Chaque Québécois doit plus de 34 000 $ au provincial seulement

Vaut mieux en rire!

Avant de couper des centaines de millions dans les services, est-ce qu’on peut avoir les services ? - Michel Beaudry

29 avril, 2017

La réflexion du jour

Nous voulons tout gratuit, mais nous crachons sur la richesse qui rendrait cela possible. Que ferions-nous sans la péréquation et les centaines de programmes québécois d’aide à tout ce qui bouge ?--- Lise Ravary

28 avril, 2017

La réflexion du jour

Les fait apportés par Bartholomew démontrent que le problème avec les logements sociaux n’est pas tant le coût direct pour l’état, lequel est tout de même non-négligeable, mais bien les conséquences indirectes, notamment sur le chômage, la mobilité et la criminalité. Ils deviennent des ghettos de pauvreté desquels il est diffcile d’émerger en citoyen automone.--- Minarchiste

27 avril, 2017

La réflexion du jour

Mais ce débat relatif aux chiffres nous éloigne du cœur du sujet. Car les entreprises ne payent jamais d’impôts; les êtres humains le font. L’entreprise n’est qu’une entité juridique. Trois acteurs payent la note : les propriétaires (par des rendements moindres pour les actionnaires), les employés (par des salaires moindres) et les clients (par des prix plus élevés). --- David Descôteaux

26 avril, 2017

Non, le travail ne va pas disparaître et le revenu universel n’est pas nécessaire

La révolution numérique va-t-elle entraîner la raréfaction du travail, et donc la nécessité de créer un revenu universel, comme le soutient Benoît Hamon ? Certainement pas ! Et voilà pourquoi.

Un article de l’Iref-Europe
Non, le travail ne va pas disparaître et le revenu universel n'est pas nécessaire
Il faut reconnaître à Benoît Hamon une certaine habileté pour avoir mis au centre des débats cette question. L’idée a séduit les électeurs de la primaire socialiste, mais elle est parfois aussi soutenue par des libéraux. L’IREF, par les analyses de Jean-Philippe Delsol et de Nicolas Lecaussin, a montré en quoi la thèse n’avait rien de libéral et n’était qu’un assistanat généralisé, un étatisme infinançable ; c’est une dévalorisation du travail et un retour aux sources du marxisme, avec le « droit à la paresse » du gendre de Marx, Paul Lafargue !
Mais il y a un argument auquel certains ont été sensibles. B. Hamon évoque « la raréfaction du travail liée à la révolution numérique » : l’automatisation détruirait massivement des emplois, ce serait peu à peu « la fin du travail » (Jeremy Rifkin), et le revenu universel serait une réponse sociale à cette loi inéluctable. La thèse n’est pas nouvelle. Chaque étape du progrès technique a été marquée par la peur de la disparition des emplois. Les révoltes des canuts de Lyon, dès 1831, brisant les machines par peur du chômage, ne sont qu’un exemple de la peur de la machine « mangeuse d’homme », dénoncée il y a cinquante ans par Alfred Sauvy (La machine et le chômage).

La destruction créatrice visible à moyen et long terme

Le progrès technique détruit des emplois ; c’est ce qu’on voit. Mais il crée du pouvoir d’achat qui va s’employer ailleurs, et la main d’œuvre ainsi disponible permet de produire des biens et services nouveaux : c’est ce que l’on ne voit pas immédiatement. C’est la fameuse « destruction créatrice » de Schumpeter, qui manifeste le fait que l’économie, c’est le changement permanent : le progrès technique libère du facteur travail, ce qui permet de produire autre chose et d’accroître production et consommation, tout en réduisant pour ceux qui le veulent la durée du travail. Il n’y a aucune raison que cela s’arrête.
Le phénomène est visible à très long terme. Le tableau ci-dessous, qui retrace deux siècles d’évolution des emplois, montre que l’immense majorité des Français travaillait en 1800 dans l’agriculture ; le progrès technique a permis de produire beaucoup plus dans ce secteur, avec une main-d’œuvre extrêmement réduite (moins de 3% aujourd’hui). Mais les anciens agriculteurs ou leurs enfants, passés dans le secteur secondaire, ont permis le développement des secteurs de l’industrie et du bâtiment. Le même phénomène s’est produit ces dernières décennies : le progrès technique a réduit l’emploi industriel et permet à la main-d’œuvre de se tourner vers les services : le tertiaire occupe aujourd’hui plus des trois quarts des emplois.
Répartition de l’emploi par secteur d’activité de 1962 à 2007.
Sur la période plus récente, une étude de l’INSEE a montré que cette évolution s’accentuait. Or, dans la période retenue, la population active occupée, celle qui a effectivement un emploi, est passée de 19 à 26 millions : il y a donc eu plus de créations que de destructions. Sous l’effet du progrès technique et de l’évolution des choix des consommateurs, le pouvoir d’achat ainsi créé a permis de diversifier nos consommations.

