Chaque Québécois doit plus de 34 000 $ au provincial seulement

Vaut mieux en rire!

Avant de couper des centaines de millions dans les services, est-ce qu’on peut avoir les services ? - Michel Beaudry

30 juin, 2011

La réalité des choses

Revue de livre par Louise V. Labrecque

SIMON BRAULT : Facteur C, Montréal, éditions Voix Parallèles, 166 p.

Réfléchir à l’émergence des préoccupations culturelles dans l’arène publique, voilà ce que propose l’auteur Simon Brault avec son livre FACTEUR C. Dans ce vibrant plaidoyer pour « la culture pour tous », l’auteur interpelle tant les artistes, les entreprises culturelles, les gens d’affaires, les journalistes, les politiciens, que l’ensemble des citoyens, afin de réfléchir tous ensemble à l’importance de la culture.

L’avenir passe par la culture : ce constat est le fruit de plusieurs années d’expérience, d’observation et de réflexion de la part de l’auteur. La culture n’est plus cette maladie honteuse, dont la superficielle existence (et pertinence) avait, jadis, servis d’alibi à tous les gens imperméables à sa beauté. En effet, nous assistons aujourd’hui au retour des esprits éclairés, capables d’associer la culture au capitalisme, sans pour autant la dénaturer dans sa nature essentielle. Le problème avec les préjugés, clichés et autres clivages, c’est qu’ils rendent l’être humain incapable de penser librement et avec intelligence réelle. L’être humain ne devient purement et simplement qu’un tube digestif, ramenant tout à lui-même et à sa conception toute personnelle du monde. Dans cet esprit, le fumeux « concept de réalité » est qu’il existe autant de réalités qu’il y a d’individus, ce qui est là, précisément, toute la beauté de l’affaire.

Aussi, Simon Brault pousse plus loin le raisonnement, en renvoyant la culture comme « projet commun ». Ce n’est pas un hasard si Montréal se souhaite solidement « ville culturelle », si la place du « vivre ensemble » se loge au cœur de cette réinvention. Utopie ou pas, cela a le mérite d’allumer les esprits forts et de favoriser une ouverture digne de ce nom, pour le meilleur des deux mondes, à l’intérieur d’un projet de société évolutif. En effet, le lien entre culture et économie n’est plus à faire. Il nous faut maintenant regarder le monde autrement, presque à l’envers. La culture rends plus fier, incapable de lâcheté ou de bassesses, fidèle à ses idées, bref, elle n’a rien d’un assis. Au contraire, l’auteur met tout de suite le lecteur au parfum avec sa mise en garde sur la culture servant de « hameçonnage » aux produits de consommation.

L’art ne doit pas demeurer dans un au-delà désincarné, élitiste et … il ne gagne rien en nourrissant un tel sentiment d’exclusivité. En effet, blottie tout au fond de sa barque, en quoi la culture est-elle agent de changement, promoteur de la liberté? Le livre de Simon Brault est un acte de courage, dans ce monde de fous, où il faut payer ou s’en aller. Cet homme, on le sent presque partir en voyage, dans certains passages où il décrit, comme un paysage intérieur, cette chère culture comme l’incarnation de l’universalisme, opposé de ce fait au relativisme culturel. L’art, ce n’est pas payer cher, car payer cher c’est l’humiliation. Au contraire, la culture sert à donner du cœur, et des moyens, en se rendant accessible à tous, pour tous, et cela dans un souci d’éducation, afin d’agir, d’émouvoir, de construire. En effet, il est inhumain de mutiler les vivants et de les laisser se débattre dans leur impuissance.

La culture invite donc à « penser global », à s’attarder sur nos points communs, au lieu de s’acharner sur nos différences, à entendre de la musicalité dans nos dysharmonies, et surtout à se concevoir, se penser, se créer plus vivants, plus intelligents, et plus humains : un chemin quasi impossible à emprunter pour certains.

Bref, il est urgent d’amorcer le retour à la vie, par des discussions, des témoignages, et surtout, par une réelle participation collective : pas de place pour les « fractures socioculturelles », dans nos villes.

La réflexion du jour

Le gouvernement de la Colombie-Britannique entend adopter une loi qui exigera la publication d'un compte-rendu annuel sur le nombre de règlements en place. Selon Kevin Falcon, ministre des Finances, la Colombie-Britannique devient la première province au Canada à enchâsser dans la loi la reddition de comptes en matière de réglementation. Son annonce coïncide avec le 10e anniversaire de la mise en œuvre de réformes réglementaires dans la province et avec la désignation de 2011 comme l'Année de l'entrepreneur par le gouvernement provincial.

(NDLR : Est-ce que le Québec aura le courage d'imiter la Colombie-Britannique?)

Le chiffre du jour : 30 G$

La FCEI estime que les formalités administratives coûtent 30 milliards de dollars par an aux entreprises canadiennes. Quelque 70 % des propriétaires de petites et moyennes entreprises (PME) indiquent que le fardeau réglementaire leur cause un important degré de stress et 62 % d'entre eux affirment que ce fardeau leur prive du temps qu'ils peuvent passer avec leur famille.

(NDLR : De plus, le Québec est la province la plus règlementée.)

29 juin, 2011

La réflexion du jour

La présidente et chef de la direction de Groupe Maritime Verreault, Mme Denise Verreault, déplore vivement la décision du gouvernement du Québec d'accorder le contrat de construction de deux traversiers au constructeur naval italien Fincantieri, une décision qui dessert les intérêts du Québec.
(NDLR : S'il n'y avait pas de programme de subventions inutiles, il n'y aurait pas de mauvaise décisions.)

Le chiffre du jour : 150 M$

Le ministre du Développement économique, de l’Innovation et de l’Exportation, Clément Gignac, trouve tout à fait justifié d'accorder un contrat sans appel d'offres de 150 millions $ au chantier Davie afin de l'aider à se qualifier pour le vaste renouvellement des navires du fédéral au coût de 35 milliards $.

28 juin, 2011

Subventions : les perles du 18 au 24 juin 2011

Chaque semaine, le blogue de Mathieu Turbide et de Serge Laplante, Où vont vos impôts, publie la liste des subventions annoncées par le gouvernement.

Invariablement, cette liste contient des perles qui démontrent bien la culture de « gaspillage » qui prévaut chez nos élites politiques.

La parade des subventions continue de plus bel, mais les réductions de dépenses promises par le ministre Bachand ne sont toujours pas au rendez-vous.

Cette semaine, la perle de la perle est une subvention de 9 085 $ au CLD (Centre local de développement) de la MRC des Sources. Cette subvention a pour but d’appuyer la mise sur pied d’un réseau d’entreprises du secteur de la fabrication métallique industrielle pour l’enregistrement de leur marque de commerce et la brevetabilité de leurs produits. Croyez-vous vraiment qu’un réseau d’entreprise n’a pas les moyens d’enregistrer une marque de commerce? C’est vraiment ridicule. De plus, la bureaucratie associée à cette subvention coûte certainement un multiple de la subvention.

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4 754 565,60 $

À neuf partis politiques

Le DGE a publié cette semaine les Rapports financiers 2010 des partis politiques, ainsi que des Statistiques sur les rapports financiers des partis politiques, un document passionnant, qui dresse le portrait du soutien de l’État au financement politique au Québec. Le tableau Allocation aux partis politiques autorisés pour l’année 2010-2011 démontre comment l’allocation totale de 4 754 565,60 $ est répartie entre les neuf partis payant obtenu des votes valides aux élections générales du 8 décembre 2008. Il faut savoir qu’en vertu du projet de loi 118, adopté en décembre 2010, l’État verse une allocation de 0,83 $ pour chacun des 5 738 811 électeurs inscrits en 2008. Chaque parti reçoit annuellement un pourcentage de la somme globale égal au pourcentage de vote recueilli à la dernière électiuon. Le PLQ, avec 42,1 % des voix, à droit à 2 004 724,55 $ ; le PQ (35,2 %) reçoit 1 675 561,22 $, l’ADQ (16,4 %), 779 786,79 $ et Québec solidaire (3,8 %), 179 946,04 $. Le Parti république du Québec, qui a récolté un grand total de 140 voix a droit à un grand total de 204,45 $ pour l’année.

9 085 $

Au CLD de la MRC des Sources

Un prêt veut appuyer la mise sur pied d’un réseau d’entreprises du secteur de la fabrication métallique industrielle pour l’enregistrement de leur marque de commerce et la brevetabilité de leurs produits.

18 400 $

À Systèmes d’emballages Solutech

L’entreprise d’Asbestos reçoit une subvention de démarrage qui lui permettra d’acquérir les équipements nécessaires afin de lancer la production de systèmes d’emballage automatisés destinés aux palettes de produits de tout genre.

16 619 352 $

Pour contrer la pauvreté

Une enveloppe de 100 000 000 $ viendra financer, d’ici 2015, des actions de lutte contre la pauvreté dans les différentes régions du Québec.

450 000 $

À 17 organismes de la relève artistique

Le Conseil des arts et des lettres du Québec et la Conférence régionale des élus de Montréal annoncent aujourd’hui attribuent 450 000 $ à 17 organismes artistiques de la relève artistique ou de soutien à la relève artistique. Le soutien triennal pour chaque organisme varie entre 23 000 $ et 30 000 $.

865 000 $ + 21 400 $

À Conception M.B.

Une garantie de prêt de 865 000 $ à l’entreprise Conception M.B. Meubles en bois inc. de Louiseville. Le projet permettra à un groupe, composé notamment du président actuel, Claude McKenzie, d’acquérir l’entreprise grâce à un prêt d’une institution financière garanti par Investissement Québec. Fondée en 2001 par Brigitte Bouchard et Michel Paillé, l’entreprise Conception M.B. Meubles en bois inc. se spécialise dans la fabrication de composantes de meubles en bois ainsi que dans l’assemblage.

211 514 $

À TECHNOCompétences

Du Fonds de développement et de reconnaissance des compétences

Un soutien financier est acordé au Comité sectoriel de main-d’œuvre en technologies de l’information et des communications (TECHNOCompétences) afin de développer des compétences de calibre mondial chez 250 travailleurs de l’industrie du jeu vidéo. Cet investissement est consenti en vertu du Fonds de développement et de reconnaissance des compétences géré par la Commission.

150 000 $

Pour des investissements destinés à la faune

Le ministère des Ressources naturelles et de la Faune annonce l’ouverture de l’appel de projets régionaux du volet d’aide financière Relève et mise en valeur 2011-2012. Cette mesure fait suite à la révision tarifaire des permis en vigueur depuis le 1er avril 2009. Depuis, le Ministère réinvestit les revenus dans des projets fauniques structurants. Cette première enveloppe régionale de 150 000 $ du volet s’adresse aux organismes à but non lucratif qui ont pour mission de développer les activités de chasse, de pêche et de piégeage pour des projets régionaux visant le renouvellement de la clientèle et la mise en valeur de la ressource faunique dans l’optique d’en optimiser et d’en développer l’exploitation.

