« Hayek : du cerveau à l’économie » de Thierry Aimar

 Réhabiliter Hayek. Du rôle de l’ignorance dans la prétention à conduire les individus, et des risques totalitaires que cette prétention induit.

Thierry Aimar, économiste spécialiste de l’école autrichienne, cherche à travers cet ouvrage à remettre en cause les caricatures qui sont très souvent faites de Friedrich Von Hayek, dont la pensée se trouve dénaturée et instrumentalisée généralement pour des raisons idéologiques ou politiques.

NE PAS SOUS-ESTIMER NOTRE IGNORANCE

Ce que l’auteur nous invite à découvrir est un Friedrich Hayek qui nous convie à faire preuve d’humilité, au vu de notre ignorance, face à la complexité des choses et de la société. Ce qui est aussi vrai pour des présumés experts, même réunis en assemblée.

Ce qui aboutit à renoncer à vouloir à tout prix gouverner la vie des autres. Ainsi, les représentants politiques ne font « qu’agiter du vide, en cachant leur impuissance derrière le masque de la communication ».

Thierry Aimar commence par s’intéresser, dans un premier chapitre, au Hayek théoricien du cerveau. L’économiste et philosophe autrichien s’intéresse en effet à l’ignorance de soi et à la subjectivité. C’est par là considérer notre singularité, qui conduit naturellement au subjectivisme.

Nous nous définissons plus par notre individualité que par notre appartenance à une communauté. Et c’est la subjectivité des individus qui rend selon lui impossible la régulation par le haut d’une société multiple, caractérisée par les phénomènes complexes.

À sa propre subjectivité et ignorance de soi s’ajoute, en effet, celle des autres. La coordination des actions et décisions au niveau économique passe donc par un ordre spontané. Ce sont ainsi l’entrepreneur, le marché et la concurrence qui permettront l’échange.

ÉCONOMIE DE L’IGNORANCE

C’est l’échange entre individus qui permet de se procurer les biens matériels et les ressources qui nous sont nécessaires pour vivre. Et c’est l’entrepreneur qui dispose de la capacité de percevoir et identifier les opportunités d’échange, jusque-là ignorées, permettant ainsi aux agents de coordonner leurs activités et d’améliorer leur bien-être.

Ceci se trouve facilité par l’émergence de la monnaie. Le tout est coordonné par le faisceau des prix relatifs, qui permettent d’ajuster les valeurs subjectives que les individus attribuent aux différents biens. C’est ce que l’on appelle le marché, qui transforme les opportunités ignorées en opportunités connues et révèle les préférences subjectives des individus ; la fameuse catallaxie, gage de cohabitation pacifique entre les individus.

La concurrence joue, quant à elle, le rôle d’un processus d’ajustement, permettant de faire progresser cette connaissance, et donc de mieux satisfaire les individus. Mais à la condition de la laisser s’exercer librement. Même un monopole privé ne le restera pas longtemps, généralement concurrencé par de nouvelles initiatives ; ce qui n’est habituellement pas le cas des monopoles d’État, souvent détenteurs d’une rente.

C’est aussi ce qui explique l’échec du planisme et des systèmes d’étatisation des moyens de production, qui détruisent l’ensemble de ces mécanismes d’échanges d’information, l’État se chargeant de décider ce qui sera produit et à quel prix ces biens seront vendus (chez Marx selon la valeur travail, qui n’est pourtant qu’un paramètre parmi d’autres, guère uniforme, de surcroît). Sans considération de leur valeur subjective aux yeux des individus. Et ce, quelles que soient les compétences et les bonnes intentions des planificateurs.

COMMENT ALORS EXPLIQUER LES CRISES ÉCONOMIQUES ?

Thierry Aimar nous fait découvrir l’itinéraire du jeune Hayek, qui en 1928 avait prédit la Grande crise qui allait suivre un an plus tard, basée, comme la plupart des crises économiques, sur l’ignorance et sur l’orgueil ; celui qui consiste en l’occurrence, pour les gouvernements, à prétendre contrôler l’économie par la monnaie en faveur de leurs intérêts, au détriment de ceux des citoyens qu’ils sont censés représenter.

Le fameux système de la planche à billets, qui permet de produire de l’argent pour payer ses dettes de guerre, comme dans le cas de l’Allemagne et de l’Autriche au début des années 1920, débouchant sur la terrible hyper-inflation, ou pour financer des budgets continuellement en déséquilibre, plutôt que de procéder à de véritables réformes structurelles (une problématique que nous connaissons bien).