Source : INSEE, 50 ans de mutations d’emplois, INSEE première N°1312

Des destructions à venir pas si massives que cela

La question qui est posée par les débats actuels, c’est de savoir si le numérique change la donne. Il détruirait tellement d’emplois qu’inéluctablement le chômage de masse deviendrait la norme. C’est oublier un peu vite l’ampleur des évolutions passées, les millions d’emplois disparus dans l’agriculture, grâce à la mécanisation, et retrouvés ensuite dans l’industrie et plus tard le même phénomène entre l’industrie et les services. C’est aussi exagérer l’ampleur du phénomène. Une étude de Carl Frey et Michael Osborne estimait que 47% des emplois américains auraient disparu d’ici 2020. L’OCDE a contesté leur méthodologie et montré en 2016 que seuls 9% des emplois seraient détruits par le numérique et la robotisation. Un ordre de grandeur guère différent de celui des mutations précédentes. Cela ferait en France 3 millions d’emplois menacés en dix ans, ce qui est inférieur aux mutations d’emplois d’une seule année, puisque Pôle emploi enregistre en moyenne 500 000 entrées et sorties du chômage chaque mois (571 000 en décembre 2016, catégories A + B + C) ! L’emploi ne cesse de bouger.

Mais des mutations majeures qui nécessitent davantage de liberté

L’OCDE montre aussi que 30% des emplois, sans disparaître, vont évoluer sérieusement. Voilà le fond de la question : l’automatisation va modifier les tâches effectuées, plus que détruire l’emploi. Le numérique accélère les mutations. Cela souligne avant tout l‘importance de la capacité de réaction des uns et des autres et donc la flexibilité nécessaire pour s’adapter : seule la liberté économique peut le permettre. D’où le rôle de la formation, pas tant aux techniques, vite obsolètes, mais à l’adaptabilité, qui repose sur une bonne culture générale et une capacité à faire face aux changements. Parmi les emplois d’aujourd’hui, une large part n’était même pas imaginable il y a dix ou vingt ans. Si l’on peut évaluer les emplois qui vont disparaître, en revanche les nouveaux emplois de demain ne sont guère imaginables aujourd’hui.

Et donc la solution passe par moins d’État

C’est dire que l’État et ses techniques de prévisions et de planification sont totalement disqualifiés pour prédire ce qui n’est pas prévisible. Les emplois de demain seront imaginés par des entrepreneurs créatifs, pourvu qu’on les laisse libres de créer, et par les libres choix des consommateurs, ce qui nécessite moins d‘État, et non davantage d’État comme le pense M. Hamon ! Les besoins humains en santé, loisirs, éducation, culture, voyages, communication, services à la personne, etc. sont illimités, donc les emplois aussi.
Reste un autre argument de M. Hamon : le revenu permanent permettrait à ceux qui le veulent de s’orienter vers des services non marchands et le bénévolat. Celui-ci est nécessaire et crée du lien social. Mais il relève du libre choix de chacun et ne saurait être étatisé et rémunéré via le revenu permanent, au risque de perdre son âme et sa créativité, et de transformer les solidarités de proximité en une immense bureaucratie.

La réflexion du jour

Québécois, nous avons un problème avec l’éthique en matière d’argent. Pas tout à fait voleurs, pas tous corrompus mais trop souvent équipés d’une conscience élastique en présence de l’argent des autres.--- Lise Ravary

25 avril, 2017

La réflexion du jour

Enfin, notons qu’une partie de nos impôts va servir à payer... Revenu Québec, ses quelque 11 000 employés et ses dépenses de plus de 1 milliard $. En Ontario, où il n’y a qu’une déclaration d’impôt à remplir, percevoir les impôts coûte trois fois moins cher à la province et nécessite moins du tiers des employés, même si on y trouve plus de contribuables qu’au Québec...--- David Descôteaux

24 avril, 2017

La réflexion du jour

Le dossier (ndlr les vélos libre service Bixi) illustre aussi le désolant manque de foi de nos politiciens envers les entrepreneurs. Pourtant, regardez autour de vous: les entreprises innovent constamment pour combler nos besoins et, dans notre société, y arrivent assez bien. Au contraire, nos déceptions sont plutôt du côté où se trouvent les responsabilités du gouvernement. Trouvez-vous que ça innove beaucoup en santé et éducation, et qu'on se bat pour vous offrir un bon service?--- Jasmin Guénette

