Chaque Québécois doit plus de 34 000 $ au provincial seulement

Vaut mieux en rire!

Avant de couper des centaines de millions dans les services, est-ce qu’on peut avoir les services ? - Michel Beaudry

31 août, 2009

Y a-t-il des services naturellement publics?

Michel de Poncins, économiste, utilise l’exemple de la Poste française pour remettre en question la pertinence des services publics :

  • contrairement aux idées reçues, les monopoles publics n’assurent pas l’égalité entre « les usagers ». En effet, l’égalité recherchée est aussi imparfaite que les bureaucrates et les politiciens qui la définissent. Habituellement, cela implique le nivellement par le bas des services offerts;
  • l’absence de concurrence exige des contrôles efficaces. Les contrôles d’un monopole public sont particulièrement inefficaces. En effet, puisque le monopole et son contrôle relèvent du gouvernement, ces derniers sont assujettis aux intérêts des politiciens, des syndicats et des lobbys;
  • le choix et la qualité des produits et services offerts par les monopoles d’État sont choisis par les politiciens et les bureaucrates. Les critères de décision sont souvent étrangers au bien-être de la population. Les faits montrent que le libre choix est le seul moyen d’éviter les situations de surplus et de pénuries;
  • il est faux de prétendre que certains biens ou services sont naturellement publics. Le libre marché gère quotidiennement des milliards de transaction dans des domaines aussi essentiels et complexe que l’alimentation et le logement. Pourquoi ne pourrait-il pas le faire dans les domaines de la santé, l’éducation et le transport public?

Le concept de service public est quotidiennement manipulé par les interventionnistes dans le but non avoué d’assurer la croissance des gouvernements et, par voie de conséquence, le pouvoir des politiciens et des groupes d’intérêt.
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Services "publics" ?
Michel de Poncins, Un monde libre, le 10 août 2009.


La Poste en France va être transformée en société anonyme, avec au départ uniquement des actionnaires publics, dont la caisse des dépôts qui représente l’Etat dans une foule de secteurs économiques où il intervient abusivement. Le motif invoqué pour la transformation est que Bruxelles l’impose, et aussi le besoin de capitaux absolument nécessaires pour moderniser l’envoi du courrier. Les syndicats en embuscade crient à la privatisation ce qui conduirait à l’abandon du principe du service public, et menacent de grèves.

C’est l’occasion de se poser en profondeur la question de la pertinence des services publics. Il y a beaucoup d’idées reçues sur ce thème. Y-a-t-il vraiment des besoins qui méritent d’être sanctuarisés par la qualification de « service public » ?

La qualification de « service public » conduit à justifier l’instauration d’un monopole public, ceci dans une foule de domaines : santé, chemin de fer, éducation, etc. Le monopole est absolu puisque la force publique le protège avec le secours de la loi. Voici un premier sujet de perplexité : il existe certes des monopoles privés mais ils sont toujours très fragiles car exposés aux attaques d’entrepreneurs audacieux et novateurs ; ces temps-ci nous observons de très grandes et puissantes firmes informatiques vaciller sur leur base par l’intervention de nouveaux concurrents.

Les monopoles publics se flattent de réaliser l’égalité entre les « usagers » : c’est ainsi que la Poste prétend assurer partout d’une façon égale le service du courrier. En fait, il faut bien constater que la supposée égalité est définie par les directeurs du monopole et selon leur opinion propre : pourquoi un bureau de poste ici et pas là ? Pourquoi tel bureau ferme à telle heure ? En fait pour un observateur attentif l’égalité semble bien un objectif chimérique.

Dans toute activité, il faut des contrôles. N’est-on pas obligé de constater qu’en fait les contrôles dans les monopoles publics sont peu performants ? Ceux qui ont la patience et le temps de lire les rapports de la Cour des Comptes en France le constatent à chaque page. Dans d’autres pays dits développés, il en est de même. Les explications sont connues : le jeu incessant des intérêts politiques fait barrage aux vrais contrôles, les syndicats tout puissants ne les encouragent guère, la prépondérance des intérêts du personnel forme un obstacle infranchissable. Il s’ajoute l’absence de comptabilité sérieuse : personne de sensé ne peut voir vraiment clairement dans les comptes de la SNCF ou de l’EDF. Or, un vrai contrôle implique une comptabilité en ordre.

Le monopole réserve à des élus ou à des fonctionnaires le droit de choisir les produits pour nous : quand il s’agit de service, ce sont eux qui le définissent souverainement. Or, la réflexion et les faits montrent que le libre choix est un facteur essentiel de la richesse car il permet de se procurer exactement le type de bien ou de service qui vous convient. L’un des effets classiques du monopole est de conduire soit à de la surabondance dans des activités ne convenant pas, soit à des pénuries.

Certes les responsables des monopoles s’abritent derrière l’intérêt général dont ils seraient les seuls juges et en tirent un argument de poids. Est-il normal, quelles que soient leurs qualités intrinsèques, qu’ils décident souverainement de cet intérêt général ? Mais surtout, quelqu’un peut–il définir valablement ce qu’est l’intérêt général ?

Il y aurait des biens qui par nature seraient publics. Voire. Quand un monsieur « quidam » achète de la charcuterie chez l’homme de l’art, ne se rendent-ils pas service mutuellement en s’enrichissant tous deux à la mesure de cette modeste transaction ? C’est un service privé. Il en est de même dans les milliards de transactions quotidiennes dans le monde entier et cette remarque peut s’appliquer aussi bien à la boulangerie qu’à l’électricité ou au transport ferroviaire et à la poste.

Que se passe-t-il dans un pays ayant beaucoup de services publics confiés à des firmes nationalisées ? Un jour ou l’autre il faut des capitaux ou, encore, le mauvais fonctionnement est trop visible : le pouvoir alors veut privatiser ce que craignent précisément les syndicats de la Poste en France. Les opérations de privatisation sont très difficiles à mener sans des fraudes multiples : voir les injustices nombreuses qui se sont passées dans les pays de l’Est. C’est en quelque sorte une deuxième punition que reçoit la population après celle du mauvais fonctionnement du monopole.

Un coup d’œil en Suède est utile. Dans ce pays réputé pourtant socialiste, les syndicats ont compris qu’il fallait réformer et participent activement à ces réformes. C’est en 1993 que les Suédois, les premiers en Europe, ont mit fin au monopole étatique sur la poste.

Avant la libération du système postal il y avait 1 800 bureaux de poste. Depuis et suite à la privatisation, il y a 4 200 points de poste installés dans des commerces divers. Cette constatation est significative pour ceux qui accusent une éventuelle privatisation de diminuer le service. 96,2 % du courrier arrive le lendemain contre 75 % en France. Les entreprises privées qui concourent au service sont bénéficiaires. En monnaie constante le prix du timbre n’a pas augmenté.

Dans les pays en cours de développement, le même phénomène se reproduit. La conclusion semble bien être que ces pays ont intérêt à laisser les initiatives privées jouer au maximum quant il en est temps, ce qui donnera toutes possibilités aux talents de leurs habitants.

Michel de Poncins est économiste.

Les Fonctionnaires (25/55)

Les gouvernements, les ministres et les hauts fonctionnaires parlent constamment de changement. Chacun veut donner l’impression d’être une personne d’action et souhaite laisser sa marque. Les choses les plus faciles à changer sont les organigrammes, les discours et les mesures sur papier. Les véritables changements sont toutefois très difficiles à apporter, car les résistances sont colossales. D’un certain point de vue, il est heureux qu’il existe des remparts contre l’affairisme inconsidéré, car si tous les dirigeants pouvaient agir à leur guise, la situation serait proprement infernale. Comme nous l’avons mentionné plus haut, la facilité avec laquelle on peut dépenser l’argent des autres et l’impossibilité pour l’organisation de faire faillite créent des conditions où tout devient possible, même les pires extravagances.

Les véritables changements prennent des mois, sinon des années, à se concrétiser. Peu d’acteurs dans le système sont assez longtemps en place pour les entreprendre et les mener à terme. Encore faudrait-il qu’ils aient la détermination et la persévérance nécessaires, ce qui est loin d’être acquis. Plusieurs changements sont cependant entrepris, mais abandonnés en cours de route. Par conséquent, les fonctionnaires déjà sceptiques devant les velléités de changement deviennent franchement cyniques à la suite d’échecs répétés.
(p. 99)

Une loi qui sera populaire


30 août, 2009

Du pain et des jeux


Les « faiseurs d’opinion » au banc des accusés

Dans son livre, Les Fonctionnaires, Jean Laliberté explique pourquoi l’Administration publique est condamnée à l’inefficacité. Il conclut :

L’option vers laquelle il convient de se tourner est la diversification des modes de prestation des services publics en mettant à contribution les groupes communautaires, les organismes sans but lucratif, les fondations, les entreprises, les municipalités, bref toutes les institutions de la société. Partout où il possible d’introduire la concurrence, il faut s’efforcer de le faire. On pourrait ainsi réduire la taille de la fonction publique, faisant de celle-ci un moindre mal. (p. 252)

L’histoire démontre que la concurrence est le meilleur moyen, sinon le seul, d’obtenir le meilleur de toutes organisations humaines. Les monopoles, à plus forte raison les monopoles publics, sont des entreprises obèses et inefficaces. La qualité et les coûts sont des considérations secondaires. Leur priorité consiste à protéger les intérêts de ceux qui les contrôlent au détriment des consommateurs et des contribuables.

Mais qui dit concurrence, dit entreprise privée.

Malheureusement, comme le dénonce André Pratte, les « faiseurs d’opinion » de la majorité des médias québécois détestent l’entreprise privée. Dans ce contexte, les politiciens n’oseront jamais favoriser la concurrence pour mettre fin aux monopoles publics.
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Paranoïa publicAndré Pratte, Cyberpresse, le 23 août 2009