Dans le cas des États-Unis de 1929, déjà la manipulation des taux d’intérêt par la Federal Reserve, cherchant à favoriser la croissance par des taux d’intérêt bas, s’est faite au prix d’un endettement à outrance des Américains, au détriment de l’épargne et donc de la source de financement de l’investissement et de la croissance de la production. Mécanisme jouant comme un véritable poison et qui se répètera encore en 2008 avec la crise des subprimes.

L’ERREUR CONSTRUCTIVISTE

C’est dans La route de la servitude qu’Hayek va de manière la plus remarquée mettre en garde contre la maladie de l’interventionnisme et ses dangers. L’erreur constructiviste héritée de Descartes et Rousseau est la négation du subjectivisme.

C’est elle qui débouche sur la planification, là où l’ignorance des véritables besoins des autres est une simple réalité, ceux-ci ne pouvant donc être présumés connus à leur place. Ce qui condamne toute tentative de contrôle des prix ou des quantités, qui ne peut avoir pour effet que de brouiller les signaux essentiels aux actions individuelles. S’en remettre aux seules valeurs et capacités cognitives de ceux qui dirigent la société est une terrible erreur. Et cela conduit aux désastres.

Plus le gouvernement intervient, plus il déstructure le reste de l’économie laissée libre, ce qui le conduit à vouloir réguler davantage pour trouver des solutions aux déséquilibres qu’il crée lui-même. Le désir de contrôle du marché se retourne contre le marché et on l’accuse ensuite de tous les maux pour justifier de nouvelles réglementations. On passe alors de déséquilibre en déséquilibre, dans une économie de funambules […] C’est donc bien « la prétention à la connaissance », c’est-à-dire l’ignorance de notre propre ignorance, qui explique les échecs des systèmes collectivistes et régulationnistes.

Dans le domaine du droit, il en va de même : Hayek voit en la loi l’illusion du constructivisme.

Le droit, quant à lui, « n’est pas issu d’une raison fondatrice et abstraite, dégagée du temps et de l’histoire, mais de traditions synthétisant un ensemble d’expériences et d’événements particuliers qui échappent à toute notion d’universalité ».

Une forme d’héritage, finalement, qui se transmet de génération en génération. C’est lui qui définit le mieux les règles de juste conduite, qui correspondent à des ordres spontanés, permettant ainsi de s’adapter à la fois à la complexité des situations et aux changements de circonstances. Règles qui n’en sont pas pour autant définitivement figées et peuvent évoluer avec le temps et les pratiques.

SUBJECTIVISME ET LIBERTÉ

La question est d’importance. Car « le subjectivisme représente en conséquence la clef de voûte de l’ensemble de ses propositions en faveur de la liberté ». Alors que le constructivisme ne tolère pas la pluralité des opinions comme des comportements. Dans La route de la servitude, Hayek écrit ainsi :

Les écrivains français qui posèrent les fondations du socialisme moderne étaient convaincus que leurs idées ne pouvaient être mises en pratique que par un gouvernement dictatorial. À leurs yeux, le socialisme signifiait une tentative pour achever la révolution par une réorganisation délibérée de la société sur un plan hiérarchique et l’exercice d’un « pouvoir spirituel » de coercition. Les fondateurs du socialisme ne faisaient pas mystère de leurs intentions à l’égard de la liberté. Ils considéraient la liberté de pensée comme la source de tous les maux du XIXe siècle et le premier des planistes modernes, Saint-Simon, prédisait même que ceux qui n’obéiraient pas à ses plans seraient « traités comme du bétail ».

Thierry Aimar voit aussi en l’Internet et les réseaux sociaux, pourtant formidables outils au départ, une voie d’uniformisation et d’enfermement dans des communautés qui risquent de conduire au conformisme, à l’appauvrissement culturel et langagier, au règne de la confusion, de l’impulsivité, de l’émotion, et par voie de conséquence au recul du subjectivisme.

De même qu’Hayek jugeait les instincts primaires, basés sur l’impulsif et le communautaire, incompatibles avec la gestion d’ordres complexes, de même ces outils ont tendance à opposer les sentiments aux arguments, les impressions aux raisonnements, pour conduire au mépris des faits, à l’anti-intellectualisme et aux pulsions tribales. Rejoignant de la sorte la tendance au « despotisme démocratique » anticipée par Tocqueville autre auteur de référence de Hayek avec Karl Popper.