La réflexion du jour

Pourquoi alors, les agents de l'ASFC (NDLR : douaniers aux aéroports) portent-ils l'inconfortable veste? Ça n'a absolument rien à voir avec des questions de sécurité. Voilà plutôt un bel exemple d'une logique d'inertie bureaucratique, avec son engrenage implacable qui mène nos gouvernements à gaspiller des centaines de millions.--- Alain Dubuc

Le chiffre du jour : 700 M$

Cette même question du statut a aussi joué un rôle énorme dans la bataille menée par le syndicat représentant les douaniers pour armer les 4800 agents des postes frontaliers terrestres. Leurs berettas jouent largement un rôle symbolique, pour l'estime de soi et le sentiment de sécurité des douaniers, pour l'image d'un gouvernement qui fait de la sécurité l'un de ses chevaux de bataille. Mais est-ce que nos douaniers sont mieux protégés? Est-ce que nos frontières sont plus étanches? Posons-nous la question, parce que cette opération a coûté 700 millions de dollars!

27 juin, 2011

L’entrepreneuriat québécois est malade.

Les virus qui infectent l’entrepreneuriat québécois sont nombreux et virulents:

Fiscalité. La progressivité extrême du régime fiscal a vite fait de décourager les entrepreneurs, voire de les ruiner. Non seulement il remettra la plus grande part de ses revenus au fisc, mais en plus il sera honni par les bien-pensants de la gaugauche;

Règlementation. Depuis la Révolution tranquille, les gouvernements successifs empilent règlements sur règlements. Les règlements se multiplient, se contredisent et deviennent désuets, mais continuent d’exister et pourrissent la vie de tout le monde. Pire, ils deviennent autant d’occasions de corruption des fonctionnaires;

Lois du travail. Les lois du travail, conçues à l’ère industrielle, maintiennent la productivité des entreprises et des services publics dans le sous-sol de l’édifice économique nord-américain ;

Charges sociales. Les charges sociales des entreprises sont 30 % plus élevées au Québec qu’ailleurs en Amérique du Nord.

Compte tenu des maladies dont l’entrepreneuriat québécois souffre, il est miraculeux qu’il soit encore en vie. En fait, il survit seulement grâce au respirateur artificiel que sont les subventions annuelles de plus de 500 M$ payées par les contribuables et généreusement distribuées par les politiciens. (Voir l’excellent dossier de Marie-Hélène Proulx dans Jobboom.)
Je vous invite aussi à écouter les propos d’Éric Grenier à Dumont 360.

La réflexion du jour

La fermeture soudaine de deux voies du pont Mercier a mis en évidence la fragilité du réseau routier de la région métropolitaine de Montréal. Elle a aussi provoqué la colère des usagers du réseau qui en ont marre d'être les otages d'un système mal conçu, mal entretenu et mal coordonné. --- André Pratte

(NDLR : C'est la conséquence naturelle d'une population gérée par des politiciens qui n'ont jamais fait autre chose que de la politique. Ils n'ont aucune idée de ce qu'ils faut faire pour exécuter un plan.)

26 juin, 2011

La politique québécoise en caricatures

La réflexion du jour

Planification «négligée», pouvoirs «outrepassés», risques financiers sérieux pour Montréal ; le vérificateur général de la Ville, Jacques Bergeron, juge très sévèrement la gestion du système de vélos en libre-service BIXI dans le rapport spécial qu'il a remis au Conseil municipal, hier.

(NDLR : Existe-t-il un seul projet géré par des polititicien qui n'est pas un fiasco administratif et financier?)

Le chiffre du jour : 16 M$

Dès le départ, note aussi Jacques Bergeron, BIXI n'avait pas de plan d'affaires solide pour garantir le succès de l'entreprise. De plus, note le vérificateur, le matériel de démarrage a coûté plus de 27 millions, soit 16 millions de plus que prévu, sans qu'on puisse vraiment savoir pourquoi.

25 juin, 2011

La réflexion du jour

Pour ceux qui ont raté la nouvelle, mentionnons que Québec a autorisé la Société des traversiers du Québec à commander deux traversiers pour remplacer les navires qui relient Tadoussac à Baie-Sainte-Catherine. Le décret du 18 mai autorise la société d’État à déroger à la procédure d’appel d’offres pour conclure une entente de gré à gré avec le chantier Davie.--- Donald Charrette

(NDLR : Décidément, les contrats gouvernementaux sans appels d'offre sont devenus la norme: colisé de Québec, Bombardier, Davie.....)

Le chiffre du jour : 150 millions $

Le ministre des Transports, Sam Hamad, a convoqué la presse cette semaine pour annoncer que les signaleurs routiers bénéficieraient dorénavant d’uniformes très voyants. Très bien. Il n’a pas senti le besoin, par contre, de convoquer les médias pour justifier la décision gouvernementale de donner un contrat de 150 millions de dollars au chantier Davie pour la construction de deux traversiers. Peut-être se gardait-il une petite gêne.

24 juin, 2011

La réflexion du jour

Mauvaise nouvelle pour les Québécois qui viennent de terminer leurs études universitaires: ce diplôme-là perd de la valeur. --- Ariane Krol

Le chiffre du jour : - 0,2 %

Le diplôme universitaire est le seul niveau d'étude pour lequel la rémunération horaire a diminué l’an dernier, montrent les chiffres qui viennent d’être publiés par l’Institut de la statistique du Québec (ISQ). Pas grand chose (-0,2%), mais tout de même.

23 juin, 2011

risk : the science and politics of fear

Revue de livre par minarchiste

“Risk: The Science and Politics of Fear”, Dan Gardner, Emblem Editions, 2009, 416 pages.

(Je vous propose aussi de lire le texte "La peur, source de pouvoir" publié initialement dans le Québécois Libre.)

Ce livre est excellent, c’est un des meilleurs que j’ai pu lire à ce jour. Je le recommande fortement à tous, peu importe votre profession ou votre idéologie politique. Il fera de vous un meilleur individu.

L’introduction débute avec un fait très intéressant. Suite au 11 septembre 2001, les gens avaient peur de prendre l’avion. Ils ont donc davantage utilisé l’automobile, un moyen de transport pourtant beaucoup plus risqué. Un chercheur a estimé que ce changement irrationnel de comportement a occasionné des accidents routiers supplémentaires causant la mort d’environ 1,595 personnes, presqu’autant que l’attentat en lui-même! La morale de cette anecdote est qu’une mauvaise évaluation du risque, souvent causée par une réaction trop émotionnelle ou par un biais cognitif, nous pousse à prendre de mauvaises décisions qui ont parfois de graves conséquences.


Selon l’auteur, l’humain possède deux systèmes de décisions : l’instinct, qui est rapide, mais souvent trop émotif et irréfléchi, ainsi que la raison, qui est plus rationnelle, mais prend plus de temps à opérer et est souvent influencée par la réaction initiale de l’instinct.

Ensuite, Gardner énumère certains des plus importants biais cognitifs de l’humain, lesquels contribuent à fausser l’évaluation du risque. Il y a évidemment le biais de confirmation, qui consiste à accorder davantage d’importance aux faits qui confirment notre opinion qu’à ceux qui la contredisent. Il y a aussi la polarisation de groupe, qui survient lorsque plusieurs personnes partageant la même opinion se réunissent et que cela renforci leur opinion tout en la rendant plus extrême.

Des scientifique ont réalisé une expérience durant laquelle ils montrent au sujet cinq lignes de différentes longueurs sur un écran, la quatrième ligne étant sans aucun doute la plus longue. Les sujets doivent ensuite répondre à la question : « quelle ligne est la plus longue des cinq? ». Les quatre premiers à répondre étant de connivence avec les scientifiques, répondent que c’est la cinquième ligne, ce qui est évidemment faux. Malgré l’évidence, 30% des gens ignorent ce qu’ils voient et suivent le groupe en répondant que c’est la cinquième plutôt que la quatrième qui est la plus longue.

Les balises, ou heuristiques d’ajustement, sont aussi un biais répandu et souvent utilisé pour manipuler les gens. À sa mort, Gandhi était-il plus vieux ou plus jeune que 9 ans? Quel âge avait-il selon vous? En moyenne, les gens qui ont répondu à ces deux questions successivement ont estimé l’âge de sa mort à 50 ans, alors que ceux à qui ont a remplacé le 9 ans par 140 ans à la première question ont répondu 67 ans à la seconde question. La première question crée donc une balise à laquelle les gens s’accrochent, souvent sans le savoir. En choisissant bien la balise, on peut obtenir un résultat qui nous convient mieux à la seconde question. Pensez aux questions d’un sondage ou à la sentence proposée à un jury.

Les medias véhiculent souvent des statistiques vides de sens, voire même fausses. Par exemple, la fameuse statistique citée par un lecteur de nouvelles selon laquelle il y aurait 50,000 pédophiles aux États-Unis qui tentent d’entrer en contact avec des enfants. Lorsque l’on se donne la peine de remontrer à la source, on se rend compte que celle-ci a n’est qu’une vague estimation sans aucun fondement. Pourtant, elle a été reprise des milliers de fois par des journalistes, des politiciens et des organisations diverses. Notez qu’on la retrouve notamment sur le site web de l’entreprise Spectorsoft, qui vend des logiciels permettant aux parents de superviser la navigation internet de leurs enfants. Cette entreprise a tout avantage à amener les parents à surestimer ce risque en citant une statistique bidon. Même si ce chiffre n’a aucun fondement, le simple fait de le mentionner créera une balise qui pourrait vous pousser à surestimer le chiffre réel. Est-ce que le nombre de pédophiles sur internet est inférieur ou supérieur à 50,000? Quel est selon vous le nombre de pédophiles sur internet? Vous avez certainement besoin de ce logiciel pour protéger vos enfants de ce fléau, non?

Il y a aussi la règle des choses typiques. Cette règle se manifeste lorsque nous surestimons la probabilité d’une séquence d’affirmations parce que celles-ci forment une histoire cohérente. Par exemple, est-il plus probable que 1) une inondation cause 1,000 morts en Amérique du Nord ou que 2) un tremblement de terre en Californie engendre une inondation causant 1,000 morts? Le premier événement est nettement plus probable que le second (pensez-y!), pourtant 57% des gens croient que le second est plus probable parce qu’il s’insère mieux dans une histoire qui semble typique.

Autre exemple : Saddam Hussein a réussi à développer une arme nucléaire, à les remettre à des terroristes, qui ont réussi à les faire entrer aux États-Unis et à les faire sauter dans une grande ville. Cette suite improbable d’événements a réussi à convaincre les américains qu’il était légitime d’envahir l’Irak. Pourtant, chaque maillon de la chaîne est très improbable et la faille d’un seul des maillons ferait échouer le scénario, ce qui rend cette suite d’événement très improbable.

Aux États-Unis, des sondages furent effectués avant et après la sortie du film-catastrophe « The Day After Tomorrow”. Mêmes les scientifiques les plus convaincus de la gravité des changements climatiques ont qualifié le scénario de ce film de saugrenu et irréaliste. Pourtant, suite au visionnement du film, une plus grande proportion de gens se sont dits inquiets des changements climatiques. Ce résultat s’explique parce que la suite d’événements décrite dans l’histoire semble crédible à nos yeux.

