Chaque Québécois doit plus de 34 000 $ au provincial seulement

Vaut mieux en rire!

Avant de couper des centaines de millions dans les services, est-ce qu’on peut avoir les services ? - Michel Beaudry

27 mai, 2008

Éducation : le décrochage scolaire

Le décrochage scolaire est devenu un phénomène qui semble échapper à tout contrôle. Depuis plus de dix ans, le ministère de l’Éducation prétend vouloir enrayer ce fléau, mais la situation continue d’empirer.

Les principales causes sont connues depuis bel lurette : la pauvreté, la pénurie de ressources professionnelles et une mauvaise organisation du travail.

La pauvreté relative des Québécois est due à une économie anémique. Il suffirait de créer un environnement économique plus libre pour enrichir l’ensemble de la société et réduire le nombre de pauvres.

Depuis plus de dix ans, les coûts du système d’éducation augmentent alors que le nombre d’élèves diminue. Le ministère et les commissions scolaires embauchent de plus en plus de bureaucrates au détriment de l’embauche de ressources professionnelles dédiées à l’accompagnement des enfants.

Finalement, la rigidité des conventions collectives empêche une organisation efficace du travail. La priorité syndicale consiste trop souvent à imposer des mesures d’inefficacité dans le but non-avoué d’acquérir plus de cotisants.




Source: LCN

Pierre Duhamel - Les blogues de L'actualité


Le problème économique numéro 1 du Québec
May 26, 2008, 9:12:52 AM Pierre Duhamel


Non compétitivité de pans entiers du secteur manufacturier ? Insuffisance des investissements privés ? Trop peu d’innovation ? Faible productivité ? Maigre relève entrepreneuriale ? Problème de recrutement de la main-d’œuvre ? Je serais tenté de répondre « toutes ses réponses » si on me demandait d’identifier le principal bobo de l’économie québécoise. Je crois néanmoins que LE problème est plus simple et plus facile à trouver.


Le Journal de Montréal titre aujourd’hui « Jusqu’à 85 % d’abandons » dans les écoles secondaires du Québec. Voilà LA catastrophe. Le phénomène qui minera l’économie du Québec et qui aura les plus fâcheuses conséquences sur notre niveau de vie.


Alors que nos entreprises commencent à manquer de main-d’œuvre, il y a une dizaine d’écoles au Québec où plus des deux tiers des élèves ne terminent pas leur secondaire. Le tiers des élèves décrochent dans près du tiers des écoles secondaires publiques du Québec. Le taux de décrochage atteint 31 % chez les garçons.


Il y aura 350 000 postes vacants au Québec dans une vingtaine d’années, mais il y aura des dizaines de milliers de personnes qui n’auront pas la formation suffisante pour obtenir ces emplois.


Que va-t-il arriver ? D’abord un gâchis humain. Surtout, la tentation sera énorme pour les entreprises d’aller développer et construire ailleurs qu’au Québec.

26 mai, 2008

Qu’on mette vite ce rapport sur une tablette!

André Dorais

Le rapport final de la Commission Bouchard-Taylor, sur les accommodements raisonnables envers les groupes minoritaires, suggère au gouvernement d’imposer davantage les contribuables pour financer une panoplie d’organismes qui les sensibiliseraient à la tolérance et à la diversité. On suggère également de mettre sur pied un Office d’harmonisation interculturelle, un «Fonds d’histoires de vie des immigrants», une instance leur permettant de formuler des plaintes contre les ordres professionnels, des mesures ici, des déclarations là et, bien sûr, d’autres comités de discussion.

Pratiquement chacune des 37 recommandations de ce rapport exige des coûts additionnels pour les contribuables. Non seulement on ne s'en préoccupe pas, mais de par les organismes qu’on suggère de financer, ou financer davantage (Commission des droits de la personne, Conseil des relations interculturelles, Fondation de la tolérance, Institut du Nouveau Monde, Vision Diversité, etc.), on sous-entend que les québécois de souche sont des rustres intolérants qui détestent ceux qui ne leur ressemblent pas et, par conséquent, qu’il leur revient de payer la note pour corriger la donne.

Les commissaires semblent croire qu’un organisme à but non lucratif ne peut être que vertueux et cela d’autant plus s’il porte un nom évocateur. Faut-il rappeler que ces organismes vivent en grande partie, si ce n’est en totalité, à même l’argent des contribuables? Faut-il rappeler que le nom qu’ils portent n’est ni un gage d’efficacité, ni de justice? Le gouvernement a-t-il vraiment besoin de soutirer plus d’argent aux contribuables afin que ces organismes puissent leur donner des leçons de morale?

Ces recommandations, si elles sont suivies par le gouvernement, non seulement vont coûter cher aux contribuables, mais elles risquent d’attiser la division sociale tout en passant à côté de l’essentiel, soit de favoriser l’emploi et l’intégration. C’est l’inévitable résultat de s’en remettre à l’État pour rendre service. En effet, le véritable problème ne provient ni des minorités, ni de la majorité, mais de la mainmise de l’État sur des services qui devraient être laissés au secteur privé. Il ne suffit pas de qualifier sa discrimination et ses subventions de positives ou de collaborer avec des organismes aux noms évocateurs pour accroître la coopération sociale. Un individu qui vole A pour donner à B aide celui-ci, mais n’augmente pas la coopération sociale pour autant. Cette règle élémentaire s’applique autant aux individus qu’aux gouvernements. Il est dommage de constater, encore une fois, qu’on semble incapable de tirer cette conclusion.

22 mai, 2008

La palabre, une priorité québécoise

Benoît Aubin compare les Québécois à l’empereur Néron qui composait des poèmes à la lumière de Rome en flamme.

En effet, plutôt que de s’attaquer aux problèmes auxquels le Québec est confronté (santé, éducation, voirie, gouvernance municipale, etc.) nous préférons les grands débats existentiels : Montréal s’anglicise, les Français ne nous aime plus, les intellectuels Taylor-Bouchard nous méprisent, etc.

La palabre c’est moins fatiguant, mais c’est aussi moins efficace.
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Un peu de sérieux, s.v.p.

Benoît Aubin, Journal de Montréal, 22/05/2008 09h02

Vous connaissez l'image de Néron, l'empereur dodu de la Rome en décadence, qui jouait de la lyre et cherchait des rimes sur son balcon, éclairé par les brasiers de sa capitale en feu?

Nous ne sommes pas des empereurs; Hochelag', ce n'est pas Rome, et, vu que les grandes vacances approchent, le Québec n'est pas vraiment en feu non plus.

Mais, quand même. Pendant qu'ici, le prix de l'essence s'enflamme, que les viaducs mal construits s'effondrent, pendant que les urgences débordent et que des pans entiers de l'économie font comme les viaducs, et s'effondrent, de quoi parlonsnous, sur le ton empressé de gens qui débattent de mesures pour contrer des menaces d'une extrême urgence?

Ici, au Québec des Québécois, nos politiciens ne laissent pas ces broutilles économiques, ces avatars administratifs, nous distraire des vrais enjeux, non mô'sieur.

Nous, ici, Québécois du Québec, nous gardons les yeux sur les vraies priorités prioritaires de tous les Québécois et Québécoises, de vieille souche, de moyennement vieille souche et Québécois et Québécoises de bouture plus récente. Nous parlons des vraies affaires importantes, oui madame, les vraies affaires. Ça occupe, ah ça oui.