Médias, partis politiques et lobbies du Québec souffrent de paranoïa chronique dès qu'il est question du rôle des secteurs public et privé. On l'a vu au cours des derniers jours dans la controverse entourant les dons d'Hydro-Québec à des écoles secondaires privées. À voir l'indignation générale, on aurait dit que ces établissements privés se consacrent à des activités illicites.
On croirait aussi que ces dons de 450 000 dollars auraient sauvé les écoles publiques du marasme s'ils leur avaient été attribués. Or, il faut placer les choses en perspective. Les commissions scolaires dépensent 9,7 milliards par année; c'est dire que CHAQUE JOUR, elles dépensent 58 fois le montant promis par Hydro aux collèges Brébeuf et Notre-Dame.
Dans ce débat, on a commodément ignoré le fait qu'Hydro-Québec contribue des centaines de millions aux écoles publiques par le biais des dividendes qu'elle verse au gouvernement. On a passé sous silence aussi que la société d'État a versé des dons aux cégeps et universités de la province, des établissements publics.
Surtout, personne n'a signalé que les parents de 89 000 élèves du secondaire ont choisi l'école privée (presque le quart de la population scolaire de ce niveau d'enseignement). Si tant de parents prennent cette décision, avec les conséquences financières que cela entraîne pour eux, c'est parce que le privé leur offre quelque chose qu'ils ne retrouvent pas au public (comme le soulignait hier en éditorial ma collègue Nathalie Collard). Doit-on les excommunier?
Oubliez les prétendus conflits d'intérêt dans lesquels se seraient placés le pdg d'Hydro; ce qui a fait rager, c'est le seul fait que la société d'État a donné de l'argent aux détestées écoles privées. Car la caste bavardante déteste le secteur privé: les écoles privées, les cliniques médicales privées, les entrepreneurs privés, les entreprises pharmaceutiques privées, les institutions financières privées, les garderies privées, etc. Or, cette haine du privé est en totale rupture avec le comportement quotidien des Québécois. Deux millions et demi d'entre eux travaillent pour une compagnie privée, sans compter les 542 000 travailleurs autonomes qui constituent en quelque sorte autant de mini-entreprises.
Nos dépenses les plus importantes - logement, automobile, alimentation, vêtements - sont faites auprès d'établissements privés. Les Québécois font confiance au privé pour leurs transactions financières, leurs voyages en avion, leurs soins dentaires. Ils admirent et alimentent des compagnies extrêmement prospères tels le Club de hockey Canadien et le Cirque du soleil. En serait-il ainsi si la majorité des Québécois vouait l'entreprise privée aux gémonies, comme le laissent croire les chantres de la rectitude progressiste?
Curieusement, les mêmes apôtres de l'État infini se sont portés à la défense des cliniques privées pratiquant des avortements lorsque le gouvernement a voulu leur imposer de nouvelles normes. Pourquoi ces cliniques médicales privées ont-elles droit à la bénédiction solidaire tandis que celles qui offrent d'autres chirurgies sont clouées au pilori? Une seule explication possible: dans ce conflit entre deux rectitudes, c'est la féministe qui l'a emporté sur l'étatiste.
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Un paradoxe: une fois le secteur public érigé en symbole de la réussite et de l'équité nationales, on entreprend de le dénoncer avec férocité. Hydro-Québec est ainsi critiquée pour ses hausses de tarifs, pour la destruction des rivières, pour la rémunération soi-disant excessive de ses dirigeants. Autre héritage de la glorieuse Révolution tranquille, la Caisse de dépôt et placement est jugée incompétente et cachottière. N'oublions pas le spectaculaire dérapage de la réforme pédagogique et l'inefficacité chronique du système de santé. Les fleurons sont devenus ferraille.

Toutefois, les vieux réflexes reviennent vite. Gare à ceux qui oseront suggérer un rôle accru du privé dans ces secteurs! Ce n'est pas parce que c'est brisé qu'il faut le réparer.
Pourtant, ces questions ne devraient pas être affaires de dogme. Le secteur public a ses forces et ses faiblesses, le secteur privé de même. Chacun a sa place propre. Et dans un comme dans l'autre, le monopole génère l'inefficacité et l'abus de pouvoir.

29 août, 2009

Les Fonctionnaires (24/55)

Le livre de Jean Laliberté, Les fonctionnaires, explique merveilleusement bien les inefficacités inhérentes à la fonction publique. À la lecture de ce livre il ne peut y avoir qu’une conclusion : le gouvernement sera toujours un piètre fournisseur de service.

Au cours des prochaines semaines je publierai plusieurs extraits de ce livre que je considère particulièrement révélateurs.
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Les ministères font souvent exécuter des travaux presque identiques, chacun de leur côté, par les firmes de conseillers externes. Le paradoxe est qu’ils n’échangent pas d’information entre eux, mais qu’au sein des firmes tout est mis en oeuvre pour que les conseillers aient accès aux travaux de leurs collègues afin de s’en inspirer. Ce qui est fait pour un ministère client pourra donc être utilisé pour réaliser un mandat donné par un autre ministère. La mise en commun des connaissances s’avère payante pour une boîte externe, mais les ministères n’ont pas la même motivation pour investir dans la gestion du savoir. Au contraire, quand on se situe dans une dynamique de pouvoir plutôt que de profit, l’information constitue une ressource qu’il importe de conserver plutôt que de partager.

Les connaissances les plus valorisées au sein de la fonction publique sont la tradition, les pratiques éprouvées et les façons de faire routinières. On se contente de faire les choses comme elles ont toujours été faites parce qu’on évite ainsi les erreurs et que, de toute façon, il n’y a aucune incitation à changer.
(p.97 & 98)

28 août, 2009

L’interventionnisme favorise l’irresponsabilité

Une société responsable est obligatoirement composée d’individus responsables.

Mais comment peut-on responsabiliser les individus d’une société où les politiques interventionnistes du gouvernement favorisent l’irresponsabilité? Vous avez oublié de faire des économies, le gouvernement bonifiera votre pension; vous avez négligé vos études, le gouvernement vous payera pour que vous retourniez à l’école; vous avez négligé votre santé, le gouvernement vous soignera gratuitement; Etc.

Malheureusement, trop de Québécois valorise la pitié et la culpabilité au détriment de la raison et de la responsabilité. Probablement des relents de notre passé judéo-chrétien.

Les politiciens capitalisent au maximum sur ce trait de caractère bien humain. Sous prétexte d’aider « la veuve et l’orphelin » (pitié et culpabilité) ils proposent des programmes d’intervention dans tous les domaines de la vie quotidienne. Ces programmes déresponsabilisent les individus sans pour autant aider les personnes visées. À la fin, on récolte un gouvernement toujours plus gros. Le rôle accru du gouvernement dans l’économie engendre plus de pauvres et plus d’individus qui s’en remettent au gouvernement pour satisfaire leurs besoins. Ce cercle vicieux se perpétue jusqu’à l’effondrement de la société qui l’alimente.

Pierre Duhamel, dans le texte ci-après, dénonce la déresponsabilisation des parents comme une des causes importantes du décrochage scolaire. Il cite Barak Obama qui dénonce l’inutilité de l’interventionnisme dans un État composé d’individus déresponsabilisés. Malgré cela, le gouvernement Obama propose d’intervenir davantage dans la vie des Américains.

C’est le comportement typique de la gogauche. Elle dénonce une situation et propose des actions dont l’effet est de l’empirer plutôt que de la corriger.
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Obama et… le décrochage scolaire au Québec
Pierre Duhamel, Le Journal de Montréal, 28 juillet 2009

Moins de la moitié (47,1%) des garçons inscrits au secteur public réussissent à obtenir leur diplôme 5 ans après leur arrivée au secondaire. À Montréal et dans Lanaudière, 65 % des garçons n’ont pas obtenu de diplôme en 2008. Ces chiffres, dévoilés par le Journal de Montréal, sont catastrophiques.

La catastrophe, c’est que le vieillissement de la population va faire peser sur les jeunes générations un poids extrêmement lourd. Il y aura de moins en moins de personnes en âge de travailler qui auront à payer pour les excès budgétaires de leurs aînés, tout en payant leurs soins de santé. Pour que le Québec s’en tire, il faudrait que la productivité de son économie fasse de grands pas en avant. Comment voulez-vous que ce soit possible quand un jeune homme sur deux saura à peine lire et compter ?

Je ne suis pas impressionné par les experts qui avancent toutes sortes d’explications pour justifier ces résultats lamentables. Pour certains, c’est la faute du chômage. Je veux bien, mais le taux de chômage au Québec est plus bas que lors des précédentes récessions et moins élevé qu’en Ontario et aux États-Unis. D’autres blâment la réforme de l’éducation. Comment expliquer alors la bonne performance des filles qui obtiennent dans une proportion de 66 % leur diplôme à l’intérieur d’un délai de cinq ans ?

Certains s’en prennent à l’école privée qui attire les meilleurs élèves. Il y a sans doute de très bonnes raisons pour expliquer la popularité de l’enseignement privé. Retenons que plus de 80 % des garçons y terminent leur secondaire en cinq ans. Mon hypothèse, c’est que les parents qui dépensent une fortune pour que leur jeune aille au privé s’impliquent davantage et prennent les moyens pour que leur fils réussisse.

Le gouvernement nous promet à l’automne des mesures pour améliorer la situation et encourager la persévérance scolaire. Cela ne fera pas de mal, mais j’ai l’impression que l’on passe à côté du problème. Et si la solution était d'abord du côté des parents ?

Pour le président américain Barack Obama, la responsabilité parentale est la clef de tout. Voilà pourquoi il presse les parents de limiter le temps que passent leurs jeunes devant la télévision, l’ordinateur et les jeux vidéos. Ils demandent aussi aux parents d’assister aux rencontres avec les enseignants et de les aider à faire leurs devoirs. Voilà des solutions concrètes qui ne coûtent pas cher.

Voici un extrait d’un discours prononcé maintes et maintes fois par Barack Obama devant les leaders de la communauté noire américaine :

« Qu’importe l’argent investit par le gouvernement, le nombre de plans en dix points qui sont proposés ou de programmes gouvernementaux qui sont lancés, rien de tout ça ne peut faire une différence si vous n’êtes pas plus responsables de vos propres vies. »

27 août, 2009

Le chiffre du jour : 85,1

Au Québec, l’indice de confiance du Conference Board du Canada a progressé de 3,4 points en août, à 85,1 points. C’est le résultat le plus bas de toutes les provinces canadiennes…
En effet, l'indice de confiance a augmenté à l'échelle du Canada de 5,5 points en août, pour atteindre le chiffre de 88,4 (la référence de 100 correspond à l'année 2002). La progression la plus élevée a été enregistrée dans les Prairies, de 8,6 points, à 92,5 points.

Les Fonctionnaires (23/55)

Le livre de Jean Laliberté, Les fonctionnaires, explique merveilleusement bien les inefficacités inhérentes à la fonction publique. À la lecture de ce livre il ne peut y avoir qu’une conclusion : le gouvernement sera toujours un piètre fournisseur de service.

Au cours des prochaines semaines je publierai plusieurs extraits de ce livre que je considère particulièrement révélateurs.
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Plusieurs se demandent si la fonction publique est aussi efficace qu’une entreprise, mais il s’agit d’un faux problème, car elle n’est pas conçue, ni organisée, ni dirigée à des fins d’efficacité. C’est particulièrement évident lorsqu’on considère la prestation des biens et services. Plusieurs services sont gratuits et, même lorsqu’ils font l’objet d’une tarification, celle-ci ne couvre souvent pas les dépenses encourues. Ce qui est fourni au client est donc une source de dépenses au lieu d’être une source de revenus. C’est ce qui fait que, lorsque les employés sont en grève, le gouvernement économise de l’argent, alors qu’une entreprise en grève en perd bien évidemment. Puisque les ministères doivent respecter leurs budgets de dépenses, ils sont parfois forcés de réduire les services. Pour le gouvernement, les mécanismes qui remplacent le marché sont le rationnement et la liste d’attente.

Les coûts de production ne constituent pas une variable importante. Les fonctionnaires n’ont pas à s’en soucier étant donné que les budgets sont établis annuellement d’une façon plutôt routinière. Dans la plupart des cas, les ministères font tout à fait abstraction du coût de revient des biens et services offerts. De temps à autre, cependant, des analyses sont effectuées pour étudier la possibilité de confier certaines tâches au secteur privé. Ces analyses sont difficiles à réaliser étant donné l’insuffisance des données disponibles et les modes de fonctionnement des administrations publiques.
(p. 95 & 96)

26 août, 2009

Frais de stationnement : quelle bonne idée!