Gardner réfère ensuite à la règle de l’exemple. Certains nomment ce biais « heuristique de disponibilité ». Si nous pouvons facilement nous souvenir d’un exemple de quelque chose, nous en concluons que cette chose est plus probable qu’elle ne l’est réellement. Par exemple, lorsqu’une chose s’est produite récemment, nous avons tendance à surévaluer sa fréquence ou sa probabilité. Un tremblement de terre est un relâchement de pression résultant du pliage graduel de la croûte terrestre. Géologiquement, il est peu probable que deux tremblements de terre surviennent dans une même région dans un court laps de temps car il faut du temps à la croûte terrestre pour réaccumuler la pression. Pourtant, les ventes d’assurance-tremblement de terre sont plus élevées immédiatement après un séisme, ce qui est le moment où le risque est le plus bas, et elles diminuent au fur et à mesure que le temps passe. Cela devrait plutôt être l’inverse!

La moyenne des gens croient que les accidents de la route et les maladies tuent environ le même nombre de gens. En fait, les maladies tuent 17 fois plus de gens que les accidents de la route. Les gens pensent que les accidents de la route tuent 350 fois plus de gens que le diabète alors que le véritable chiffre est 1.5 fois plus. Pourquoi? Parce que les bulletins de nouvelles sensationnalistes sont remplis d’images d’accidents routiers meurtrier alors qu’on y parle rarement (voire jamais) de gens qui sont morts prématurément du diabète. C’est la règle de l’exemple à l’œuvre…manipulée par les médias!

La dernière règle mentionnée par l’auteur est l’heuristique d’affect, qu’il surnomme la règle du bon et du mauvais. Si une chose est risquée, mais « bonne » (par exemple prendre du soleil sur une plage du Mexique), nous sous-estimons son risque (cancer de la peau causée par les radiations du soleil), alors que si cette chose est « mauvaise » (une explosion nucléaire générant des radiations cancérigènes), nous surestimons son risque. Bien que le risque de cancer causé par les radiations solaires soit beaucoup plus grand que le risque de mourir d’une explosion nucléaire, les gens estiment que le second est beaucoup plus risqué.

Aux États-Unis, les incendies causés par les sapins de noël causent 500 morts et 2,000 blessés par année tout en causant $500 million en dommages, mais comme la fête de noël est perçue comme une chose positive, nous sous-estimons ce risque.

Le radon est un gaz mortel qui émane naturellement de la terre dans certaines régions. Aux États-Unis et dans l’Union Européenne, il cause environ 41,000 morts par année. Pourtant les médias et les gens y sont complètement indifférents. La nature est perçue comme étant un « bonne chose » et les bonnes choses ne sont pas risquées. Pourtant, le radon a tué beaucoup plus de gens que les radiations nucléaires, qui sont le sujet d’un plus grand niveau de crainte auprès de la population.

La même chose s’applique aux enlèvements d’enfants, une crainte excessivement élevée chez les parents. Pourtant, en moyenne, un enfant a 2.5 fois plus de chances de se noyer dans une piscine et 26 fois plus de chances de mourir dans un accident d’auto que d’être enlevé par un étranger. Cependant, les voitures et les piscines sont des « bonnes » pour l’humain, donc les risques qui y sont associés sont sous-estimés.

C’est aussi pour cette raison qu’une étude menée par les psychologues Michael Siegrist et George Cvetkovich a démontré que les gens accordent généralement plus de crédibilité aux études scientifiques qui démontrent un danger ou un risque, qu’à celles qui démontrent qu’il n’y en a pas.

Pour une raison obscure, la couleur noire a un impact négatif sur l’humain. Dans la National Football League, les équipes portant un uniforme noir obtiennent plus de verges de pénalité que la moyenne saison après saison. Au hockey, en 1979-80, les Pingouins de Pittsburgh on porté un uniforme bleu durant les 44 premiers matchs de la saison, obtenant en moyenne 8 minutes de pénalité par partie. Ils ont ensuite opté pour un chandail de couleur noire pour les 35 derniers matchs de la saison et ont obtenu une moyenne de 12 minutes de pénalité par match, avec les mêmes joueurs et entraîneurs. Les arbitres sont des humains après tout! Et ceux-ci ont un affect négatif pour la couleur noire, ce qui fausse leur jugement.

L’heuristique d’affect se manifeste aussi dans notre perception des chiffres. Nous préférons du boeuf maigre à 75% à du boeuf ayant 25% de gras (parce que le gras est une « mauvaise chose »), même si c’est la même chose. Les gens acceptent davantage de subir une opération chirurgicale à laquelle ils ont 68% de chance de survie, que de subir une chirurgie à laquelle ils ont 32% de chance de mourir.

L’humain est généralement « aveugle aux probabilités », c’est-à-dire que nous avons de la difficulté à évaluer les probabilités, surtout lorsque nous nous fions sur notre instinct. Lorsqu’ils jouent à pile ou face, la plupart des gens croient qu’après avoir obtenu face 5 fois de suite, il est plus probable qu’ils obtiennent pile au sixième lancer, ce qui est faux.

Dans le même ordre d’idées, l’auteur relate une semaine particulière durant laquelle 5 meurtres ont été commis à Toronto. Les médias s’étaient affolés et parlaient d’une série noire, soulevant les craintes dans la population. Pourtant, avec une moyenne de 1.5 meurtres par semaine, il y a une probabilité de 1.4% que la ville de Toronto connaisse une semaine de 5 meurtres. En fait, une telle semaine devrait se produire à toutes les 71 semaines en moyenne. Cette semaine n’avait donc rien de bien extraordinaire. Il y a aussi 22% de probabilité qu’une semaine soit sans meurtre, et cela arrive très souvent. Pourtant, la une des journaux n’a jamais affiché « Pas de meurtre cette semaine! ». Le même phénomène s’observe lorsque les médias relèvent un nombre particulièrement élevé de cancer dans une ville ou un arrondissement, générant une panique irrationnelle. Plus souvent qu’autrement, ces cas ne sont rien d’autres que le fruit du pur hasard.

La plupart des gens ont une peur bleue du cancer. Nous avons l’impression que cette maladie est en forte croissance et fait de plus en plus de victimes. En fait, le premier facteur de risque de cancer est l’âge. Donc plus nous vivons vieux, plus nous avons de chance d’avoir le cancer. Et comme l’espérance de vie augmente et que la population vieillit, il est normal d’observer plus de cas de cancer. Si on ajuste les statistiques pour l’âge, on se rend compte que les taux d’incidence de cancer sont à la baisse, tout comme le taux de mortalité suite à un cancer.

L’auteur fait référence à une publicité sanctionnée par l’American Cancer Society avertissant les gens du risque de mourir du cancer de la peau en raison du soleil. Pourtant, les cancers de la peau causés par le soleil sont rarement mortels. En fait, cette publicité était financée par Neutrogena, donc l’un des principaux produits est la crème solaire.

Concernant le cancer du sein, nous entendons souvent parler de jeunes femmes qui en sont atteintes et de l’importance de lever des fonds pour la recherche contre cette maladie. En 2001, une équipe de chercheurs menée par Wylie Burke de l’Université de Washington a publié une analyse sur les articles portant sur le cancer du sein paru dans des magazines américains entre 1993 et 1997. Environ 84% des femmes atteintes du cancer du sein figurant dans ces articles étaient plus jeunes que 50 ans, presque la moitié avait moins de 40 ans. Pourtant, seulement 16% des femmes diagnostiquées d’un cancer du sein ont moins de 50 ans et seulement 3.6% ont moins de 40 ans. Celles qui courent le plus grande risque (67% des cas) sont celles qui ont plus de 60 ans; elles ne sont pourtant présentes que dans 2.3% des articles.

En 2007, un sondage réalisé par l’Université d’Oxford demandait aux gens à quel âge une femme est-elle plus susceptible d’avoir le cancer du sein? 56% des gens ont répondu que l’âge n’avait pas d’importance, alors que c’est le facteur le plus important. 9% ont répondu que c’était dans la quarantaine, 21 % dans la cinquantaine, 7% dans la soixantaine et 1.3% dans la soixante-dizaine. La réponse correcte à cette question était « 80 ans et plus », mais elle n’a recueilli que 0.7% des réponses!

Cette mauvaise perception du risque relatif au cancer du sein est presque entièrement attribuable aux médias, qui exploitent les biais cognitifs des gens pour faire du sensationnalisme.

L’autre domaine auquel Gardner s’attaque est la criminalité. À écouter les médias, le crime est un fléau de plus en plus important. En 2005, au Royaume-Uni, un sondage a démontré que 63% de la population croyait que le crime était en hausse au pays. Pourtant, entre 1995 et 2005, le taux de criminalité a diminué de 44%. Beaucoup de gens ont avantage à ce que les gens croient cela : les politiciens qui tentent d’obtenir des votes en promettant des mesures anti-crimes, les syndicats des policiers qui veulent plus d’effectifs et de budget, les ONGs en prévention de crime qui veulent des subventions et, surtout, les entreprises de sécurité et de systèmes d’alarme qui veulent faire de bonnes affaires.

Les fusillades dans les écoles ont été des événements marquants partout où elles se sont produites. Elles ont presque toujours donné lieu à des peurs irrationnelles de ces événements. Pourtant, les statistiques démontrent que malgré ces événements tragiques, mais extrêmement rares, les jeunes sont davantage en sécurité à l’intérieur des murs de leur école qu’à l’extérieur. En fait, la violence dans les écoles est en baisse de 50% par rapport à la dernière décennie et le taux de crimes sérieux est en baisse de 67%. La probabilité qu’un enfant soit assassiné dans une école américaine est si petite qu’elle ne peut être considérée statistiquement différente de zéro!

Le cancer chez les enfants est une autre chimère effrayante pour la population. Dès 1962, le cancer était la principale cause de mortalité chez les enfants, non pas parce que son incidence a augmenté, mais bien parce que les autres causes mortalité infantiles, telles que la diphtérie, ont été éliminées.

En fait, selon Gardner, la lutte contre le cancer a été soulevée par les environnementalistes qui ont réussi à rallier beaucoup de gens à leur cause en leur faisant croire que la pollution est responsable de nombreux cancers. En inculquant cette peur aux gens, les groupes écolos ont réussi à obtenir plus d’attention et de financement pour mener leurs activités.

Pourtant, ce que les faits scientifiques démontrent est que les substances chimiques synthétiques que l’on retrouve en infimes quantités dans le sang des humains ne sont pas des causes significatives de cancers. Selon l’American Cancer Society (2006), seulement 2% de tous les cancers résultent d’une exposition à une substance cancérigène provenant de l’environnement. Notez que cela inclut la pollution humaine, mais aussi les substances naturelles telles que le radon. En fait, beaucoup de végétaux que nous mangeons produisent naturellement des substances cancérigènes (café, carottes, céleris, noix, etc). Selon Bruce Ames, un chercheur sur le cancer de Berkeley, 99.99% des pesticides diététiques que nous absorbons sont naturels et la moitié de ces composés chimiques causent le cancer à forte dose. Selon lui, les substances chimiques produites par l’humain sont la cause de bien moins que 1% des cancers.

Le premier principe de toxicologie énoncé par Paracelsus au 16e siècle stipule que toutes les substances sont poison, sans exception. C’est la dose qui différencie un poison d’un remède. Ce qui compte n’est pas la nature des substances qui sont en nous, mais plutôt la quantité qui s’y retrouve. Et il s’avère que les quantités de pesticides et autres substances chimiques retrouvées dans le corps humain sont de 100,000 à 1 million de fois moins élevées que les quantités qui seraient susceptibles de causer un cancer (selon le scientifique Lois Swirsky Gold). Selon beaucoup de scientifiques, le message véhiculé par les diverses organisations environnementalistes est carrément faux et trompeur. Leurs objectifs sont davantage d’effrayer les gens que de les informer.