D'abord, il a fallu régler le cas de cette Michaëlle Jean. Les Français qui croyaient avoir affaire à une jeune et jolie Québécoise, une vedette de la télé locale, polyglotte, multiculturelle, et charmante comme tout! Grâce à la vigilance du Bloc, Mme Jean fut exposée pour ce qu'elle est vraiment: une potiche vice-royale, suppôt de Babette 2, le faire-valoir de la monarchie britannique, une institution anachronique et antidémocratique.

Les oies du Capitole, ou plutôt le PQ et l'ADQ, ont ainsi pu éventer un complot machiavélique tramé par une puissance étrangère qui veut notre perte, le Canada, qui tentait de s'approprier notre 400e anniversaire - sous le fallacieux prétexte que Québec est une ville canadienne, et qu'Ottawa paie la moitié du coût de la fête.

Cette périlleuse mission de sauvetage en eaux internationales menée à bien, les protecteurs et protectrices de notre nation québécoise n'ont pas un moment pour souffler qu'un autre péril, plus grave, plus urgent encore requiert leur attention immédiate.

ILS PUBLIENT UN RAPPORT!

C'est que, dès ce matin, deux vieux intellectuels, dont un anglophone, potentiellement fédéraliste, vont publier un texte!

Les forces vives du Québec sont déjà en alerte, heureusement. Demandera-t-on aux Québécois de vider le Québec pour les remplacer par d'autres? demande Mario Dumont. Nous ordonnera-t-on de faire de «l'aplatventrisme»? renchérit Pauline Marois? Les deux intellectuels feront-ils de nous des Elvis Gratton? On ne rit pas...

Maintenant que l'opinion publique est bien alertée des enjeux et des embûches qui se cachent dans les pages de ce pernicieux rapport, apprendrons-nous, aujourd'hui même, de quelle manière la constitution canadienne protège les conjurés intégristes qui veulent proscrire les oreilles de crisse dans le YMCA de Hérouxville?

LE DROIT DE PAROLE

Sur une question plus badine: au Journal, nous croyons fermement à la liberté de parole et d'opinion. Alors, nous ne dirons jamais à personne de se taire.

Cependant, nous aurions parfois le goût d'enjoindre à nos hommes et femmes publics et publiques de faire montre d'un peu plus de sérieux - et de résister à la tentation de faire de la démagogie à bon marché sur des sujets sensibles et potentiellement explosifs.

21 mai, 2008

Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué?

Une étude de PricewaterhouseCoopers dénonce la complexité inutile du régime fiscale canadien. Cela génère des coûts considérables pour les entreprises et nuit à leur compétitivité. Les entreprises qui ont répondu à l'enquête ont déclaré un coût annuel moyen de 2,1 millions de dollars au titre de l'observation fiscale. Elles y ont consacré une moyenne de 19 863 heures, ce qui correspond à 2 483 journées de travail de 8 heures, soit l'équivalent de 11 employés à temps plein affectés uniquement aux questions d'observation fiscale.

Le régime fiscal canadien est dominé par le besoin viscéral des politiciens d’intervenir dans l’économie. Les interventions politiques sont toujours justifiées sous prétexte de coordonner, guider et corriger les forces du marché. Pourtant, il ne manque pas d’exemple pour démontrer que les interventions politiques sont plutôt nuisibles qu’utiles. En réalité, le pouvoir d’intervention des politiciens dans l’économie leur permet de manipuler les règles en faveur du parti au pouvoir.

La mise en place d’un régime fiscal à taux unique (flat tax) permettrait d’éliminer une bonne partie des coûts et des lacunes du régime actuel.
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L'enfer de la bureaucratie fiscale
13 mai 2008 - 06h37
La Presse
Claude Picher


Les entreprises canadiennes peuvent être assujetties à pas moins de 49 taxes et impôts différents.

À cela s'ajoutent 18 sortes de cotisations et autres taxes, ainsi qu'une pléthore de dispositions fiscales mises en place par les administrations provinciales. En plus des taxes et impôts que nous venons de voir, une entreprise qui fait affaire partout au Canada doit tenir compte de plus de 200 dispositions fiscales.

Ces chiffres sont extraits d'une étude publiée hier par la société PricewaterhouseCoopers (PwC), effectuée pour le compte du Conseil canadien des chefs d'entreprise, un organisme qui regroupe les dirigeants des plus grandes entreprises canadiennes (1).

Cette avalanche bureaucratique coûte cher.

Les entreprises doivent évidemment affecter des ressources à la production de leurs propres formulaires fiscaux, mais ce n'est pas tout. Elles sont aussi tenues de percevoir un certain nombre de taxes et d'impôts auprès des clients et fournisseurs, et d'effectuer les remises appropriées à l'État.

Il en va de même pour les impôts retenus à la source sur les salaires des employés, et des cotisations sociales (assurance emploi, Régie des rentes). Il faut aussi tenir compte des paiements obligatoires à l'État: redevances, permis, droits. Les sommes dépensées pour organiser, calculer, percevoir et verser tout cela sont considérables.

L'enquête de PwC porte sur 39 entreprises, mais pas n'importe lesquelles. La plus petite a un chiffre d'affaires de 500 millions; la plus grande, de 17 G$. Le chiffre d'affaires combiné de ces 39 répondants se situe à 187 G$. Parmi eux, 32 sont inscrits à la Bourse de Toronto, et leur capitalisation boursière totale dépasse les 700 G$.

Chacun des répondants devait remplir un questionnaire détaillé, ce qui a permis aux spécialistes de PwC d'établir des chiffres précis: en moyenne, les entreprises interrogées doivent consacrer 2483 journées de travail de huit heures à la bureaucratie fiscale. En tenant compte des salaires, avantages sociaux, achat d'équipement, bureaux (location, entretien, assurances, etc), tout cela leur coûte en moyenne 2,1 M$ par année.

On dira que ce n'est pas beaucoup compte tenu de leur taille (le chiffre d'affaires moyen des répondants est de 4,8 G$), mais ce n'est pas tout.

L'enquête portait uniquement sur les très grandes entreprises, mais toutes les entreprises, y compris les petites et les moyennes, sont aux prises avec le même problème. Les répondants représentent environ 15% de la taille de l'économie canadienne.

L'étude de PwC ne fournit pas de projections à l'échelle nationale, mais on peut raisonnablement supposer, à partir de cet échantillonnage, que l'ensemble des entreprises canadiennes doit consacrer entre 500 et 600 M$ en bureaucratie fiscale. Cela commence à faire pas mal, d'autant plus qu'il s'agit d'une dépense particulièrement stérile.

Mais, au fond, n'est-il pas normal que les entreprises consacrent des ressources à produire leurs documents fiscaux et à percevoir les impôts? N'est-ce pas la même chose partout ailleurs?

Réponse à la première question: oui, c'est tout à fait normal.

Réponse à la deuxième: on en saura beaucoup plus d'ici quelques mois, mais il semble déjà que le Canada se distingue assez nettement par la complexité de son régime fiscal, et les coûts qu'il engendre. J'ai bien écrit «il semble», parce que ce genre de recherche en est encore à ses premiers pas.

