Si l’État doit gérer les soins de santé, orienter vers le secteur privé les patients ne pouvant se faire opérer à temps en secteur public pourrait faire économiser de précieux fonds.
Au Québec, il n’existe aucun parti libéral digne de ce nom qui questionne un tant soit peu l’État byzantin. Mais un seul parti affiche ouvertement son penchant socialiste : Québec solidaire. Sa philosophie : hors de l’État, point de salut.
C’est particulièrement évident lors d’une sortie récente de son député Gabriel Nadeau-Dubois (GND), « scandalisé » que des interventions de chirurgie esthétique soient maintenues, et ce presque sans attente. Considérant la situation virale actuelle, il propose évidemment la saisie de ces salles d’opérations pour soulager l’engorgement des hôpitaux dû à la covid.
Une telle sortie de GND n’est nullement surprenante. Ancien activiste étudiant croyant que l’argent pousse dans les arbres, il pense que les 50 dernières années d’administration publique désastreuse de la santé sont une aberration statistique.
En effet, le budget provincial alloué à la santé n’a cessé d’augmenter. Il a nominalement triplé depuis les coupures effectuées au milieu des années 1990. Lors du dernier budget, la Santé occupait plus de 43 % des dépenses de programme, avec une augmentation annuelle moyenne de plus de 5 %.
Et pourtant, les listes d’attente ne raccourcissent pas. En juillet 2018, l’attente pour consulter son médecin de famille était de 371 jours. Ces médecins sont tellement débordés que l’inscription de 75 000 personnes a été refusée.
Si on ajoute en plus la Covid-19, en faveur duquel les chirurgies « non urgentes » sont reportées ou annulées, les listes d’attente ne peuvent que s’allonger encore plus.
COVID : L’ERREUR FATALE DU TOUT-PUBLIC
Ce n’est donc pas en contraignant les services privés à effectuer des opérations relevant du secteur public que le problème se réglera – ni en taxant les entreprises qui « ont profité » de la pandémie de covid.
C’est plutôt en opérant un changement radical de la considération des patients dans les hôpitaux. Comme le rappelle l’IÉDM, dans des hôpitaux tout-public ils constituent une dépense. Il faut donc rationner les dépenses pour éviter de défoncer les budgets.
Mais dans un établissement privé, les patients sont considérés comme une source de revenus. Il y a donc tout intérêt à fournir un excellent service pour offrir davantage de soins – même de routine – dans le futur.
Et le temps d’attente, quand il existe, est infinitésimal par rapport au public. Tant et si bien que des organismes publics comme la CSST (qui compense les accidentés du travail) s’orientent vers le secteur privé, engendrant ainsi des économies en bout de ligne : moins de temps d’attente, de compensation, etc.
UN PARTENARIAT ÉCONOME
Si l’État doit gérer les soins de santé, orienter vers le secteur privé les patients ne pouvant se faire opérer à temps en secteur public pourrait faire économiser de précieux fonds.
Des exemples existent déjà au Québec, notamment pour certains CHSLD (hospices) dits conventionnés : ils reçoivent des fonds publics mais sont gérés de façon privée. Aucun d’entre eux, lors d’un sondage auprès des usagers, n’a reçu de cote préoccupante, par rapport à 12 % des établissements tout-public.
De plus, même les coûts sont plus faibles, de l’aveu même du très keynésien Pierre Fortin : 12 % pour tous les coûts, et 26 % si on considère exclusivement les coûts d’administration.
Bref, GND aurait intérêt à sortir de sa bulle utopique et se rendre à l’évidence : dans sa forme actuelle le tout public est la seule raison pour laquelle les listes d’attente sont si longues. Plutôt que d’envier le succès du privé, il devrait plutôt l’observer et s’en inspirer.
Mais comme une privatisation en santé est impensable, une alliance pourrait soulager le système en y orientant des patients. Depuis l’arrêté Chalouhi en 2006, ceux qui doivent attendre pour certaines opérations peuvent être soignés dans le secteur privé et être remboursés par le service public.
Résultat : la Belle province dépasse la moyenne canadienne pour les temps d’attente.
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