(Je publie à nouveau ce texte, car il semble avoir un effet d'entrainement. Hier, j'ai noté qu'il y avait déjà quelques bornes de stationnement qui arboraient fièrement un reçu. Je vous encourage à passer le message à vos parents et ami(e)s.)

En 2009, les revenus bruts de Stationnement de Montréal excéderont 60 millions. J’évalue entre 5 et 10 % (3 – 6 millions) les revenus résultant du paiement en double des espaces de stationnement.

Les bureaucrates ont planifié le système « payez-partez » avec un machiavélisme dont seuls ils ont le secret. Ils se sont assuré qu’un automobiliste ne pouvait bénéficier du temps payé en trop par l’automobiliste précédent.

En effet, souvent un automobiliste quitte son espace de stationnement alors qu’il reste encore 15, 30 ou même 45 minutes à écouler. Mais, puisque que cette information n’est pas connue de l’automobiliste suivant et que le compteur est automatiquement remis à zéro à chaque transaction, les minutes résiduelles sont versées à Stationnement de Montréal sans qu’ils aient eu à fournir le service correspondant.

Cette pratique est peut-être légale, mais elle est certainement immorale. C’est purement et simplement un vol.

Les automobilistes n’ont pas seulement le droit, mais le devoir de combattre cette pratique abusive de la part de Stationnement de Montréal.

Heureusement, un bon samaritain m’a indiqué la marche à suivre.

Lorsqu’on quitte notre stationnement et qu’il reste du temps dans le parcomètre, il suffit d’accrocher son reçu au parcomètre tel qu’indiqué sur la photo ci-jointe. Ainsi, le prochain automobiliste pourra reprendre le reçu et profiter du temps de stationnement résiduel, le cas échéant.

Merci à celui ou celle qui a utilisé la borne L114 le 19 août 2009.

Le chiffre du jour : 28 %

Tandis que le réseautage social en ligne continue à gagner en popularité partout au Canada, les employeurs utilisent ces sites pour examiner leurs employés potentiels. Lors d'un récent sondage mené par CareerBuilder Canada, vingt-huit pour cent des employeurs ont déclaré utiliser les sites de réseautage social afin de faire des recherches sur les candidats. Trois pour cent prévoient de commencer à le faire à l'avenir. Plus de 400 gestionnaires-recruteurs ont participé à ce sondage, qui a été complété en juin 2009.

25 août, 2009

Les Fonctionnaires (22/55)

Le livre de Jean Laliberté, Les fonctionnaires, explique merveilleusement bien les inefficacités inhérentes à la fonction publique. À la lecture de ce livre il ne peut y avoir qu’une conclusion : le gouvernement sera toujours un piètre fournisseur de service.

Au cours des prochaines semaines je publierai plusieurs extraits de ce livre que je considère particulièrement révélateurs.
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Des observateurs de la scène politique ont proposé que les gouvernements adoptent un processus ouvert et favorisent la participation de tous les groupes et citoyens intéressés à l’élaboration des politiques. Trois arguments sont invoqués en faveur de cette approche : les citoyens sont plus instruits, mieux informés et capables d’apporter une contribution au processus; il existe plusieurs groupes de recherche universitaire et autres, groupes de réflexion (think tanks) et groupes d’intérêt dotés de bureau d’étude et d’analyse qui sont en mesure de participer à la réflexion; enfin, les technologies de l’information peuvent être mises à contribution pour faciliter la consultation et la recherche de consensus.

Cette approche, bien qu’elle soit attrayante, a tout de même un gros inconvénient : elle limite considérablement le pouvoir du ministre et du gouvernement de faire des choix au profit des groupes qui les appuient et les soutiennent financièrement. L’objectif poursuivi, en effet, n’est pas de mettre en oeuvre les meilleures solutions possibles, mais de favoriser la réélection du gouvernement.
(p. 92 & 93)

Réduire le gaspillage pour éliminer le déficit

Le gouvernement cherche par tous les moyens à augmenter ses revenus pour éviter la faillite : le fisc harcèle les contribuables, la SAQ pratique une politique de prix usuraire, Hydro-Québec augmente ses tarifs sans justification, Loto-Québec arnaque les joueurs, la police traque sans aucune pitié les automobilistes, etc.

Malheureusement, ce ne sera pas suffisant. Les fonctionnaires se penchent sur une politique de tarification des services publics. Des services de mauvaise qualité offerts par des monopoles publics inefficaces ne laissant aucun choix aux Québécois.

Pourtant, il ne serait pas nécessaire d’augmenter les revenus du gouvernement pour mettre fin au déficit si seulement les politiciens avaient le courage de mettre fin au gaspillage.

Même au bord du gouffre, le gouvernement a trouvé le moyen de subventionner l’industrie porcine au rythme de plus de 500 millions en 2008. (Voir le texte d’Alain Dubuc)

L’industrie porcine n’est qu’un exemple du gaspillage de fonds publics. Même sans efforts importants (augmentation minime de la productivité de l’administration publique et élimination des subventions inutiles), il serait possible d’éliminer le déficit en économisant plusieurs milliards annuellement.
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La dure loi du barbecueAlain Dubuc, Cyberpresse, 19 août 2009

Il n'y a pas que l'industrie touristique à avoir été affectée par un été exécrable jusqu'à tout récemment. La météo a également malmené l'industrie du porc. Moins de soleil, moins de barbecues. Moins de barbecues, moins de côtelettes.
La baisse de la demande a fait en sorte que le prix du porc n'a pas augmenté comme d'habitude en saison estivale. Cela s'est ajouté aux autres tuiles qui se sont récemment abattues sur cette industrie déjà mal en point: l'impact de la grippe porcine sur les exportations, la montée du dollar canadien, de nouvelles règles d'origine dans l'étiquetage aux États-Unis.

Les prix, d'environ 1,30$ le kilo, au lieu de monter à 1,50$, sont plutôt tombés à 1,06$, bien moins que les coûts de production. Tout cela a mené le ministre canadien de l'Agriculture, Gerry Ritz, à proposer un plan d'intervention: campagne de marketing international, soutien financier, et surtout, 75 millions pour encourager des agriculteurs à abandonner la production porcine.

Est-ce que ce programme pourrait avoir un impact sur le Québec? Très improbable, parce que le Québec vit sur une autre planète. Dans l'ensemble canadien, à cause de toutes ces difficultés, 3300 producteurs ont abandonné le porc depuis 2006. Au Québec, depuis 2007, il n'y a eu que 9 départs!
Cette anomalie tient à la nature de nos politiques agricoles. Le programme d'Assurance stabilisation des revenus agricoles verse aux agriculteurs la différence entre le prix du marché et le coût de production. Parce qu'ils sont protégés quand une production n'est pas rentable, ceux-ci sont insensibles aux messages du marché et n'ont aucune raison d'abandonner la production porcine.
J'ai déjà écrit là-dessus et j'y reviens. Parce que c'est une grosse industrie. Au Québec, il y a plus de cochons que d'humains. Et parce que son soutien nous coûte une petite fortune. Un demi-milliard l'an dernier. Peut-être autant cette année.
Mais il est difficile d'en parler, parce qu'on s'attaque à des vaches sacrées. Dans une chronique, fin mai, je décrivais ce que je viens de résumer, en m'appuyant sur le rapport remis au gouvernement Charest par Michel St-Pierre, ancien sous-ministre de l'Agriculture, qui propose une réforme radicale des mécanismes de soutien. Et je me suis fait tomber sur la tomate par trois anciens ministres de l'Agriculture, les péquistes Jean Garon et Rémy Trudel, et le libéral Yvon Picotte, qui ont joint leurs voix pour dénoncer les réformes proposées.
Dans une lettre d'un simplisme désolant, les trois «ex» dénonçaient le «néolibéralisme débridé», affirmaient qu'on voulait la tête des agriculteurs, suggéraient que la ville veut laisser tomber la campagne etc. Bref, critiquer le modèle, c'est vouloir la mort des agriculteurs.
En fait, j'avais commis une erreur. Quand un débat est religieux, il faut faire des professions de foi. Redire que l'agriculture est nécessaire. Rappeler qu'il faut la soutenir, par solidarité, parce que les autres pays le font, pour tenir compte de notre nordicité, parce que nous avons besoin d'un secteur agricole fort. Le débat, ce n'est pas s'il faut, oui ou non, soutenir les agriculteurs. Mais plutôt comment il faut le faire. Comment s'assurer que les sommes considérables que nous consacrons assurent l'épanouissement de l'agriculture au lieu de contribuer à sa sclérose.
Mais pour que les réformes nécessaires voient le jour, il faudra du leadership. Rien ne changera tant que les ministres de l'Agriculture ne seront que des porte-voix du milieu, et du monopole corporatiste de l'UPA, dont la fonction première semble être de récolter des voix dans les comtés ruraux. Ce sera là le grand défi du nouveau ministre de l'Agriculture, Claude Béchard.

24 août, 2009

Le chiffre du jour : 71 %

L'aspect culturel de la société québécoise est l'élément que l'on apprécie le plus (71 %), alors que la politique québécoise et sa dynamique est celui qu'on apprécie le moins (10 %) révèle la dernière enquête de l'IRB (www.indicedebonheur.com) réalisée auprès d'un vaste échantillon de 2641 répondants.

Les Fonctionnaires (21/55)

Le livre de Jean Laliberté, Les fonctionnaires, explique merveilleusement bien les inefficacités inhérentes à la fonction publique. À la lecture de ce livre il ne peut y avoir qu’une conclusion : le gouvernement sera toujours un piètre fournisseur de service.

Au cours des prochaines semaines je publierai plusieurs extraits de ce livre que je considère particulièrement révélateurs.
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Le sous-ministre et les sous-ministres adjoints sont d’abord les conseillers du ministre avant d’être les administrateurs du ministère. C’est la raison pour laquelle, dans plusieurs ministères, les bureaux des sous-ministres sont regroupés dans ce qu’on désigne comme la suite sous-ministérielle. Cette suite, située à proximité des bureaux du ministre, est le symbole concret du fait que la haute direction du ministère est au service du politique.

Lorsque le ministre veut lancer des projets ou prendre des décisions visant à satisfaire ses clientèles, la tâche du sous-ministre est de l’épauler. Mais ce dernier a le devoir de le mettre en garde au sujet des embûches qu’il peut rencontrer et lui éviter les faux pas. Si le ministre se met dans l’embarras, le sous-ministre pourra se voir reprocher de ne pas avoir assez fortement fait valoir les écueils potentiels. Ce dernier ne doit surtout pas proclamer : « Je vous l’avait bien dit! » Il se placerait alors dans la situation d’avoir tort d’avoir raison, ce qui est une faute impardonnable parce qu’elle est perçue comme un véritable manque de loyauté.
(p. 89 & 90)

23 août, 2009

Prime à la casse : un autre programme bidon

Les gouvernements canadiens ont déjà versé plus de 10 milliards à Chrysler et GM. Mais ce n’est pas suffisant!

Les concessionnaires demandent aux gouvernements fédéral et provinciaux d’imiter le gouvernement américain et de bonifier le programme « Adieu bazou ».