22 avril, 2017

La réflexion du jour

Comme c’est le cas dans bien d’autres domaines, le modèle québécois dans la construction est assez unique. Le Québec a l’industrie de la construction la plus réglementée et la plus cloisonnée. Un tel système n’existe dans aucune autre province canadienne. Et pourtant, elles construisent... plus que nous. Et leurs bâtiments ne tombent pas.--- Mario Dumont

21 avril, 2017

La réflexion du jour

À force de multiplier les règles, on a fini par étouffer toute initiative. Tout doit être fait by the book. Hors du livre de règlements, point de salut. Il va falloir être membre d’une Association professionnelle de manipulateurs d’organes génitaux pour aller pisser. D’un coup que tu remontes ta fermeture éclair trop vite.--- Richard Martineau

20 avril, 2017

La réflexion du jour

Donc, si la légalisation ne change pas grand-chose (plus personne ne se fait arrêter pour avoir fumé un joint, et tous ceux qui veulent acheter du pot savent où s’en procurer), voulez-vous me dire pourquoi on légalise la mari, alors? Pour une seule et unique raison: parce que l’État ne sait plus que faire pour renflouer ses coffres.--- Richard Martineau

19 avril, 2017

La politisation des systèmes monétaires modernes

Le nouvel ouvrage de Pascal Salin sur la politique monétaire apporte des éléments substantiels à l’analyse des systèmes monétaires modernes. L’effort didactique est à saluer eu égard à la complexité des thèmes abordés.

Un article de Trop Libre
Pascal Salin signe un ouvrage d’économie qui aborde des sujets essentiels mais auxquels nous n’accordons que peu de temps pour une réflexion approfondie. L’argumentation didactique accompagne une hauteur de vue salutaire.
Plaidant l’exigence d’une évaluation économique rigoureuse, l’auteur nous invite à creuser les causes réelles des maux économiques contemporains. L’ouvrage de Pascal Salin met en lumière le rôle néfaste que jouent les chocs monétaires. Nous sommes ainsi conviés à explorer les méandres des politiques monétaires et leurs effets sur nos économies.

L’inanité des politiques monétaires expansionnistes

L’auteur aborde plusieurs sujets, pour déconstruire leurs études reçues à leur égard.
Le déficit commercial d’abord. Il représente une situation dans laquelle un pays achète plus de produits et services qu’il n’en vend à l’étranger. Pascal Salin déplore “la tonalité négative” du terme déficit ainsi que “l’influence négative des théories d’inspiration keynésienne”.
De même, tandis qu’il est pointé du doigt comme résultant “d’un manque de compétitivité de la part du pays (…)”, le déficit commercial serait, pour Pascal Salin, le fruit “d’un excédent d’offre financier résultat du déficit budgétaire”. Par conséquent, l’auteur suggère qu’il serait vain de corriger la situation de la balance commerciale sans modifier les facteurs qui l’expliquent.
Pascal Salin désapprouve ainsi l’existence “d’une fiscalité qui décourage l’épargne” et qui incite “à acheter de l’épargne de l’extérieur pour financer les investissements”. Au même titre que l’interventionnisme politique est à proscrire, selon Pascal Salin, dans le cadre d’une hypothétique correction du déficit commercial, la dévaluation est à éviter car elle entraîne une série « d’effet nuisibles ».
La dévaluation ensuite. Elle consiste, pour les autorités monétaires, à décider de manière discrétionnaire de “modifier le taux de change qu’elles étaient censées maintenir”. En effet, une banque centrale prend l’engagement d’échanger sa propre monnaie contre une autre à un certain taux de change. Or, pour Pascal Salin, la dévaluation est par conséquent, “la rupture d’une promesse antérieure”. Elle est même “une spoliation” dans la mesure où l’organisme qui avait promis d’échanger sa propre monnaie contre une autre, à un prix fixe, décide unilatéralement de remettre une quantité plus faible de monnaie étrangère”.
Pascal Salin démontre que la dépréciation d’une monnaie est “d’autant plus importante que sa croissance monétaire est plus élevée par rapport à celle du reste du monde (…)”. Employée concomitamment à une dévaluation, la politique monétaire expansionniste finance artificiellement la dette de l’État, ce que Pascal Salin considère comme « un impôt caché ».