En fait, ce sont surtout les habitudes de vie qui causent le cancer : le tabac, l’alcool, l’obésité et le manque d’exercice (65% de tous les cancers). Il faut être critique envers les études alarmistes. Par exemple, certaines études démontrent que les gens qui vivent près des raffineries ont plus souvent le cancer. Cependant, les gens qui vivent dans ces quartiers sont généralement plus pauvres, et les gens plus pauvres pratiquent davantage le tabagisme. Une fois les données corrigées pour la cigarette, on ne dénote aucune différence au niveau des taux de cancer, raffinerie ou pas. Cependant, l’âge est le principal facteur de risque concernant le cancer, c’est pourquoi le taux de cancer est trois fois plus élevé en Floride qu’en Alaska (parce que la population y est plus vieille).

Il y a plusieurs années, un journaliste publiait un article à sensation mentionnant que le taux de cancer chez les enfants canadiens avait augmenté de 25% en 30 ans. En fait, l’augmentation est survenue entre 1970 et 1985, puis s’est arrêtée. En 1970, on dénotait 13 cas de cancer par 100,000 enfants, augmentant à 16.8 cas par 100,000 en 1985. Cependant, il faut noter qu’au cours de ces années, les techniques de dépistage du cancer se sont beaucoup améliorées et qu’un bien plus grand nombre de dépistages a été effectué. L’utilisation des ordinateurs a permis de mieux compiler, organiser et partager les données. Donc, l’augmentation du taux de cancer ne signifie pas que plus d’enfants ont le cancer, mais plutôt que plus de cancer sont dépistés, diagnostiqués et compilés dans les statistiques. Par ailleurs, en 1970, 7 enfants sur 100,000 sont décédés du cancer, alors qu’en 2000, ce chiffre avait diminué à 3, ce qui prouve que le taux de cancer n’a pas augmenté.

Dans un chapitre subséquent, Gardner s’en prend au principe de précaution. Ce principe implique que l’on doive interdire un produit ou une activité tant que nous n’avons pas la certitude que ce produit ou cette activité est sans risque. Il existe possiblement un risque que le chlore utilisé pour traiter l’eau potable cause le cancer? Cette pratique fut interdite en Amérique du Sud. Résultat? 2,000 cas de cholera.

Sommes-nous sûrs que les pesticides causent le cancer? Non, mais ce que nous savons est que si nous cesserions de les utiliser, la production de fruits et légumes diminuerait, tout comme leur consommation. Quel serait alors l’impact de cette mesure sur la santé des gens et sur les taux de cancer? Sommes-nous prêts à subir une perte certaine pour nous protéger d’un risque hypothétique? C’est ce que le principe de précaution suggère. Tel qu’énoncé précédemment, un grand nombre de composés chimiques naturels contenus dans les fruits et légumes peuvent possiblement causer le cancer, même s’ils sont produits par des techniques purement biologiques. Devons-nous bannir les fruits et légumes pour cela? C’est pourtant ce que le principe de précaution suggère.

L’une des grandes peurs du 21e siècle est certainement le terrorisme, surtout depuis le 11 septembre 2001. Cet attenta fut certes terrible, mais même en présumant qu’un tel événement survenait tous les mois aux États-Unis, le terrorisme ne serait pas un risque significatif pour l’américain moyen. La probabilité de mourir dans un attentat serait alors similaire à la probabilité de mourir dans un accident de la route.

Selon la base de données RAND-MIPT, il y a eu 10,119 attentats terroristes dans le monde entier entre 1968 et 2007, lesquels ont coûté la vie à 14,790 personnes, soit 379 morts par année. Aux États-Unis seulement, il y a à chaque année 497 personnes qui suffoquent accidentellement dans leur lit, 396 personnes qui s’électrocutent accidentellement, 515 qui se noient dans une piscine et 347 qui sont tués par des policiers.

De plus, la majorité de ces attentats sont survenus en Asie et au Moyen-Orient. Seulement 4,998 morts furent attribuables au terrorisme aux États-Unis et en Europe Occidentale entre 1968 et 2007. En fait, le terrorisme n’est définitivement pas un risque significatif pour les citoyens des pays occidentaux et il est d’ailleurs en déclin au cours des dernières décennies.

Le risque que représente le terrorisme a été grandement augmenté par les politiciens ainsi que par les lobbys des entreprises faisant partie du complexe militaro-industriel américain. Lorsque l’on s’éloigne de cette rhétorique fallacieuse, on réalise vite que cela ne tient pas debout. La fabrication d’armes de destruction massive requière des ressources financières et scientifiques très importantes, ainsi que des équipements très difficiles à obtenir. Ces armes sont hors de portée des organisations terroristes, voire même de plusieurs États.

Dans les années 1990s, Aum Shinrikyo, une organisation terroriste japonaise disposant de centaines de millions de dollar en actifs, de connections internationales, de laboratoires avancés ainsi que de scientifiques de calibre mondial formés dans les meilleures universités, a commis 17 attaques terroristes visant à tuer le plus grand nombre de gens possible. Au total, ils n’ont réussi à tuer qu’une centaine de personnes, soit beaucoup moins que les 168 personnes qui sont mortes à Oklahoma City quand un seul homme, Timothy McVeigh, a fait exploser une bombe artisanale fabriquée avec du fertilisant et de l’essence.

Selon Georges W. Bush en janvier 2002 : “le monde civilisé fait face à des dangers sans précédent (…) si nous n’agissons pas, une nouvelle vague de terrorisme impliquant potentiellement les armes les plus destructrices du monde pourrait survenir en Amérique (…) c’est le défi le plus formidable auquel notre nation n’a jamais fait face (…) la nation, voire même la civilisation sont en danger ». Il serait utile de rappeler à M. Bush que Al-Quaeda a réussi sont coup grâce à 19 fanatiques armés d’un couteau-exacto. Il va sans dire que c’est un ennemi puissant et sophistiqué…

En juin 2007, des terroristes ont tenté de commettre un attentat à l’aéroport JFK de New York. Les quatre hommes planifiaient de faire exploser un réservoir de carburant de l’aéroport. Pourtant, ils ne disposaient d’aucun contact à l’aéroport, n’avaient pas d’argent et, surtout, n’avaient pas d’explosifs en leur possession! Finalement, leur plan n’aurait pas fonctionné car selon un expert de l’aéroport, il est excessivement difficile de faire exploser ces réservoirs et même s’ils avaient réussi, l’explosion n’aurait pas pu se propager aux autres réservoirs par les tuyaux de connections comme ils l’avaient prévu. En fait, cet attentat était voué à l’échec, comme dans la plupart des cas.

La réalité est que l’administration Bush avait comme objectif de lier le terrorisme aux armes de destruction massive, ce qui justifierait de combattre Saddam Hussein. Le principe de précaution fut alors fortement utilisé par les politiciens pour justifier cette guerre contre l’Irak. Le risque de ne pas agir était présenté comme étant plus grand que le risque d’agir. Suite aux attentats, le taux d’approbation du président Bush était parfaitement corrélé au niveau de risque terroriste. Aucun politicien ne pouvait donc se permettre de déclarer que le risque n’était pas si grand. Bush a parfaitement utilisé la tactique consistant à faire peur aux gens pour ensuite leur promettre de les protéger en échange de leur vote et de leur contribution financière. Par ailleurs, le nombre de lobbyistes oeuvrant auprès du département de Homeland Security est passé de 15 en 2001 à 861 en 2004. La guerre au terrorisme est donc devenue une source de revenus importante pour les partis politiques américains ainsi que pour les entreprises impliquées. Les médias ont aussi saisi l’opportunité de captiver les auditoires en faisant du sensationnalisme. Tout ce qui indiquait que la menace terroriste était réelle faisait la une. Toute ce qui indiquait que le risque n’était pas si grand était ignoré. Ils ont ainsi créé une énorme boucle rétroactive contribuant à faire croire aux gens que le terrorisme est un risque de tous les instants.

En fait, tout cela démontre que les terroristes ont parfaitement réussi leur coup : ils ont réussi à créer une atmosphère de peur qui a mené à des sur-réactions et qui a contribué à faire avancer leur cause. L’invasion américaine de l’Afghanistan et de l’Irak a convaincus les musulmans les plus extrémistes que la cause de Ben Laden était juste; ils ont donc joint le mouvement jihadiste. En menant une « guerre contre le terrorisme », les américains ont transformé les fanatiques en soldats et Al-Quaeda en armée. En exagérant énormément l’ampleur de la chose, au point de déclarer qu’il s’agissait de la « Troisième Guerre Mondiale », les américains déclaraient implicitement que le jihad pourrait être assez puissant pour réussir à vaincre les États-Unis, ce qui fut une grande source de motivation pour ces extrémistes. Les actions de l’administration Bush ont donc fortement contribué à renforcir le terrorisme. Elles ont aussi contribué à faire des États-Unis une nation affaiblie et effrayée.

La question que Gardner pose ensuite est la suivante : est-ce que les centaines de milliards engloutis dans ces guerres auraient pu être mieux utilisés? Chaque année, la malaria tue 67 fois plus de gens que tous les gens tués par des attentats terroristes dans le monde depuis 40 ans. Cela vous donne un bon indice quant à la réponse…

L’auteur conclu son ouvrage remarquable en se demandant pourquoi les humains les plus en sécurité de l’histoire du monde (c’est-à-dire nous!) sont-ils aussi effrayés. La réponse est que le marketing de la peur est omniprésent. Les politiciens s’en servent pour obtenir des votes. Les entreprises s’en servent pour vendre leurs produits. Les activistes et ONGs s’en servent pour obtenir des dons et des subventions. Ces gens utilisent constamment nos biais cognitifs pour fausser notre jugement. Le message du livre est donc : fiez-vous à votre raison plutôt qu’à votre instinct et soyez conscients de vos biais cognitifs. Soyez critiques envers ceux qui veulent vous faire peur avec des risques surévalués. Questionnez les statistiques et demandez-vous si l’étude qui vous est présentée est réellement scientifique.

La réflexion du jour

En somme, opposer les intérêts des multinationales aux intérêts du Québec n'a de sens que si l'on ignore complètement les connaissances économiques accumulées depuis plusieurs décennies. Le but de toute entreprise demeure de générer des profits, mais cela nourrit le bien commun. Aucun profit n'est possible à long terme si l'entreprise ne répond pas aux demandes de ses clients, ne prend pas soin de ses travailleurs et ignore les communautés où elle se trouve. Quant aux profits, ils indiquent à quel point ce que produit l'entreprise répond à un besoin important aux yeux des gens.--- Michel Kelly-Gagnon

Le chiffre du jour : 17 %

Rappelons que les investissements étrangers jouent un rôle d'autant plus important au Québec du fait qu'il ne reçoit que 17 % des investissements privés réalisés au Canada. De plus, il importe de souligner même si les multinationales étrangères n'emploient que 13 % des travailleurs québécois, elles sont la source de 40 % des investissements en équipement de production. Ainsi, sans les multinationales étrangères, les investissements productifs au Québec en souffriraient.