Cette société de la communication et du divertissement devient une société du paraître, de la norme, qui s’éloigne de la recherche de la connaissance de soi pour sombrer, faute de repères intellectuels, dans les croyances et la superstition, qui dérivent vers la perte de sens et l’agressivité sociale.

LE MYTHE DE LA JUSTICE SOCIALE

Il s’agit d’une erreur intellectuelle qui conduit à renier la notion de travail et de mérite pour préconiser la fiscalité ou la réglementation, qui auraient pour objet de réduire les inégalités. Sauf qu’elle ne repose sur aucun critère scientifique et aucun critère objectif, la notion de ce qui est juste étant très difficile à mesurer.

En effet, selon Hayek, « à strictement parler, seule la conduite humaine peut être appelée juste ou injuste ». La réceptivité de cette notion de justice sociale, qui recueille tant de faveurs, serait donc due à une survivance d’atavismes hérités de ces comportements tribaux qui trouvent leur origine dans les sociétés fermées.

Mais aussi à cette fâcheuse tendance à croire, dans de nombreux domaines, y compris donc dans le domaine des rémunérations, en le principe du jeu à somme nulle ; ce qui induit les interventions croissantes et arbitraires des gouvernements, qui perturbent alors les mécanismes de l’ordre spontané et l’efficacité qui devrait en résulter.

Le goût de l’égalité enferme alors les individus dans un conformisme qui n’a rien à voir avec la justice et enraye la dynamique entrepreneuriale. Les règles du jeu social (« justice procédurale », au sens d’Hayek) deviennent alors plus importantes que les résultats. S’il y a injustice, nous dit Hayek, c’est lorsque ceux qui jouissent d’une rente de situation cherchent à se protéger de la concurrence de nouveaux entrants par des barrières à l’entrée, ce qui peut être suscité par des rigidités institutionnelles.

L’objet de la politique dans une société libre ne devrait pas être de redistribuer les revenus sur la base de quelque arbitraire notion de justice sociale, mais d’aider le produit total à croître aussi grandement et rapidement que possible, de telle manière que la part de tout individu, pris au hasard, soit maximisée.

C’est donc la dérive du système démocratique qui est en cause. Au lieu de lutter contre l’arbitraire, y compris celui de la majorité, la confusion entre les pouvoirs exécutif et législatif a abouti à une extension des pouvoirs de l’État et la destruction du système catallactique, débouchant alors sur un arbitraire généralisé et un foisonnement de lois, au nom du principe de souveraineté populaire. Principe qui n’est pas fondé intellectuellement, selon Hayek. Ce que Thierry Aimar résume ainsi :

Non seulement le « peuple » (conçu collectivement) n’a pas de réalité épistémologique, mais il ne saurait incarner une sagesse particulière. Exprimé par le vote, le nombre ne fait pas là supériorité intellectuelle. Une fois l’élection passée, le peuple « délègue » son pouvoir à des représentants qui, dans les faits, ne sont que les porte-paroles des groupes d’intérêts organisés, eux-mêmes en compétition les uns avec les autres pour obtenir l’aide et la protection des pouvoirs publics. Un marchandage joue ainsi de manière continuelle : « Un gouvernement de majorité ne produit pas ce que veut la majorité, mais ce que chaque fraction composante de la majorité doit concéder aux autres pour obtenir leur appui à ce qu’elle-même désire » […] Par le biais de l’impôt et de la création de liquidités, une redistribution croissante s’opère des groupes les moins organisés vers les catégories les plus influentes.

LES GERMES DU DESPOTISME

Ce qui a pour effet d’orienter une grande partie des énergies et des ressources non vers la production et les intérêts du consommateur ou du contribuable, mais vers les efforts politiques.

Une logique de l’interventionnisme somme toute bien éloignée de la notion de justice, qui aboutit au contraire à une logique de la recherche de rentes ou de privilèges en reportant les problèmes sur les générations suivantes par l’endettement. Une forme pernicieuse de clientélisme qui aboutit, ainsi que l’écrit Thierry Aimar pour être fidèle à la pensée de Hayek, à ce que :

Les individus finissent par perdre la capacité de distinguer ce qui est juste de ce qui est dominant : quelque chose devient vrai si un nombre suffisant de gens y prêtent foi. Cette démocratie d’opinion soumet l’individu au bon vouloir des majorités qui devient la règle ultime.

C’est ainsi que la démocratie moderne a semé les germes du despotisme. Face à une telle gabegie, la réaction populiste des électeurs est paradoxalement de réclamer un pouvoir fort, censé mettre un terme au chaos ainsi engendré, la démocratie ne valant pas mieux à leurs yeux qu’un autre système.