Les dérives potentielles inhérentes aux carences des systèmes monétaires modernes

Pascal Salin montre également très bien que les risques systémiques sont le reflet de l’interventionnisme politique en matière monétaire auquel s’ajoutent “les caractéristiques spécifiques des systèmes monétaires modernes”. L’auteur met en avant le caractère “public et national des systèmes monétaires modernes” et dénonce “des dérives potentielles”. D’une part, l’auteur invite à reconsidérer le rôle de “prêteur en dernier ressort” nouvellement imputé aux banques centrales.
Cela incite “à des comportements irresponsables (…)” et contribue à l’instabilité monétaire. D’autre part, malgré l’adjonction du principe d’indépendance des banques centrales, offrant de prime abord l’impossibilité d’une relation entre “déficit public et création monétaire”, Pascal Salin préfère la mise en place d’une limitation du pouvoir discrétionnaire d’émission monétaire car l’indépendance théorique de la banque centrale peut être contournée par “des pressions politiques et pressions de l’opinion publique”.
L’auteur souligne que “l’un des drames du XXème siècle vient de ce que l’on est passé d’un monde de fonds propres à un monde de fonds empruntés”. Les bulles financières ou les bulles immobilières sont la résultante d’une politique de taux d’intérêt très bas incitant “les emprunteurs à emprunter davantage pour acheter des actifs financiers ou pour acheter des logements”. De même, les gouvernants sont responsables en ce qu’ils sont “tentés de créer l’apparence du crédit facile et de la relance de l’activité ».

Le souhait d’une décentralisation monétaire à l’heure de l’Internet

Dans Les Systèmes monétaires, Pascal Salin revient également sur la création de la monnaie unique. Revenant sur la perspective de l’utilité et de la valeur pratique d’une monnaie, Pascal Salin identifie l’euro comme “le reflet du nationalisme monétaire”. L’auteur reproche le cloisonnement institutionnel et le monopole de production de l’euro par la BCE. Ainsi, Pascal Salin est favorable à “un système de monnaies concurrentielles” dans lequel “chaque producteur est incité à proposer une bonne monnaie”. Par conséquent, il formule le souhait d’une “décentralisation du système monétaire européen”.
Prolongeant sa réflexion, il s’intéresse également aux nouvelles mutations économiques. L’Internet bouscule à la fois la définition, les modes de production et le rôle de la monnaie. Pascal Salin constate que l’Internet conduit à une “désétatisation de la monnaie et à la disparition de toutes les réglementations (…)”. L’invention de nouvelles monnaies, à l’instar du bitcoin, met en place un processus concurrentiel entre “monnaies privées et a-nationales”.
Néanmoins, l’auteur insiste sur la qualité d’utilité relative que doit revêtir une monnaie pour subsister face à la concurrence. La perspective est celle d’une désétatisation de la monnaie et la disparition à terme de la politique monétaire.
En conclusion, la politique monétaire se constitue pour Pascal Salin comme « une modalité spécifique d’interventionnisme étatique ». Dès lors, la critique de l’auteur ne porte pas tant sur « la nature même des systèmes monétaires », mais sur l’existence de mécanismes régulateurs qui « en réalité déstabilisent» les systèmes monétaires. L’ouvrage de Pascal Salin apporte des éléments substantiels à l’analyse des systèmes monétaires modernes. L’effort didactique est à saluer eu égard à la complexité des thèmes abordés.

La réflexion du jour

Peinant à boucler son budget, le gouvernement québécois fait grimper les tarifs, la TVQ, les impôts… Bref, la main de l’État fouille plus profond dans vos poches. Il existe pourtant une alternative : rendre l’État plus efficace et moins coûteux.--- David Descôteaux

18 avril, 2017

La réflexion du jour

Le corollaire de la liberté, c'est la responsabilité. Si tu es libre d'avoir un chien, tu dois être responsable de ton chien. Mais dans un Québec où traverser le pont Jacques-Cartier te rend incapable de tourner à droite au feu rouge, on a un gouvernemaman qui restreint nos libertés en traitant ses citoyens comme des enfants d'école.--- Adrien Pouliot

17 avril, 2017

La réflexion du jour

Premièrement, le financement de l’école privée serait coûteux pour l’État. Faux! Certes, les écoles privées sont financées à 60 % par Québec. Mais vu le contrôle gouvernemental serré auquel elles sont soumises et les rares prérogatives dont elles jouissent, elles s’apparentent davantage à des écoles publiques financées à 40 % par les parents­­. Le réseau privé est donc une source d’économies pour Québec.--- Nathalie Elgrably-Lévy

15 avril, 2017

La réflexion du jour

Plus d’argent dans le réseau public aiderait certes, mais celui-ci a d’innombrables problèmes qui ne sont pas reliés à l’argent: uniformité, centralisation, bureaucratisation, déconnexion ministérielle, idéologies fumeuses, etc.--- Joseph Facal