Ainsi, par son ampleur et sa rigueur, cette enquête est une première au Canada. Elle utilise une méthodologie mise au point par le bureau britannique de PwC qui a entrepris, il y a trois ans, de mesurer le poids de la bureaucratie fiscale.

Résultats: comparativement aux 49 taxes et impôts différents qui compliquent la vie des entreprises canadiennes, le Royaume-Uni n'en compte que 22; en outre, les tracasseries fiscales des administrations locales y sont pratiquement inexistantes. Comparativement aux Britanniques, les Canadiens sont hors jeu.

Prix de consolation: PwC, qui a des bureaux dans plus de 150 pays, a aussi fait l'exercice pour l'Australie, pour constater que ce pays a un régime fiscal aussi compliqué que le Canada.

Pour l'instant, c'est tout ce qu'on sait, mais la grande question est de savoir comment le Canada se compare à son principal concurrent, les États-Unis. L'enquête américaine est présentement en cours, et ses résultats devraient être publiés d'ici cinq ou six mois.

Selon Tom O'Brien, associé principal aux Services fiscaux de PwC et responsable de l'enquête au Canada, il se peut que les résultats américains soient moins encourageants qu'au Royaume-Uni, principalement en raison de la variété des dispositions fiscales dans les 50 États.

En revanche, à tout considérer, le système américain ressortira probablement comme moins complexe qu'au Canada. Nous saurons donc l'automne prochain dans quelle mesure la complexité du régime fiscal canadien nuit à sa compétitivité.

Devant l'intérêt suscité par ce genre de recherche, PwC a aussi entrepris des enquêtes similaires en Afrique du Sud, Allemagne, Belgique, France, Inde, Irlande, Pays-Bas et Suisse. Au fur et à mesure que les résultats seront publiés, nous pourrons établir des comparaisons internationales de plus en plus complètes.

(1) Pour un accès direct et gratuit au document de 44 pages (en français), cliquez sur ce clien: www.pwc.com/ca/fra/ins-sol/publications/ttcfra0508.pdf

19 mai, 2008

Il n’y a pas de « free lunch »

Les Québécois supportent un fardeau fiscal plus élevé que la plupart des Canadiens et sont plus pauvres.

Y aurait-il un phénomène de cause à effet?
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Julien Béliveau
Moins riches, les Québécois, mais plus taxés quand même

À partir du Jour de l’An, le contribuable recommence à travailler pour payer sa facture d’impôts, ce qu’il fera assidûment pendant plusieurs mois et ce n’est habituellement qu’au cours de la période estivale qu’il peut enfin se dire en recevant son chèque de paye, «de moi, à moi». La plupart des contribuables d’ici sont au courant qu’ils paient plus d’impôts que la plupart des autres Canadiens, mais gagnent-ils au moins autant?

Au cours de l’automne, Québec et Ottawa nous ont proposé un profil des contribuables québécois et canadiens pour l’année 2004. Les Québécois s’enrichissent-ils? Pour la presque totalité de nos concitoyens, pas vraiment. Et lorsqu’on examine les données fiscales de l’ensemble du Canada comparativement à la situation québécoise, pour paraphraser négativement l’adage populaire, «on se désole», c’est le cas de le dire.

D’abord, ces données nous rappellent que 40% des contribuables d’ici ne paient pas d’impôts. Par contre, on retrouve à peu près le même ratio dans le reste du Canada. Donc, rien de scandaleux et «on se console» pour une fois. Mauvaise nouvelle cependant, cette strate s’accroît de 4,5% annuellement au Québec, alors que les « productifs » eux, n’augmentent en nombre que d’un peu plus d’un pour cent.

Pour la suite des choses, la comparaison avec les autres provinces montre une nette détérioration. Au Québec, un citoyen sur deux gagne moins de 30 000 $ par an. Ouch! Et pire encore, un tiers des contribuables gagnent moins de 50 000 $. Bref, au Québec, seulement 15 % des contribuables gagnent au-delà de 1 000 $ par semaine. Rien de surprenant que les banques alimentaires déclarent devoir accueillir désormais de plus en plus de gens qui travaillent…

Non seulement on gagne moins qu’ailleurs au Canada, mais pire encore, le Québec pige plus profondément que la plupart des autres provinces dans les poches de ses citoyens. Pour des gains imposables de 30 000 $ (ce qui donnerait des gains bruts de l’ordre probable de 40 000 $), vous allez payer 50% de plus que votre concitoyen d’Ontario et si vous êtes un des « riches » qui déclarent des gains imposables de 50 000 $, au bout d’une année, vous paierez 65 % de plus que si vous habitiez à Hawksbury. Ce n’est pas peu dire! La pression ne se relâche qu’à partir des gros revenus annuels. Si vous déclarez 200 000 $ de gains imposables, vous ne paierez que 24% de plus qu’en Ontario. Des peanuts, quoi!

On parle bien souvent des «riches». Combien en compte-t-on au Québec? Si on établissait ce seuil tant envié et décrié à, disons, 200 000 $ par an, approximativement 30 000 contribuables québécois atteindraient ce statut. Par contre, ils vont payer bon an, mal an, plus d’un milliard au trésor québécois.

Si le 1/10 de 1% de la population canadienne qui est vraiment riche (les super riches) gagne annuellement en moyenne près de trois millions, aux «États», la moyenne équivalente s’établit à près de dix millions…Heureusement que les deux monnaies sont maintenant à parité, autrement la comparaison serait vraiment odieuse.

L’étude canadienne note par ailleurs que les revenus de la classe moyenne, celle qu’on tord fiscalement jusqu’à la corde, ont stagné au cours des 25 dernières années. Par contre, les riches, les vrais riches et les super riches le sont encore plus. L’adage que les bien nantis s’enrichissent est donc fondé.

La conclusion de tout cela : quand un politicien (j’inclus bien sûr le féminin) vous offre un bonbon, s’il ne vous dit pas à qui il va enlever son nanan, c’est qu’il a l’intention de piger dans vos poches et vous le faire payer. Comme le disent les Anglais, le lunch gratuit, ça n’existe pas, car on finit toujours par payer la note. Dito en politique : le cadeau politique n’existe pas, donc inutile de dire merci au bon ministre.

18 mai, 2008

Le Québec qui tombe

Les extraits du livre « La France qui tombe » de Nicolas Baverez (éd. PERRIN) sont fascinants. Il décrit bien le gouffre dans lequel la France est tombée. Si on exclue les fonctions spécifiques à un État souverain (défense, diplomatie, etc.), le diagnostique de Baverez pour la France est en tout point applicable au Québec.
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Nicolas Baverez, L'Express du 04/09/2003

Le livre qui épingle Chirac et Raffarin

En librairie le 11 septembre, La France qui tombe (Perrin) est un essai majeur sur l'actuelle crise française. Dans le quatrième chapitre, Quieta non movere (Ne réveillez pas ce qui dort), Nicolas Baverez dresse un bilan intraitable de l'action menée par le président et son Premier ministre. Extraits

Descartes soulignait que «l'erreur est toujours volontaire». De fait, qu'il s'agisse des individus, des entreprises ou des nations, le déclin n'est jamais fatal, mais toujours voulu et programmé. [...] L'obsolescence du positionnement diplomatique et du concept stratégique, la décomposition des institutions, l'anémie de la démocratie, la maladie de langueur qui mine l'économie française ne résultent que marginalement des chocs de la conjoncture mondiale ou des tensions géopolitiques. Elles renvoient principalement au choix délibéré du statu quo et à de multiples erreurs politiques. [...]

