Chaque Québécois doit plus de 34 000 $ au provincial seulement

Vaut mieux en rire!

Avant de couper des centaines de millions dans les services, est-ce qu’on peut avoir les services ? - Michel Beaudry

30 novembre, 2013

La réflexion du jour

Sur l’ensemble des 24 500 nouveaux emplois créés depuis une année au Québec, on note la création de 22 400 emplois dans le secteur public. C’est donc dire que le secteur privé n’a ajouté que 2100 emplois en un an.
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Il ne faut pas se leurrer. Créer des emplois dans le secteur public n’est certes pas aussi «économiquement» rentable que la création d’emploi dans le secteur privé. Qui dit «secteur public» dit forcément «dépense publique» à défrayer par les contribuables.--- Michel Girard

29 novembre, 2013

Mario Vargas Llosa : socialisme et liberté sont mutuellement exclusifs

Mario Vargas Llosa, Prix Nobel de littérature 2010 et célèbre défenseur de la liberté, décrit le cheminement personnel qui l'a amené à renier les idéaux marxistes radicaux pour devenir le grand intellectuel libéral qu'il est aujourd'hui.

L’auteur défend la thèse selon laquelle les dogmes socialismes sont contre nature.  Donc, en pratique, il faut recourir au totalitarisme pour les imposer.

Pour Mario Vargas Llosa, le socialisme est l’opium des intellectuels. Et vlan, en plein dans le mille.

La réflexion du jour

Le Parti québécois a depuis longtemps une fixation avec la France, et surtout avec ses politiques.

Le discours péquiste sur la laïcité est un emprunt direct à nos cousins, mais on oublie l’extraordinaire symétrie entre les politiques économiques de ce gouvernement et celui du Parti socialiste français. On dirait presque du copier-coller.
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Il serait étonnant que ce qui ne marche pas à Paris fonctionne à Québec.--- Pierre Duhamel

28 novembre, 2013

La réflexion du jour

Nous (ndlr la CAQ) avons compilé que depuis trois mois, le PQ a fait 276 annonces pour un montant hallucinant de 10 milliards, 660 millions de dollars. Est-ce que la première ministre peut nous confirmer que le coût de toutes ces annonces sera inclus dans les nouvelles prévisions qui seront déposées demain ? », a demandé François Legault en chambre, tout en déposant la longue liste des dépenses pour la période du 19 août au 20 novembre 2013. ---François Legault

27 novembre, 2013

Irlande : la recette est toujours la même

Pour sortir de la crise, l'Irlande a appliqué des recettes de bon sens : cesser de dépenser plus qu'elle ne gagne, assainir les finances publiques, baisser les dépenses plutôt qu'augmenter les impôts, tailler dans le gras de la masse de fonctionnaires, diminuer le coût horaire du travail pour plus de compétitivité et tailler dans les dépenses sociales. --- Nicolas Doze.

La réflexion du jour

L'enquête menée auprès de dirigeants de sociétés pétrolières et gazières internationales révèle que le Québec se classe au 141e rang mondial sur 157 territoires pour les investissements qui visent principalement l'exploration et la production. L'an dernier, la province se situait au 101e rang (sur 147) et en 2011, elle occupait le 92e rang (sur 135).--- JdM

(NDLR Les écolos peuvent crier victoire, mais qui va payer les pensions des fonctionnaires?)

26 novembre, 2013

La réflexion du jour

Comment justifier que des gens qui ne donnent pas leur juste part (ndlr les bureaucrates municipaux et gouvernementaux) puissent jouir d’une retraite payée à moitié (et parfois plus) par des gens qui, eux, n’ont rien pour eux-mêmes. Les taxes handicapent leur capacité d’épargne et, une fois à la retraite, les poussent inexorablement à la pauvreté. C’est toujours Liberté 55 pour les uns et une «Rente de longévité» à 75 ans pour les autres…
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Les «boomers» partent en croisière, certains que leurs syndicats sauront résister à la grogne populaire. Mais ça ne marchera pas, pas ce coup-ci; il y a trop de monde sur le quai à regarder partir les jolis bateaux…

C’est le statu quo, la taxation abusive, le maintien des privilèges qui, désormais, menacent la paix sociale…--- Michel Hébert

25 novembre, 2013

DALI LE MAGNIFIQUE??

Par Louise V. Labrecque


Dans son Essai sur la signification du comique, Henri Bergson écrivait : « il n’y a pas de jeu auquel un champs plus vaste ne soit ouvert : la liberté s’apparente à un jeu de ficelles, il n’y a donc pas de scène réelle, sérieuse, dramatique même, que la fantaisie ne puisse pousser au comique par l’évocation de cette simple image ». Cette remarque introduit de façon admirable la lecture du livre « Dali », de Michel Nurisany, paru aux Éditions Flammarion en 2004. En effet, Dali est un visage complexe et important du surréalisme, et intéressant dans la mesure où son originalité s’exprime comme le jeu de pantin, double de soi, qui alimente toute son œuvre, et constitue un aspect fondamental de sa personnalité en tant qu’artiste. Dali, l’artiste et le personnage, est en soi une véritable apologie du surréalisme. En effet, tous les manuels et doctrines surréalistes s’entendent pour encenser ce célèbre artiste qu’est Salvador Dali. Mais en quoi ces éléments sont-ils à ce point culminant qu’ils s’imposent d’eux-mêmes comme voies incontournables du surréalisme? En analysant l’œuvre de cet artiste, par où pouvons-nous puiser les axiomes de son apport personnel par rapport à la critique générale dont il est l’objet comme référence contemporaine surréaliste? Et finalement, en quoi l’originalité du personnage est-il tributaire du relief singulier, figure de proue du mouvement?


Dali moderne, – postmoderne avant son temps-,  se situe réellement dans ce continuum moderne, en marche sur un fil d’acier, – dire en équilibre serait exagéré, mais il tenta par son œuvre à libérer sa puissance créatrice de son narcissisme- en recherche incessante de points culminants s’imposant d’eux-mêmes. En ce sens, Dali ouvre la porte à tous les possibles, construit et déconstruit le genre avec son célèbre : «  le surréalisme, c’est moi! »   

En effet, cette simple citation de Dali résume la fantaisie, autant que le génie d’un homme curieux de tout, artiste complet, auteur de nombreux ouvrages, littéraire jusque dans sa peinture et profondément surréaliste, tant dans son art morcelé que tout entier. Auteur d’un unique roman : Visage caché, il fut néanmoins l’auteur d’un nombre incalculable de textes divers, exposant des idées sur sa conception personnelle de l’art et la peinture, des récits autobiographiques, dont la vie secrète de Salvador Dali, et Journal d’un génie, couvrant les années de 1954 à 1963. Finalement, il écrit de nombreux tracts et deux grands textes : Oui, qui exposent ses théories surréalistes. C’est de cette école qu’il puise tout son rapport au monde et aux arts, et bien qu’il fut membre du groupe des surréalistes que peu de temps, c’est-à-dire de 1929 à 1939, il en préservera la qualité technique, notamment dans son archangélisme scientifique comme socle pragmatique de son exubérance. En effet, avec Dali nous ne sommes pas à une contradiction près, et bien que sa rencontre avec Lorca en 1927 sera déterminante, c’est au travers le mouvement des surréalistes, et particulièrement par sa rencontre avec André Breton que Dali sera, dès le début en 1929, une véritable figure d’opposition surréaliste. En fait, Dali étant le plus naturellement du monde surréaliste, l’aspect technique du groupe se révèle rapidement complètement inutile à ses yeux. Or, les points de vue d’André Breton seront souvent contredits, ridiculisés, par un Dali agacé, voire outré, un peu comme un fils se rebellant contre le père. Dali sera alors mis à l’écart du groupe, mais il ne sera exclu officiellement qu’en 1939. Les reproches fait à Dali tournent toujours autour de son exubérance. De là la problématique, car le surréalisme ne saurait se définir sans la contribution de ses multiples implications exubérantes dans plusieurs domaines (peinture, littérature, théâtre, cinéma, photographie, publicité, architecture, arts avec divers objets, études des horlogrammes, bref tout ce que Dali offre dans le détail et dont les qualités lyriques explosent dans « une érection mentale comme personne n’a su en donner à ce jour »). En somme, on reproche à Dali ce qui constitue le socle du surréalisme, ce qui n’est pas qu’un petit paradoxe. En fait, sa folie est géniale et son génie est fou. Quoi qu’il en soit, il est tellement surréaliste que cela dépasse l’entendement.