14 avril, 2017

La réflexion du jour

Quand on prend un peu de recul et qu'on regarde attentivement les chiffres, une évidence s'impose: il n'y a pas eu d'austérité au Québec. Je veux le répéter pour que les lecteurs s'en souviennent: il n'y a pas eu d'austérité au Québec, malgré tout ce qu'on a pu lire et entendre à ce sujet. L'austérité tant décriée s'apparente plus à une gestion plus prudente des finances publiques, dans la mesure où le gouvernement actuel contrôle mieux l'augmentation des dépenses, mais celles-ci demeurent en constante hausse.--- Jasmin Guénette

13 avril, 2017

La réflexion du jour

Nous avons raison d’être en colère de voir un homme accusé de meurtre se balader dans la nature, mais sans la Cour suprême, les politiciens auraient-ils entrepris de réparer le système de justice?--- Lise Ravary

12 avril, 2017

La réflexion du jour

Le cas Bombardier n’est pas la preuve de l’échec du capitalisme. Au contraire, c’est l’expression du fiasco de l’interventionnisme débridé, du copinage éhonté. «Mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde», disait Camus. Si l’on veut éviter d’autres scandales similaires, il faudrait d’abord être capable d’identifier correctement la cause du problème.--- Nathalie Elgrably-Lévy

Une autre histoire de la pensée économique (3) : Keynes, et après … ?

Cette série de 3 articles propose de revisiter les grands auteurs du passé, et de débusquer chez eux des conceptions différentes de la discipline économique. Troisième partie : Keynes, et après ?

Histoire de la pensée économique : Keynes
1ère et deuxième partie déjà en ligne.
Selon le récit conventionnel, Keynes vient enfin couronner la pensée néoclassique en complétant la théorie des échanges et de l’allocation des ressources, dorénavant appelée microéconomie, par la théorie des grands agrégats nationaux comme la production et l’emploi, dorénavant appelée macroéconomie, et en reconnaissant le rôle central de la monnaie dans le système économique.

L’illusion Keynes

Cette vision relève de l’illusion d’optique. Keynes ne situe pas sa réflexion par rapport à Walras, qu’il ne cite qu’une seule fois, et sur un point mineur, dans sa Théorie générale. Ses références principales sont Malthus, Ricardo et Marshall, et son ambition n’est pas de réfuter les théories classiques, mais de construire une théorie générale dont la théorie classique sera un cas particulier. Ce n’est que plus tard, lorsque l’approche walrasienne sera devenue hégémonique, que d’autres auteurs1 en rapprocheront certaines des positions de Keynes, tout en en oubliant l’essentiel, pour construire la « grande synthèse néoclassique ».
Keynes, lui, adopte constamment des positions épistémologiques et méthodologiques plus proches de celles de Menger que de celles de Walras. Pour lui comme pour les classiques, la discipline économique concerne les relations causales diachroniques entre les phénomènes observables. S’il critique certaines positions de ses prédécesseurs, c’est au nom du réalisme. La production et l’entrepreneur sont au centre de sa réflexion, ainsi que le temps, l’incertitude, les anticipations et les « esprits animaux » des agents, alors que l’approche walrasienne est centrée sur l’échange, évacue l’entrepreneur et postule un homo economicus omniscient et parfaitement rationnel.
Sur l’usage du raisonnement mathématique en économie, bien que (ou parce que…) particulièrement brillant en mathématiques, il se montre plus négatif encore que Marshall en écrivant : « Too large a proportion of recent ‘mathematical’ economics are merely concoctions, as imprecise as the initial assumptions they rest on, which allow the author to lose sight of the complexities and interdependencies of the real world in a maze of pretentious and unhelpful symbols« 2.

Comment Keynes enferme l’économie dans l’argent

En donnant à la monnaie une place centrale dans l’économie, il ne fait que l’y maintenir alors que Walras l’en avait expulsée. Il faut être bien ignorant de l’histoire de la pensée économique pour croire que Keynes a été le premier économiste à s’intéresser à la monnaie, ou que les classiques professaient que la monnaie est « neutre », comme le serinent trop souvent les manuels. La monnaie a constamment été au centre de la réflexion économique depuis Aristote, en passant par Oresme, Copernic, Jean Bodin, Locke, Cantillon, Hume, Galiani et les grands traités de Smith, Say, Ricardo, Mill ou Menger. Elle n’a été évacuée que pendant quelques décennies par le modèle de l’équilibre général walrasien.
Bref, une grande partie de ce qui est considéré comme original dans la pensée de Keynes ne peut l’être que dans la mesure où on réduit l’économie à la conception étroite née après Walras et qui deviendra dominante après la parution de la Théorie Générale. Certes, il dit s’opposer aux classiques, qu’il définit comme ceux qui croient en la loi de Say, réécrite par ses soins sous la forme « toute offre crée sa propre demande », ce que Say lui-même n’a jamais écrit3,4. Mais s’il se range ainsi parmi les pessimistes comme Sismondi ou Malthus en s’opposant aux optimistes que sont Say et Bastiat, il n’en est pas moins fidèle à l’épistémologie des classiques.