LA DÉMARCHIE

D’où le système original que proposait Hayek. Fondé sur un régime bicaméraliste reposant sur le cloisonnement entre pouvoirs exécutif et législatif. Celui de la démarchie, mieux à même de garantir l’État de droit et le fonctionnement de la catallaxie, car reposant sur un système permettant une meilleure intégrité morale des élus. Système que, pour des raisons de longueur de l’article, je vous amène à découvrir en lisant le livre ou Hayek directement.

HAYEK, ANTI-CONSERVATEUR

Thierry Aimar conclut son ouvrage en montrant en quoi Hayek, qui a souvent été considéré comme conservateur, ne l’était pas. Il rejetait lui-même cette idée, se considérant tout simplement comme libéral.

L’auteur développe ainsi les différentes raisons pour lesquelles Hayek écrit qu’il ne peut être conservateur et en quoi son libéralisme s’en distingue. Plusieurs citations de Hayek lui-même nous permettent de mieux comprendre son argumentation. Mais de même, pour des raisons de longueur, je renvoie à l’ouvrage.

En notant simplement que l’une des raisons fondamentales avancées est le rejet des rentes, à l’instar de ce dont le socialisme lui aussi, sous d’autres formes, est producteur selon Hayek ; et qui conduit, par exemple, à rejeter ce que l’on appelle aujourd’hui le capitalisme de connivence.

Une idée très intéressante est également développée : celle qui considère que les alliances politiques de circonstance que les libéraux ont souvent été contraints de pratiquer lors d’élections en s’alliant à des conservateurs de droite traditionnels se sont toujours retournées contre eux.

C’est ce qui a disqualifié le libéralisme aux yeux de l’opinion et l’a fait l’assimiler à tort aux « forces traditionnalistes de la droite » et à la défense de la rente des capitalistes.

Hormis quelques éventuelles petites baisses d’impôts qui pouvaient leur être consenties, ils se sont toujours fait évacuer rapidement des affaires par la coalition des rentiers.

Hayek, qui opte quant à lui plutôt pour un libéralisme entrepreneurial (centré non sur les rentes, mais sur les idées) et une libération des marchés de toutes les barrières à l’entrée, comprenait ainsi et partageait « la juste irritation contre ceux qui se servent de la phraséologie libérale pour défendre des privilèges antisociaux ».

Malheureusement, l’issue ne passera pas par le politique, et le marché qu’il induit. Et c’est là que la droiture et la rigueur intellectuelle du libéralisme hayékien ne présentent, selon Thierry Aimar, aucun espoir. La société, de fait, n’est plus guère sensible aux vertus du subjectivisme et ce n’est ni par l’abstention, ni par l’échec de l’interventionnisme que le libéralisme pourra renaître.

Les bases morales héritées d’Erasme, Montaigne, Cicéron, Tacite, Périclès ou Thucydide ont été détruites. Seuls un changement de mœurs et une réforme des esprits pourraient, selon l’auteur, réintroduire davantage de liberté. Ce que je ne puis qu’agréer. Puisque je pense depuis longtemps que c’est le lent travail des idées qui seul peut faire véritablement évoluer l’histoire.

Thierry Aimar, Hayek : du cerveau à l’économie, Michalon, le bien commun, mai 2019, 128 pages.


 Par Louise V. Labrecque

L’histoire commence avec un bon cultivateur de chez nous, Amable Gosselin, qui était également forgeron et commerçant à Saint-Laurent-de-l’Île-d’Orléans. Sans se préoccuper des bouches à nourrir déjà nombreuses dans sa famille, il réclama un petit orphelin irlandais, en 1847, alors qu’une épidémie de typhus dévastatrice avait obligé la mise en quarantaine d’immigrants irlandais par milliers, à la Grosse-Île, située entre l’Île aux coudres et l’Île d’Orléans. Grâce à la générosité d’Amable Gosselin, laquelle est encore de nos jours la caractéristique des gens de l’Île, comme en atteste la devise « J’accueille et je nourris », James Donnelly connut l’amour et la sécurité d’un foyer nourricier accueillant. Nous pouvons imaginer combien la perte tragique de son père et de sa mère le marqua, alors qu’il n’avait que trois ans. Grâce au ciel, Amable Gosselin en fit son protégé et le fit instruire, d’abord à la petite école modèle de Saint-Laurent, puis plus tard à Québec, où il fréquenta l’école normale Laval. Il obtint son premier emploi d’enseignant à l’institut Juneau, dans le quartier Saint-Roch.