D'abord, aucun gouvernement ni aucune formation politique n'a élaboré ou engagé un projet global et cohérent de modernisation, se proposant de réformer en profondeur le pays pour l'adapter au nouvel environnement né de l'après-guerre froide et de la mondialisation. Au lieu d'expliquer la situation réelle de la France, de favoriser la prise de conscience des citoyens pour les convaincre de la nécessité du changement, l'essentiel du discours politique a été consacré à l'éloge de l'immobilisme au nom de l'excellence de l'exception française. La préférence pour la démagogie est la chose la mieux partagée entre majorité et opposition. [...]

Ensuite, les réformes limitées qui ont été engagées ont répondu à [...] la ligne électorale du mieux-disant démagogique, orientée vers les services des clientèles respectives. A gauche, à travers la hausse parallèle des effectifs (320 000 postes de fonctionnaires ont été créés entre 1997 et 2002) et des rémunérations de la fonction publique, et à travers des conquêtes sociales fictives dont les 35 heures sont le symbole. A droite, grâce à la bride lâchée aux revenus des professions médicales (progression de 7% en 2002, ciblée vers les honoraires médicaux qui représentent plus de 17 milliards d'euros) ou à des baisses d'impôts couplées à une accélération des dépenses publiques: d'où une explosion des déficits qui ne pourra être endiguée que par de nouveaux prélèvements. [...]

Enfin, [...] les tentatives opérées pour modifier la régulation du secteur public [...] ont systématiquement échoué. Quatre raisons majeures se cumulent pour expliquer ces revers: l'absence d'engagement ferme du chef de l'Etat ou du Premier ministre pour appuyer les réformes; le refus de toute réflexion préalable sur la redéfinition des missions de l'Etat avant d'aborder la question de la réaffectation des moyens; la volonté de privilégier un dialogue interne entre les responsables politiques et syndicaux, en tenant à distance les leviers extérieurs, et notamment l'opinion; le caractère technocratique et sectoriel des mesures envisagées, qui ont été rapidement contrecarrées par les oppositions corporatistes. [...]

Dans le domaine des fonctions régaliennes de l'Etat, le salutaire effort de rétablissement de l'ordre public a permis d'endiguer la hausse de la délinquance de proximité, mais a connu un spectaculaire coup d'arrêt en Corse. En inscrivant son action dans la continuité des funestes accords Matignon, le gouvernement a commis trois erreurs qui expliquent la sanction du référendum du 6 juillet 2003. D'abord, considérer que la question corse est exemplaire de la décentralisation alors qu'elle relève avant tout du rétablissement de l'ordre public [...]. Ensuite, nouer une alliance avec les groupes terroristes et mafieux autour de l'échange entre d'une part une garantie de représentation à l'assemblée unique et une dotation de 2 milliards d'euros à répartir entre eux et les élus, et d'autre part une réduction du niveau de la violence. Enfin une question biaisée, qui obligeait les partisans du maintien dans la République à joindre leurs voix à celles des poseurs de bombes, qui n'ont pas manqué de manifester leur dépit par un déchaînement de violences. En réalité, [...] l'électorat corse a rétabli le sens de la consultation, en substituant à la question de façade du changement de statut la question réelle de la dévolution de l'île aux nationalistes: le refus de l'assemblée unique est en réalité un vote favorable au maintien dans la République française. [...]

C'est néanmoins en matière de politique économique et sociale que la stratégie du gouvernement s'est révélée la plus incertaine, se transformant en navigation à vue, au gré des difficultés qui se sont accumulées. [...] Deux pans de l'action de l'Etat sont exemplaires de la confusion présente: l'Education et la Défense. L'Education nationale absorbe 7% du PIB, tout en produisant 12% d'illettrés, en rejetant chaque année 161 000 jeunes privés de toute qualification. La France se classe ainsi au 15e rang sur 32 dans l'OCDE pour les performances en termes de lecture. Depuis 1990, les effectifs du ministère ont progressé de 279 000 personnes, soit une augmentation de 10%, alors que le nombre d'élèves baissait de 1 million dans le primaire et de 200 000 dans le secondaire. Dans le même temps, du fait du pouvoir syndical structuré autour de l'enseignement secondaire, la France demeure le seul pays développé où le coût annuel d'un lycéen est supérieur à celui d'un étudiant (7 880 euros, contre 6 590). [...] Un nouvel exemple de la dérive du système vers le mode de fonctionnement du Gosplan soviétique a été fourni par le baccalauréat 2003, qui a connu un taux record de réussite presque voisin du «bac 68» (respectivement 80,1% et 82,07%), après deux mois de grève des enseignants. La leçon est claire: soit les résultats aux examens sont inversement proportionnels à la durée des cours, et il est urgent de diminuer les horaires et les effectifs de l'enseignement; soit la volonté de respecter à tout prix une norme fixée par avance, qui aboutit en régime de croisière à réévaluer à la hausse les résultats des académies dites sensibles, a conduit cette année à un laxisme généralisé qui prive le baccalauréat de toute valeur réelle. Comme le disait crûment Péguy, «quand une société ne peut pas enseigner, c'est que cette société ne peut pas s'enseigner, c'est qu'elle a honte».

Face à cette situation de crise, le gouvernement a choisi de supprimer les emplois-jeunes pour créer plusieurs dizaines de milliers de postes d'assistants d'éducation, puis d'annoncer, au printemps 2002, 30 000 postes supplémentaires (dont 18 000 dans le secondaire, contre 14 000 départs en retraite, alors que le nombre d'élèves diminuera de 25 000), avant de proclamer le non-remplacement des départs en retraite dans le budget de 2004, pour finalement décider en juillet de créer 4 000 postes supplémentaires. [...] Deux constats s'imposent: le gouvernement amplifie les déséquilibres et les dysfonctionnements du système éducatif. Car sa démarche épouse la logique syndicale, en s'enfermant dans une logique de moyens qui évite de s'interroger sur les missions et les objectifs de l'Education nationale d'une part, les conditions concrètes de fonctionnement des établissements scolaires d'autre part.