En ce moment même, les politiciens à travers le Canada soupèsent les avantages et désavantages d’un tel programme : combien de votes additionnels puis-je espérer? Quels concessionnaires contribueront à la caisse du parti? Est-ce que la couverture médiatique sera positive? Est-ce que les « faiseurs d’opinions » appuieront le programme? Etc.

Rarement, se poseront-ils les questions pertinentes : qui seront les principaux bénéficiaires de ce programme, les consommateurs, les concessionnaires ou les fabricants? Ce programme est-il équitable pour l’ensemble des contribuables? Quel pourcentage des subventions sera versé à des consommateurs qui auraient acheté un véhicule neuf de toute façon? Etc.

Malheureusement, compte tenu des élections fédérales prévues cet automne, il est probable que le gouvernement fédéral ne résistera pas à l’envie de bonifier son programme d’aide à l’achat d’un véhicule. À moins bien sûr, que les contribuables disent aux politiciens qu’ils en ont assez de payer leurs programmes électoralistes, inutiles et dans ce cas particulier nuisible. (Voir le texte de Nathalie Elgrably-Lévy).
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La bulle automobile
Le Journal de Montréal, Nathalie Elgrably-Lévy, 20 août 2009

L'administration Obama a récemment introduit le programme «prime à la casse» qui consiste à verser jusqu'à 4500$ à quiconque met au rebut son véhicule et le remplace par un neuf qui sera moins énergivore et moins polluant. On prétend que cette initiative vise à stimuler l'industrie automobile et à protéger l'environnement. On ajoute qu'elle remporte un tel succès qu'Ottawa aurait intérêt à prendre exemple sur Washington ou, tout au moins, à bonifier son programme «Adieu Bazou».
Que les automobilistes aient répondu favorablement à la subvention n'a rien de surprenant. Qui n'aime pas les cadeaux en argent? Mais cet engouement ne reflète ni la pertinence de l'initiative ni le gros bon sens.
D'ailleurs, est-il raisonnable d'employer l'argent des contribuables pour encourager les automobilistes à détruire des véhicules en état de fonctionnement et à s'endetter pour acheter un modèle récent? Et comment peut-on logiquement inviter les gens à envoyer leurs autos au dépotoir alors qu'on leur martèle, depuis des années, qu'il n'est point de salut en dehors du recyclage et de la réutilisation.
Pour défendre cette logique schizophrénique, on nous dit que les «primes à la casse» dynamisent l'économie en créant ou en protégeant de nombreux emplois dans l'industrie automobile. Autrement dit, la prospérité passerait par la destruction de richesses. Démolir des actifs pour s'enrichir. Ce n'est pas seulement farfelu, c'est tout simplement démentiel!
Si envoyer des autos à la casse est bénéfique pour l'économie, pourquoi ne pas y expédier également les électroménagers et les télévisions? Pourquoi ne pas brûler vêtements, livres et équipements de sport? Mieux encore, pourquoi ne pas sortir les bulldozers et raser les maisons? Voilà qui pourrait sérieusement relancer le secteur de l'immobilier et créer des milliers d'emplois, n'est-ce pas?
Mais au fait, d'où provient l'argent qui permet d'acheter les nouveaux véhicules? La subvention gouvernementale est évidemment assumée par le contribuable: Pierre aide Paul à acheter une auto neuve! Or, chaque dollar payé en impôt n'est plus disponible pour la consommation. Quant à l'acheteur, il devra consacrer une partie de son budget aux paiements des mensualités de sa nouvelle voiture, ce qui l'obligera à réduire ses autres postes de dépenses. En somme, il n'y a aucune création de richesse, seulement un déplacement de l'activité économique d'une industrie vers une autre. L'État avantage délibérément une industrie au détriment des autres, tout en faisant croire qu'il agit dans l'intérêt de tous. C'est du favoritisme! Et le favoritisme, c'est de la corruption!
Malgré tout, le programme bénéficie d'un préjugé favorable, car il s'accompagne d'une dimension écologique. Or, même en matière environnementale, il défie la raison.
Selon les estimations du gouvernement américain, le remplacement de 700,000 véhicules devrait permettre une réduction des émissions de CO2 équivalente à 57 minutes par an, et une réduction de la consommation annuelle d'essence de 72 millions de gallons, ce qui correspond à la quantité d'or noir consommée aux États-Unis en 4,5 heures!
Or, il faut de l'énergie pour détruire les vieilles guimbardes, et pour construire les nouveaux modèles. Il en faut pour transformer les matières brutes en pièces d'autos, pour opérer les usines, pour transporter les nouveaux véhicules vers les concessionnaires, etc. Pour de nombreux chercheurs, dont Henry Jacoby, professeur au MIT et ardent défenseur de l'environnement, ce programme n'est pas aussi vert qu'on l'imagine.
Les «primes à la casse» sont économiquement absurdes et écologiquement aberrantes. Elles ne font que créer une bulle automobile qui, à l'instar de toutes les autres, finira par éclater. Réfléchissons-donc avant de calquer les mauvaises idées de Washington!

Nathalie Elgrably-Lévy est économiste senior à l'Institut économique de Montréal.

22 août, 2009

Crise financière : on ne le dira jamais assez

Les causes profondes de la bulle immobilière et des crises financières et économiques qui s’ensuivirent sont d’origine politique.

Emmanuel Martin les résume comme suit :

  • Les « smart growth policy » ont catapulté, à un niveau absurde, le prix des terrains dans certaines villes;
  • Le maintien des taux d’intérêt artificiellement bas pendant trop longtemps ont poussé les acheteurs à contracter des hypothèques bien au-dessus de leur moyen financier;
  • L’ « American dream downpayment act », en éliminant la contribution de l’acheteur, ont attiré des acheteurs insolvables et favorisé la spéculation;
  • La déresponsabilisation des banques qui, grâce à l’incompétence complice des agences de surveillance, ont refilé les risques aux investisseurs (titrisation) et aux contribuables (Fannie May et Freddy Mac).

Bien sûr, les banquiers cupides ont abusé de la situation à l’extrême, mais surtout parce qu’on les y invitait.

Malheureusement, les médias, plus concerné par les revenus publicitaires des gouvernements et des partis politiques que par l’information du public, sont, trop souvent, complices des politiciens. Les demi-vérités et les faussetés qu’ils véhiculent laissent croire à la population que la crise résulte de la dérèglementation des marchés. Il n’y a pourtant rien de plus faux.
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Retour sur les origines politiques de la crise
Emmanuel Martin, Un monde libre, Le 19 août 2009.

Les éditos se sont enchaînés depuis des mois pour fustiger le capitalisme et le laisser-faire supposément à l’origine de la crise actuelle. Les hommes politiques de gauche comme de droite se sont emparés de l’affaire pour apparaître comme les « sauveurs des marchés ». Cette version quelque peu naïve des faits a pu conforter agréablement certains dans leur idéologie collectiviste, et donné un prétexte inespéré aux hommes politique pour s’exonérer un peu plus d’une gestion responsable de l’argent public, « circonstances exceptionnelles » de la crise obligent : « il ne faut jamais laisser gaspiller une bonne crise » a pu déclarer Rahm Emmanuel, bras droit de Barack Obama.

C’est oublier un peu rapidement les responsabilités politiques à l’origine de la crise. En effet, si les marchés se sont comportés de manière irresponsable, au delà de l’appât du gain et de l’arnaque de certains, ainsi que des innovations très exotiques, c’est sans doute que les mécanismes de la responsabilité justement, qui sont la boussole des marchés, n’ont pas joué. Du fait d’interférences politiques. Dans la crise qui nous intéresse, il est instructif de constater qu’à chaque étape du processus d’achat d’une maison aux Etats-Unis, diverses réglementations et pressions politiques ont justement empêché les marchés de se coordonner : il est alors difficile de parler d’une crise du libre marché.

Premier élément dans l’achat d’une maison : le prix. Le problème du coût croissant du logement américain, n’était pas national mais sur certaines villes des Etats-Unis : San Francisco, New York, ou Phoenix. Ces villes ont en commun un marché immobilier dysfonctionnel. Pourquoi ? L’offre de terrain y est artificiellement restreinte de manière politique pour préserver la « communauté » : le marché ne fonctionne plus. Ces villes, où le foncier est restreint par les smart growth policies, sont bullaires : les prix y augmentent plus vite, mais y tombent aussi plus vite lors d’un retournement.

Deuxième élément : le taux d’intérêt. Une bonne partie des prêts aux USA étaient à taux variable, basés sur le taux d’intérêt directeur de la banque centrale américaine. Les variations de la politique monétaire – qui n’est pas « le marché » - ont donc eu une influence majeure sur les prêts à taux variable. Dès la fin 2001 la Federal Reserve a abaissé le Fed Funds Rate pour les maintenir jusqu’à un niveau de 1% entre mi 2003 et mi 2004. Puis avec la remontée importante des taux beaucoup d’emprunteurs à taux variable ont été pris à la gorge du fait de la nouvelle politique monétaire. Beaucoup avaient misé sur la hausse continue des prix pour revendre avec plus-value en cas de difficultés à rembourser. Mais lorsque tout le monde fait la même opération, les prix baissent !

Troisième élément ; l’apport personnel. C’est un élément important d’information sur le sérieux et la fiabilité de l’emprunteur. George W. Bush a fait voter l’American Dream Downpayment Act de 2003 qui vise à réduire – et plus tard supprimer- l’apport personnel. Ce dispositif réglementaire visait à faciliter l’accès à la propriété, le « rêve américain », en court-circuitant les mécanismes de marché en matière d’évaluation du risque. Il a eu comme effet pervers de ne plus permettre de sélectionner les emprunteurs sérieux.

Le quatrième élément est l’accompagnement de l’emprunteur par l’institution de crédit. Alors qu’en Europe une banque qui prête à un emprunteur prend le risque avec lui, ce qui est une incitation forte à contrôler minutieusement son dossier, aux Etats-Unis le crédit hypothécaire est titrisé, passé, comme une patate chaude, à un tiers pour finir découpé en tranche dans des produits financiers (les origines de la titrisation ont d’ailleurs à voir avec des réglementations du New Deal empêchant les branches d’institutions d’épargne entre états).

Deux entreprises, la Federal National Mortgage Association (Fannie Mae) et la Federal Home Loan Mortgage Corporation (Freddie Mac) qui représentaient près de 45 % du marché du refinancement hypothécaire ont pris de plus en plus de risques. Pourquoi ? Ces entreprises hybrides, percues comme garanties implicitement par l’État américain et bénéficiant de privilèges, à la source des problèmes de titrisation, avaient pour mission politique sociale explicite de la part du département de l’immobilier urbain, de couvrir de plus en plus ménages à faibles revenus, et peu fiables, dans le refinancement de leur crédit hypothécaire pour l’achat de leur maison. Au printemps 2008 des membres du Congrès mettaient encore sous pression ces entreprises, instruments de la politique sociale du logement.