 

Amable, qui décidément portait bien son nom, adopta plus tard William, le frère de James, qui avait fini par déserter sa famille adoptive où il vivait malheureux, des Irlandais des environs de Québec. Ainsi, Amable Gosselin offrit deux fois plutôt qu’une un avenir radieux, notamment par l’encouragement dans les études, qui aboutit en l’éclosion du génie littéraire de James Donnelly, qui devint un poète remarqué en son temps. Ses poèmes sont d’ailleurs inclus dans la deuxième anthologie de la poésie canadienne-française, parue en 1881. Partout sur l’Île, tout le monde le surnommait « Jimmy » et sa plume s’inspirait de la nature et des beautés de l’île d’Orléans.

 

On le retrouve plus tard, en 1871, membre d’un cercle littéraire de Québec, « la Chambre de discussion du Faubourg Saint-Jean », puis il se lança dans le journalisme, collaborant à plusieurs journaux et périodiques, en ayant même dirigé quelques-uns. Après avoir papillonné à Montréal, en Outaouais et en Montérégie, où il enseigna et travailla comme journaliste, il entre en 1888, à 49 ans, au noviciat des Frères des écoles chrétiennes à Montréal. Il y prit le nom de Frère Romus Joseph. De tempérament un peu bohème, il fut renvoyé quatre ans après avoir prononcé ses vœux, le 14 juin 1892, tandis qu’il enseignait au Collège Mont Saint-Louis, à Montréal, pour cause de « disparition pendant plusieurs jours ». Nous perdons ensuite sa trace un bon moment pour découvrir qu’il est décédé, en 1900, à Baltimore, sans nouvelle à sa famille adoptive même si celle-ci, selon l’historien de Saint-Laurent-de-l’Île-d’Orléans le chanoine Gosselin, l’a toujours aimé comme l’un des siens : « Je dois tout ce que je possède aux Canadiens-français – ma vie, mon instruction, et même mon pain quotidien- et ne serait-ce que par reconnaissance, si j’ai quelque chose à léguer à mon pays, je veux que la littérature canadienne-française en soit l’héritière ».

 

Ardent défenseur de la langue française, Donnelly savait aussi écrire et traduire les textes avec mille et une nuances et subtilités. Du grand art, qui s’est hélas perdu dans les oubliettes de l’Histoire. De nos jours, d’ailleurs, c’est bien la première fois depuis plus d’un siècle qu’un article est imprimé à son sujet !  Les recherches sur le poète de Saint-Laurent se poursuivent toujours, au moment où vous lisez ces lignes. Aucune photo n’a été trouvée à ce jour, comme plusieurs pans de son parcours qui restent inconnus. Quant à son père adoptif, Amable Gosselin, on sait qu’il repose dans l’église de Saint-Laurent, ce qui est un incontestable signe de reconnaissance, car un tel mode d’inhumation était en effet un honneur, réservé aux bienfaiteurs de la paroisse.

 

Pensez donc au cher Amable, ainsi qu’à son protégé James Donnelly, lorsque vous passerez par le Chemin Royal, spécialement en traversant la paroisse Saint-Laurent, notamment à la vue de l’église et de la maison qu’Amable Gosselin a construit de ses mains en 1892; elle est située au 130, Chemin Ferland. Nous savons également que la sœur de James Donnelly, dont le nom demeure à ce jour inconnu, fut adoptée par la famille de Louis Fréchette, donc qu’elle fut la sœur adoptive de celui qui fut connu en tant que notre « poète national ». Finalement, nous pouvons penser également qu’Amable Gosselin, c’est sûrement l’histoire d’un québécois heureux. Il est difficile, sinon impossible, d’offrir à autrui ce que nous n’incarnons pas nous-mêmes. Ainsi, James Donnelly, un petit garçon malheureux fut sûrement à son tour un homme heureux. Son petit frère William également. Bref, que son influence soit de nos jours consciente ou non, il y a dans la beauté et la générosité de ce don comme une perle, un petit bijou, lequel signa pour James Donnelly de nouveaux possibles merveilleux.


25 février, 2021

Qui sera le prochain Andreï Jdanov ?