Quels sont les vrais apports de Keynes à l’histoire de la pensée économique ?

Qu’en est-il alors des apports qui sont censés constituer la « révolution keynésienne » ? L’idée que le laissez-faire ne conduit pas nécessairement à l’optimum économique ? Une position classique : l’équilibre et l’optimum sont des concepts walrasiens, que les classiques n’utilisent jamais, et que Keynes ne leur impute qu’à travers sa réécriture erronée de la loi de Say. La thèse que l’intervention de l’État est indispensable à la bonne marche de l’économie ? C’est celle des mercantilistes et de certains classiques, principalement de la branche anglaise.
Si on se limite à ce qui concerne la conception même de la discipline, en ignorant les différences substantielles sur les questions économiques, il reste l’invention de la macroéconomie, définie comme l’étude des agrégats et des indicateurs économiques nationaux sans référence aux actes élémentaires des acteurs individuels, ou en leur substituant un mythique « agent représentatif », ce qui revient à peu près au même.
Là encore, il faut y regarder de plus près : Keynes prend au contraire grand soin de faire reposer son étude sur les actions des acteurs individuels, et se livre même, au chapitre 4 de la Théorie Générale, à une critique en règle des mesures appliquées à des agrégats hétérogènes comme le capital ou le travail, qui rejoint celle des Autrichiens. Mais cela ne l’empêche pas de se contredire ensuite en utilisant ses propres mesures, qui sont tout aussi critiquables, et en écrivant des équations qui lient directement des grandeurs macroéconomiques. C’est ce que retiendront ses successeurs, en éliminant de leur raisonnement tout ce que Keynes considérait comme essentiel (le temps, l’incertitude, l’entrepreneur), mais qui polluerait la sacro-sainte formalisation mathématique.
Ce faisant, ils abandonnent l’individualisme méthodologique et vont plus loin dans l’abandon de la conception causale des classiques. En effet, dans le monde réel, seuls les actes d’individus peuvent être la cause des phénomènes économiques. Les variations des grandeurs agrégées en sont la conséquence, et peuvent à leur tour être la cause d’actions individuelles qui entraîneront de nouvelles variations des grandeurs agrégées, mais elles ne peuvent pas être directement cause les unes des autres. Entre des grandeurs agrégées, la macro-économie contemporaine peut constater des corrélations, mais est structurellement incapable d’expliquer ce qu’elle observe.

Keynes, héritier des économistes classiques

Au total, l’économiste emblématique de la deuxième moitié du XXe siècle est avant tout un héritier des classiques, opposé à l’épistémologie walrasienne et non à celle des classiques dont il ambitionne de compléter l’œuvre. Si nous admettons que la véritable orthodoxie est celle de Say et Menger alors que Walras inaugure un courant déviant, Keynes appartient à cette orthodoxie, contre Walras.
La révolution keynésienne est donc aussi hétérogène que la précédente, si ce n’est que les positions différentes se trouvent cette fois chez un seul et même auteur, dont la cohérence n’était pas la vertu principale. La novation épistémologique de Keynes a été d’ouvrir la voie à l’abandon de l’individualisme méthodologique et à la déconnexion de la macro-économie d’avec la réalité. Ce que sa pensée a de réellement novateur forme l’entrée d’une deuxième impasse méthodologique : celle de l’étude des agrégats sans référence aux actions individuelles.
Au total, l’histoire de la pensée économique est bien loin de se résumer à un perfectionnement progressif dont les grandes étapes seraient Smith, Walras et Keynes. Il existe bien un courant de pensée qui se développe de façon harmonieuse au fil des siècles en se perfectionnant progressivement, comme pour les autres sciences, mais c’est celui qui part des Scolastiques, passe par Turgot, Say et Menger, et aboutit à Ludwig von Mises, dont le magnum opus L’Action humaine résume bien tout ce qui précède.
Par rapport à ce courant principal, Smith représente une déviation dont les dernières ramifications s’éteindront avec Marx, mais qui ne remet pas en cause la définition même de la discipline. Walras au contraire inaugure une rupture épistémologique profonde et durable. Keynes, bien qu’appartenant foncièrement à la tradition centrale, fournit les éléments qui ont permis à certains de ses disciples de parachever la rupture en séparant macroéconomie et microéconomie.