Plus généralement, les institutions de crédit devaient respecter des statistiques raciales (des quotas pour telles ou telles minorités) dans l’accord de prêt, sous peine de sanctions diverses, notamment depuis le renforcement, sous Clinton, du Community Reinvestment Act. Ici aussi les mécanismes de marché, d’évaluation des risques de l’emprunteur, sont explicitement niés par les politiques. L’innovation du credit scoring, évaluation impersonnelle de la qualité des crédits, est venue renforcer cette tendance, engagée par le politique, à la déresponsabilisation dans l’appréciation des risques.

Lorsque le politique ôte les mécanismes de responsabilité qui orientent les marchés, ces derniers ne peuvent plus fonctionner correctement. Au plus grande est l’illusion, au plus fort est l’ajustement avec la réalité, c’est à dire la crise.

Le fisc veut imposer les cadeaux!


20 août, 2009

Plan de relance et impôts

Je n’ai rien à ajouter. Tout est dit et bien dit!
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Pandémie de fadaises!
Pierre Simard, jeudi 20 août 2009

Les marchands d’illusion ne prennent jamais de vacances. On aura beau dire, mais il ne se passe guère une journée sans qu’un politicien ou un privilégié de l’État nous serve une leçon de compassion ou de vertu.

À n’en pas douter, les êtres d’exception pullulent lorsqu’il est temps de brader nos impôts et nos libertés individuelles. Je dis bien d’exception, car contrairement aux méchants citoyens calculateurs et égoïstes, la classe politique hégergerait une horde d’altruistes imprégnés du bien commun. Il suffirait d’être bardé de fonds publics et de privilèges réglementaires pour se voir transformer en meneuse de claque des causes nobles et vertueuses.

De toute évidence, la crise économique aura ravivé la flamme humaniste. Le nombre d’altruistes soucieux notre bien-être est stupéfiant. En suivant l’actualité, chaque semaine se présente maintenant comme un rituel de Semaine Sainte. Les lundis, mardis et mercredis, on a droit aux chants de la passion. C’est un ministre qui me protège des affres de la crise économique en accordant des millions de dollars en subventions aux entreprises obsolètes de son comté; c’est le président d’un syndicat qui me menace d’une grève des transports en commun pour m’offrir un meilleur service; c’est une congrégation d’artistes qui dénoncent la venue d’un chanteur étranger ou la baisse de leurs subventions pour protéger ma culture. Sans compter les jeudis, vendredis ou samedis où j’ai droit à une pléiade de nouvelles règlementations usurpant mes libertés individuelles au nom de causes plus obscures les unes que les autres, mais qui ont tous pour but d’améliorer ma qualité de vie. Vous croyez sans doute que j’ai omis la journée festive du dimanche? Détrompez-vous, c’est simplement que La Presse ne publie plus le dimanche.

Vous voulez savoir? Je sonne l’alerte devant une pandémie de fadaises. Cette insistance à prendre les citoyens-contribuables pour des imbéciles est navrante. Bien qu’il semble plus difficile pour le citoyen de se protéger d’un promoteur du bien commun que d’un voleur de grand chemin, le prix de toutes ces effusions de vertu ne saurait tarder. Lorsque qu’on augmentera les impôts pour rembourser les abus réalisés sur le dos de la récession, il y a fort à parier que les tartufes modernes nous serviront alors la sauce du gouvernement responsable. Ben oui!

Vous savez, j’attends avec impatience le jour ou ces marchands d’illusion feront la démonstration de leur sens des responsabilités et de leur engagement profond envers les causes qu’ils défendent. J’attends le jour où un politicien ou autre privilégié de l’État (lesquels ne vivent pas tous sous le seuil de la pauvreté) contribuera significativement de sa poche à la mise en place d’un projet public qu’il prétend prioritaire et essentiel à notre bien-être. Peut-être alors m’abstiendrai-je de déceler dans leurs effusions de bonne conscience des motifs mesquins et calculateurs; de considérer leurs discours moralisateurs comme un vulgaire moyen de gagner des votes ou de préserver un butin.

En attendant, plutôt que de se plaindre d’une dévalorisation sociale de leur fonction et de vilipender les électeurs qui s’abstiennent d’exercer leur droit de vote, la classe politique devrait faire preuve d’humilité et cesser de prendre les citoyens-contribuables pour des c….

Le chiffre du jour: 1 sur 4

Un Québécois sur quatre avoue laisser des déchets à la traîne comparativement à un Canadien sur trois, selon un nouveau sondage commandé par le Grand nettoyage des rivages canadiens de la TD (GNRC TD).

19 août, 2009

La face cachée de l’interventionnisme

Lorsque le « bon peuple » demande à grand cris plus de règlementation, le gouvernement, guidé dans sa tâche par les groupes intéressés, s’empresse de répondre à ses attentes. Malheureusement, trop souvent, l’intervention du gouvernement se retourne contre le « bon peuple ».

L’exemple des banques canadiennes, décrites dans le texte de Bernard Mooney, est un exemple, parmi tant d’autres, de ce phénomène.
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Bernard Mooney, lesaffaires.com, 13 août 2009

Le grand complot des financières canadiennes

Je ne suis pas amateur de complot. Je hais en fait ces gens qui voient des complots partout.

Mais là, il faut admettre qu’il y a une belle matière à bâtir un complot juteux.

À chaque cycle économique et boursier depuis maintenant plus de 20 ans, le même phénomène se poursuit.

Les grandes sociétés financières canadiennes profitent de la récession et du marché baissier pour agrandir, renforcer leur monopole.

Les spécialistes eux expliqueront cela en parlant de consolidation.

Par exemple, les banques canadiennes ont profité du krach de 1987 pour prendre le contrôle quasi total du courtage en valeurs mobilières. Par la suite, ils ont fait de même avec le secteur des fonds communs.

Et cela se poursuit. Hier, par exemple, Manuvie a acheté la société de fonds AIC, ajoutant 3,8 milliards d’actif sous gestion.

Un compétiteur de moins....

Sauf que ce n’est pas seulement un phénomène de consolidation.

À chaque cycle, les fiascos et les fraudes poussent les éditorialistes larmoyants toujours bien intentionnés (les défendeurs de la veuve et de l’orphelin) à demander aux politiciens un renforcement massif des lois et réglementations.

Et à première vue, ça semble toujours sensé.

Or, je vois d’ici les grands banquiers saliver et jouir devant ces demandes, sachant que cela augmente significativement les barrières à l’entrée.

Les grandes financières ont déjà leur armée d’avocats dont le seul travail est de plaire aux organismes de réglementation.

Des lois plus sévères signifient pour elles de faire travailler un peu plus fort leurs avocats. Certes, il y a un coût, mais les patrons des financières savent qu’il est facile de repasser ces coûts et plus encore à leurs clients de plus en plus enchaînés.

De plus, quel épargnant a le goût actuellement de confier son capital à une firme indépendante de gestion, avec tous les scandales et les fraudes des dernières années?

Il va directement à son institution financière où il est certain, se dit-il, de ne pas se faire flouer. Hum, il est certes improbable qu’on parte avec son argent. Mais il risque de se faire plumer quand même, mais plume par plume....

C’est ainsi qu’en deux décennies, les financières canadiennes ont sans cesse agrandi leur monopole qui est devenu indécent. Au point où l’épargnant, l’investisseur et les gens d’affaires ont moins en moins de véritables options, de choix.

Cela signifie des coûts de plus en plus élevés, des services de moins en moins de qualité, la disparition de l’innovation, etc. etc.

Ô Canada!

Le chiffre du jour : un tiers

Un nouveau sondage Ipsos-Reid démontre que le tiers des étudiantes et étudiants de collège et d'université s'inquiètent d'être à court d'argent avant la fin du semestre d'automne.

18 août, 2009

Le chiffre du jour : 93 %

Un examen attentif des résultats montre que les habitants du monde entier croient que la pollution de l'eau est l'aspect le plus important de la crise de l'eau douce. Les pénuries d'eau douce arrivent deuxième, tout juste derrière. Dans les 15 pays interrogés :
  • 93 pour cent disent que la pollution de l'eau est un problème très grave (72 pour cent) ou relativement grave (21 pour cent).
  • 91 pour cent disent que la pénurie d'eau douce est un problème très grave (71 pour cent) ou relativement grave (20 pour cent).

Dans les sept pays ayant répondu à des questions ciblées :

  • Le gouvernement est considéré comme l'entité la plus responsable de la conservation de l'eau douce.
  • 78 pour cent disent que "la résolution des problèmes liés à l'eau potable exigera beaucoup d'aide de la part des entreprises", tout en indiquant que les partenariats sont un important élément des défis liés à la durabilité de l'eau douce dans le monde.
  • 76 pour cent disent : "J'ai besoin de plus d'information pour être en mesure d'en faire davantage pour protéger les ressources en eau."

17 août, 2009

Le chiffre du jour : 23 %

Le sondage a révélé que :
  • presque le quart (23 %) des Canadiens déclarent que le ralentissement de l'économie a eu un effet sur leur façon de s'occuper de leur santé;
  • plus de la moitié des Canadiens (52 %) s'inquiètent de leur santé - ce qui est un peu moins seulement que le pourcentage de ceux qui s'inquiètent de leur sécurité financière (57 %) et presque deux fois celui des Canadiens qui craignent de perdre leur emploi (27 %);
  • deux Canadiens sur cinq (40 %) déclarent se sentir stressés ou dépassés par les préoccupations financières. Ce pourcentage grimpe à la moitié (51 %) chez ceux qui gagnent moins de 30 000 $;
  • à l'échelon national, le quart (25 %) des Canadiens ont retardé ou annulé un rendez-vous chez le dentiste à cause de préoccupations financières. Cette proportion grimpe à un Canadien sur trois (34 %) qui gagnent moins de 30 000 $;
  • à l'échelon national, presque un Canadien sur cinq a sauté des repas à cause de préoccupations financières. Ce pourcentage double presque chez ceux qui gagnent le moins (28 %);
  • le quart (23 %) des Canadiens affirment que les préoccupations économiques les empêchent de dormir. Ce pourcentage grimpe à un sur trois (33 %) chez ceux qui ont moins qu'un grade universitaire.

16 août, 2009

Fraudes financières : quelles sont les responsabilités du gouvernement?

Dans son texte Ariane Krol déplore le fait que le gouvernement n’en fait pas suffisamment pour compenser les victimes de fraudes financières.

À mon avis, il est important de différencier les cas où les investisseurs ont été floués par une entreprise surveillée par l’AMF (Norbourg) de ceux ou les investisseurs ont été négligents (Earl Jones).

Le premier rôle d’un gouvernement doit être celui de protéger les individus, qui se sont comportés de façon responsable, des bandits et des escrocs.

Les contribuables financent, à gros prix, une multitude d’organismes de surveillance, dont l’AMF, dans le but d’être protégé.

La mission de l’AMF, tel que présentée sur son site internet :


Tel qu'il est prévu dans sa loi constitutive, l'Autorité des marchés financiers a pour mission d'appliquer les lois relatives à l'encadrement du secteur financier, notamment dans les domaines des assurances, des valeurs mobilières, des institutions de dépôt – sauf les banques – et de la distribution de produits et services financiers.