Nicolas Lecaussin 

partir des années 1930, sous l’impulsion d’Andreï Jdanov, secrétaire général dans les rangs des bolcheviks, compagnon de route et très proche collaborateur de Staline, l’art et la culture doivent jouer un rôle essentiel dans l’éducation idéologique des masses. Les intellectuels, les artistes, les journalistes ne doivent nullement s’éloigner de leur fonction d’« ingénieurs des âmes », tout écart étant puni comme il se doit : la censure de l’auteur, l’interdiction d’écrire et de créer, le bannissement, l’arrestation, le goulag ou même la condamnation à mort. Il n’y qu’une Vérité – socialiste – et qu’une culture, la culture officielle dictée par le Parti et qui exprime le « réalisme socialiste », sous le contrôle des censeurs, des apparatchiks propagandistes et autres sbires à la solde de Jdanov. À la fin de la guerre, le jdanovisme a profondément imprégné la campagne anti-occidentale que l’URSS et les autres pays communistes ont menée pendant toute la période de la guerre froide, bien après la mort de Jdanov en 1948.

Antiracisme, théorie du genre : une seule vérité ?

Bien sûr, on ne peut établir de comparaison avec qui se passe actuellement dans certains pays d’Occident, notamment en Amérique. Cependant, certains signes font sursauter. Par exemple, lorsque le nouveau président américain, Joe Biden, suggère, à l’occasion de son discours d’investiture, qu’il existe une seule « vérité », il faut comprendre le « progressisme », et que ceux qui sont contre sont aussi les ennemis de l’Amérique, le message a de forts relents d’idéologie. Il s’appuie sur une très grande partie de l’Amérique politique, culturelle, universitaire et des médias qui ont nettement pris le virage de la pensée correcte. Statues déboulonnées, noms de rues changées, intellectuels et professeurs mis au pilori, les actions de « nettoyage » de la culture sont de plus en plus nombreuses et n’ont pas beaucoup à envier au jdanovisme des années 1930 qui honnissait et censurait tout ce qui était considéré comme appartenant à la « culture bourgeoise ».

D’ailleurs, les premiers décrets de Joe Biden témoignent bien de sa politique « progressiste » avec par exemple l’annulation de la Commission 1776 mise en place par Trump. Cette commission venait de rappeler les principes fondateurs de la nation et de la Révolution américaine, en réaction aux délires révisionnistes du Projet 1619 du New York Times pour lequel cette Révolution n’avait eu d’autre but que de préserver l’esclavage. Dans la même veine, il a signé un décret dans lequel, au nom de la lutte contre les discriminations, il nie les différences entre les genres et préconise que les enfants soient éclairés contre les « stéréotypes sexuels ». Dans le domaine du sport, entre autres, il n’y aura plus de différences ou séparation hommes/femmes. Biden réintroduit la discrimination positive des années Obama, source de nombreuses tensions et inégalités dans le secteur de l’éducation et sur le marché du travail. Lorsqu’il a dévoilé la composition de son cabinet, Joe Biden a insisté sur la « diversité » de ses membres. Il n’a pas été question de compétences mais de différences ethniques.

Awomen

Parallèlement, à la Chambre des représentants, la présidente Nancy Pelosi a fait voter de nouvelles directives en matière de langue. Des mots tels que « lui-même » et « elle-même » doivent être remplacés par un seul : « eux-mêmes ». Rayés, les mots « père », « mère », « fils », « fille », « frère », « sœur », « oncle », « tante » et d’autres termes familiaux : seuls sont admis, et admissibles, « parent », « enfant » et « sibling » (pas de traduction exacte en français). Mme Pelosi a aussi créé un nouveau « comité restreint sur les disparités économiques et l’équité dans la croissance », dont le vrai rôle est de justifier des impôts plus élevés et un État plus interventionniste. La séance à la Chambre s’est terminée par un « Amen » suivi de … « Awomen ». De quoi y perdre littéralement son hébreu…

Parmi les mesures qui rappellent les purges soviétiques figurent celles prises par plusieurs universités américaines. Harvard refuse les étudiants asiatiques et privilégie les afro-américains. L’Université de Chicago introduit des cours obligatoires de « culture noire ». Même les écoles s’y mettent. À San Francisco, pas moins de 44 écoles ont changé de nom. Fin janvier, le San Francisco Unified School District (SFUSD) a décidé ce chambardement pour obéir à des critères « progressistes et antiracistes ». Virés des frontispices, Abraham Lincoln, George Washington, Thomas Jefferson, Daniel Webster, Paul Revere… Leur tort ? Ils n’ont pas combattu l’esclavage (les censeurs ont visiblement oublié que Lincoln a bien mené la guerre qui a mis fin à l’esclavage) et leur engagement politique n’aurait pas été suffisamment « progressiste ». Parmi les victimes de la purge figure aussi Diane Feinstein, qui est encore en vie, ancienne sénatrice et maire de San Francisco. Elle avait commis le crime, lorsqu’elle était encore en fonction, de remettre en place le drapeau des Confédérés vandalisé dans un musée. Mieux encore, on a décrété que les admissions sur concours dans ces écoles de San Francisco étaient ni plus ni moins… racistes. La minorité noire n’étant pas suffisamment représentée, le concours a été supprimé. L’admission se fait désormais selon des critères raciaux. Le réalisme socialiste éliminait, lui aussi, ceux qui n’avaient pas des origines « saines », c’est-à-dire ouvrières ou paysannes…