NDLR : En effet, pourquoi les entreprises étrangères s'installeraient-elles au Québec où la liberté économique est moindre que partout en Amérique du Nord.)

22 juin, 2011

La réflexion du jour

Ainsi, pour éviter d'hypothétiques famines occasionnées par un réchauffement climatique dont les causes et les conséquences sont très incertaines, on fait aujourd'hui mourir de faim des millions de personnes. Pour se donner bonne conscience en consommant une énergie soi-disant verte, on sacrifie des vies humaines. Or, comment peut-on à la fois être paniqués en se fiant aux prévisions de quelques modèles climatiques critiqués et rester stoïques devant la misère que nous provoquons dans l'immédiat?--- Nathalie Elgrably-Lévy

Le chiffre du jour : 44 millions

Toujours selon la Banque mondiale, une hausse de 10 % des prix mondiaux précipiterait 10 millions de personnes supplémentaires sous le seuil d'extrême pauvreté (1,25 $ par jour). Depuis juin 2010, 44 millions de personnes auraient ainsi rejoint le rang des plus pauvres de la planète, portant à 1,2 milliard leur nombre total.

21 juin, 2011

Subventions : les perles du 11 au 17 juin 2011

Chaque semaine, le blogue de Mathieu Turbide et de Serge Laplante, Où vont vos impôts, publie la liste des subventions annoncées par le gouvernement.

Invariablement, cette liste contient des perles qui démontrent bien la culture de « gaspillage » qui prévaut chez nos élites politiques.

La parade des subventions continue de plus bel, mais les réductions de dépenses promises par le ministre Bachand ne sont toujours pas au rendez-vous.

Cette semaine, la perle de la perle est une subvention de 290 millions $ pour l’atteinte d’une égalité effective entre les femmes et les hommes au Québec. Le Plan d’action présente au total 102 actions dont les retombées sont multipliées par la participation des 26 ministères et de 9 partenaires. Le communiqué spécifie « La mise en œuvre de ce plan est estimée à au moins 290 M$ ». Cela ressemble étrangement à la petite caisse du PLQ dans laquelle les politiciens pigent pour financer leurs activités électoralistes.

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1 675 808 $

À WEC TOURS

ENERCON, multinationale allemande du domaine de l’énergie, implante une première usine d’éoliennes en Amérique du Nord à Matane sous le nom de WEC Tours Québec. Elle recevra sur trois ans une aide financière dans la mise en œuvre d’un plan de formation totalisant un investissement de 3 351 615 $.

400 000 $

À Laiterie Charlevoix

L’entente de partenariat permettra à l’entreprise de se doter d’un système de traitement du lactosérum hautement technologique.

10 M$

Pour soutenir l’économie sociale

Ce nouveau programme vise à soutenir les entreprises d’économie sociale qui souhaitent apporter des améliorations aux immeubles qu’elles possèdent ou devenir propriétaires de bâtiments qui sont nécessaires à leur développement et à la poursuite de leurs activités.

4 millions $

Pour accroître le nombre de femmes

Le gouvernement reconduit ce programme, doté d’une enveloppe de 4 M$ sur quatre ans, visant à accroître le nombre de femmes dans les postes de décision des instances locales et régionales dans toutes les régions du Québec en soutenant des organismes à but non lucratif et des communautés autochtones dans la réalisation de leurs projets.

3 820 403 $

À la région de l’Outaouais

Québec entend consacrer un montant de 3 820 403 $ pour financer, d’ici 2015, des actions de lutte contre la pauvreté réalisées dans le cadre d’une Alliance pour la solidarité. Ces alliances, signées entre la ministre de l’Emploi et de la Solidarité sociale et les conférences régionales des élus (CRE), permettront de développer une concertation avec les organismes régionaux, d’établir une vision commune quant aux efforts à déployer à l’échelle locale et régionale.

290 millions $

Pour l’égalité

Ce deuxième plan d’action vise l’atteinte d’une égalité effective entre les femmes et les hommes au Québec. Le Plan d’action présente au total 102 actions dont les retombées sont multipliées par la participation des 26 ministères et de 9 partenaires. La mise en œuvre de ce plan est estimée à au moins 290 M$. Fort des réalisations du premier plan d’action entre 2007 et 2011, celui-ci est plus axé sur la lutte aux stéréotypes sexuels pour agir en amont afin de prévenir les inégalités liées à la division des rôles sociaux selon le sexe.

573 642 $

À Averna

Ce soutien financier, sur 2 ans, permettra de former 336 employés, dont 160 nouveaux employés. Averna est une société d’ingénierie de test établie à Montréal. Ses activités sont axées dans les domaines des télécommunications, de l’électronique de pointe, de l’aéronautique, de la défense ainsi que de l’automobile.

50 000 $

À la Boulangerie Médard de Saint-Gédéon

Québec accorde une subvention pour la réalisation de ce projet de boulangerie artisanale. La Boulangerie Médard embauchera une quinzaine de personnes pendant la période estivale, tout en maintenant cinq emplois annuels.

500 000 $

À Célébration Lévis 2011-06-17

Versement d’une aide financière supplémentaire de 500 000 $ à l’organisme Célébrations Lévis 2011 afin de soutenir l’organisation des fêtes du 375e anniversaire de la Seigneurie de Lauzon, du 150e anniversaire de la fondation de Lévis et du 10e anniversaire de la nouvelle Ville de Lévis. Cet ajout porte à 3 M$ la contribution totale du gouvernement du Québec.

340 000 $

Pour la 7e édition du Mondial Choral Loto-Québec

Le festival reçoit cette aide pour sa 7e édition qui se déroulera du 17 juin au 3 juillet à Laval.

La réflexion du jour

Et c’est cet État-mamie-là (NDLR : le gouvernement du Québec) qui nous fait la leçon. Qui tente de protéger ses enfants-cigales contre eux-mêmes en éloignant la tentation de la carte de crédit! Pendant ce temps, la gigantesque carte de crédit de l’État-mamie, elle, est super-loadée!


À quand un programme destiné à protéger l’État-mamie contre lui-même? Et comment fonctionnerait-il?--- Mario Roy

Le chiffre du jour : 285,6 G$

L’État-mamie est en effet une cigale de trois tonnes qui chante nuit et jour accompagnée d’un orchestre symphonique de 100 musiciens et d’un chorale de 200 voix! Pour dire, le Québec est (en incluant sa part de la dette fédérale) est la cinquième nation la plus endettée au monde, après notamment la Grèce et l’Islande -ce qui nous fait une sacrée belle jambe! C’est-à-dire 285,6 milliards $ de dette publique. C’est-à-dire 94% de notre PIB. Quelqu’un a calculé que cette dette augmente de 25 millions $ par… jour!

20 juin, 2011

La réflexion du jour

Avec l'endettement des États, la question des pensions de retraite sera l'un des dossiers chauds de ce début du 21e siècle.--- Pierre Duhamel

Le chiffre du jour : 99 %

Rien n'a changé dans le secteur public où 99 % des employés de l’État jouissent d'un régime à prestations déterminées. D'où le paradoxe suivant : les employés du privé sont et seront davantage appelés à financer un régime de retraite auxquels ils ne peuvent que rêver. Les employés de 75 000 PME québécoises et 560 000 travailleurs autonomes n’ont aucun régime de retraite, à part leur contribution au REÉR et à la Régie des rentes du Québec.

19 juin, 2011

La politique québécoise en caricatures

Il m'a semblé approprié d'accompagner les caricatures de cette semaine de la caricature du futur hymne national "Ô Kébèk".


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«Ô Kébèk» --- Paroles de Raoul Duguay; Musique d'Alain Sauvageau

Kébèk c’est nous gens d’ici gens de coeur
Pays unique du nord de l’Amérique
Grand peuple uni sous le fleurdelisé
Nation qui fleurit et aspire au bonheur
Sous l’arc-en-ciel de l’amour nous chantons liberté
Au fil des jours nous gardons en mémoire notre histoire
Notre fierté notre victoire
C’est de parler français
Et de vivre ensemble en paix
Nous gardons vive souvenance de la France
D’où sont partis par un vent d’espérance
Nos chers ancêtres qui en nous ont fait naître
La soif d’un pays où règne l’abondance
Avec les peuples autochtones nous avons fait alliance
Avons appris à parler à l’Esprit de la Terre
Qui nous a fait vivre de la chair
Des fruits de la nature
Et survivre à la froidure
Kébèk c’est nous gens de toutes les couleurs
Gens venus de Grande-Bretagne et d’Irlande
Gens venus d’ailleurs prendre ici demeure
Ensemble échangeons nos savoirs nos légendes
Allons tous à la rencontre de nos ressemblances
Accueillons nos différences respectons nos croyances
Vivons heureux dans l’unité
Notre diversité
Enrichit notre pays
L’héritage de nos mères et de nos pères
C’est le courage de nous tenir debout
Ouvrir nos chemins marcher jusqu’au bout
Grandir souverains choisir notre destin
Lorsque se lève l’aurore nous entendons encore
Résonner fort dans nos coeurs la voix de nos aïeux
Dans leur parlure ils jasent entre eux
De l’avenir des enfants
Des enfants de leurs enfants
Le Saint-Laurent nage dans notre sang
Coule en nos veines mille vagues d’espoir
Notre grand fleuve berceau de notre histoire
Abreuve notre foi dans nos droits et devoirs
Comme ses eaux nourricières se mêlent à l’océan
Nous embrassons les humains venant d’autres horizons
Notre raison notre passion
Notre fraternité
Nous engagent à partager
Kébèk c’est nous aussi grands que nos rêves
De nos racines monte joyeuse sève
Quand va éclore l’iris versicolore
La vie allélouille l’hirondelle gazouille
Nous baignons dans les beautés de notre immensité
Sous les aurores boréales brame brame l’orignal
Près des bouleaux une merveille
Les ailes au soleil
Le harfang des neiges s’envole
Notre puissance c’est l’imagination
Faire en même temps l’utile et l’agréable
Bâtir un monde équitable et viable
Un monde prospère qui protège la nature
Notre culture a bon vent dans ses vastes voilures
Les lumières de nos esprits rayonnent autour de la Terre
Dans la vibrante symphonie
De notre humanité
Nous chantons : Je me souviens
Nos belles jeunesse voilà notre richesse
La fraîcheur de leurs rêves change le monde
Avec sagesse les aînés leur répondent
Nous sommes ouverts confiants et solidaires
Entre nos générations allons jetons des ponts
Entre les rives du fleuve buvons à la même eau
Avec l’ancien et le nouveau
Créons le beau pays
Le pays qu’il nous faut
Ô Kébèk
Pays de nos amours

La réflexion du jour

En réalité, le problème est qu’Hydro-Québec est un monopole d’État dont les profits servent à financer les dépenses exorbitantes d’un gouvernement provincial fiscalement irresponsable. Hydro-Québec n’a aucun intérêt à favoriser la conservation d’énergie puisque cela signifie moins de revenus pour l’État. --- minarchiste

18 juin, 2011

Le chiffre du jour : 1,2 %

En 1931, 777 017 personnes vivaient sur une ferme, ce qui représentait 27% de la population totale du Québec. En 1951, ce pourcentage avait chuté à 19,5%, puis à 3,2% en 1981, à 1,9% en 1991 et à 1,2% en 2006. Par ailleurs, cette population agricole qui représentait 20% de la population rurale en 1971, n'en représentait plus que 13% en 1981 et 5,7% en 2006, soit 90 940 personnes pour l'ensemble du Québec.