Et Keynes maintenant ?

Le courant issu de Walras, et renforcé par les émules de Keynes, a occupé presque tout l’espace de la discipline économique pendant le XXe siècle, et continue à occuper la quasi-totalité de son enseignement. Examiner les motivations d’ordre socio-psychologique qui ont poussé le gros des troupes économistes à se précipiter dans ces deux impasses est hors du propos de cet article. Toujours est-il que l’immense majorité des économistes a sacrifié le réalisme au formalisme et à la rigueur mathématiques en oubliant le dualisme méthodologique des classiques pour singer les sciences physiques.
Mais tout ce que le courant dominant de l’économie contemporaine a gagné en rigueur, il l’a perdu en pertinence. Le choix méthodologique fait pour donner à l’économie un statut de science aboutit à déconnecter cette discipline de ce qui devrait être son objet : les phénomènes du monde réel. Loin d’être une marque de scientificité ou au contraire une question de méthode relativement secondaire, selon les auteurs, la sacralisation des mathématiques est la faute originelle de l’économie contemporaine.
Cette fascination pour les mathématiques a conduit l’immense majorité des économistes à considérer que leur discipline se définit, implicitement ou explicitement, comme la construction et l’étude de modèles mathématiques inspirés de problèmes économiques. Les plus raisonnables s’arrêtent là, se rappelant que le modèle n’est pas la réalité, et font ainsi de leur variété d’économie un simple divertissement intellectuel. D’autres tirent de cette étude des conclusions relatives au monde réel sans s’inquiéter des conditions qui seraient nécessaires pour pouvoir les y transposer. Les premiers sont inutiles, les seconds sont dangereux.
De dérive en dérive, l’économie dite « orthodoxe » est devenue une branche mineure des mathématiques, la théorie rigoureuse d’un monde imaginaire. Elle a peut-être les apparences d’une science, mais c’est une science sans objet. Ni les théorèmes que démontrent les économistes orthodoxes, ni leurs préconisations politiques ne concernent le monde dans lequel nous vivons. Leur addiction aux méthodes mathématiques fait irrésistiblement penser au quidam de la blague qui cherche sous un réverbère le portefeuille qu’il a perdu ailleurs, sous prétexte que « ici, il y a de la lumière… »
Les plus réalistes réintroduisent dans la théorie, un par un, des faits élémentaires mais fondamentaux qui forment la base de la tradition classique, sapant ainsi lentement les fondements même de l’orthodoxie. Même s’ils vont dans le bon sens, il n’est pas interdit de juger un peu pathétiques ces efforts pour traiter les phénomènes du monde réel en bricolant une théorie construite sur l’hypothèse que ces phénomènes n’existent pas5. Une excessive fidélité à la théorie standard est devenue un obstacle au progrès de la connaissance, et le détour par l’économie néoclassique se révèle plus nuisible qu’utile.
Or la discipline économique n’arrive pas à se libérer de son héritage walraso-keynésien aujourd’hui en ruines. L’enseignement académique continue à reposer sur l’homo economicus, l’équilibre général et la modélisation mathématique, et à séparer soigneusement la macroéconomie de la microéconomie. De nombreux travaux empiriques continuent à se référer au paradigme néoclassique, ne serait-ce qu’implicitement, comme s’il représentait une théorie achevée intangible. Dans leur majorité, les économistes sont comme des explorateurs arrivés au fond d’un tunnel, qui s’obstinent à creuser pour essayer d’en sortir plutôt que d’accepter sagement de revenir à l’entrée.
Rares sont ceux qui vont jusqu’au bout de leur logique, comme Herbert Simon (Nobel d’économie 1978) qui écrivait en 1997, à propos de l’économie telle qu’elle est enseignée : « Yes, I am throwing it away. I think the textbooks are a scandal. I think to expose young impressionable minds to this scholastic exercise, as though it said something about the real world, is a scandal…6 » ou Deirdre McCloskey : « It is all nonsense, which future generations of economists are going to have to do all over again. Most of what appears in the best journals of economics is unscientific rubbish.7 »