Vandalisme progressiste

Les noms de rues et même d’universités sont remplacés par d’autres noms qui ne « portent pas atteinte à la dignité des minorités ». Thomas Jefferson, Benjamin Franklin et Christophe Colomb (dont la statue a été abattue même dans la ville de… Columbus-Ohio) sont les victimes du vandalisme progressiste et deviennent des parias au pays de la pureté idéologique et raciale.

Lire la suite de l’article

24 février, 2021

L’idéologie écologiste : d’ancestrales aliénations

La créativité humaine a toujours inquiété les pouvoirs. L’ambition de l’idéologie écologiste est de soumettre l’inventivité humaine à des critères politiques.


L’angoisse climatique et la peur de l’énergie nucléaire ont été développées dans l’opinion pour promouvoir une idéologie autoritariste. Seuls les militants écologistes en sont conscients. La candeur domine dans la population.

Dans les démocraties, l’idéologie écologiste connaît un indéniable succès dans la population et parmi les dirigeants politiques. Les préoccupations concernant le changement climatique ont remplacé le questionnement sur les limites de la croissance que le rapport Meadows de 1972 avait vulgarisé. Mais il s’agit de la même problématique.

Voici donc plus de cinquante ans que le sujet a émergé dans l’opinion publique. En 1990 l’écologie n’intéressait pas encore grand-monde ; elle devient aujourd’hui un enjeu politique.

Par électoralisme, les politiciens s’alignent sur l’opinion. Leur suivisme va-t-il déboucher sur la révolution anti-productiviste qu’appellent de leurs vœux les militants écologistes ? Ou y aura-t-il, comme bien souvent en politique, des retournements ?

ÉCOLOGIE ET ÉCOLOGISME

Ne pas confondre ! L’écologie étudie les rapports entre les êtres vivants et leur milieu naturel. Cette approche est de plus en plus nécessaire face aux phénomènes de croissance auxquels nous sommes confrontés. La population mondiale aura approximativement décuplé de 1800 à 2100, passant de un à 10 milliards d’êtres humains, selon les prévisions de l’ONU.

Le PIB mondial, estimé à environ 250 milliards de dollars en 1800, s’est élevé à 73 500 milliards en 2015. Ces deux croissances parallèles ne peuvent pas être infinies. C’est une évidence. Mais jusqu’à présent, la croissance économique a été bénéfique puisqu’elle a entraîné une augmentation du niveau de vie sans précédent dans l’histoire de l’humanité. Le PIB moyen par être humain était de 250 dollars en 1800 et de 10 000 dollars en 2015. Bien sûr, les inégalités de développement sont considérables.

Les préoccupations écologiques sont donc normales. Mais l’écologisme n’est pas l’écologie. L’écologisme politique est tout autre chose, une idéologie et même une sorte de nouvelle religion anti-technicienne pour les plus extrémistes.

Des penseurs, par exemple Jacques Ellul, ont développé au XXe siècle l’idée que la technique nous asservit. Selon lui, la civilisation technicienne, qui apparaît en Occident au XIXe siècle, débouche sur un enchaînement pernicieux. Tout problème devient technique et doit trouver une solution technique.

Nous sommes donc de plus en plus dominés par un monstre que nous avons créé et qui s’est autonomisé. Nous sommes devenus dépendants de la technique. Elle ne nous libère pas.

De là vient l’idéologie écologiste. Son ambition est de soumettre l’inventivité humaine à des critères politiques. La créativité humaine a toujours inquiété les pouvoirs, mais depuis deux siècles, elle s’était largement libérée. L’écologisme veut la remettre à la niche par la politique.

Selon cette idéologie, la politique doit donc dominer sciences et techniques, empêcher que leur autonomie ne détermine le devenir historique. Pour les croyants écologistes, c’est au pouvoir politique de décider des orientations de la recherche et de ce qu’il convient de développer pour aboutir à des productions.