Cette formule est aussi le secret de sa vie : « une familiarité avec la folie certes, mais dotée d’une distance analytique qui en permets la gestion ». Or, pour le mouvement surréaliste, étrangement, la capacité de comprendre les délires de ceux-là et objectivités de ceux-ci, relève de l’exploit utopique. Le conflit ne fera que s’intensifier entre lui, Breton, et le groupe. Le point culminant demeure le moment où « l’automatisme » prôné par les surréalistes sera ridiculisé par Dali, qui opposera sa méthode : « la paranoïa-critique », qui est, selon lui, lucide et active, contrairement à l’automatisme du groupe qui est, dira t’il, « confus et un état passif ».  N’empêche, la guerre entre lui et Breton permettra à Dali de devenir célèbre, au prix d’une solitude nécessaire et intrinsèque  (il est cependant intéressant de noter que Salvador vivait entouré d’ «une petite cour », beaucoup de gens en somme qui habitait dans leurs quartiers respectifs, dans sa maison, et qui l’accompagnait partout, dans tous ses déplacements). Sa solitude intérieure toutefois est profonde, chronique, pathologique.  Il écrira en 1937: « si tu décides de guerroyer pour ton propre triomphe, il faut que tu détruises inexorablement ceux qui ont le plus d’affinités avec toi. Toute alliance dépersonnalise. Tout ce qui est collectif signifie ton ensevelissement. Sers-toi du collectif en guise d’expérience, et ensuite frappe, frappe fort! Et reste seul». Cette même année, il écrit et peint son célèbre tableau : la métamorphose de Narcisse en s’appuyant sur la méthode de la paranoïa-critique.

Une caractéristique importante du surréalisme de Salvador Dali est qu’il apparaît clairement que la paranoïa-critique est un élément d’opposition, voire de provocation aux idéologies d’André Breton et au groupe des surréalistes. Dali fait tout pour contredire et ridiculiser Breton, qu’importe que l’on attaque son exubérance, Dali s’enflamme, et sans ambiguïté revendique cette même exubérance, en rajoute toujours, et signe son programme dans: « Nouvelles Considérations générales sur le mécanisme du phénomène paranoïaque du point de vue surréaliste ». Et là mes amis, nous nageons dans les eaux profondes du surréalisme car « par processus de caractère paranoïaque et actif de la pensée, il sera possible (simultanément à l’automatisme et autres états passifs), de systématiser la confusion et de contribuer au discrédit total du monde ». Rien de moins. Alors, lorsque Dali attaque Breton pour sa confusion, il va lui-même sur ce terrain, justement décrié, mais dira t’il : « avec méthode ».

Il suffit de regarder ses peintures pour comprendre : aucun signifié se référant à eux-mêmes, une logique de montage, une fusion des contraires. Il est intéressant de remarquer que c’est par le littéraire d’abord que Dali organise son travail : « par excès de surréalisme », mais également parce qu’il est incontrôlable, à la limite de toutes les limites, paradoxal et déterminé à créer dans le sillage étrange d’un surréalisme qui parle de lui-même à la troisième personne : «  Dali est un génie », affirme t’il à maintes reprises. En somme, il invente un nouveau lexique, une nouvelle dialectique, un nouveau rapport au monde littéraire, à l’art, au surréalisme. Il invente et s’invente lui-même un personnage dans une conscience que cette logorrhée extravagante puise à la source le surréalisme, tel quel, loin des prêts-à-penser artistiques de son époque. Toutefois, convaincu de son génie, qu’importe que cela soit interprété comme un jeu ou une mise en scène, Dali demeure sérieux et il embrasse sans commune mesure ses excès, jusque dans ses propos politiques. En fait, les documents de nombreux auteurs s’entendent pour dire que Dali était apolitique, quoique provocateur. Bon nombre des intellectuels français du groupe des surréalistes ne lui pardonnent pas ses incartades. Dali n’aura jamais un réel poids politique et de cela Breton ne comprends pas que les provocations de Dali porte simplement la marque d’un personnage. Tout cela n’est que mise en scène, pourtant Breton sera quitte pour une bonne frousse devant les propos excessifs de Dali, et cet aspect demeure clair dans plusieurs manuels littéraires, à l’effet qu’il est convaincu que les provocations entraîneront la mort du surréalisme. Il dira toutefois à Gala, la femme de Dali : «  je sais très bien qu’il n’est pas hitlérien ». En dépit de cette certitude, l’exubérance et la fantasmagorie spirite de Dali devient peu à peu insupportable, incontrôlable et tellement excessive que cela l’oppose de plus en plus au groupe des surréalistes. Plus tard, ses amis Paul Éluard et René Crevel prendront sa défense. Rien n’y fait, Dali adopte obstinément un tel comportement d’opposition envers Breton que de nombreux ouvrages ont émis l’hypothèse que Dali serait le contraire du surréalisme. Il va jusqu’à revendiquer son exubérance: « le surréalisme, c’est moi », redit-il comme un slogan ad nauseam. Cliché certes, affirmeront les jaloux, mais faisant référence à son art de vivre qui caractérise son œuvre, Dali est réellement un surréaliste de tous les instants et cela ne se limite pas aux arts plastiques et à la littérature, mais envahit sa sphère intime, son rapport à l’autre, à lui-même, et se mêle à tout. Profondément spirituel, il a « des visions », des «  révélations », lesquelles expliquent son génie et qui, selon les auteurs consultés pour les besoins de cet article, débordent du cadre classique de l’art. En effet, doté d’une curiosité fantastique, universelle et fabuleuse, il se rapproche en ce sens des artistes du Moyen-âge, tel Léonard de Vinci, qui affirmait : « les mâchoires de mon esprit sont en mouvement perpétuel ». Tel était Dali, qui affirmait à son tour, de façon imagée, être : « en état d’érection intellectuelle permanente », et  plus encore, tentait ainsi d’imposer puissamment sa vision du surréalisme auprès du mouvement, présidé par André Breton.

Évidemment, sans être vraiment conscient d’imposer une nouvelle esthétique qui marquera l’histoire littéraire, il affirma, en cita Freud, en quelque sorte son maître-à-penser (comme si Dali avait besoin d’un pygmalion) : « je m’y connais trop peu en esthétique pour pouvoir développer ma proposition jusqu’à son terme ». Lucide, mais aussi idéaliste et en quête d’absolu (sans être en quête de mort), Dali se nourrit de pensées occultes pour concevoir sa pensée surréaliste : « toute mon ambition consiste à matérialiser avec la plus impérialiste rage de précision, les images de l’irrationalité concrète », écrit-il dans Conquête de l’irrationel . En somme, selon Dali, tout est un jeu de miroirs, double inversé, l’irrationnel étant précisément le véritable rationnel, dont la littérature est le fer de lance, par exemple la violence de ses tracts surréalistes, qu’il rédige dans les années 20, et qui constitue par essence, le même style – syntaxe comprise- des tracts des ligues d’extrêmes droites ou des textes les plus orduriers de Céline à la même époque. Décidément, la provocation est chez Dali plus qu’une signature. Fait intéressant : les injures et anathèmes que Dali et Breton se jettent à la tête se mêle à une fascination l’un pour l’autre. Plus tard, la création du groupe « Contre-Attaque », par Georges Bataille, endossera ces idéologies et les retourneront même à ses propres armes : la violence. La dernière phrase du texte de Bataille : « nous sommes avec ceux qui tuent », porte un souffle exalté. André Breton signe leur manifeste. Exalté est bien le mot.  Le réel fou que deviendra Bataille au yeux de Breton, et quinze ans plus tard aux yeux de Jean-Paul Sartre, n’est pas du même bois que la folie créatrice d’un Dali extrasensible. Néanmoins, il se fera lui aussi montrer la porte de sortie du groupe des surréalistes par André Breton. Qu’à cela ne tienne : Dali distillera sa folie géniale pour alimenter, comme on le sait, son propre surréalisme. La violence ne l’atteint pas, car celle-ci n’a pas, chez Dali, une fureur haineuse et destructive, ni même d’un point de vue philosophique. Après la première guerre mondiale, la jeune génération issue des tranchées n’aura qu’une envie : abolir le reste du monde occidental qui vient de montrer, par la guerre et les tueries, son incapacité à fonder une civilisation. Cette influence sociale, et tous ses dévirés idéologiques, ne seront pas au cœur du processus créatif de Dali.  Dans son premier manifeste, André Breton écrira : « l’acte surréaliste le plus simple consiste, revolvers au poing, à descendre dans la rue et à tirer, au hasard, tant qu’on peut dans la foule ». On sent bien là les troublantes influences idéologiques de l’époque des surréalistes. Chez les poètes surréalistes, plus encore perméables, extralucides, sensibles, dont Dali en premier lieu affirmera son dégoût pour « cette saleté de culture », exacerbée par un excès de nihilisme généralisé, lequel était présent dans toutes les couches de la société. De plus, la haine des Lumières, et de Voltaire en particulier, constitue chez les surréalistes de l’époque, bel et bien la haine de la raison et de la tolérance: cette violence effective à la raison donne froid dans le dos, mais il ne faut pas oublier que c’est aussi de là que naît la création surréaliste dont Dali se dissociera par la suite certes, mais, lorsque vous regarderez admirativement les tableaux de Dali, n’oubliez pas ce point, qui pour ma part, a modifié complètement ma vision des choses.  