Plus précisément, l'Autorité doit :

  • prêter assistance aux consommateurs de produits et aux utilisateurs de services financiers;
  • veiller à ce que les institutions financières et les autres intervenants du secteur financier respectent les normes de solvabilité prescrites et se conforment aux obligations que la Loi leur impose;
  • assurer l'encadrement des activités de distribution de produits et services financiers;
  • assurer l'encadrement des activités de bourse et de compensation, et celui des marchés de valeurs mobilières;
  • assurer l'encadrement des marchés de dérivés, notamment des bourses et des chambres de compensation de dérivés, en veillant à ce que les entités réglementées et les autres intervenants aux marchés de dérivés se conforment aux obligations prévues par la loi;
  • veiller à la mise en place de programmes de protection et d'indemnisation des consommateurs de produits et des utilisateurs de services financiers, et administrer les fonds d'indemnisation prévus par la Loi.
J’en conclu que les investisseurs qui transigent avec une entreprise relevant de l’AMF, par exemple Norbourg, sont en droit d’exiger d’être pleinement remboursés par le gouvernement. Il est inacceptable que le gouvernement puisse simplement dire : Vincent Lacroix a agi dans l’illégalité, le gouvernement le poursuivra au civil et au criminel, mais il n’a pas la responsabilité de rembourser les investisseurs floués. Si c’était le cas, alors pourquoi les contribuables devrait-ils financer l’AMF puisqu’elle ne les protège pas?

Par contre, ceux qui transigent avec une entreprise non surveillée, par exemple Earl Jones, ont été grossièrement négligents. C’est comme si je prêtais mon argent à mon beau-frère parce qu’il est un beau parleur. Dans ce cas, je conçois mal que l’argent des contribuables puisse servir à les compenser.
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Fisc et fraude

Ariane Krol, La Presse, 14 août 2009

Quand une fraude financière éclate au grand jour, il est souvent trop tard. Les coffres sont vides et les épargnants n'ont plus que des miettes à se partager. Le fisc, paradoxalement, est parfois le seul endroit où les victimes peuvent espérer récupérer un peu d'argent. Mais on pourrait faire davantage.

Aux États-Unis, le fisc a pris le taureau par les cornes. Devant le raz de marée provoqué par l'affaire Madoff, l'IRS (Internal Revenue Service) a publié une directive administrative spécialement destinée aux victimes de stratagèmes de Ponzi. Les pertes causées par de telles fraudes ne seront pas considérées comme des pertes en capital, mais comme des pertes causées par le vol, a tranché l'IRS. Les déductions auxquelles elles donnent droit ne s'appliquent donc pas seulement sur les gains en capital du contribuable, mais sur l'ensemble de ses revenus imposables. Une distinction importante, car elle permet à davantage de victimes de réclamer des sommes.

Cette disposition n'existe pas dans nos lois de l'impôt. Les entreprises peuvent déduire des pertes pour vol, mais pas les individus. Une situation qui devrait être corrigée pour les victimes de fraudes financières qui, souvent, perdent les économies de toute une vie, sans aucun espoir de se refaire.

Pour l'instant, les épargnants floués n'ont que deux moyens de recouvrer des sommes auprès du fisc. Ceux qui ont payé de l'impôt sur de prétendus revenus de placement peuvent faire une demande de redressement. Car il n'y a pas de rendement dans un stratagème de Ponzi. Les montants inscrits sur les relevés sont purement fictifs et les versements d'intérêt, quand il y en a, sont puisés à même les placements de l'investisseur.

L'argent perdu aux mains du fraudeur donne également droit à des pertes en capital. Mais comme nous l'avons mentionné, ce type de perte peut seulement être déduit d'un gain en capital. Pour un épargnant qui n'a réalisé aucun gain du genre dans les trois années précédentes, et qui n'a aucun espoir d'en faire dans le futur puisqu'il n'a plus un sou, ce n'est d'aucun secours. Une perte applicable sur l'ensemble du revenu imposable serait beaucoup plus utile. Évidemment, il y aurait encore des victimes qui ne pourraient pas s'en prévaloir, mais elles seraient tout de même plus nombreuses à pouvoir le faire.

L'avocat fiscaliste torontois Jack Bernstein a évoqué cette possibilité dans plusieurs articles, mais aucun politicien n'a encore saisi la balle au bond. Pourquoi? Une telle mesure mérite au moins d'être étudiée.

On s'étonne aussi que Revenu Canada n'ait pas encore émis de directives claires au sujet des fraudes financières. Le ministère n'a même pas pu nous indiquer le traitement fiscal réservé à ces pertes, une semaine après que notre collègue Michel Girard eut posé la question!

Selon nos informations, Revenu Canada et Revenu Québec se sont organisés pour s'occuper des ex-clients d'Earl Jones. Mais tous les scandales ne sont pas aussi gros, ni aussi médiatisés. Les contribuables sont-ils tous au courant des démarches qu'ils peuvent entreprendre auprès du fisc? Avec la multiplication des fraudes de type Ponzi (un cas en Colombie-Britannique la semaine dernière, un autre soupçonné au Québec cette semaine), il serait temps d'informer les victimes de leurs droits.

Les Fonctionnaires (20/55)

Le livre de Jean Laliberté, Les fonctionnaires, explique merveilleusement bien les inefficacités inhérentes à la fonction publique. À la lecture de ce livre il ne peut y avoir qu’une conclusion : le gouvernement sera toujours un piètre fournisseur de service.

Au cours des prochaines semaines je publierai plusieurs extraits de ce livre que je considère particulièrement révélateurs.
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Les risques de malversation se situent d’abord du côté des élus, car ce sont eux qui tiennent les cordons de la bourse. Au Canada et au Québec, les lois sur le financement des partis politiques ont fait beaucoup pour assainir la situation, mais le danger demeure, car les contributeurs politiques sont passés maître dans l’art de contourner les lois.

Une réalité avec laquelle il faut composer en démocratie est que les plus riches (NDLR : et les groupes d’intérêt) sont en mesure, par leurs contributions aux partis politiques, d’influencer les décisions en leur faveur. La loi interdit « d’acheter » les décisions, c’est-à-dire de donner une somme d’argent en retour d’une faveur politique, ce qui serait l’équivalent d’un pot-de-vin. Mais les contributions politiques garantissent un accès direct aux politiciens, permettant d’influencer les décisions. Il s’agit, en fait, d’une hypocrisie érigée en système : même s’il n’y a pas de versement d’argent en retour immédiat d’une faveur, tout le monde sait qu’en réalité la corrélation entre les deux est forte
. (p. 81)

15 août, 2009

Santé : plus d'argent, plus de bureaucrates, moins de services


Fonction publique : abus et inefficacité

C’est franchement malheureux qu’il n’y ait pas plus de fonctionnaires et d’ex-fonctionnaires qui dénoncent les abus et l’inefficacité dans la fonction publique.

Bruno Giroux confirme ce que nous dit Jean Laliberté dans son excellent livre « Les Fonctionnaires ». Plusieurs extraits ont déjà été publiés dans le magazine nagg.
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21 jours payés en congés de maladie!

Bruno Giroux, Cyberpresse, le 07 août 2009

Emploi bien rémunéré, près de trois mois de congés payés, plantureux fonds de pension: intéressé? 21,32 jours en congés de maladie en moyenne par employé en une seule année. C'est la situation qui prévaut au Conseil supérieur de la langue française, nous apprend Le Soleil du 4 août.

Si l'on ajoute à cela la dizaine de congés statutaires auxquels tous les employés du gouvernement ont droit, plus quatre ou cinq semaines de vacances, on en arrive à un total de presque trois mois pendant lesquels on ne travaille pas tout en étant payé, et tout en voyant son fonds de pension grossir, préparant ainsi la voie à une retraite sans souci, du moins financier.

Ajoutons, pour compléter le tableau, que les syndicats concernés ont déjà demandé de plantureuses augmentations de salaire pour les prochaines années. Il y a toujours du rattrapage à faire, de l'enrichissement collectif à partager, de la parité avec d'autres travailleurs à obtenir.

Et pendant ce temps, on oublie les dizaines de milliers de personnes qui sont ou bien sans emploi ou qui travaillent au salaire minimum avec des conditions de travail qui ne prévoient pas un seul congé payé dans une année pour des raisons de santé.

Il y a aussi les retraités de l'État dont les rentes ne sont toujours pas indexées, le gouvernement et les syndicats ayant plutôt choisi à un certain moment d'utiliser les surplus actuariels pour donner congé de cotisation, plutôt de réparer l'injustice qui remonte à une décision de René Lévesque.

Quand ils sont à leur retraite, les «p'tits vieux» qui sont servi l'État et qui ont fourni l'argent qui sert et qui servira à payer les rentes sont mis de côté, contrairement à ce qui se passe dans certains milieux où un représentant participe à toutes les décisions qui les concernent tout simplement parce qu'il s'agit de leur argent.

Certains chefs syndicaux expliquent cette situation par une surcharge de travail ou par un manque d'effectif. Cela est peut-être vrai à certains endroits. Mais je me demande si, dans plusieurs cas, les employés ne se portent pas malades tout simplement parce qu'ils s'emmerdent au travail, soit parce que les gestionnaires n'ont aucune notion de gestion du personnel ou, tout simplement, parce qu'il n'y a rien de stimulant au travail pour le personnel.

Quand on voit le travail accompli par certains «premiers de classe» du palmarès, on pourrait être porté à opter pour cette explication. Un simple coup d'oeil nous apprend que dans plusieurs cas, les dirigeants des organismes montrés du doigt ont eu leur poste à la suite de nominations politiques sans qu'ils n'aient à passer quelque examen que ce soit. Étaient-ils qualifiés pour occuper ce poste?

Personnellement, dans une autre vie, j'ai connu des dirigeants d'organismes qui avaient été nommés pour services rendus au parti bien qu'ils étaient nuls en matière de gestion. En plus de leur nullité, certains choisissaient de diriger un organisme dont le siège social était à Québec à partir de leur luxueuse suite ministérielle à Montréal, tout en touchant l'allocation pour logement à Québec. Et, souvent, ce sont les employés de Québec qui se rendaient à Montréal pour des réunions.

Il n'est pas étonnant de voir de telles situations quand on sait que le premier ministre nomme plus de 2000 personnes par année et définit les termes de leur contrat, la plupart du temps sans aucune vérification de leur qualité de gestionnaire. Ce dossier, s'il était bien étoffé, pourrait être aussi intéressant que le rapport Gomery.

Puisque les syndicats diront toujours qu'ils n'en ont pas assez, c'est à l'employeur d'agir. Plusieurs moyens s'offrent à lui, qui vont de la carotte au bâton. Mais comme les carottes sont déjà là plantureuses et juteuses, il faudrait songer au bâton. Par exemple, si aucun certificat continuait à n'être exigé pour les trois premiers jours de maladie au cours d'une année, un tel certificat pourrait être exigé pour tout congé subséquent.

Mais la vraie solution pourrait tout simplement d'admettre, une fois pour toutes, que des organismes sont parfaitement inutiles et qu'il faudrait les abolir. Les employés, congédiés à cause de l'abolition de leur poste, auraient tout le temps nécessaire pour se refaire une santé. Et ce serait un coup de pouce à la réfection de la santé financière du gouvernement.

L'auteur est un retraité de Québec.