17 juin, 2011

Une pensée en équilibre

Par Louise V Labrecque

Geoffrion, Danièle , « Pensées- pour vivre au quotidien- », Éditions du CRAM, Montréal (Québec) CANADA, 158 pages, 2011.

La philosophie vécue et appliquée au quotidien, vous connaissez ? C’est l’indispensable objet de la philosophie, soit la dimension du travail journalier, critique, quotidien, dans l’expression des valeurs philosophiques, afin de donner ou redonner de l’énergie, de la vie, aux choses parfois les plus simples, voire les plus banales, de nos moments de tous les jours. La philosophie est un genre culturel particulier, indissociable de la raison, et s’expliquant ainsi concrètement dans la réalité vécue. En effet, elle demeure une dimension importante, se situant en amont de la rhétorique. En fait, il n’existe pas de vie « ordinaire » en philosophie, car à l’intérieur de toutes vies coexistent « le devenir réel », ce qui présuppose, comme disait brillamment Hegel, qu’il faille s’exercer à renoncer aux méthodes de spéculations pures, pour favoriser a contrario de nouvelles formes d’incorporation du réel au monde humain, dans la vie de tous les jours, afin de pouvoir philosopher simplement, car la vie est quotidienne, et tellement quotidienne !


Justement, je souhaite, par la rédaction de cet article, vous entretenir d’un livre intimement et entièrement associé à cette attitude philosophique : « PENSÉES pour vivre au quotidien», deuxième recueil de la très éclairée auteure et philosophe: Danièle Geoffrion, publié aux Éditions du CRAM. De toute évidence, ce livre s’inscrit dans le continuum de la publication du premier recueil « Philosopher pour vivre au quotidien - du sens et des mots -, tout en suggérant une ouverture pour aller plus loin en soi, plus profondément, afin de susciter l’envol de tout ce que l’on porte enfouis, et qui ne demande, souvent, qu’à se laisser happer par la lumière de la réalité. De plus, ce tome 2 ajoute une facette supplémentaire à la dimension individuelle, pour entrer au cœur de l’action sociale, à l’intérieur des liens étroits de la concrétude, afin de favoriser des passerelles entre ce qui constitue et conduit nos sociétés démocratiques. En effet, le philosophe pratique est celui qui capte la grandeur de toutes ces idées, afin d’y réfléchir à partir d’une démarche philosophique vécue loin des cartographies abstraites, pour mieux la transposer sur le quotidien, pour aider tout un chacun à habiter le monde avec sérénité, à réfléchir avec simplicité et intelligence, sans cultiver d’ambiguïté volontaire ou involontaire, ou autres mécanismes de défense. Ainsi, nous devenons toutes et tous des philosophes, à l’intérieur de cet objet philosophique incroyablement riche qu’est le quotidien. De ce fait, cessons d’être effrayés par la philosophie ! Bien au contraire, c’est avec une exquise simplicité, sans argumentation, complications ou autres brusqueries, que nous invite l’auteure, pourtant savante et fort érudite, à philosopher, au-delà des théories, concepts, et schémas intellectuels. C’est que la philosophie est avant tout populaire, et doit le demeurer, condition sine qua none à sa compréhension réelle. C’est ce qu’on appelle : « vivre sa pensée », et c’est ici, précisément, que ce petit livre-bijou de Danièle Goeffrion, « PENSÉES pour vivre au quotidien » prends toute son importance, en nous invitant à une méditation quotidienne par des aphorismes inspirants, puisés à même la vie de personnes réelles, et qui constitue, en ce sens, une véritable recherche d’équilibre, favorisant l’hygiène mentale de chaque instant.

En somme, il est impossible de ne pas tomber complètement sous le charme de cette invitation, tellement que cela peut surprendre, l’espace d’un instant, les esprits agités. De la même manière, ce livre invite à l’observation attentive de tout ce qui nous entoure, en particulier la nature, afin d’entrer petit à petit dans un état de contemplation bienfaisant. De plus, les instants de grâce de la vie sont également riches à noter, par exemple une marche en forêt dans le calme voluptueux, ou tout autres moments duquel nous avons le sentiment profond d’être en accord parfait avec le monde. En effet, il est bon d’apprendre à observer la nature, la manière spéciale qu’elle a de se régénérer, ses bruits familiers, son ordre naturel, ses cycles et ses saisons. La sagesse, au cœur de l’homme, est bien nichée dans sa solitude existentielle, et puise en elle-même un espoir, dont ce livre se fait un doux écho. À la lecture, et cela dès les premières pages, ne soyez donc pas étonnés de vous sentier particulièrement apaisés, conscients, et déterminés dans la découverte des pages suivantes. C’est également à la tendresse que ce livre invite, et à la paix, avec une nouvelle manière d’aborder la vie, une autre manière de respirer, de voir le monde, en embrassant un horizon plus large, et surtout plus harmonieux. Bref, un nouvel art de vivre, certes, et aussi un réel engagement, dans la libre-pensée, pour un nouveau vivre-ensemble, à l’intérieur d’une philosophie réellement humaniste.

La réflexion du jour

Non seulement faudra-t-il éponger ce déficit, mais « le régime (NDLR : le régime de retraite des employés de l'État) n’est pas viable. Nos fonctionnaires ont certes le droit d’avoir de bonnes conditions, mais il faut trouver une solution pour assurer la pérennité du régime. » --- Claire Joly, directrice de la ligue des contribuables du Québec

Le chiffre du jour : 340 M$

Alors que 58 % des travailleurs québécois ne cotisent pas à un régime de retraite, ils devront renflouer le déficit de 340 millions $ de la caisse des fonctionnaires, un régime dont la rente est indexée jusqu’au décès.

16 juin, 2011

Infantilisation des Québécois, un projet de société

Nos politiciens ne connaîtront pas de repos tant qu’ils n’auront pas entièrement infantilisé le bon peuple pour mieux le soumettre à l’esclavage de l’État.

Les projets de loi se suivent et se ressemblent en ce qu’ils visent à substituer la sagesse du législateur au libre choix des individus, prétendument pour les protéger contre eux-mêmes. En langage clair : on est trop cons pour savoir ce qui est bon ou mauvais pour nous, alors les politiciens nous imposent leurs choix.

Cette volonté de déresponsabiliser les individus en les infantilisant est à l’origine de plusieurs projets de loi, dont la Loi 25 visant à interdire la revente de billets de spectacle à profit et le projet de modernisation de la Loi sur la protection du consommateur.

Pourquoi veut-on empêcher la revente de billets de spectacle?

Le lobby de l’ADISQ prétend qu’au Québec tous doivent être égaux devant l’artiste. Il est donc inacceptable qu’un spectateur ayant des moyens limités soit privé d’un spectacle parce qu’un autre spectateur est prêt à payer plus pour ce même spectacle. Aux yeux de nos très socialistes artistes, cette situation est injuste, car elle favorise le riche au détriment du moins riche. On s’entend, l’ADISQ ne s’intéresse pas aux pauvres qui n’ont pas les moyens de fréquenter les spectacles de nos artistes même au prix régulier de 50 $ le billet plus taxes.

Mais dans la lignée des projets de loi visant à infantiliser les individus, le projet de Loi 25 est anodin à côté du projet de modernisation de la Loi sur la protection du consommateur.

On le sait, depuis le temps qu’on le dit, les Québécois, comme leurs gouvernements, sont trop endettés. Alors, les politiciens, qui endettent les Québécois au rythme de plusieurs milliards de $ annuellement, considèrent que l’endettement des individus est irresponsable.

Pourquoi sommes-nous irresponsables, mais pas eux? Ça c'est un mystère que seuls les politiciens pourraient nous expliquer.
Donc, ils proposent de modifier la Loi sur la protection des consommateurs afin d'aider les Québécois à ne pas tomber dans le panneau de l'endettement lié aux cartes de crédit.

Le paiement minimal mensuel des cartes de crédit passera de 2 % à 5 %. En quoi cela protègera-t-il les gens incapables de payer le solde de leur carte de crédit? Pour l’individu concerné, existe-t-il vraiment une différence entre prendre 80 ans ou 30 ans pour rembourser le solde de sa carte ? Le paiement minimal mensuel de 2 % ou de 5 % est le moindre des soucis de l’individu incapable de rembourser le solde de sa carte à l’échéance.

Il sera désormais défendu d’offrir un bien ou un service en retour d'une carte de crédit. Pourquoi ne pas défendre de payer par carte de crédit un produit ou un service en solde tant qu’à y être? Il est évident, il me semble, qu’un produit est soldé dans l’unique but d’arnaquer un pauvre bougre qui achètera à crédit ce dont il n’a pas besoin pour ensuite lui faire payer 20 % d’intérêt sur le solde de sa carte pour le reste de sa vie. Où la main bienveillante de maman l’État devrait-elle s’arrêter?

Québec entend aussi s'assurer que les institutions financières et les entreprises vérifient la capacité de remboursement du consommateur avant de lui accorder du crédit. De quoi je me mêle ? S’ils ne le font pas, ils en assumeront les conséquences. Il n’y a pas de meilleurs moyens de responsabiliser les individus et les entreprises.

La Loi modifiée défendra de publiciser ou de laisser entendre que le crédit peut améliorer la situation financière d'un consommateur. Bien sûr, certains marchands peu scrupuleux n’hésitent pas à arnaquer les naïfs qui s’endettent au-delà de leur capacité financière. D’ailleurs, n’est-ce pas là le problème de nos politiciens qui se laissent amadouer par les groupes d’intérêt? Mais eux ce n'est pas par naïveté, mais par intérêt, ce qui est pire. Ne serait-il pas plus efficace d’enseigner les rudiments de l’économie et de la finance dans nos écoles plutôt que de légiférer pour imposer des comportements?

Les modifications proposées contiennent plusieurs autres éléments tout aussi infantilisants dont l'octroi d'une limite de crédit plus élevée que celle demandée ou l'envoi d'offres de crédit pré approuvées. Vraiment, je me demande pourquoi le gouvernement ne propose pas aux Québécois sa propre carte de crédit. Je serais favorable à un tel projet à la seule condition que les déficits de l’entreprise soient remboursés à même les salaires des politiciens.

Il est quand même aberrant que les politiciens nous sermonnent pour que nous contrôlions nos budgets, pendant qu’eux nous endettent à vitesse grand V. Je propose donc à nos valeureux législateurs de consacrer tout leur talent à l’élimination des déficits chroniques et au remboursement de la dette. Après, j’accepterai de bonne grâce leurs sermons.

La réflexion du jour

La réduction de la taille de l'État fédéral ne suffira pas à atteindre les objectifs de réductions budgétaires du gouvernement Harper. --- Kevin Page, directeur parlementaire du budget.

Le chiffre du jour : 365 000

Le phénomène d'attrition a été surestimé, a soutenu M. Page. Le budget  supplémentaire des dépenses(NDLR : fédéral), déposé au Parlement la semaine dernière, prévoit que 6000 emplois à temps plein disparaîtront d'ici 2014, ramenant le nombre de postes gouvernementaux à 365 000.