L’écriture automatique n’est qu’un tout petit bout, sauvage, immédiat, indompté, du surréalisme. Il fut mis, peut-être de façon exagéré, à la hauteur et au rang de quasi-divinité, et bien que l’on puisse reconnaître là un langage impropre, donc un véritable langage, il faut cependant admettre que la démesure n’en est en rien raisonnable. 

Bref, Dali est encore tellement immense dans l’imagerie collective, qu’il allume encore aujourd’hui des débats enflammés. Toutefois, sans être associé aux idéologies puristes des intellectuels du groupe, il s’avère être un homme très discipliné et sérieux, dans son art et ses idées. Sa phrase célèbre : «je ne plaisante jamais », fait référence à ses commentaires maintes fois grossis et rapportés par la critique. Provocation et excès donc, mais toujours avec cette rigueur et un esprit analytique constant. Un caractère méticuleux et perfectionniste, dont le surréalisme s’imprime au travers la lumière de ces mêmes excès et provocations, ce qui exprime sa force créatrice, son intuition, une capacité de voir et de percevoir le monde, pour atteindre un niveau de surréalisme propre à Dali, bref, une façon de créer complètement inédite et originale. La liberté est pour lui un mot d’ordre (!), contradictoire jusque là, mais la liberté… ah la liberté! C’est ce qui constitue en quelque sorte la trame sonore du film, le letmotiv de Dali, comme s’il avait besoin de cela pour se distinguer des autres, dans son art, ses idées et sa personnalité.

En effet, quoique symbolique d’une époque et d’une culture, il faut regarder plus loin que le concept de liberté, sinon que l’opposition d’un concept radical, la liberté chez Dali se mélange aux rêves, au fantastique, aux visions, à la recherche, à la littérature, la peinture et la musique. En fait, il est tellement fasciné de littérature qu’il invente ses propres schèmes; et par le littéraire, il rêve à la « constellation du réveil », qui est, selon lui, la temporalité des pouvoirs à profaner, car pour Dali, l’ordre hégémonique est sapé et tout le siècle en sera illuminé, comme une erreur qui coïncide avec un phénomène collectif : un environnement social allégorique! Sa peinture, précisément, révèle cela, comme une ambiguïté épistémologique certaine, car ce regard éclaté, exorbité, surréaliste, « hors piste », est libre. Certains diront anarchique, rétif aux activités du groupe, et donc profondément solitaire. Oui, mais libre.

La réflexion du jour

En matière de gouvernance, le rapport des opérations financières, publié par le ministère des Finances du Québec, est une mine d’informations.

On y apprend que, en juillet 2013, les dépenses de programmes s’élevaient à 5,1 G$, soit 416 M$ ou 8,9% de plus qu’en juillet 2012. À titre comparatif, cette hausse serait suffisante pour créer un deuxième ministère des Ressources naturelles.--- Nathalie Elgrably-Lévy

(NDLR Dans le modèle québécois, c'est ce qu'on appelle se serrer la ceinture!)

23 novembre, 2013

La réflexion du jour

Les politiques préconisées par les groupes écologistes sont davantage des solutions pour commercialiser des énergies coûteuses, inefficaces et susceptibles de devenir désuètes suite aux innovations technologiques. Une transition durable et à long terme vers les énergies renouvelables se produira lorsque les énergies vertes deviendront moins coûteuses que les sources alternatives.---Jean-François Minardi

22 novembre, 2013

Commissions scolaires : un autre comité bidon

Le 14 novembre dernier, la ministre Malavoy a dévoilé la composition du groupe d’experts chargé d’étudier le « comment » des commissions scolaires : financement, administration, gestion et gouvernance. Vous avez certainement, comme moi, remarquez que le mandat du groupe ne fait aucune référence au « pourquoi » des commissions scolaires. Le dogme péquiste : tous les problèmes peuvent être résouts en créant une nouvelle structure, sans jamais remettre en question les structures existantes.

D’ailleurs, le choix des membres de ce comité assure le gouvernement que l’existence des commissions scolaires ne sera pas remise en question.

La présidente : Mme Pauline Champoux-Lesage, ex-sous-ministre à l’Éducation, ex-protectrice du citoyen, graduée en science de l’éducation et en lettre. Je ne doute pas de la bonne volonté de Mme Champoux-Lesage, mais saura-t-elle imposer un agenda qui remettrait en question l’existence même des commissions scolaires? Je me permets d’en douter.

Trois membres de la commission seconderont la présidente :

Mme Diane Provencher : ex-directrice des Commissions scolaires des Premières-Seigneuries et de Beauport, ex-présidente de l’association des Directeurs généraux des commissions scolaires du Québec. Comment pourrait-elle suggérer l’abolition des commissions scolaire après avoir œuvré plusieurs années à promouvoir leur existence.

Mme Claire Lapointe : directrice du Département des fondements et pratiques en éducation de l'Université Laval et présidente de la Commission de l'enseignement préscolaire et primaire du Conseil supérieur de l'éducation. Je ne doute pas des compétences universitaires de Mme Lapointe, mais je doute que son parcours professionnel soit pertinent à ce dossier.

M. Marcel Leblanc : ex-sous-ministre associé au ministère des Finances, ex-sous-ministre du ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation et ex-secrétaire général associé aux Affaires intergouvernementales canadiennes. M. Leblanc est certainement un fonctionnaire de carrière de grande qualité, mais je vous laisse juger de la pertinence de sa nomination dans ce dossier.

Ce n’est certainement pas ce comité qui révolutionnera le merveilleux monde des commissions scolaires. Mais ce n’était pas le but de Mme Marois. Elle voulait seulement gagner du temps pour préparer la prochaine élection sans avoir à débattre d’une question aussi controversée que l’abolition des commissions scolaires. Ce comité est a été conçu sur mesure pour remplir ce mandat.

La réflexion du jour

À la lumière des quatre premiers mois de l’actuel exercice financier, d’avril à juillet, l’argentier du gouvernement Marois et ses gourous du ministère des Finances sont dans le champ avec leurs prévisions budgétaires.