14 août, 2009

Pour une vraie réforme du système financier

André Dorais

Les gouvernements parlent de réformer le «système financier», mais à quoi doit-on s’attendre? S’ils croient vraiment ce qu’ils disent, à savoir que le capitalisme est coupable de la crise économique, alors les réformes pourraient être importantes, mais certainement pas pour le mieux. Si, par contre, ils accusent le capitalisme uniquement pour détourner l’attention, question de bien paraître devant leur électorat, alors on ne devrait obtenir que des réformettes. Ce qui serait souhaitable, cependant, est une réforme digne de ce nom qui attaque le cœur du problème, soit le monopole d’État sur la monnaie.

Ce monopole consiste essentiellement à imposer un type de monnaie à l’exclusion des autres, à réglementer et à contrôler sa production. Bien qu’il n’y ait qu’un seul type de monnaie accepté par l’État, celle-ci se présente sous trois formes différentes : billets, pièces et monnaie virtuelle. En effet, la plus grande partie de la masse monétaire (totalité de la monnaie) n’a aucune forme tangible puisque les billets et les pièces n’en constituent qu’une infime partie. Elle se présente sous forme de simple écriture comptable. Cette intangibilité de la monnaie permet à l’État de la multiplier à volonté, ce qui n’est pas sans conséquence.

La méthode privilégiée par la banque centrale pour ajouter de la monnaie dans les marchés est d’acheter les actifs des banques à l’aide d’argent neuf intangible, c’est-à-dire par transfert électronique de fonds. Le processus de création monétaire ne s’arrête pas là, il se poursuit de la façon suivante : ayant maintenant plus d’argent dans leurs comptes, les banques sont en mesure d’en prêter davantage et d’autant plus que l’État les encourage, par voie réglementaire, à en créer à leur tour en effectuant davantage de prêt qu’elles ont d’argent dans leurs comptes. La monnaie (ou l’argent) créée par les banques commerciales vient donc accompagnée de dettes.

Ce processus de création monétaire est suffisamment complexe pour endormir à peu près tout le monde, de sorte qu’il reçoit peu de critique. Mieux encore, lorsqu’il y a critiques, elles s’adressent presque exclusivement aux banques, ou à quelques financiers qui y travaillent, plutôt qu’à l’État qui l’a mis en place. En d’autres mots, l’État en tire les avantages sans les inconvénients. Ce qui est parfait pour lui, cependant, ne l’est pas nécessairement pour la population.

Pourquoi le monopole sur la monnaie est néfaste à la création de richesse

Un objet convoité, produit avec plus de facilité, constitue généralement un bienfait pour tout le monde, mais ce n’est pas le cas de la monnaie. En effet, que l’on double ou l’on triple sa quantité, la richesse globale n’augmente pas pour autant, seule sa valeur nominale augmente. Il s’ensuit qu’il faut plus d’argent pour acheter les mêmes produits, car leurs prix s’ajustent à la hausse pour tenir compte de cette augmentation. C’est uniquement dans la mesure où l’on peut tirer avantage des délais d’ajustement qu’on peut tirer profit de ce système. Ceux qui ont le plus de chance à cet égard sont ceux qui reçoivent l’argent en premier, soit généralement les banques et évidemment les gouvernements qui le mettent en circulation.

Les banques reçoivent l’argent en premier non pas parce qu’elles sont plus habiles que les autres agents économiques, mais parce que l’État le veut ainsi. Elles lui sont indispensables pour financer sa dette via l’inflation qu’il contrôle. Ces avantages, que l’État et les banques privilégiées par lui tirent de ce système, s’établissent sur le dos des autres agents économiques, soit parce que ces agents tardent à ajuster leurs prix à la hausse, soit parce qu’ils ne sont pas en mesure de le faire.

Une monnaie que l’on peut créer à volonté est non seulement propice aux abus et à la «spéculation», mais elle constitue elle-même un abus, et non le moindre : elle vole subrepticement les gens en dévaluant leur monnaie. Le problème n’est pas tant la facilité à produire de la monnaie que d’en produire sur une base erronée et sans en réaliser les conséquences néfastes. La plupart des économistes se contentent de croire qu’une augmentation de la quantité de monnaie peut «stimuler» l’économie dans la mesure où elle ne ravive pas à la hausse l’indice des prix à la consommation. Autrement dit, si la nouvelle monnaie se traduit par la hausse des prix des maisons ou des marchés boursiers, tout en maintenant stables les prix des biens de consommation, alors ils considèrent que les politiques monétaires sont bonnes.

Leur raisonnement est le suivant : puisque tout investissement vise en dernier lieu la consommation, il suffit de porter attention à celle-ci pour identifier l’inflation telle qu’ils la conçoivent, soit une hausse moyenne des prix des biens de consommation. Définir l’inflation de cette manière, cependant, revient à la regarder du mauvais bout de la lorgnette, soit considérer l’effet pour la cause et réduire passablement son champ de vision. La considérer uniquement comme une hausse moyenne des prix des biens de consommation omet de préciser que la monnaie voit le jour en affectant d’abord les prix des produits par lesquels elle transite, soit ceux qu’on retrouve dans les marchés des capitaux et dans les secteurs de la production. Pour la majorité des économistes, cependant, il ne s’agit pas d’une omission puisqu’ils expliquent cette hausse par l’appât du gain.

Pour eux, la monnaie est neutre, c’est-à-dire que sa création n’a pas d’effet secondaire. Oui ils conçoivent que la monnaie puisse avoir des répercussions sur les prix des biens de consommation, mais le plus souvent ils en attribuent la hausse aux différents agents économiques, les pétrolières en tête de liste. Leurs explications du cycle économique sont aussi simples, soit l’appât du gain des spéculateurs, d’où leurs appels à contraindre les activités de ces derniers et à plafonner leurs rémunérations. La majorité des politiciens et de la population ne pensent pas autrement.

Si telle est la cause des cycles ou des crises économiques, c’est que l’on croit qu’il existe un taux raisonnable de profit, mais quel est-il? 5%? 10%? 18,2%? Qui le détermine et comment? À en croire cette explication, un cycle économique est haussier tant et aussi longtemps qu’un seuil, mystérieux mais raisonnable, n’est pas dépassé. À l’inverse, dès lors que ce seuil est franchi, alors les forces du mal l’emportent et un cycle baissier commence. Cette explication relève davantage des croyances que de la science. Lorsqu’on envisage des réformes sur la base d’un système dont on ne comprend pas le fonctionnement, il est difficile d’être optimiste quant à leurs résultats.

Il ne vient pas à l’esprit de ces gens de remettre en question la quantité inouïe de monnaie mise en circulation comme cause de ces cycles pour deux raisons. La première est qu’ils considèrent la hausse de l’indice des prix à la consommation comme étant l’inflation elle-même, de sorte que lorsque celui-ci est relativement stable, comme c’est le cas présentement, ils concluent que l’ajout de monnaie ne cause pas de problème. La seconde raison est que pareille remise en question bouscule trop leur compréhension et leurs croyances en l’État.

La monnaie additionnelle mise en circulation se retrouve partout, pas uniquement dans les biens répertoriés par les indices d’inflation. Elle incite les investisseurs et les spéculateurs à prendre plus de risque et les financiers à offrir des produits qui répondent à cette demande. Non seulement est-elle la cause principale des cycles économiques, mais elle constitue une grave injustice puisqu’elle redistribue subrepticement les richesses, et plus souvent aux riches qu’aux pauvres.

Toute distribution des richesses allant à l’encontre de la liberté de disposer de ses biens est condamnable, car elle ne procède pas de l’accord de chaque individu. Cependant, celle effectuée via l’inflation l’est davantage, car elle redistribue les richesses sans l’accord de personne. Pis encore, elle réduit la richesse globale, car les plans de chacun pour la maintenir ou l’augmenter ne sont pas confiscables aussi facilement. Autrement dit, l’État peut confisquer l’argent d’autrui, mais il ne peut aussi facilement confisquer leurs idées et leur savoir faire pour produire de la richesse.

Les solutions non envisagées

Il n’y a pas trente et un moyens de régler cette injustice, incomparablement supérieure à tous les Madoff, Jones et Lacroix de ce monde. Le coupable doit être écarté du monde civilisé, c’est-à-dire que le monopole sur la monnaie doit faire place à la concurrence. D’autres monnaies verront le jour et quelques-unes s’imposeront d’elles-mêmes en toute liberté. Dans cette perspective, on peut penser que l’or et l’argent métallique reprendront du service puisqu’ils ont été les monnaies de choix pendant des siècles un peu partout dans le monde. Ils avaient les qualités pour le devenir et celles-ci ont peu changées depuis : on ne les reproduit pas aisément, ils maintiennent leur valeur, ils suffisent en nombre, sont faciles à transporter, difficiles à détruire, malléables, etc.

On ne devrait pas se contenter du système de l’étalon-or classique où l’or et l’argent de métal servaient de contrepartie à la monnaie de papier, car celle-ci est trop facilement reproductible. Sachant que l’État saisit la moindre occasion pour s’accaparer la propriété d’autrui, les seuls substituts à la monnaie d’espèces qu’on devrait maintenir sont les cartes de crédit et de débit et les différentes qualités de chèques. Une vérification des montants d’argent se retrouvant dans les comptes bancaires devrait être effectuée sur une base régulière, et s’il était découvert que les montants prêtés étaient plus importants que les sommes détenues, une pénalité serait émise pour violation de propriété. Qui a dit qu’un libéral rejetait toute réglementation?

Le seul inconvénient de ce système monétaire est que la monnaie d’espèces est plus lourde que les billets, mais lorsqu’on considère que les gens n’utilisent pratiquement plus de billets pour échanger biens et services, cela ne changerait pratiquement rien à leurs habitudes. L’usage de pièces métalliques, lorsqu’elles seraient utilisées dans les transactions quotidiennes, s’avérerait un inconvénient mineur à comparer l’assurance d’avoir en sa possession une monnaie que les gouvernements ne peuvent pas dévaluer aussi facilement que la monnaie d’aujourd’hui.

Le plus gros changement par rapport au système actuel, cependant, ne serait pas l’usage d’une monnaie d’espèces, mais l’interdiction d’établir une monnaie à partir de la seule autorité de la considérer comme telle. On dit souvent que le monopole de la monnaie est basé sur la confiance, mais cela exige une clarification. En effet, qu’on ait ou non confiance en ce monopole, encore faut-il avoir la possibilité d’utiliser une autre monnaie. Si cette possibilité est interdite par les autorités et que celles-ci ne cessent de dévaluer la monnaie qu’elles contrôlent, elles risquent d'appauvrir tout le monde et conséqumment de se faire renverser. Plutôt que de pavoiser arrogamment et de chercher des boucs émissaires, elles auraient intérêt à laisser aux gens la liberté de choisir leur monnaie.

Ceux qui ont intérêt à maintenir le statu quo

Cette réforme est souhaitable, mais elle semble peu probable considérant les groupes influents qui s’y opposent. Les économistes, à tout le moins la plupart d’entre eux, blâment l’appât du gain des financiers pour la crise. À cet égard, leur opinion se distingue peu de celle de la population en général. Leur solution est tout aussi simple, soit de demander aux législateurs plus de réglementations. Ils croient que la réglementation actuelle est insuffisante, que l’appât du gain se trouve uniquement chez les financiers et que pour corriger ce vice il suffit d’une législation de plus… Qui a dit que la naïveté se trouvait uniquement chez les enfants?