15 juin, 2011

La réflexion du jour

Quoi qu'il en soit, cette dernière fin de semaine démontre que même si les Québécois sont les Canadiens les plus étouffés fiscalement parlant et ne peuvent peut-être plus se permettre autant de dons monétaires que leurs concitoyens d'ailleurs au pays, ils sont encore capables de donner leur temps et leur énergie à des causes qui méritent, selon leur libre choix et non celui de l'État, leur générosité.--- Adrien Pouliot

14 juin, 2011

Subventions : les perles du 4 au 10 juin 2011

Chaque semaine, le blogue de Mathieu Turbide et de Serge Laplante, Où vont vos impôts,  publie la liste des subventions annoncées par le gouvernement.

Invariablement, cette liste contient des perles qui démontrent bien la culture de « gaspillage » qui prévaut chez nos élites politiques.

La parade des subventions continue de plus bel, mais les réductions de dépenses promises par le ministre Bachand ne sont toujours pas au rendez-vous.

Cette semaine, la perle de la perle est une subvention de 11 340 $ pour l’instauration d’un nouveau service de transport par autocar entre les Îles-la-Madeleine et la ville de Québec. Pour l’amour du ciel qui peut bien vouloir voyager des Îles-de-la-Madeleine à Québec en autocar ? La bureaucratie nécessaire pour inventer une telle idiotie coûte probablement deux à trois fois le montant de la subvention.

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12,5 millions $

Pour 150 festivals

Sans l’aide de l’État combien de festivals pourrait vivre et perdurer ? Sans doute bien peu. À l’occasion du coup d’envoi de la saison évènementielle avec le Regroupement des évènements majeurs internationaux (RÉMI), présidé par André Boisclair, la ministre du Tourisme Nicole Ménard annonce le renouvèlement de l’enveloppe de 12,5 M$ pour soutenir près de 150 festivals et évènements qui se dérouleront au cours de la prochaine année.

3 948 200 $

À Aéro Montréal

Une subvention est accordée à Aéro Montréal pour la réalisation de l’initiative MACH. Ce projet, évalué à 15 M$, a pour but d’optimiser la performance de la chaîne d’approvisionnement aérospatiale québécoise afin d’augmenter sa compétitivité sur la scène internationale.

50 000 $

À l’Aquarium des Îles-de-la-Madeleine

L’aide financière permettra de soutenir le projet de restructuration, incluant notamment l’embauche d’un agent de développement des affaires.

11 340 $

À la municipalité des Îles-de-la-Madeleine

Une subvention est accordée à la municipalité pour l’instauration d’un nouveau service de transport par autocar entre les Îles-la-Madeleine et la ville de Québec, ce qui permettra à la région de la Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine de renforcer et de faciliter ses liens avec les centres urbains québécois.

205 000 $

À RIDEAU

Une subvention est versée au Réseau indépendant des diffuseurs d’évènements artistiques unis (RIDEAU) pour la réalisation d’un projet expérimental : Fréquentation des arts vivants par les élèves du secondaire.

125 000 $

À IML Innovations

Un soutien financier remboursable est accordée à l’entreprise en démarrage de Lévis, qui souhaite se spécialiser dans la conception et la fabrication de contenants de plastique à paroi mince conçus par procédé d’étiquetage par injection IML (in-mold labelling).

4 millions $

Au Grand Prix de Formule 1 du Canada

Le gouvernement du Québec investit 4 M$ par année pour la tenue de cette épreuve de Formule 1, la seule disputée en sol nord-américain en 2011.

11 millions $

Pour les organismes d’aide aux aînés

Les organismes locaux, régionaux et nationaux désireux de contribuer au mieux-être des aînés sont appelés à présenter des projets. Une enveloppe de 11 M$ est mise à la disposition d’organismes pour le financement de nouveaux projets et de ceux qui se poursuivent sur une base pluriannuelle.

188 000 $

À 4 corporations de développement communautaire

Le ministère de l’Emploi et de la Solidarité reconnait quatre nouvelles corporations de développement communautaire.

1 250 000 $

Aux FrancoFolies de Montréal

La 23e édition des FrancoFolies, le plus important festival francophone du monde, se déroule jusqu’au 18 juin 2011.

La réflexion du jour

Pendant qu'au Québec, nous trébuchons dans les fleurs du tapis et perdons un temps fou à discuter du sexe des anges, le monde évolue à la puissance mille. --- Richard martineau

Le chiffre du jour : 20 ans

Dans 10 ans, l'économie chinoise dépassera celle des États-Unis. Dans 20 ans, la Chine sera un pays riche et ultra moderne qui comptera 1,5 milliard d'habitants.

13 juin, 2011

Le Bon Prof

Louise Labrecque
David Solway, Le bon prof : essais sur l'éducation, Montréal, éditions Bellarmin, 2008, 280 p.

Le Québécois David Solway, écrivain anglophone et poète reconnu qui s’est notamment mérité en 2004 le Prix littéraire de la ville de Montréal, est l’auteur de l’essai sur l’éducation Le bon prof. Dans ce livre, on entre en conflit frontal avec la « nouvelle vérité ». En effet, en plein « renouveau pédagogique », voici un ouvrage qui décape, littéralement, et nous sort de ces tristes zones embourbées jusqu’au cou par le prêt-à-penser de la pensée unique. Le bon prof est un essai franc, porteur du goût du risque. Le ton y est rapidement donné : « La plupart des profs qui ont exercé une influence déterminante sur mon développement et dont j’ai gardé le souvenir, n’auraient sans doute pas décroché le bac dans une faculté d’éducation ».

Au fond, le débat sur le malaise en éducation, Solway en parle en allant plus loin que d’établir un simple constat de sempiternelle défaite. Il parle du plaisir d’enseigner, d’instruire, et d’éduquer. Il parle des professeurs qui ont marqué sa vie, des élèves aussi, forcément. Cependant, on devine qu’il revient de loin. L’auteur a connu le désespoir, l’enfer dont notre littérature est pavée. Il a connu une vie ingrate dans l’enseignement. Il a connu aussi un bon prof, qui, de toute évidence, l’a sauvé de ce triste théâtre d’observation d’un univers marqué par les jugements à l'emporte-pièce et la pauvreté d’esprit. Sur le plan littéraire, il a néanmoins construit tout seul cet outil de référence qu’est cet essai audacieux qu’il vient de produire.

Idéaliste, cet essai n’en est pas moins réaliste, en mettant en lumière les injustices, la violence, les mentalités entêtées et remplies de préjugés, et en déplorant l’insulte facile. Ainsi, il s’en prend avec humanité à la peur atavique de l’inégalité : « L’éducation doit humaniser ! » Ce regard bienveillant est une réelle bénédiction dans ce monde de fous plus ou moins furieux. De plus, l’éducation, c’est également la communication. La capacité de communiquer, d’écrire dans ce but, de s’objecter à la domination d’un pouvoir corrompu et soumis à un état d’esclavage hypocrite.

En effet, le système d’éducation étouffe, les élèves et les professeurs étouffent, tout cela tandis que de plus en plus de voix s’élèvent : non à la torture, non à l’esclavage, non à la répression, non au totalitarisme. Dans le monde entier, la conscience collective a eu des impacts tout de même importants. Ainsi, Solway met en lumière l’architecture de nos sociétés, notamment la société occidentale, et les malaises découlant des clivages et des débats où se pratique l’art de « couper les cheveux en quatre ». Ainsi, dit-il, « Nous aurions pu, comme peuples, comme écrivains, journalistes, poètes et professeurs, être fort différents de ce que nous sommes, si nous avions eu plus d’ardeur à défendre les injustices, si nous avions recherché la beauté et l’éloquence, au lieu de nous complaire dans la médiocrité ambiante, de bon aloi, d’un conformisme béat qui a peur de tout, surtout de lui-même. En somme, nous aurions pu être très différents si le libéralisme du XVIIII siècle avait gagné la partie. »

Aussi, Solway nous rappelle il n’est pas nécessaire de se livrer à la poésie active, c’est-à-dire écrite, pour goûter le bonheur et « la joie de l’expressivité heureuse et de l’impression profonde ». Un poème, c’est avant tout autre chose un véritable chant. D’où le fait que l’auteur nous invite à considérer l’enseignement non pas comme un exercice technique requérant mille gadgets technologiques, mais plutôt un véritable art oratoire, qui doit se vivre « a capella ».

La réflexion du jour

Des centaines de salariés du secteur public ont déclenché la grève. Réunis au centre d'Athènes, ils ont surtout dénoncé le programme de privatisations du gouvernement destiné à assainir les finances de la Grèce.

(NDLR : c'est le scénario auquel nous serons bientôt confronté, dû à l'irresponsabilité de nos politiciens qui continuent d'endetter le Québec.)

Le chiffre du jour : 13,52 %

Jeudi midi, l'écart entre le taux d'emprunt sur dix ans de la Grèce et de l'Allemagne s'est creusé de 0,21 point de pourcentage, à 13,52 %.

(NDLR : Si le Québec devait payer le même taux d'emprunt que la Grèce, le service de la dette augmenterait d'environ 30 milliards $ par année. C'est énorme! Évidemment, cela ne se produira pas du jour au lendemain, mais quand même!)

12 juin, 2011

La politique québécoise en caricatures

La réflexion du jour

En plus des indicateurs traditionnels comme le produit intérieur brut et le taux de chômage, la hausse des ventes de rouge à lèvres témoigne d'un ralentissement de la croissance économique américaine.

Le chiffre du jour

Une étude du groupe statistique américain NPD révèle également que depuis le début de l'année, les ventes de rouge à lèvres haut de gamme ont grimpé de 7 % aux États-Unis, à 185,2 millions de dollars américains. Les ventes suivent une tendance à la hausse depuis février 2010.

11 juin, 2011

La réflexion du jour

En 2007, l'hôpital se classait au bas de l'échelle pour ce qui était de l'accessibilité aux soins et des temps d'attente en chirurgie. La situation s'est renversée depuis la mise en place du partenariat avec le Centre de chirurgie RocklandMD en février 2008.---Ronald Denis, chef du service de chirurgie à l'Hôpital du Sacré-Coeur de Montréal

Le chiffre du jour

Cette augmentation de notre capacité opératoire découle directement de l'entente avec RocklandMD.


Grâce à cette entente, en trois ans, nos chirurgiens ont réussi plus de 6000 interventions ambulatoires, et ce, sans délais, dans un environnement sécuritaire dépassant les normes, doté d'un équipement à la fine pointe de la technologie.

10 juin, 2011

Les Québécois sont enfin libres

La dernière étude de l’Institut Fraser conclut que les Québécois ont retrouvé leur liberté aujourd’hui. Depuis 2009, le jour de la liberté des contribuables québécois a reculé de 7 jours. Donc, nous travaillons 7 jours de plus pour satisfaire l’appétit insatiable de l’État.




En 2011, la famille moyenne comptant deux ou plus individus paiera 35 660 $ en impôt, taxes et redevances de toutes sortes. C’est de loin le poste de dépense le plus important des familles québécoises. Le fardeau fiscal excède les dépenses de logement et d’épicerie. Malheureusement, ce montant est considérablement sous-estimé, car il exclut les dividendes de la SAQ, Loto Québec et Hydro-Québec, qui, grâce à leur monopole, augmentent leur profit sur le dos des Québécois; les frais d'administration, de plus en plus nombreux; le coût des permis pour tout et rien; et les frais payés au privé, particulièrement en santé et en éducation, pour compenser les mauvais services publics.