En même temps qu’elle revient au réalisme et à l’observation, la discipline économique se disperse en une multitude de spécialités et de sous-spécialités, où la tradition néoclassique n’est plus qu’une école parmi d’autres. « Discipline éclatée, la science économique d’aujourd’hui se développe à travers une multitude de travaux, consacrés pour la plupart à des objets ponctuels, abordés à travers des approches réductrices. Le temps des synthèses et des reconstructions paraît encore loin8. » La discipline économique revient en somme au seizième siècle, avant que les classiques en affirment l’unité en observant que tous les phénomènes économiques sont interdépendants, ce que redisent les Autrichiens : « Economics does not allow of any breaking up into special branches. It invariably deals with the interconnectedness of all the phenomena of action… There is only one coherent body of economics9. » Il va bien falloir que les économistes rapprochent leurs travaux aujourd’hui disparates, et que l’économie refasse le chemin qui a jadis mené à Say et à Mill, et dont la tradition dite « autrichienne », à la suite de Menger, a maintenu envers et contre tous les principes méthodologiques : recherche des relations causales entre phénomènes observables, dualisme méthodologique, méfiance envers la formalisation mathématique.
Parce qu’elle est d’abord réaliste, cette tradition pluriséculaire incorpore depuis toujours des idées aujourd’hui considérées comme des percées conceptuelles fondatrices d’autant de nouvelles écoles de pensée : rationalité limitée, information limitée, asymétries d’information, incertitude radicale, complexité des comportements et des relations sociales, dynamique des comportements et des situations, importance des institutions. Plus profondément encore, la plupart des problèmes épistémologiques que l’orthodoxie économique pose aux économistes et aux philosophes contemporains disparaissent ou trouvent leur solution dans la tradition classico-autrichienne. Bien peu nombreux sont aujourd’hui ceux qui s’en réclament, mais c’est pourtant ce courant qui représente aujourd’hui la tradition centrale, comme finit par le reconnaître en 1973 John Hicks, Nobel d’économie 1972 et l’un des principaux artisans de la synthèse néoclassique : « The « Austrians » were not a peculiar sect, out of the mainstream; they were in the mainstream; it was the others who were out of it.10  »
Pour retrouver le bon chemin, la voie la plus sûre et la plus rapide serait donc de revenir au point où les économistes se sont fourvoyés en suivant Walras puis Keynes, pour retrouver avec Menger l’axe majeur de la pensée économique et y rejoindre le plus vite possible leurs collègues de l’école autrichienne et leur maître à tous Ludwig von Mises. À cent trente ans de distance, on peut dire en paraphrasant Jevons « Nos économistes contemporains vivent au pays des rêves. La vérité est avec l’école franco-autrichienne, et plus vite on le reconnaîtra, mieux cela sera. »
  1. Les plus célèbres étant Hicks et Samuelson. ↩
  2. « Une trop grande part de l’économie “mathématique” récente n’est que fictions, aussi imprécises que les hypothèses sur lesquelles elles reposent, qui permettent à leur auteur de perdre de vue les complexités et les interdépendances du monde réel dans un dédale de symboles prétentieux et inutiles » (The General Theory of Employment, Interest and Money). ↩
  3. Les citations exactes de Say sont (c’est moi qui souligne) : « l’achat d’un produit ne peut être fait qu’avec la valeur d’un autre » et « un produit terminé offre, dès cet instant, un débouché à d’autres produits pour tout le montant de sa valeur », ce qui est évidemment très différent. ↩
  4. De même que Menger disait s’opposer aux classiques, mais les définissait comme ceux qui croient en une valeur objective, ignorant complètement l’école française. ↩
  5. Voir Steve Keen, L’imposture économique (2010, traduction française 2014)↩
  6. « Oui, je la rejette. Je pense que les manuels sont un scandale. Je pense qu’exposer de jeunes esprits impressionnables à cet exercice scolastique, comme s’il disait quelque chose sur le monde réel, est un scandale ». ↩
  7. « Ce n’est qu’absurdités, que les futures générations d’économistes vont devoir refaire en entier. La plupart de ce qui paraît dans les meilleures revues d’économie est de la pacotille non scientifique » – The secrets sins of economics. (2002). ↩
  8. Beaud et Dostaler, La pensée économique depuis Keynes (1993). ↩
  9. « L’économie ne peut pas être découpée en branches spécialisées. Elle traite invariablement de l’interconnexion de tous les phénomènes de l’action. Il n’y a qu’un seul corpus cohérent de l’économie » – Mises, Human action, a treatise on economics (1949). ↩
  10. « Les « Autrichiens » n’étaient pas une secte particulière en dehors du courant principal ; ils étaient le courant principal ; ce sont les autres qui étaient en-dehors » – Capital and Time: A Neo-Austrian Theory↩