Les revenus n’ont progressé jusqu’à maintenant qu’à un rythme de 2,7% comparativement à une croissance anticipée de 5% pour l’exercice financier en cours. Et, du côté des dépenses gouvernementales, elles ont augmenté de 4,3% comparativement à une projection de 2,7%.--- Michel Girard

21 novembre, 2013

La réflexion du jour

Vous me direz que tout cela est banal et qu’au Québec, tout est déficitaire. Je vous donne raison avec une question à volets multiples: y a-t-il une seule organisation, une seule instance, un seul organisme, un seul conseil, une banale commission ou un office quelconque qui ne soit pas déficitaire? Ils le sont tous; et, en vérité, rien ne va plus. Dans mon quartier, par exemple, les égouts sanitaires sont branchés sur le réseau pluvial; ça en dit long sur tout le reste.--- Michel Hébert

20 novembre, 2013

Légiférite : trouble obsessionnel consistant à vouloir tout contrôler

La société québécoise souffre d’une forme particulièrement aiguë de cette maladie. Sous prétexte que le « bon sens des uns » n’est pas le « bon sens » des autres, les politiciens s’arrogent le pouvoir de tout diriger, prévoir, savoir, taxer, subventionner, réglementer.

L’État s’immisce outrageusement dans la vie de tous les jours :

·         Vous voulez développer un terrain vacant, vous devez composer avec la Commission de protection du territoire agricole dont la mission est d’empêcher tout développement. Pour les commissaires, un terrain en friche est plus utile qu’un terrain utilisé à une fin autre qu’agricole. Votre terrain est à l’extérieur des zones classées agricoles, vous devez alors composer avec le ministère de l’Environnement. Si par malheur il contient une flaque d’eau, il devient une zone humide et il vous sera interdit d’y toucher ou même d’y passer en VTT.

·         Vous voulez démarrer une entreprise, il vous faudra au moins une demi-douzaine de permis, tant au municipal qu’au provincial. Vous ne pouvez même pas décider du nom de votre entreprise. Cette décision revient de droit aux fonctionnaires de l’Office de la langue française.

·         Vous voulez louer votre chalet, vous devez obtenir une classification du ministère du Tourisme. Vous croyez vous en tirer parce que vous le louez à un membre de votre famille. Détrompez-vous, même dans ce cas vous serez dans l’illégalité.

·         Vous êtes un producteur acéricole, vous ne pouvez pas disposer de votre récolte de sirop comme bon vous semble. Celle-ci appartient à la Fédération des producteurs acéricoles du Québec.

·         Vous désirez modifier les heures d’ouverture de votre boutique. Oh là, pas si vite. Il existe des règlements qui spécifie quand et à quelles conditions vous pouvez ouvrir votre boutique.

·         Vous voulez une assurance en cas de problèmes majeurs de santé. Oubliez ça. En santé tout le monde doit obligatoirement subir la liste d’attente pour bien comprendre que c’est un privilège d’obtenir des soins.

·         Vos vaches produisent un surplus de lait, vous ne pouvez pas le donner à votre voisin qui en a grandement besoin, vous devez le jeter;

·         Etc.

Je pourrais remplir de nombreuses pages d’anecdotes et de situations qui démontrent que dans le modèle québécois la liberté est une notion bien relative. Malheureusement, la situation continue d’empirer. Dès qu’il se produit un évènement malheureux, tous les biens pensants et les lobbys, et il y en a beaucoup, s’activent pour demander une nouvelle loi ou un nouveau règlement. Un conducteur en état d’ébriété décède suite à une embardée, il faut exiger que les véhicules vendus au Québec soient équipés d’un antidémarreur éthylique; un accommodement déraisonnable est monté en épingle par les médias, vite il nous faut une charte de la laïcité; vous hébergez un touriste de passage, assurez-vous que ce n’est pas un inspecteur du ministère qui essaie de vous piéger; etc.

Les conséquences de cette maladie sont multiples et souvent dramatiques tant du point de vue social qu’économique.

L’omniprésence de l’État dans la vie de tous les jours favorise la déresponsabilisation des individus. En effet, pourquoi se soucier de notre santé, de l’éducation de nos enfants, de notre retraite, de notre endettement, de nos concitoyens puisque l’État s’est engagé à le faire pour nous. De plus, trop de règlements inapplicables, à plus forte raison s’ils sont nuisibles ou inutiles, sont ignorés par la plupart des Québécois. Malheureusement, pour un nombre grandissant d’individus, cette situation débouche inévitablement sur le non-respect de tous les lois et règlements même ceux essentiels au bon fonctionnement de la société.

La réflexion du jour

Au fil du temps, dit Christian Dubé, Québec a exclu de son budget consolidé plus de 100 organismes et fonds spéciaux, qui totalisent pourtant le quart des finances de l’État. Des organismes aussi importants que l’Agence du revenu, Infrastructure Québec, l’Autorité des marchés financiers, la Régie de l’assurance maladie ou la Régie du bâtiment ne figurent pas dans le projet de loi budgétaire sur lequel les parlementaires doivent voter.--- L'Actualité

19 novembre, 2013

La réflexion du jour

Environ 1,2 millions de Québécois ont une maîtrise si faible de la lecture, ce qu'on appelle maintenant la littératie, qu'ils ne peuvent pas fonctionner normalement. Un autre 2,2 millions n'a pas le niveau de littératie suffisant pour pleinement se développer.--- Alain Dubuc

18 novembre, 2013

Le PQ : les priorités des Québécois on s’en fout

Selon un sondage CROP publié par L’actualité le 8 novembre dernier, 30% ou plus des Québécois considèrent que le temps d’attente dans les hôpitaux, la création d’emplois, la baisse des taxes et impôts, et la corruption devraient être les priorités du Québec.

Que fait le PQ?

Il choisit de donner la priorité absolue à la promotion d’une charte des valeurs. Pourtant cette fameuse charte est prioritaire pour seulement 13 % des Québécois.

Les Québécois savent bien que la charte est une solution qui se cherche un problème. Seule la grande région de Montréal est suffisamment multiethnique pour vivre des tensions interculturelles. Et encore, ce qui crée un malaise dans la population se résume au port du voile. Celui-ci est un symbole politique servant à promouvoir les théocraties islamiques d’une époque depuis longtemps révolue : la religion domine l’État et l’homme domine la femme.

Nous possédons déjà tous les outils nécessaires pour gérer les quelques cas d’accommodements déraisonnables montréalais, somme toute relativement bénins. La preuve, les Montréalais s’opposent au projet de charte du PQ. Il n’était certainement pas nécessaire de créer de toute pièce un psychodrame à la Fabienne Larouche pour interdire le port de la burka dans la fonction publique.

Le PQ utilise une technique bien connue de tous les politiciens. À l’approche d’une élection, les politiciens tentent d’éviter tous les problèmes qui risquent de nuire à la popularité du parti au pouvoir (santé, éducation, économie, fiscalité, dette). Il suffit alors de diriger l’attention des gens vers un pseudo problème dans l’espoir d’en retirer des bénéfices électoralistes.

Cette façon de faire est irresponsable et anti démocratique. Après on se demande pourquoi les gens sont cyniques et refusent de participer au processus démocratique.

La réflexion du jour


Il faut dire que les écocatastrophistes et la classe politique n’ont d’autre choix que de défendre leur dogme. Admettre le contraire, c’est reconnaître qu’à cause d’eux, les citoyens du monde entier se font inutilement et outrageusement plumer avec les écotaxes de tout acabit. Malgré tout, aucun artifice des experts du GIEC ou de l’OMM ne changera les observations empiriques, même s’il y a consensus!--- Nathalie Elgrably-Lévy

16 novembre, 2013

La réflexion du jour

«On ne fait pas ce qu’il faut pour que les choses arrivent correctement, dit-il. On faisait plus de culture, avec beaucoup moins d’aide de l’État dans les années 1970 que maintenant.

 «Aujourd’hui, la culture a été remplacée par des industries culturelles richement subventionnées.

 «On est passé d’une forme de création culturelle à du show-business. Ici comme ailleurs. C’est entré dans nos mœurs, maintenant. Et je ne pense pas que ça va changer bientôt...»--- Guy Latraverse via Benoît Aubin

15 novembre, 2013

Souveraineté alimentaire, un subterfuge électoraliste

La Politique de souveraineté alimentaire du gouvernement Marois vise à favoriser la consommation de produits locaux. Elle prétend :

·         répondre aux besoins alimentaires des Québécois

·         appuyer la prospérité économique du Québec.