La liberté de chercher, d’innover, de concevoir un produit ou un service n’est qu’une fausse liberté, une addiction à la technique. Seul le pouvoir politique doit orienter le devenir de l’Homme. Cette sacralisation du politique était également le fait des marxistes et constitue encore un trait dominant de la social-démocratie. Elle conduit à accroître indéfiniment le rôle de l’État et n’est donc pas très originale.

De cette manière de penser résultent les programmes des partis écologistes. Elle explique l’opposition au nucléaire, n’émettant pourtant aucun gaz à effet de serre. Trop technique, elle échappe aux politiciens. Elle justifie la réglementation minutieuse de la production de logements, de voitures, d’appareils de chauffage, etc. Elle éclaire l’acharnement à conclure des conventions internationales se limitant pour l’instant à des promesses, mais permettant de stigmatiser l’État qui n’aurait pas respecté sa promesse.

Des tribunaux administratifs ont même en France condamné l’État pour non-respect de ses engagements écologistes. Il existe désormais un corpus juridique écologiste et même un ordre moral écologiste auquel tout politicien doit adhérer sous peine d’échec. Cela va de l’extrême droite à l’extrême gauche. Personne n’y échappe.

AVEUGLEMENT DE L’IDÉOLOGIE ÉCOLOGISTE

Il faut vraiment être aveugle ou avoir désespérément besoin d’une idéologie pour adhérer à de telles idées. La vie de l’être humain des sociétés riches du XXIe siècle est incomparablement plus libre, plus confortable, plus douce, plus sûre face à la maladie ou aux accidents que celle des hommes des siècles passés. L’espérance de vie a considérablement augmenté, l’alphabétisation s’est généralisée, la culture a été diffusée par l’éducation.

Tous ces progrès résultent des sciences et techniques. Sans elles, nous serions encore dans les masures des serfs d’antan ou dans les châteaux forts glaciaux du Moyen Âge.

En vérité, sciences et techniques ne conduisent pas à une nouvelle servitude mais nous montrent le chemin de la liberté. Il faut en effet une formation intellectuelle bien supérieure pour travailler aujourd’hui.

Sciences et techniques imposent des exigences conceptuelles qui étaient à des années-lumière de l’esprit du paysan du XVIe siècle. Et la capacité de raisonner sur un problème d’électronique, de droit ou d’agronomie, exigée de la classe moyenne, emporte inéluctablement une meilleure compréhension des phénomènes de pouvoir et une volonté politique individuelle.

L’autonomie de l’individu, base de la révolution de la liberté au siècle des Lumières, sort renforcée de notre évolution scientifico-technique depuis trois siècles.

L’intelligence humaine n’est pas parcellisée. Elle forme un tout. Le médecin, l’ingénieur, le technicien ne peuvent pas ne pas se poser des questions politiques. La capacité de réflexion qu’exige leur travail ne s’évanouit pas subitement dans les périodes de loisir.

Le pouvoir politique actuel, dans les riches démocraties occidentales, en a une conscience aigüe puisque la communication politique est devenue une spécialité professionnelle. Il ne suffit plus de décider pour être obéi. Encore faut-il faire comprendre la pertinence des décisions prises. L’intelligence technicienne induit l’intelligence politique.

LA TECHNIQUE NOUS LIBÈRE DES ANCESTRALES ALIÉNATIONS

Cela s’appelle la liberté. Non seulement la technique améliore notre vie matérielle mais elle nous libère des ancestrales aliénations. Les réticences qui se font jour peu à peu face à l’autoritarisme écologiste, par exemple l’implantation d’éoliennes géantes, ne sont que les prolégomènes d’une évolution probable.

Comment alors allons-nous traiter la problématique écologique ? Par le pragmatisme technologique et non par la contrainte idéologique et politique. Les recherches sur la fusion nucléaire progressent remarquablement, nous faisant espérer une énergie propre en quantité importante. L’économie circulaire se développe. Nous recyclons de plus en plus.

Selon certaines sources, la population humaine commencera à diminuer dès la fin de ce siècle. La pression écologique humaine sur la nature se réduira avec le nombre d’individus. L’intelligence artificielle, qui progresse à grands pas, remplacera avantageusement Homo sapiens dans les tâches répétitives, qu’elles soient intellectuelles ou manuelles.

L’Homme pourra se concentrer sur ce qui fait sa singularité : l’intelligence et la sensibilité. Nul besoin d’idéologie politique pour inventer et ressentir.