De même, l'indispensable relance de l'effort de défense, venant après l'absurde désarmement poursuivi par la gauche plurielle en pleine période de remontée des périls extérieurs, est en partie neutralisée par l'affectation prioritaire des nouveaux investissements à l'outil de dissuasion nucléaire, qui représente plus de 18% de l'effort global. [...] Ces choix prennent mal en compte les nouveaux risques terroristes, ce qui supposerait une refonte complète de la sécurité du territoire comme de l'articulation entre la sphère de la défense et la société civile. Dans ce domaine également, le refus de moderniser la doctrine de la dissuasion et de redéfinir l'hypothétique schéma d'armée 2015, le flou entretenu sur la défense européenne, la poursuite des investissements à fonds perdus dans des structures industrielles condamnées telles que Giat ou la DCN conduisent à dilapider des ressources rares. Avec pour résultat que les capacités opérationnelles évoluent dans un sens inversement proportionnel aux dépenses et que le mouvement de départ des officiers et sous-officiers d'avenir s'emballe.
Dans le domaine social, tout a été sacrifié au calendrier lent choisi contre la raison et le bon sens pour la réforme des retraites, dont tous les éléments étaient parfaitement connus en 2002 et à laquelle les esprits, sous le choc des élections, étaient alors acquis. [...] Pour prix d'une mini-réforme, la France s'est offert une méga-crise sociale, indissociable d'une nouvelle tétanie à l'approche des élections de 2004, dont les premiers symptômes sont patents: escamotage de la décentralisation, renonciation à tout changement au sein de l'Education nationale, remise à 2005 de la révision du système de santé en dépit de son implosion financière, report sine die du changement de statut d'EDF. [...]

Face aux deux stratégies politiques que pouvait dicter l'analyse postérieure au 21 avril, thérapie de choc du type de 1958 ou fuite en avant démagogique du type de 1981, les deux têtes de l'exécutif ont décidé en réalité de ne pas choisir, s'inscrivant dans la continuité des politiques de ni-ni inventées par François Mitterrand. Le gouvernement s'est dédoublé: aux jeunes délinquants, le privilège de la thérapie de choc; aux clientèles électorales et à la fonction publique, le bénéfice ambigu du placebo avec, sous le prétexte de ne pas bloquer la société, le parti pris de neutraliser ou de différer les réformes. L'objectif consiste à durer, plutôt qu'à présider ou à gouverner, avec en guise de principe d'action le dicton «Quieta non movere». [...] Le seul service minimum qui fonctionne est celui de l'action gouvernementale, qui se tient pour quitte vis-à-vis des Français avec la reprise en main de l'ordre public et la réforme tronquée des retraites. En réalité, le gouvernement de Jean-Pierre Raffarin n'est pas celui de la France d'en bas, mais bien celui de la France qui tombe.

Quatre erreurs cardinales expliquent cet échec. La première porte sur le diagnostic de la situation du pays, avec une confusion opérée entre 1995 et 2002: obsédé par le collapsus social du premier septennat de Jacques Chirac, Jean-Pierre Raffarin s'est trompé d'époque et de politique, cherchant à corriger sept ans après les fautes du gouvernement d'Alain Juppé. Ce faisant, il commet paradoxalement les mêmes erreurs, en ignorant la crise mondiale comme Alain Juppé était resté aveugle à la reprise, en trahissant le mandat réformateur lancé par les électeurs d'avril 2002 comme Alain Juppé avait délibérément enterré le programme de réduction de la fracture sociale. La deuxième faute consiste à avoir neutralisé la fenêtre stratégique qui s'ouvrait pour le changement au second semestre 2002, pour privilégier la popularité confortable qu'assure le renouvellement des équipes mises au service du statu quo. Or les réformes différées en période favorable font les réformes avortées en période défavorable. La troisième erreur de jugement provient du postulat selon lequel la France serait irréformable, alors que c'est le gouvernement qui est incapable de concevoir et de réaliser les réformes. La quatrième et la plus perverse consiste [...] à prétendre réformer de manière masquée, larvée. «Un prince qui a peur est renversable à tout moment», soulignait Napoléon. Comment le gouvernement peut-il convaincre les Français du bien-fondé de réformes qu'il a peur non seulement de réaliser mais même de formuler [...]? Comment un gouvernement qui ne sait ni ce qu'il veut ni où il va pourrait-il triompher des corporatismes qu'il n'a de cesse de relégitimer et qui ont du moins pour eux d'être parfaitement clairs et déterminés dans leur opposition frontale à tout changement?

La rétractation du politique dans la démagogie et la communication, au triple détriment du projet, de la pédagogie et de l'action, jointe à la montée de l'individualisme, provoque un formidable appel d'air dans lequel s'engouffrent l'extrémisme politique et le nihilisme social. [...] Le désengagement du politique a pour corollaire une radicalisation des mouvements sociaux qui basculent sans transition des fêtes ritualisées dans une violence désespérée. [...] Des fonctionnaires, détenteurs de l'autorité publique, ont ainsi impunément repris à leur compte les déviances qui étaient jusqu'alors le triste privilège des agriculteurs et des Corses. Ils ont multiplié les violences, saccagé les équipements publics, défié l'Etat de droit qu'ils sont censés incarner, récusé toute éthique professionnelle, tels les enseignants de philosophie mimant les autodafés nazis avec les livres du ministre de l'Education. De même, les quelque 170 000 journées de grève alignées chaque année par les cheminots (soit bon an mal an entre le quart et le tiers du total des jours de travail perdus du fait des grèves en France), dans une entreprise qui bénéficie de 6 milliards d'euros de subventions de l'Etat pour un chiffre d'affaires de 20,1 milliards [...], ont mis à mort le fret ferroviaire et gravement affecté le trafic des voyageurs. Les agents de la SNCF s'affirment comme les premiers fossoyeurs du service public du transport ferroviaire. Cela ne les empêche pas de s'arc-bouter sur des revendications catégorielles déconnectées des réalités économiques: un conducteur de TGV touche en moyenne 75 000 euros nets par an pour 25 heures de travail hebdomadaires, tout en bénéficiant d'une totale gratuité des soins et d'un départ à la retraite à 50 ans!

Dernier épisode en date, le conflit des intermittents du spectacle a marqué un paroxysme au point qu'Ariane Mnouchkine a pu évoquer un «suicide collectif».

La violence déchaînée pour obtenir l'annulation des festivals n'a eu d'autre effet que de briser les manifestations culturelles, de ruiner les institutions qui emploient les intermittents et les collectivités qui les soutiennent, de mettre en péril l'une des déclinaisons tangibles de l'exception culturelle française, de saper les valeurs fondatrices de la création, au premier rang desquelles le respect des artistes et du public. [...] Résultat: personne n'a traité les problèmes très réels du régime de chômage le plus favorable en Europe, qui a vu le nombre d'ayants droit progresser de 50 000 à 96 000 en dix ans au terme d'abus multiples [...] et les comptes afficher 124 millions d'euros de recettes pour 952 millions de dépenses. [...]

L'irrésistible ascension aux extrêmes de la violence sociale en France met en jeu des mécanismes et des schémas immuables. D'abord la mobilisation autour de mots d'ordre visant à «tout casser» ou à «tout bloquer». Ensuite le durcissement autour d'un noyau minoritaire qui impose une ligne extrémiste par le recours à l'intimidation et à l'idéalisation des postures de la radicalité, éventuellement contre le vote de la majorité en faveur de la poursuite ou de la reprise du travail. Le refuge dans l'idéologie et dans le culte du rapport de forces au détriment de l'intelligence de la négociation, qui suppose à la fois de redescendre des principes éthérés vers la discussion des enjeux concrets et de rentrer dans la logique démocratique du compromis. L'exaltation de la révolte au détriment de toute proposition alternative autre que le statu quo. L'appel systématique à l'Etat, non tant pour servir de médiateur ou d'arbitre que pour intervenir comme une poche profonde, sommée de mobiliser les fonds publics au service des intérêts catégoriels et corporatistes. Ainsi ces mouvements, en installant dans les esprits et les moeurs le fait que tout est possible et que tout est permis, bandent-ils en France les ressorts classiques du totalitarisme tel que le définit Hannah Arendt. [...]