Mais qui peut être contre satisfaire ses besoins alimentaires et appuyer la prospérité économique du Québec? Personne n’est contre la vertu.

Malheureusement, à qualité égale et selon les saisons, les produits québécois coûtent beaucoup plus cher à produire. Au milieu de l’hiver, les tomates de serre Savoura coûteront toujours plus cher que les tomates mexicaines ou chiliennes.

Mais pour les politiciens cela n’est pas un problème. Il suffit d’obliger Hydro-Québec à fournir de l’électricité à rabais aux entreprises serricoles. En effet, la Régie de l'énergie s'est rendue aux arguments du gouvernement du Québec et a autorisé une baisse des tarifs d’électricité pour les serriculteurs. C’est une subvention invisible à l’oeil des contribuables, mais non moins onéreuse.

En offrant des produits québécois à un prix moindre que ce qu’ils coûtent à produire, le gouvernement trompe les consommateurs, encourage l’inefficacité des entreprises concernées et nuit au bon fonctionnement des marchés.

La nouvelle politique de souveraineté alimentaire appauvrira les Québécois. Les revenus perdus par Hydro-Québec ne seront plus disponibles pour investir dans son développement ou pour verser en dividende au gouvernement. C’est tout le contraire de l’objectif énoncé de la politique prétendant appuyer la prospérité économique du Québec.

La Politique de souveraineté alimentaire est un subterfuge qui vise avant tout à utiliser l’argent des contribuables pour satisfaire les lobbys de l’industrie agroalimentaire et racoler les socialo-écolos.

La réflexion du jour

Ici aussi les citoyens payent cher les politiques vertes du gouvernement québécois en matière d’énergie, notamment le développement artificiellement soutenu par l’État de l’industrie éolienne. Les clients d’Hydro-Québec paient environ 700 millions de dollars par année en subvention implicite, conséquence de la décision du gouvernement de favoriser cette filière énergétique.--- Michel Kelly-Gagnon

14 novembre, 2013

La réflexion du jour

De nos jours, les politiciens sont des professionnels dans leur domaine, qui consiste à se faire élire et à s’assurer un après-carrière confortable. Pour ce faire, ils doivent acheter les clientèles électorales. Et lorsqu’il est question des grandes entreprises, ils y arrivent en marchandant leur pouvoir.--- minarchiste

13 novembre, 2013

The ascent of Money : A financial History of the world

Revue de livre par minarchiste

(Le documentaire (4 heures) est disponible sur Youtube)

L’histoire de la finance mondiale, par Niall Ferguson.

“The Ascent of Money: A Financial History of the World”, par Niall Ferguson.

Cet excellent ouvrage de l’historien britannique Niall Ferguson publié en novembre 2008 traite non pas seulement de l’histoire de la monnaie, mais bien de l’histoire de la finance en général, de la préhistoire à nos jours. Bien que je ne sois pas d’accord avec l’ensemble de ses affirmations, je recommande chaudement ce livre à quiconque s’intéresse au sujet, en soulignant que celui-ci ne constitue pas une lecture aride comme certains livres d’histoire peuvent l’être (notez que j’avais publié un article sur un autre livre de Ferguson ici).

 Les crises financières et les scandales financiers arrivent bien assez fréquemment pour faire paraître la finance comme une source d’appauvrissement plutôt que d’enrichissement. Pourtant, malgré toute la règlementation et l’interférence étatique, les marchés financiers créent bel et bien de la richesse (voir ceci). Selon Ferguson, l’innovation financière a été un facteur indispensable dans l’avancement de l’humain du statut de subsistance précaire d’il y a quelques siècles au niveau de vie confortable dont nous jouissons présentement dans les pays développés. En fait, Ferguson avance que la finance est une composante primordiale du développement et de l’enrichissement des nations : la clé de voute de la prospérité.

En fait, comme le mentionne Ferguson, la pauvreté d’une nation ne résulte pas de la présence des institutions financières, mais bien de leur absence. Ce n’est que lorsque les petits entrepreneurs ont accès à une source de financement qu’ils peuvent s’évader de l’emprise des usuriers et devenir les maîtres de leur destin, favorisant le développement de leur société.

Selon l’auteur, la première monnaie dite « globale » fut la pièce de huit espagnole, basée sur le « thaler » allemand (qui allait devenir « dollar »); une pièce d’argent de 38mm apparue à la fin du 15e siècle. Cette pièce a été utilisée internationalement, ainsi que comme monnaie locale dans plusieurs pays et a eu cours légal aux États-Unis jusqu’en 1857. La raison pour laquelle l’Espagne obtint un tel statut était que ses conquistadors ramenaient des quantités astronomiques d’argent des mines du Mexique et d’Amérique du Sud. Cet argent engendra un boum inflationniste ainsi qu’une expansion de l’État, finançant de coûteuses guerres contre l’Angleterre (Invincible Armada vs Elizabeth I) et la Hollande. Comme quoi la monnaie n’est pas équivalente à la richesse; l’Espagne a par la suite souffert d’un graduel déclin, résultant en 14 défauts souverains entre 1557 et 1696.

La naissance du crédit remonte au moins aussi loin qu’au 18e siècle avant J.C., en Mésopotamie, où les notions de monnaie et d’intérêt existaient déjà. Au 13e siècle après J.C., la finance était davantage développée en Orient qu’en Europe. C’est un mathématicien nommé Fibonacci qui a amené les concepts arabes et indiens en Italie, comme le système décimal, les fractions et la valeur actualisée (voir son livre « Liber Abaci » de 1202).

Ferguson fait référence au personnage de Shylock dans la pièce de Shakespeare Le Marchand de Venise; un riche juif du ghetto vénitien (c’est de là que vient l’utilisation moderne du mot « ghetto » qui signifie « fonderie » en italien, car il y en avait une à proximité) qui prête de l’argent à des taux astronomiques. C’est d’ailleurs de ce personnage que découlent les expressions anglaises « loan shark » et « pound of flesh ». Il appert qu’à l’époque, les chrétiens et musulmans n’étaient pas autorisés par leur religion à pratiquer l’usure (i.e. la collecte d’intérêts sur un prêt), ce qui laissait le champs libre aux juifs, qui étaient en majeure partie des réfugiés en provenance d’Espagne, de l’empire Ottoman et de Roumanie. Néanmoins, la montée de Venise comme capital du commerce international à l’époque n’aurait pu être possible sans le financement des banquiers juifs.

Au 14e siècle, les Medicis ont révolutionné l’industrie bancaire en Italie. Auparavant, cette famille était davantage constituée de gangsters criminels, mais Giovanni De Medici allait tout changer en devenant courtier en devises. Les Medicis allaient être aussi appelés « banquiers » car, comme les juifs du ghetto vénitiens, ils menaient leurs affaires assis sur un banc dans la rue (d’où l’origine du mot « banquier »). En 1385, Giovanni allait opérer de Rome, avec comme plus grand client la papauté, le Vatican échangeant énormément de devises étrangères. Après avoir établit des succursales à Rome, Florence, Venise, Genève, Pise, Londres et Avignon, il légua son affaire à son aîné, Cosimo en 1420.

Voici comment les Medicis ont fait fortune : supposons qu’un marchand de Venise concluait une transaction avec un client à Avignon pour 100 dollars, laquelle allait être payée dans un mois. Une traite était alors signée et vendue à la banque à escompte (disons pour 90 dollars). Un mois plus tard, une fois la transaction conclue, la banque recevait le plein montant en échange de la traite, empochant un profit de 10 dollars (une forme d’intérêt ou « discrezione », car l’intérêt était interdit par l’église). Le succès de la banque des Medicis fut assuré par la taille, la décentralisation et la diversification. Le système bancaire italien allait devenir un modèle pour les nations nord-européennes telles que la Hollande, l’Angleterre et la Suède.