Ces économistes ne remettront jamais en question le monopole d’État sur la monnaie, car ils sont incapables de dissocier l’un de l’autre. Cela va à l’encontre de ce qu’ils ont appris, de leurs croyances. Ils ne sont pas aussi libéraux qu’on le pense. De leur côté, les banquiers préfèrent le statu quo. Ils considèrent que les injures que leur lancent politiciens et la population en général ne sont pas cher payées à comparer les avantages pécuniaires qu’ils tirent dudit système.

En ce qui a trait aux politiciens et aux fonctionnaires, ils n’ont aucun intérêt à voir la fin du monopole sur la monnaie, car à l’instar des économistes ils sont incapables de concevoir que ce monopole soit à l’origine de la crise actuelle, ou de celles qui l’ont précédées. Ils traitent ce monopole comme un fait naturel, de sorte qu’ils leur aient difficile de le remettre en question et conséquemment de lui attribuer une responsabilité quelconque. Ils accusent tout au plus les hommes qui le dirigent, mais jamais le monopole lui-même. Pour les croyants naïfs en l’État, celui-ci est de l’ordre du sacré. Inutile d’attendre d’eux des réformes en profondeur.

Difficile de ne pas être amer devant ce constat. Néanmoins, on ne peut en rester là. On doit redoubler d’effort et d’imagination pour expliquer qu’il existe d’autres façons de procéder, plus justes et plus propices à la production de richesse.

Équilibre budgétaire

Sachant que le gouvernement cherche à couper les dépenses inutiles pour balancer son budget, je lui propose de regarder du côté des CRE. Ces organismes parasitaires, créés pour promouvoir la nouvelle religion écologique, utilisent l’argent des contribuables pour faire des sondages bidons.

Tel que dénoncé par René Vézina, ces sondages n’ont qu’un but : promouvoir la nouvelle religion dans l’opinion publique.
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Un sondage planté qui nuit plutôt à la cause
René Vézina, lesaffaires.com, 14 août 2009

C'est un cas classique de sondage biaisé avec des réponses téléguidées.

Le Conseil régional de l'environnement (CRE) de Montréal a présenté jeudi les résultats d'un sondage effectué par Léger Marketing sur quatre enjeux chauds dans la région de Montréal, dont la circulation automobile et le chauffage au bois. Le CRE n'aime ni une ni l'autre et sa position se défend. Sauf qu'il vient de se tirer dans le pied avec cet exercice bidon. C'est tellement gros... Jugez-en par vous-même.

« Q4. Les particules fines émises par le chauffage au bois (foyer, poêle à bois, poêle à combustion lente, etc.) sont une des principales causes du smog à Montréal en hiver. Afin d'améliorer la qualité de l'air de façon significative en hiver à Montréal et de protéger la santé des citoyens, seriez-vous d'accord pour que la ville de Montréal interdise le chauffage au bois sauf pour les systèmes au gaz naturel, électrique ou à granule de bois ? »

Et bien entendu, les deux tiers des répondants sont tout à fait en accord ou plutôt en accord. Le plus étonnant, c'est que la proportion ne soit pas plus élevée : difficile de répondre non à moins d'être un amateur de smog !

On le fait avec des enfants : ça s'appelle de la logomachie. Il suffit de tourner la question de manière à téléguider la réponse. « Tu veux du bon navet bon pour la santé » ? Mais avec des adultes... C'est infantile. Et clamer que les résultats sont probants... ! La question sur la réduction de la circulation automobile est tout aussi tarabiscotée. Ce sondage n'est tout simplement pas crédible.

Et dire que le CRE a le culot d'affirmer dans son communiqué que « les résultats sont éloquents » puis que « les questions étaient claires et les réponses le sont aussi ».

Dommage. Les enjeux sont véritables. Mais quand on en rajoute trop pour être certain de gagner, c'est qu'on n'est pas sûr de son coup.

13 août, 2009

École : crise d’urticaire de la gogauche


Environnement et pauvreté

De tout temps les pouvoirs civils et religieux ont collaboré au détriment des populations qu’ils prétendaient servir. Depuis la fin du siècle dernier, les politiciens, dans le but d’accroître leur pouvoir, se sont associés aux missionnaires écologistes. Cette association n’augure rien de bon pour les populations du globe, mais surtout pour les populations les plus pauvres.

Toutes les semaines ou presque on nous annonce de nouveaux règlements et programmes pour juguler la menace environnementale. Règlementation et programme contraignent inévitablement les libertés individuelles.

Il semble que les Chinois et les Indiens ne seront pas dupes de ce plan machiavélique. Ils ont bien compris l’histoire : la croissance économique est le seul moyen d’améliorer la qualité de vie d’une population.
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Le réchauffement climatique et les pauvres

Bret Stephens, Un Monde Libre, le 12 août 2009.

Une chose assez drôle s'est produite sur le chemin du sauvetage des pauvres du monde contre les ravages du réchauffement de la planète. Les pauvres ont en effet dit aux alarmistes du climat d’aller se faire voir ailleurs.

Ce printemps le Global Humanitarian Forum, basé à Genève et dirigé par l'ancien secrétaire général des Nations unies Kofi Annan, a publié un rapport avertissant que « la famine, les migrations et les maladies » seraient à craindre en masse si le monde n'adhérait pas à « l’accord international le plus ambitieux jamais négocié » sur le réchauffement de la planète lors d'une prochaine conférence à Copenhague.

Selon le rapport de M. Annan, les catastrophes induites par le changement climatique représentent 315 000 décès chaque année et 125 milliards de dollars de dégâts, ces chiffres devant être portés à 500 000 morts et 340 milliards de dollars de dégâts en 2030. Ces chiffres sont vivement contestés par l’expert en tendances des catastrophes de l'université du Colorado, Roger Pielke Jr., qui les qualifie de « symbole de désinformation par les statistiques. »

Mais il y a plus. La protestation la plus intéressante a eu lieu à New Delhi le mois dernier, lorsque le ministre de l'Environnement indien Jairam Ramesh a répliqué à la secrétaire d'État américaine Hillary Clinton en visite, que sous aucun prétexte l’Inde ne signerait un accord mondial pour le plafonnement des émissions de carbone.

« Il n'y a tout simplement aucune raison pour que l’on nous pousse à la réduction des émissions, nous qui avons des émissions par habitant parmi les plus basses », a répondu M. Ramesh à Mme Clinton. « Et comme si cette pression ne suffisait pas, nous sommes également confrontés à la menace de taxe-carbone sur nos exportations vers des pays comme le vôtre. » Les Chinois — les plus gros émetteurs de CO2 — ont dit à l'Administration Obama essentiellement la même chose.

Environ 75 % des Indiens — quelques 800 millions de personnes — vivent avec 2 dollars par jour ou moins, ajusté en fonction des parités de pouvoir d'achat. En Chine, c’est d'environ 36 % de la population, soit environ 480 millions de personnes. Cela signifie que les deux gouvernements sont à eux seuls responsables d'une personne sur deux vivant à ce niveau de revenu.

Si le changement climatique est aussi menaçant que ce que M. Annan affirme, l'Inde et la Chine devraient attendre avec impatience la rencontre de Copenhague. Alors, pourquoi n’est-ce pas le cas ?

À écouter les alarmistes du climat, tout est la faute de l'Amérique. « Ce dont les Chinois sont surtout coupables est l'imitation du modèle économique américain », écrivait l'écrivain Jacques Leslie l'an dernier dans le Christian Science Monitor. « Les États-Unis ont perdu l'occasion qu’ils avaient au début de la transformation économique de la Chine d’orienter cette dernière vers le développement durable, et les dégâts sont déjà incalculables. »

Les faits relatent une autre histoire. Lorsque Deng Xiaoping a commencé à introduire des éléments d'économie de marché en 1980, l'espérance de vie des Chinois à la naissance était de 65,3 ans. Aujourd'hui, elle est d'environ 73 ans. Les chiffres sont probablement un peu gonflés, comme la plupart des chiffres en République populaire, mais la tendance est indéniable. En Inde, l'espérance de vie est passée de 52,5 ans en 1980 à environ 67 ans aujourd'hui. Si cela est une conséquence de l’adoption du « modèle économique américain », alors les pays pauvres en ont bien besoin.

Mais que dire de la pollution en Inde et tout particulièrement en Chine ? Selon les dires de M. Leslie, les émissions de gaz carbonique font partie intégrante de polluants comme les particules fines, les déchets toxiques, et tout ce qui est typiquement associé à une dégradation de l’environnement. Mais cela est faux. Les États-Unis et la Chine produisent des quantités équivalentes de dioxyde de carbone. Mais essayez de nommer une ville des États-Unis dont la qualité de l'air est aussi mauvaise, même de loin, qu’à Pékin, ou une rivière américaine aussi polluée que le Han: vous ne pouvez pas. L’Amérique, le pays le plus riche et le plus industrialisé, est aussi de loin le plus propre.

Les gens qui vivent dans des pays du tiers-monde (comme le Mexique, où j'ai grandi) ont tendance à comprendre cela, même si les écologistes occidentaux ne le comprennent pas. Les gens qui vivent dans les pays oppressifs du tiers-monde, comme en Chine, comprennent aussi que ce n'est pas seulement une plus grande richesse qui conduit à un meilleur environnement, mais une plus grande liberté, aussi.

Pour revenir à M. Leslie, son grief envers la Chine est qu'elle est devenue une société de consommation, suivant encore le modèle américain. Leslie est encore ridicule : la Chine est l'un des pays avec le taux d’épargne personnelle le plus élevé du monde — 50 % contre 2,7 % en Amérique. La véritable source du problème de pollution de la Chine est une politique industrielle dirigée par l’État et axée sur la production, ainsi que des entreprises d'État (en particulier dans les secteurs « sales » comme le charbon et l'acier) qui s'efforcent de répondre à des quotas de production, avec des gestionnaires nommés par l'État qui n’hésitent par à faire des économies en matière de sécurité ou de respect de l'environnement, et ont généralement assez d'influence politique pour se protéger de toute retombée publique.

En d'autres termes, les problèmes de pollution de la Chine ne sont pas liés aux politiques de laisser-faire et au consumérisme persistant, mais au contrôle excessif de l'économie par le régime. Une Chine plus libre signifierait une Chine plus propre.

Il y a ici une leçon pour ceux qui croient que les problèmes d'environnement appellent à une nouvelle ère de dirigisme. Et il devrait aussi y avoir une leçon à tirer pour ceux qui prétendent comprendre les problèmes des pauvres mieux que les pauvres eux-mêmes. Si le réchauffement de la planète est vraiment aussi catastrophique que ce que les alarmistes le prétendent, le moins qu'ils puissent faire pour ses victimes est de ne pas les traiter avec condescendance, tout en les appauvrissant dans les négociations.

Bret Stephens est éditorialiste au Wall Street Journal, dans lequel cet article a été originellement publié.