La France de 2003 se présente comme le pays où, de José Bové aux intermittents du spectacle en passant par les dirigeants dévoyés d'entreprises ruinées et jusqu'au chef de l'Etat, chacun prétend agir selon sa fantaisie.

17 mai, 2008

Wall-Mart contribue à réduire l’inflation

Dans leur texte, les Investigateurs Financiers expliquent comment Wall-Mart contribue à modérer les pressions inflationnistes.

Les banques centrales (la Fed aux É.-U., la banque du Canada, la BCE en Europe, etc.) surveillent de près les pressions inflationnistes. Lorsqu’elles deviennent trop agressives, elles augmentent les taux d’intérêts pour ralentir la surchauffe économique.

On peut donc conclure que Wall-Mart aide les banques centrales dans leurs efforts pour contrôler l’inflation. Toutefois, Wall-Mart est beaucoup plus efficace que les banques centrales. Celles-ci, en augmentant les taux d’intérêts, pénalisent les consommateurs. Au contraire, Wall-Mart réduit les prix des biens de consommation au profit des consommateurs.
__________

Les Investigateurs Financiers, LesAffaires.com
16 mai 2008 à 11h01

Wal-Mart : on le déteste, et l'aime inconsciemment.

Combien de fois avons-nous entendu dire que Wal-Mart est un gros monstre qui s'attaque aux petits commerçants, qui sous-paie ses employés et qui abrutit le consommateur avec sa marchandise bon marché? Au Québec, plus particulièrement, nombreux sont les anti-walmartiens qui affirment fièrement ne jamais magasiner à cet endroit.

Mais comme dans la plupart des situations, nous avons le revers de la médaille (cette fois-ci, nous avons commencé par le côté sombre). Depuis plusieurs années, nous bénéficions de bas taux d'hypothèque, d'un marché immobilier reluisant et d'une inflation basse. Cette dernière nous a permis de jouir de meilleurs rendements boursiers. Quand l'inflation est basse, notre rendement net est plus élevé. Par exemple, si vous faîtes 10% à la bourse, vous ferez environ 8% net une fois l'inflation escomptée. Aussi, une inflation minime permet aux banques de prêter à moindre coût : la location de voiture et les paiements hypothécaires coûtent moins cher. Il existe beaucoup d'avantages à maintenir l'inflation à un bas niveau. C'est pourquoi la Banque du Canada surveille cet élément de très près.

Et oui, remercions Wal-Mart! Elle est en partie responsable de notre bonne fortune. En achetant en Chine et en forçant les fournisseurs d'un peu partout à produire à meilleur prix, elle contribue à la diminution ou le maintien des prix sur beaucoup d'articles. En effet, Wal-Mart utilise une stratégie qui s'avérait peu commune dans le passé. Elle travaille avec ses fournisseurs pour les aider à trouver des façons de réduire leurs coûts d'opération. Ainsi, Wal-Mart peut acheter à meilleur prix, pour revendre aux consommateurs à meilleur prix. Cette pratique créé une nécessairement une pression à la baisse sur les prix un peu partout. Avec des ventes de plus de 300B de dollars par an, Wal-Mart exerce à n'en poins douter une influence non négligeable.

Au Canada, nous bénéficions grandement de leur philosophie : en voulant acheter tout à meilleur prix, Wal-Mart doit nécessairement s'approvisionner de produits de la Chine. Cette dernière a besoin de beaucoup de matières premières pour produire ces biens. Et le Canada a bénéficié de cette demande grâce à la hausse importante du coût des métaux entre autres.

Beaucoup d'autres commerces ont dû baisser ou stabiliser les prix afin de survivre. Si, en tant que consommateurs, nous étions tous prêts à payer beaucoup plus cher par question de principe (encourager l'économie locale ou inciter les détaillants à payer davantage les employés), le paysage financier serait tout à fait différent. Et nous pensons qu'il serait beaucoup moins rose qu'actuellement. Qu'en pensez-vous?

16 mai, 2008

Libre marché 101

À Hong Kong le gouvernement est petit, il y a peu de pauvres. Aux Indes le gouvernement est immense, il y a beaucoup de pauvres.

Chercher l’erreur!

14 mai, 2008

La SAQ s’habille en Asie

André Dorais

Déçu de ne pas avoir obtenu le contrat des uniformes des employés de la Société des alcools du Québec, un entrepreneur de Drummondville joue la carte nationaliste et environnementale. Il fait appel à la nouvelle politique gouvernementale selon laquelle il ne serait pas «écoresponsable» de produire ailleurs ce qui peut l’être tout près, localement, par des gens d’ici. Il s’agit de protectionnisme drapé du vert écologique et d’éthique douteuse.

On ne peut pas blâmer l’entrepreneur de jouer cette carte puisque c’est l’État qui l’a mise en place. La carte est un joker, mais elle n’est pas drôle! Les ministères du gouvernement et les organismes publics doivent intégrer les notions de «développement durable» dans leurs politiques d’achat, peu importe les coûts qui en résultent. Or, la SAQ a choisi un compétiteur «étranger» et «éloigné» sur la base des coûts et de la qualité.

Dans la perspective gouvernementale, tant que les coffres de l’État sont pleins, que les contribuables soient appauvris n’a pas d’importance. Faut-il rappeler que l’État n’est rien sans les contribuables? Comment favoriser le «développement» en leur soutirant plus d’argent? Ce n’est pas parce que le gouvernement paie les uniformes qu’il n’a pas à se soucier des coûts. Il n’y a pas que l’État qui est capable de «développer» ou d’investir, les contribuables le sont aussi et d’autant plus lorsqu’on leur laisse leur argent. À trop dilapider les ressources, on risque de ne plus rien trouver de «durable».

Certes, il y a bien une préoccupation légitime d’acheter ou non d’un individu en particulier (d’une entreprise ou d’un pays) qui ne prend pas soin de son environnement comme on le souhaiterait, mais celle-ci devrait plutôt relever d’une décision individuelle. Le problème ici, c’est que le gouvernement prétend se soucier de questions morales en soutirant toujours plus de fric aux contribuables. Pour régler ses souffrances le remède est assez simple : qu’il cesse d’en être l’instigateur.

12 mai, 2008

Les Suédois, champions du modèle compétitif

À la fin des années quatre-vingt, les Suédois se rendent compte qu’ils se dirigent tout droit dans un mur. L’État providence sera bientôt en faillite si rien n’est fait pour corriger la situation.

La société suédoise constate que le modèle de « l’État-fait-tout » favorise l’immobilisme et gaspillent les ressources. Ce constat a enclenché un renouvellement majeur du modèle de gouvernance des institutions suédoises :


  • En 1992, le gouvernement crée le « Swedish Competition Authority »;

  • Rapidement, le gouvernement dérèglemente le secteur financier;

  • Les lois du travail sont adaptées au nouveau contexte prévalant dans la Communauté Européenne;

  • Les politiques économiques sont modifiées pour contrôler l’inflation au lieu d’assurer le plein emploi;

  • Les règlementations protectionnistes des secteurs de l’agriculture, de l’immobilier et du transport sont dénoncées et revisées;

  • Les monopoles d’État sont transformés en entreprise et soumis à un régime compétitif;

  • Etc.