Par exemple, la Banque d’Amsterdam, fondée en 1609, allait inventer le système des chèques. À noter que cette banque opérait avec des réserves à 100%, ce qui lui empêchait de créer de la monnaie. C’est la Riksbank suédoise qui allait en 1656 inventer le système à réserves fractionnaires, prêtant davantage de monnaie qu’il n’y avait d’or dans sa voûte. Puis, en 1694, la Banque d’Angleterre allait compléter le trio, ayant été créée pour aider le gouvernement à financer ses dépenses de guerre, elle allait obtenir le monopole sur l’émission de billets de banque en 1742. Cette banque allait aussi devenir un « prêteur de dernier recours », de manière à contrer les crises de liquidité dont ont souffert les banques commerciales en 1847, 1857 et 1866. Il ne manquait que l’abandon de l’étalon-or au 20e siècle pour obtenir le système monétaire actuel. La Banque de France fut établie en 1800, la Reichsbank allemande en 1875, la Banque du Japon en 1882 et la Banque Nationale Suisse en 1907, tout juste avant la Federal Reserve américaine en 1913.

En résumé, les éléments clés du système monétaire actuel sont :

1)      La réconciliation des chèques par une banque centrale.

2)      Le crédit à réserves fractionnaires.

3)      Le monopole de l’émission de billets par la banque centrale.

4)      Le rôle de prêteur de dernier recours par la banque centrale.

5)      Le monnaie fiduciaire (sans métal sous-jacent).

La bataille de Waterloo de 1815 fut le point culminant de plus de deux décennies de conflits intermittents entre l’Angleterre et la France, mais c’était plus qu’une guerre entre deux armées, c’était aussi le choc de deux systèmes financiers rivaux : celui de Napoléon basé sur la taxation des conquis pour financer la prochaine campagne, et celui des Britanniques basé sur le financement des dépenses militaires par endettement. Ceci dit, le grand vainqueur de cette bataille ne fut pas Wellington, mais bien Nathan Rothschild.

Fils d’un modeste marchand d’antiquités de Francfort, Nathan Rothschild est arrivé en Angleterre en 1799, passant près de 10 ans dans le nord à exporter des textiles en Allemagne. Mais il pratiquait aussi une autre activité connexe fort profitable: la négociation d’or. Plus spécifiquement, c’était son habileté à expédier de l’or de part et d’autre de la Manche en dépit du blocus français qui intéressa le gouvernement Anglais lorsqu’il fit appel à ses services en 1814. Les Rothschild bénéficiaient d’un excellent réseau de communication qui leur permettait d’exploiter les différences de prix de l’or à travers l’Europe (ce que l’on appelle aujourd’hui « faire de l’arbitrage »).

À l’époque, Wellington menait une percée contre les Français sur le continent à partir du Portugal. Les marchands locaux qui approvisionnaient l’armée anglaise refusaient d’accepter les billets, il fallait donc trouver une manière d’expédier de l’or sur place, chose très difficile vu les circonstances. Nathan fit appel à ses frères en France, en Allemagne et en Hollande pour amasser une grande quantité de pièces de métaux précieux et les faire parvenir secrètement à Wellington, qui avait alors traversé les Pyrénées, en échange d’une juteuse commission. En mai 1814, les Rothschild avaient expédié 1.2 million de Livres Sterling d’or pour le compte des Anglais, pour des commissions allant jusqu’à 6%.

Après son abdication en avril 1814, Napoléon avait été exilé sur la petite île d’Elba, d’où il s’évada en mars 1815 pour tenter de raviver son empire en France. Aussitôt au courant de la nouvelle, les Rothschild se mirent à accumuler de l’or, anticipant un long et coûteux conflit.  Malheureusement pour eux, ce ne fut pas le cas, puisque la bataille de Waterloo allait abruptement terminer le conflit. Grâce à la rapidité de ses messagers, Nathan fut mis au courant de la victoire de Wellington presque 48 heures avant la dépêche officielle du cabinet; une bien mauvaise nouvelle car cela allait faire chuter le prix de l’or. Nathan se mit alors à vendre son or pour acheter des obligations du gouvernement Anglais, un pari qui allait être très payant. Vers la fin de 1817, le prix de ces titres avait grimpé de plus de 40%. Cette transaction venait de mettre au monde la banque Rothschild.

Cette entreprise allait ensuite pratiquement inventer le modèle des banques d’investissement modernes (comme Goldman Sachs par exemple). Les Rothschild se mirent à souscrire les dettes gouvernementales de différentes nations d’Europe, les distribuant aux investisseurs à travers les différentes succursales de la banque Rothschild contre commission. Ces obligations étaient émises en Livres Sterling et les intérêts versés aux investisseurs peu importe leur localité; du jamais vu à l’époque. Aucune famille n’a autant profité des guerres que les Rothschild, ceux-ci se spécialisant en obligations gouvernementales, lesquelles étaient largement utilisées pour financer les dépenses militaires à l’époque.

La Guerre Civile Américaine fut aussi fort influencée par la finance.  La Confédération (i.e. le Sud) n’arrivait pas à émettre d’obligations conventionnelles en Europe. Il fallu donc une innovation financière pour financer la guerre : les obligations de coton. Celles-ci avaient un coupon de 7% et une maturité de 20 ans et pouvaient être converties en coton au prix d’avant la guerre de 6 pence la livre. Comme le prix du coton augmentait en raison de la guerre (le Sud Américain étant un producteur important mondialement puisque 80% du coton entrant au port de Liverpool en provenait), la valeur des obligations se maintenait bien, d’autant plus que les sudistes s’assuraient de restreindre la production pour supporter le prix du coton. Vers 1860, le Sud imposa un embargo sur les exportations de coton (pour essayer d’obtenir l’appui de l’Angleterre), ce qui fit augmenter le prix de 6.25 à 27.25. Le nord de l’Angleterre fut alors paralysé économiquement.

Ceci dit, la valeur des obligations résidait dans la capacité du détenteur à obtenir le coton sous-jacent pour 6 pence la livre. Par contre, quand la Nouvelle-Orléans tomba aux mains de l’Union en 1862, le Sud venait de perdre son principal port d’exportation, ce qui l’empêcherait les Sudistes de livrer le coton promis par ces obligations, dont le prix s’effondra. Puis, en 1863, les fabriques du Lancashire avaient trouvé de nouvelles sources d’approvisionnement en Chine, en Égypte et en Inde, ce qui fit chuter le prix du coton.


Sans son accès au crédit, la Confédération ne pu financer sa guerre que par impression de monnaie ex nihilo, ce qui fut catastrophique pour son économie. Malgré son avantage sur le terrain, ses chances de remporter le conflit venaient de s’évaporer. Les marchés financiers avaient décidé du sort des États-Unis. À la fin de la guerre, le dollar « greenback »  de l’Union ne valait plus que cinquante sous (car le nord aussi imprimait de la monnaie), alors que le « greyback » de la Confédération ne valait plus qu’un sou! L’inflation fut de 60% au nord comparativement à 4000% au sud. À noter que les Rothschild avaient refusé de supporter le Sud car ceux-ci représentaient un risque de crédit élevé en raison du fait que lorsqu’il était sénateur avant la guerre, Jefferson Davis (le président de la Confédération) avait voté pour la répudiation des dettes de l’État.

Pendant que nous sommes sur ce sujet, je vous invite à lire cet article intéressant qui suggère que la véritable cause de la Guerre de Sécession américaine n’était pas l’abolition de l’esclavage, mais bien l’imposition de barrières douanières qui allaient favoriser le nord au détriment du sud. En fait, ce sont deux faces d’une même médaille puisque c’était pour  compenser les bas coûts de production des Sudistes, grâce à leurs esclaves, que les Nordistes ont instauré les tarifs douaniers en 1828.

Dans le même ordre d’idées, Ferguson note que la finance eut aussi un rôle prépondérant durant la Première Guerre Mondiale. L’Allemagne et l’Autriche avaient beaucoup de difficulté à vendre leurs obligations, n’ayant pas accès aux importants marchés financiers de Londres, Paris et New York.