De 2010 à 2011, le fardeau fiscal des Québécois a augmenté de 5,14 %, plus de deux fois le taux d’inflation. C’est une augmentation 42 % plus élevée que l’augmentation moyenne des Canadiens (3,61 %). Pour un gouvernement qui s’était engagé à contrôler ses dépenses et à soumettre l’État à une cure d’amaigrissement, c’est une défaite magistrale.





En 2011, le fardeau fiscal de la famille moyenne québécoise atteindra 43,8 % de ses revenus. Seuls les Terre-Neuviens ont un fardeau fiscal plus élevé que les Québécois. Toutefois, il faut prévoir que dans peu de temps les Québécois reprendront la première place qu’ils ont perdue en 2000. En effet, contrairement aux Québécois, les Terre-Neuviens développent leurs richesses pétrolières à vitesse grand V. D’ailleurs, je crains qu’ils aient siphonné Old Harry avant même que nous en ayons terminé avec les études environnementales et les commissions parlementaires.

Quand on se regarde, on se désole. Quand on se compare, on se désole davantage.

La réflexion du jour

Il n'y a pas plus aveugle que celui qui ne veut pas voir. Leur comportement (NDLR : les députés libéraux et péquistes) dans ce dossier montre jusqu'à quel point, quand leurs intérêts partisans sont en cause, les parlementaires sont prêts à sacrifier leur responsabilité fondamentale de gardiens de l'intérêt public.

09 juin, 2011

Le caractère moral de la libre entreprise

Un excellent texte de Jacques de Guenin publié dans Un monde libre.

Libre entreprise caractère moral

Jacques de Guenin – Le 9 juin 2011. À l’occasion du concours d’essai sur le thème de la libre entreprise et du caractère moral, nous avons reçu une contribution de Jacques de Guenin, à qui a été décerné un prix honorifique. Cette contribution libérale au débat nous semble importante, et est disponible ci-dessous. Jacques de Guenin est un militant des libertés, et est l’auteur, entre autres, de Logique du Libéralisme.

La Fondation Atlas et la Fondation Templeton lancent un concours d'essais sur le thème "la libre entreprise affecte-t-elle le caractère moral ? » Elles mentionnent que l’on pourra s’inspirer des débats organisés par la Fondation Templeton sur le thème "Le libre marché corrode-t-il le caractère moral ?". Ayant examiné les papiers des treize contributeurs à ce débat, je me suis aperçu qu’un seul sur les treize avait une expérience quelconque de l’entreprise. Encore ce dernier avait-il surtout l’expérience d’entreprises spécialisées dans la finance. Cela ne signifie pas qu’ils ne pouvaient avoir des idées intelligentes sur le marché lui-même, dont ils sont des acteurs comme chacun de nous. Mais cela signifie que ce n’est guère auprès d’eux que l’on peut trouver des éclairages sur la question posée par le concours. Ayant passé l’essentiel de ma carrière professionnelle dans deux très grandes entreprises multinationales, ayant par ailleurs beaucoup fréquenté les petites entreprises pendant les quelques années où je me suis égaré dans la politique, j’ai pensé que j’avais peut-être une contribution concrète à faire sur le sujet du concours.

L'entrepreneur est celui qui observe la société autour de lui, décèle de nouveaux besoins à satisfaire et met en œuvre les moyens nécessaires pour y parvenir. C'est un créateur qui répand la richesse et fait vivre nombre de personnes moins douées ou moins audacieuses. C'est de loin le personnage le plus utile de la société et les peuples devraient lui vouer de l'admiration, ce qu'ils feraient sans doute s'il n'était dénigré par des théories fumeuses et envié par des hommes politiques moins créatifs.

L'entreprise repose sur des contrats. Au départ, quelqu'un (l'entrepreneur) pense qu'il existe dans la société un besoin latent à satisfaire, mais il n'a pas les moyens de le satisfaire seul. Il crée donc une entreprise et convainc différentes personnes de lui apporter des ressources, en leur expliquant que la vente des biens ou des services créés par l'entreprise permettra une certaine rémunération de ces ressources. Cette rémunération pourra être liée aux résultats (on l'appelle alors dividendes et ceux qui acceptent ce genre de risque s'appellent les actionnaires), ou elle pourra être définie d'avance (elle s'appelle alors intérêt, et les bénéficiaires sont les prêteurs). Ces participants sont liés les uns aux autres par des contrats. L'entreprise est alors en mesure de passer d'autres contrats, au premier rang desquels ceux qui vont lui apporter leur travail. Violer un contrat présente tellement d’inconvénients que les dirigeants efficaces trouvent beaucoup plus confortable de pratiquer systématiquement l’honnêteté.

Une entreprise ne peut être efficace que si les travailleurs s'y sentent bien. La préoccupation majeure de tout bon entrepreneur, est de faire en sorte que ce soit le cas. C'est très difficile, car chacun de nous croit volontiers que ses mérites ne sont jamais suffisamment reconnus, et les syndicats nous incitent à le penser. Dans l'entreprise privée, on y parvient pourtant, puisqu'il n'y a que 5% de syndiqués, et il n'est pas rare de voir les syndicalistes eux-mêmes demander discrètement une place dans l'entreprise pour leurs enfants. Dans la fonction publique, les patrons ont une carrière assurée, et ils s'intéressent moins à leurs subordonnés. D'où un mécontentement larvé, un taux de syndicalisation plus fort, et des grèves à répétition, dont les usagers et le pays pâtissent.

Sur un marché libre, une entreprise ne peut survivre que si elle satisfait sa clientèle et ses employés et si elle engendre plus de richesses qu'elle n'en consomme. Si un concurrent survient qui satisfait mieux sa clientèle parce que ses produits sont meilleurs ou moins chers, l'entreprise devra s'adapter ou mourir. Si les goûts ou les besoins de la clientèle changent, et ils changent souvent, l'entreprise devra également s'adapter ou mourir. Le maître mot est le mot adaptation. Malheureusement, en France, l'enseignement, les syndicats, les pouvoirs publics, tous, se crispent sur le maintien des situations existantes au lieu de favoriser les adaptations aux situations nouvelles.

L'adaptation serait considérablement facilitée par la disparition du code du travail et l'établissement de contrats spécifiques, librement négociés, entre l'employeur et l'employé, fut-ce avec les conseils de syndicats de l'entreprise. Le rôle de l'État pourrait se borner à fournir des contrats types pour aider les nombreux illettrés qu'il forme au sein de l'Éducation Nationale. Toutes sortes de contrats pourraient ainsi voir le jour, beaucoup plus adaptés aux besoins réciproques des individus et des entreprises qu'aucune législation ne pourrait les imaginer.

Cette adaptation serait aussi considérablement facilitée par la libération complète des salaires, car l'existence d'un salaire minimum empêche des centaines de milliers de gens d'accéder à l'emploi. Mais un salaire d'embauche prudent ne signifie pas un salaire figé, car il contribuerait au plein emploi, et en régime de plein emploi, la négociation entre un employeur et un salarié est favorable au salarié. Dans le système d'emploi complètement rigide que nous connaissons, où le travailleur est piégé dans l'entreprise et le patron piégé avec les gens qu'il a embauchés, le patron n'est pas incité à se donner beaucoup de mal pour garder ses employés. Au contraire, sur un marché libre du travail, et dans une situation de plein emploi, c'est le cercle vertueux : le patron est obligé de faire un effort beaucoup plus grand pour retenir les meilleurs :

- en les traitant avec considération

- en leur faisant comprendre le pourquoi de ce qu'ils font,

- en leur donnant des initiatives et des responsabilités à la mesure de leurs capacités.

Et les moins bons ont tout intérêt à faire un effort pour devenir meilleurs.

On dit que les multinationales corrompent les hommes politiques. En fait, ce sont les hommes politiques qui les pressurent. Au début, une multinationale qui s'installe investit et perd de l'argent. Dans l'exploration pétrolière, elle peut ne jamais en gagner, mais si elle vient à découvrir un gisement, il est fréquent que l'Etat modifie unilatéralement les termes du contrat initial pour augmenter sa part des bénéfices. Et comme cette extorsion sert surtout à grossir une administration inefficace, à acheter des armes, ou à alimenter la cassette personnelle de dirigeants corrompus, les vrais pauvres n'en voient pas la couleur.

La plupart des multinationales ont un code d'éthique qui permet aux responsables locaux de savoir ce que le groupe attend d'eux. Voici quelques extraits du code d'EXXON, la plus grande société pétrolière du monde :

"La politique de notre groupe est bien entendu d'appliquer strictement toutes les lois qui lui sont applicables.

Mais il ne s'en tient pas là. Même lorsque la loi est souple, EXXON choisit la voie de la plus haute intégrité. Les coutumes, les traditions, et les mœurs, varient d'un endroit à l'autre, et il doit en être tenu compte. Mais l'honnêteté n'est sujette à critique dans aucune culture…

Une réputation fondée de conduite scrupuleuse dans les affaires est pour la société un actif qui n'a pas de prix…

Nous sommes sensibles à la façon dont nous obtenons nos résultats. Nous comptons sur le respect de nos standards d'intégrité d'un bout à l'autre de l'organisation. Nous ne tolérons pas qu'un membre de l'organisation obtienne ses résultats au mépris de la loi ou par des actions non scrupuleuses….

Nous ne voulons pas de menteurs parmi nos managers, qu'ils mentent dans le but erroné de protéger la compagnie, ou pour se mettre en valeur. L'un des dommages les plus graves commis par un manager lorsqu'il dissimule de l'information, est qu'il envoie ainsi un signal à ses collaborateurs : le signal que les politiques et les règles de la société peuvent être ignorées lorsqu'elles sont gênantes. Ceci est de nature à corrompre et à démoraliser une organisation. Notre système de management ne peut se passer de l'honnêteté…"

Ce code est distribué à tous les membres du groupe, et les cadres sont tenus de le signer. Certains pensent que c'est un paravent. Ils se trompent lourdement. Des directeurs ont été licenciés parce qu'ils avaient donné des pots de vin pour avoir des contrats. J’ai été moi-même pendant quelques années responsable de son application en tant que contrôleur d’une filiale du groupe. Si j'avais laissé passer des manquements à l'éthique du groupe, les auditeurs de la maison mère n'auraient pas manqué de le découvrir, et c'est moi qui aurait été licencié.

Il y a la même proportion de gens honnêtes et de gens malhonnêtes dans l’entreprise que partout ailleurs. Mais dans la libre entreprise, soumise à la concurrence, la survie de l’entreprise exige de ses dirigeants et de ses employés des comportements moraux. S’ils ne sont pas honnêtes en entrant dans l’entreprise, ils apprennent à le devenir.

Le chiffre du jour : 2,4 %

La croissance de l'économie québécoise devrait afficher un léger ralentissement en 2011 après avoir atteint un sommet au début de l'année, selon les dernières Perspectives provinciales de Services économiques RBC. On prévoit que le PIB réel augmentera de 2,4 %, légèrement sous l'estimation de 2,8 % pour 2010.