En dix ans, l’abandon du modèle de « l’État-fait-tout » a permis à la société suédoise de retrouver le chemin de la croissance.

Les Suédois ont eu le courage d’abandonner un modèle économique qui les vouait à la stagnation. Aujourd’hui ils en récoltent les bénéfices.

L’expérience de l’Irlande et de la Suède démontre clairement que l’abandon du modèle de « l’État-fait-tout » permet de retrouver le chemin de la croissance. Malheureusement, le Québec demeure coincer dans ce modèle et perd rapidement du terrain par rapport à ces partenaires nord-américains.

(Source : Framtider 2008)

08 mai, 2008

Béchard le populiste

Le ministre Béchard veut revenir à la charge pour obliger les pétrolières à justifier les variations de prix du l’essence à la pompe.

Dans cette courte vidéo, Alain Dubuc explique pourquoi cet exercice futile et populiste doit être condamné.

De tous les ministres du PLQ, le ministre Béchard est certainement celui qui contrôle le mieux l’art de berner la population. Le nombre effarant de communiqué de presse mentionnant son nom peut laisser croire qu’il travaille très fort pour le bénéfice des Québécois. Malheureusement, il crée plus de problèmes qu’il n’en résout. Pour s’en convaincre il suffit de se rappeler les dossiers du Mont Orford et du remplacement des voitures de métro sans appel d’offre.

06 mai, 2008

L’éolien, un projet politique!

L’énergie éolienne est le « san graal » des écologistes québécois. Basé sur des considérations surtout émotionnelles et politiques, le Québec se lance « tête baissée » dans la production d’énergie éolienne. Le fait que cette énergie coûte 50% plus cher à produire que le prix payé par les consommateurs québécois est rejeté du revers de la main par les écologistes et les politiciens.

Pour les écologistes la valeur de l’énergie verte ne peut pas être quantifiée. C’est un peu comme si on essayait de quantifier la valeur d’une émotion. Les politiciens profitent au maximum des retombés médiatiques de ces projets. Il y aura au moins 1 ou 2 communiqués de presse pour chaque éolienne installées. Donc, il n’est pas opportun de questionner le bien fondé de ces projets.

Je suis d’accord avec le fait qu’enfin on bouge. Mais avant d’investir 5,5 milliards dans ce type d’énergie, j’aurais aimé avoir des réponses aux questions suivantes :

  • La société québécoise est relativement pauvre et perd du terrain par rapport à ses partenaires nord-américains. Est-ce que cet investissement majeur sera plus créateur de richesses que tous les autres projets qu’on aurait pu entreprendre avec 5,5 milliards?
  • Est-il possible de produire la même quantité d’énergie à moindre coût avec le nucléaire? Avec le gaz? Avec l’eau? Si oui, pourquoi avoir choisi l’éolien? Le gaz produit des gaz à effet de serre certes, mais ne produit pas de pollution visuelle. La raison est évidente, les écologistes auraient monté aux barricades.


Finalement, c’est la nouvelle religion écologiste qui dicte les politiques énergétiques du Québec. C’est comme si on avait déjà oublié jusqu’à quel point les religions, toutes les religions, servent à maintenir le bon peuple dans l’ignorance pour mieux le manipuler.



René Vézina
Les Affaires.com, 6 mai 2008 à 06h23
La coûteuse patente éolienne

Il manquait un élément crucial à cette annonce ronflante de 15 nouveaux parcs éoliens au Québec : préparez votre chéquier, vous allez payer pour.

Hydro-Québec va payer globalement 10,5 cents le kw pour cette électricité « verte ». Or, elle nous la vend actuellement 7 cents (aux consommateurs) et 4 cents (aux grands consommateurs, dont les alumineries).

Autrement dit, cette électricité nouvelle va sérieusement entailler les bénéfices d'hydro-Québec. Or, ces bénéfices, le Québec en a grand besoin, et le rendement d'Hydro-Québec est déterminé par la Régie de l'Énergie. Ce qui signifie inévitablement des hausses de tarifs ; et pas pour faire plus d'argent, juste pour maintenir les bénéfices actuels.

Je veux bien qu'on me parle des retombées régionales, mais dans cette logique, pourquoi ne pas inviter ici un constructeur automobile ? On lui dirait « fabrique tes voitures, on va les payer tant, et on va les vendre moins cher à tous les citoyens. L'État va payer la différence. » C'est exactement ce que l'on va offrir à ces promoteurs privés qui vont faire la passe à nos dépens.

Et dire que le Québec a eu toutes les occasions de développer plus tôt son potentiel hydroélectrique, tout aussi vert et beaucoup moins cher. Développpé par une société d'état qui nous appartient en propre. Mais voilà, toute une frange écologiste a fait du tapage pour les bloquer, ou les ralentir, au point qu'il faut maintenant, en vitesse, de nouvelles sources d'approvisionnement. Et vous savez quoi ? Les opposants d'hier sont parmi les plus ardents défenseurs de cette coûteuse patente éolienne.

Et je ne vous parle pas des chicanes qui vont surgir sur le terrain, opposant résident contre résident, puis les lignes de transmissions qu'il va falloir construire pour relier toutes ces belles tours au réseau d'Hydro-Québec, plus les pépins techniques qui vont handicaper la production (par exemple, en Gaspésie, l'hiver, du givre se dépose sur les pales et compromet leur rotation) etc. etc.

Le bordel !

J'ai souvent écrit que les citoyens qui en ont les moyens pourraient payer plus cher l'électricité - pour que l'État engrange plus d'argent et pour encourager la conservation de l'énergie. Mais là, nous allons payer plus cher sans que ça nous rapporte une cenne noire de plus.

Le mercredi 07 mai 2008
La course aux courants d'air
Paul Lavallée

L'auteur est physicien et professeur à la retraite de l'UQAM.

Si j'installe une génératrice de 1 mégawatt dans une rivière du Québec, je pourrai utiliser ce mégawatt à la Saint-Jean, aussi bien qu'à Noël ou à Pâques. C'est du solide. Mais si j'installe une éolienne de 1 mégawatt, j'obtiendrai 1 mégawatt: 1- s'il vente ce jour-là 2- si le vent n'est pas trop fort 3- s'il ne fait pas trop froid. C'est bien connu.

Quand on me vend une éolienne de 1 mégawatt, ou du moins ce que les médias rapportent comme étant 1 mégawatt, est-ce un mégawatt réel ou bien le mégawatt indiqué sur la génératrice?

La seule société à avoir exploité commercialement un champ d'éoliennes au Québec (Axor, en Gaspésie) a arrêté son exploitation car elle n'était pas rentable. Le facteur d'utilisation était de 14% seulement. Autrement dit, une éolienne de 1 mégawatt produisait dans les faits 140 kilowatts sur une année (sept fois moins que prévu). Cela avait fait la une de La Presse, il y a environ quatre ans.

Un article publié il y a un mois dans Science et Vie rapporte par ailleurs un facteur d'utilisation pour les pays européens de 18%. Donc, une éolienne de 1 mégawatt produit en réalité moins du cinquième de l'énergie promise.