L’une des premières véritables corporations fut formée en 1602 en Hollande, sous le nom de Compagnie des Indes Orientales (ou la « VOC » dans la langue du coin). Celle-ci bénéficiait d’un monopole sur le commerce hollandais à l’Est du Cap-de-Bonne-Espérance et à l’Ouest du Détroit-de-Magellan. Elle devait durer 21 ans, après quoi les investisseurs pourraient récupérer leur argent. Cependant, en 1612, le conseil décréta que la compagnie ne serait pas liquidée comme il avait été prévu. Dorénavant, la seule manière pour un investisseur de ravoir son argent consisterait à vendre ses parts à un autre : il faudrait passer par le marché boursier. Un marché secondaire pour les actions de la VOC existait en fait déjà depuis plusieurs années, mais il prit alors un essor considérable. C’est donc là qu’est née la première place boursière de l’histoire.

Pour Ferguson, ce n’est pas une coïncidence qu’à cette même époque ait été fondée la Banque d’Amsterdam (en 1609), car beaucoup d’investisseurs désiraient alors emprunter pour acheter des actions de la VOC. Le lien entre crédit, banque centrale et marché boursier venait d’être établit. Le prix des actions de la VOC était volatile, réagissant aux rumeurs de naufrage, de guerre et de mutinerie, mais la tendance était haussière. Entre 1602 et 1733, le prix est passé de 100 à 786 en plus des dividendes réguliers, pour un taux de rendement annuel de 27%, dans un environnement de faible inflation. Cependant, le prix de la VOC n’a jamais esquissé le caractère d’une bulle spéculative; la raison étant que la Banque d’Amsterdam opérait à réserves entières (jusqu’en 1780).

Une chose que Ferguson énonce clairement est qu’il ne peut y avoir de bulles spéculatives sans crédit facile; ce pourquoi les bulles résultent souvent des erreurs des banques centrales. Il énonce avec raison qu’avec une monnaie saine, pas de bulles (et j’ajouterais pas de récessions non plus). Il le démontre clairement en comparant la VOC à ses rivales françaises et britanniques, dont l’histoire a été marquée par d’effroyable bulles spéculatives soufflées par la création de monnaie ex nihilo. J’expliquais l’histoire de la South Sea Company et de la Compagnie du Mississipi dans cet article, mais Ferguson le fait admirablement bien dans le livre.

Malheureusement et curieusement, Ferguson n’applique pas ce raisonnement à son diagnostic de la Grande Dépression, peut-être pour préserver son exercice narratif plaçant Milton Friedman comme celui qui a élucidé le mystère de la monnaie et de son impact sur l’économie. Pour Ferguson, la Grande Dépression tire ses racines de dislocations globales suite à la Première Guerre Mondiale, alors que la production Européenne est revenue en force. Comment peut-il ignorer la rapide expansion de la masse monétaire permise par la Federal Reserve au cours des années 1920s? Au contraire, pour lui la Grande Dépression a été causée par une politique monétaire trop restrictive au début des années 1930s. Il revient pourtant dans le droit chemin un peu plus loin, en mentionnant que sans la politique monétaire expansionniste de la Fed des années 1990s, Ken Lay et Jeff Skilling auraient eu de la difficulté à faire monter le prix de l’action d’Enron à $90 et la bulle techno n’aurait pas gonflé autant.

Autre histoire intéressante relatée par Ferguson : celle de l’investisseur George Soros. Lors de la réunification de l’Allemagne en 1990, Soros avait anticipé que les taux d’intérêt et la valeur du Mark augmenteraient, ce qui rendrait le Mécanisme de Taux de Change Européen insoutenable. Ce mécanisme fut établi en 1979 pour aider à la stabilisation des taux de change européens, de façon à mettre la table pour l’avènement de la devise unique (qui arriva finalement en 1999). Le système engendra la création d’une unité monétaire théorique, l’ECU, basée sur un panier composé de chacune des devises européennes et instaura une solidarité des pays européens en matière de soutien des cours, autour d’une valeur pivot calculée en fonction des évolutions de chaque devise par rapport à l’unité commune.

En vertu de cet accord, signé par le Royaume-Uni en octobre 1990, la banque centrale britannique ne laisserait pas le Mark s’apprécier de plus de 6% par rapport à la Livre Sterling. Suite à l’appréciation du Mark, la Bank of England dû utiliser des réserves de change pour acheter des Livres Sterling sur le marché et augmenta les taux d’intérêt jusqu’à 12%. Au final, le Royaume-Uni annonça qu’il quittait le MTCE et laissait la Livre se déprécier, mais les interventions précédentes avaient déjà résulté en une récession. Ce jour du 16 septembre 1992 fut baptisé le « Mercredi Noir ». Soros avait misé $10 milliards sur le Mark, en empruntant en Livres Sterling, empochant un profit de $1 milliard, soit 12 Livres par habitant du Royaume-Uni. Le Royaume-Uni a utilisé 6 milliards de Livres dans ses opérations de soutien au MTCE.


Comme exemple éloquent de la thèse centrale de l’ouvrage (soit que le développement des marchés financiers est nécessaire à la création de richesse), Ferguson compare la Chine aux États-Unis. En 1820, le revenu par habitant des Américains était deux fois plus élevé qu’en Chine; en 1870 c’était cinq fois plus, en 1913 c’était dix fois plus; et en 1950 c’était vingt fois plus. Entre 1820 et 1950, le taux de croissance moyen du PIB des États-Unis a été +1.57% comparativement à -0.24% en Chine. Il y a certainement plusieurs explications à cette grande divergence, l’une d’elles étant que la Chine était un empire centralisé finançant ses déficits en imprimant de la monnaie à profusion, étouffant le développement de marchés financiers efficaces.

Selon l’économiste Péruvien Hernando de Soto, la valeur de l’immobilier se trouvant dans les bidonvilles du monde se chiffrerait à $9.3 billions, soit 90 fois plus que toute l’aide internationale versée aux pays du Tiers-Monde entre 1970 et 2000. Le problème pour lui est que les gens qui habitent ces maisons n’ont pas de titre légal sur celles-ci, ce qui les empêche de les donner en garantie pour un prêt. Dans les pays développés, le prêt hypothécaire est le moyen principal de financer le démarrage d’une petite entreprise. Pour Ferguson, les titres de propriété sont «l’architecture cachée d’une économie prolifique ».

Les pays développés ont cependant poussé la recette un peu trop loin, subventionnant outrageusement l’accession à la propriété, contribuant ainsi à gonfler les bulles immobilières récentes. Les politiques monétaire expansionnistes des banques centrales n’ont pas seulement contribué à gonfler des bulles résultant en de violentes récessions; elles ont aussi stimulé l’endettement. Ferguson souligne qu’en 1959, la dette des ménages Américains se chiffrait à 16% de leur revenu disponible. En 2007, cette dette atteignait 2.5 billions, soit 24% du revenu disponible. Selon lui, la plus grande expansion monétaire de l’histoire humaine – catalysée par le bris du lien entre la monnaie et les métaux précieux – est derrière cet extraordinaire boum de crédit.

Je ne peux que me réjouir de lire un historien décrire le lien entre bulles spéculatives, endettement et création de monnaie! Je recommande cet excellent livre à tous.

 

La réflexion du jour

Mais le comble de la non-performance des deniers publics revient sans doute à la politique d’électrification des transports. Ma collègue Valérie Borde a calculé que la politique visant à favoriser l’achat de 12 500 véhicules électriques subventionnés lourdement à 8 000 dollars l’unité contribuera à diminuer après un an de 0,003 % les émissions de gaz à effets de serre du Québec. Wow !

J’ai quelquefois l’impression que cette valse des politiques et des milliards est engagée pour épater la galerie et donner l’impression qu’on agit promptement et sérieusement. Hélas ! les dollars sont réels et font naître des espoirs qui risquent d’être déçus.--- Pierre Duhamel

12 novembre, 2013

La réflexion du jour

Régis Labeaume n’a pas seulement été réélu maire de Québec dimanche dernier. Il a surtout gagné haut la main son pari: les électeurs lui ont donné le mandat de renégocier les conditions de travail et en particulier les fonds de pension des employés municipaux. Non seulement il a été fortement réélu, ce qui était fort prévisible, mais il a obtenu un taux de participation nettement supérieur à la moyenne.--- Mario Dumont

(NDLR Régis Labeaume : le seul politicien québécois qui a à cœur les intérêts de tous les Québécois et non seulement les intérêts des groupes d'intérêt.)

11 novembre, 2013

L’électrification des transports, un autre programme voué à l’échec

Le 1er novembre dernier, la première ministre a annoncé un nouveau programme devant faire du Québec le leader dans l’industrie de l’électrification des transports. Le gouvernement, c’est-à-dire nous les contribuables, dépensera (investira n’est pas le terme approprié)  516 millions en trois ans pour subventionner l’industrie des transports et les consommateurs désirant se procurer un véhicule électrique ou hybride.

Depuis la création de l’État providence dans les années soixante, le gouvernement a gaspillé plusieurs milliards de dollars en subventions inutiles à l’industrie des transports. Pour s’en convaincre, il suffit de se rappeler le fiasco de l’usine GM à Blainville qui a fermé depuis belle lurette; le projet de la roue électrique d’Hydro-Québec qui s’est terminé en queue de poisson; l’usine de camion Paccar de Ste-Thérèse qui vivote d’une subvention à l’autre; le renouvellement des voitures de métro qui coûtera un milliard de trop pour favoriser Bombardier; Novabus qui survit grâce au traitement préférentiel que lui accorde le gouvernement lors du renouvellement des parcs d’autobus des réseaux de transports en commun; etc.

Comment peut-on sérieusement croire que saupoudrés 516 M$ à des dizaines d’entreprises sur une période de trois ans, fera du Québec un leader mondial? L’industrie investit déjà des sommes astronomiques à la recherche de l’énergie du futur. Les forces du marché détermineront les technologies gagnantes en temps opportun. N’en déplaise aux écologistes, les subventions du gouvernement québécois n’y changeront absolument rien.

Par contre, un nouveau programme générera la création de nouveaux groupes d’intérêt qui militeront en faveur de la pérennité de ce nouveau programme. Il deviendra alors impossible d’y mettre fin sans risquer un impact négatif sur les résultats de la prochaine élection. Pour s’en convaincre, il suffit de se rappeler que le gouvernement a exigé qu’Hydro-Québec achète de l’électricité éolienne à plus de 14¢ le kWh pour la revendre aux Américains à moins de 5¢ le kWh. Une subvention camouflée de plus de 800 M$ qui bénéficie aux Américains pourtant beaucoup plus riches que nous. Tout ça pour ne pas déplaire aux lobbys de l’industrie éolienne, aux écologistes et aux régions.

J’admets que la tendance vers l’électrification des transports est mondiale, et que des opportunités économiques existent. Donc, pour favoriser l’électrification des transports, le gouvernement devrait plutôt s’engager à créer un environnement économique favorisant le succès des meilleures entreprises offrant les meilleures technologies. Un processus d’allocation des contrats publics transparent, une réglementation simplifiée, une fiscalité compétitive, une main-d’œuvre qualifiée, des infrastructures de qualité, offriraient de bien meilleures chances de succès qu’un programme de subventions électoraliste.

La réflexion du jour

Les dépenses de l’Administration montréalaise s’élèvent à 2357 $ par année et par individu, alors qu’elles sont de 1686 $ pour la moyenne des 10 plus grandes villes du Québec. Pourtant, les infrastructures montréalaises, mal entretenues depuis des décennies, ont un urgent besoin d’investissements.--- http://www.journaldemontreal.com/2013/11/03/le-plus-dur-commence

09 novembre, 2013

La réflexion du jour

Mais que se passe-t-il donc au Québec? Pourquoi traînons-nous dans le peloton de queue? Avec les ressources et le savoir-faire dont nous disposons, c’est l’Alberta qui devrait nous envier!

Le plus désolant, toutefois, c’est de constater que la situation économique actuelle ne semble pas inquiéter Québec outre mesure. On met sur pied une commission d’enquête sur les événements du printemps 2012 alors que c’est notre déroute économique qui devrait être scrupuleusement examinée. Plutôt triste, non?--- Nathalie Elgrably-Lévy

08 novembre, 2013

Petit cours d'autodéfense en économie101

Revue de livre par Ianick Marcil


Petit cours d'autodéfense en économie de l'économiste canadien Jim Stanford, publié en 2011 chez Lux, connaît depuis sa parution un grand succès de librairie (dans sa version originale comme dans sa traduction). Relativement copieux (près de 500 pages), il demeure néanmoins très accessible et pédagogique. Stanford a le talent des grands vulgarisateurs - comme le sont Hubert Reeves ou Stephen Hawking pour les sciences de la nature, par exemple. Stanford est l'auteur d'une chronique dans le Globe and Mail et l'un des fondateurs du Progressive Economics Forum. On peut donc le considérer comme un économiste «de gauche» - à tout le moins critique à la fois des développements du capitalisme contemporain et des théories économiques dominantes, plus ou moins proches de la pensée néolibérale.
Le

De fait son ouvrage présente d'abord une critique articulée et documentée des dérives du capitalisme - la dernière section du livre a d'ailleurs pour titre «Remettre en cause le capitalisme». L'auteur, il importe cependant de le noter, présente les choses de la manière la plus équitable et objective que possible. En réalité, ce livre propose, au final, une «évaluation» du capitalisme contemporain. Dès le premier chapitre (pp.41-45) Stanford présente sept critères à l'aune desquels nous devrions évaluer les succès de notre système économique: sa capacité à créer de la prospérité, à générer de la sécurité, à favoriser l'innovation et la liberté de choix, à atteindre un plus grand niveau d'égalité, à prendre soin de l'environnement et à consolider la vie démocratique. Les explications qu'il offre par la suite serviront, en quelque sorte, à dresser le bilan du capitalisme - le capitalisme reçoit la note C- dans son «bulletin de notes» -, ce qu'il fait dans l'un des derniers chapitres. Un constat sévère qui est suivi de propositions pour «dépasser le capitalisme» (ch.24). On sortira de cette lecture mieux outillée, à la fois pour comprendre notre système économique ainsi que pour le critiquer sur la base d'arguments étoffés et d'analyses factuelles.

La réflexion du jour

Ce n’est pas au syndicat ( ndlr l'UPA) de dire qui a accès aux programmes du ministère de l’Agriculture. Le syndicalisme obligatoire ne peut mener qu’à des abus et n’est pas souhaitable. C’est aux agriculteurs de décider s’ils veulent être représentés par un syndicat qu’ils auront eux-mêmes choisi.--- Jean Garon

07 novembre, 2013

La réflexion du jour

Si on ne réussira plus à attirer les investisseurs avec un dollar faible ou des tarifs préférentiels d’hydroélectricité, il reste quoi au Québec comme avantage comparatif pour séduire les investisseurs? Surtout quand on sait que déjà, certains investisseurs étrangers ont compris que le Québec est “Closed for business” depuis quelque temps et ce, pour toutes sortes de raisons: l’instabilité résultant de la “question nationale”, gouvernement souverainiste en place, lois du travail, ingérence syndicale, vexations linguistiques, infrastructures déficientes, fardeau fiscal des entreprises et de la main-d’oeuvre plus élevé qu’ailleurs.--- Joanne Marcotte

06 novembre, 2013

Économix

Revue de livre Ianick Marcil

Dans le même esprit critique de l'économie contemporaine, l'étonnante bande dessinée Economix de l'auteur new-yorkais Michael Goodwin et de l'illustrateur Dan E. Burr réussissent un exploit: rendre intelligible, accessible et amusante l'histoire des idées et des faits économiques des 300 dernières années agréables à comprendre, avec humour, sans sacrifier à la rigueur intellectuelle. Economix a l'intelligence de tracer le parallèle entre l'histoire des idées économiques et celle du développement du capitalisme - depuis le tout début de la Révolution industrielle - démontrant, ainsi, que la première n'est non seulement assujettie à la seconde, mais qu'elle a souvent servi à en renforcir le pouvoir. Cette bande dessinée est probablement la meilleure introduction critique à la dynamique du capitalisme et à l'histoire des idées économiques que j'aie eu le loisir de lire. Sa lecture offre un point de vue étonnamment étoffé et documenté qui permet potentiellement de favoriser la discussion entre citoyens. (NB: j'ai écrit un peu plus longuement sur ce livre sur le blogue de la Librairie Raffin.)