Les «concepteurs» du projet éolien au Québec ont prévu un facteur d'utilisation de 41%, soit plus du double de ce que les Européens obtiennent. Cela ressemble à de l'irresponsabilité. Alors 1 mégawatt éolien, ça vaut 140kw, 200kw?

Les politiciens et les hommes d'affaires ont flairé le vent, et il est du côté de l'éolien - pour l'instant. Quand on verra les chiffres réels dans quelques années, l'éolien se sera envolé, mais d'autres politiciens auront d'autres courants d'air pour les supporter.

04 mai, 2008

L’art d’être politicien

Stéphane Laporte conclut son texte humoristique en disant : « Au fond, le meilleur des politiciens, et je le dis sans aucun cynisme, c'est quelqu'un qui travaillerait très fort en ayant l'air de ne rien faire. Bref, c'est le contraire d'un fonctionnaire. »

Malheureusement, au Québec c’est tout le contraire. Les politiciens font peu tout en ayant l’air de travailler fort. Comment pourrait-on expliquer autrement l’immobilisme du Québec alors que les ministres émettent entre 40 et 50 communiqués de presse quotidiennement? Les nombreux communiqués de presse servent à donner l’impression qu’ils sont très occupés alors que les vrais problèmes demeurent entiers.


Le dimanche 04 mai 2008
La politique de ne rien faire
Stéphane Laporte, La Presse, Collaboration spéciale

Les politiciens semblent avoir enfin compris. Rappelez-vous le Jean Charest du premier mandat. Le Jean Charest qui était prêt. Trop prêt. Il est arrivé au pouvoir en hyperactif. Coupe ici, coupe là. Change ci, change ça. Développe ci, développe ça. Wo! Wo! Wo! Non, non! On n'aime pas ça, se faire déranger de même. O.K., on l'a élu, mais c'est pas une raison pour qu'il fasse quelque chose! Relaxe, Johnny! Nous, la politique, c'est comme les révolutions: on aime ça tranquille.

Même quand Charest a parlé de baisser les impôts, on s'est rebiffé. Trouvez un autre peuple sur la planète qui refuse des baisses d'impôts? Les Québécois, oui. On est habitué à en payer plus que tout le monde, c'est parfait de même. Faut pas changer nos habitudes. La poutine, Pierre Bruneau, pis payer trop d'impôts. On aime ça comme ça. Depuis qu'on est né que c'est ainsi. On barre ça là.

Pour que l'énervé Charest comprenne bien, on l'a réélu, mais minoritaire. En le remettant au pouvoir, on n'avait pas de changement. Excellent. On haït le changement. Et en le mettant minoritaire, on s'assurait qu'il ne puisse rien faire. Car les deux autres partis pourraient le renverser dès sa première tentative de s'activer. On aurait enfin la paix.

Et ça fonctionne. Depuis que le gouvernement Charest est élu, il ne fait absolument rien. A-rien! Et on est ben. Et on est content. Tellement satisfait que Charest triomphe dans les sondages. Jean n'est pas fou. Il a tout saisi. Less is more. Moins, c'est plus. Je dirais même: rien, c'est tout. Il ne se passera rien jusqu'à la fin de son mandat. Et il va sûrement nous promettre qu'il ne se passera rien durant son prochain. Et on va le réélire. Huit ans de rien, ça ne se refuse pas!

Pauline aussi vient de comprendre. L'indépendance du Québec? On tient ça mort. C'est ben trop radical, comme changement. Un référendum? Oubliez ça! Répondre à une question, c'est trop d'effort. Le PQ aussi est capable de ne rien faire. Pauline va nous le prouver. Même si elle a quand même un peu de difficulté à atteindre le niveau coma, à ne rien proposer du tout. C'est plus fort qu'elle. C'est sa déformation de socialiste engagée. Elle a donc osé vouloir entreprendre une conversation nationale. On ne fait rien, mais on jase. On lui a fermé la boîte assez vite. Elle s'est rapidement rendu compte que les Québécois ne veulent pas jaser. À moins que ce soit de Carey Price.

Pauline n'a pas appris complètement sa leçon. Elle a encore, parfois, des réflexes de militante. Elle veut faire une nouvelle loi 101. Franchement! On en a déjà une. Pas besoin d'une nouvelle. Si on voulait du nouveau, Boisclair serait encore là. Pauline, c'est une ancienne, et c'est pour ça qu'on l'aime. Mais qu'elle garde ses anciennes affaires. Et ses anciennes lois.

Mario, c'est plus complexe. Il ne propose pas vraiment des changements, mais un retour en arrière. Sauf que même revenir en arrière, le peuple trouve ça fatigant. On ne veut pas bouger. Ni avancer, ni reculer, on veut rester là. Alors plutôt que de nous ramener en arrière, il faut que l'ADQ trouve une façon d'apporter l'en arrière où on est. Livrer le passé à domicile. Faisons-leur confiance, ils vont trouver. Après tout, ne pas bouger, c'est la meilleure façon d'être dépassé.

Il était temps que les politiciens comprennent qu'on les aime quand ils ne font rien. C'est comme les animaux. Un chien qui dort, c'est merveilleux. Un gouvernement aussi. Il n'y a rien de plus rassurant pour la nation que le ronflement de son premier ministre. On a déjà assez de préoccupations comme ça.

D'abord, les Québécois célibataires n'ont qu'une volonté, c'est de se matcher. Venez pas les achaler avec une réforme du fédéral ou un nouveau système de santé. Ce qu'ils veulent savoir, c'est si le docteur est cute ou si l'infirmière est bien roulée.

Et les Québécois en couple ont aussi une seule préoccupation: c'est essayer de le rester. Entre les chicanes, les réconciliations et les enfants, il ne leur reste plus de temps pour envisager l'avenir du Québec de façon lucide. Ils ont des courses à faire. Tout ce qu'ils veulent, c'est que tout ait l'air d'aller ben. Or, le changement crée de la turbulence, des mécontents, un débat. No way!

On est chanceux au Québec, parce qu'on a plein d'observateurs et de critiques qui veillent à notre tranquillité. Les chiens de garde de l'immobilisme. Dès que quelqu'un tente de faire quelque chose, dès que quelqu'un sort des sentiers battus, dès que quelqu'un ose une fantaisie, on lui tape dessus. Un nouveau projet? Une nouvelle réforme? Une nouvelle vision? Ça ne passe pas. On le pourfend. On le ridiculise. Les lobbies s'organisent. Et tout avorte. Ce qui fait qu'on réagit plus qu'on agit. On est un peuple de réaction. Mais pas d'action.

Alors pour innover, pour bouger l'immobilité, il faut autant de force que de subtilité.

Au fond, le meilleur des politiciens, et je le dis sans aucun cynisme, c'est quelqu'un qui travaillerait très fort en ayant l'air de ne rien faire. Bref, c'est le contraire d'un fonctionnaire.

03 mai, 2008

Les contribuables financent Morgan Stanley (Suite)

Les journalistes, les chroniqueurs et les éditorialistes n’y ont vu que du feu. Les politiques interventionnistes québécoises permettaient de créer 500 emplois haut de gamme. En réalité, le programme d’aide à l’emploi a simplement permis à Morgan Stanley de transformer 200 emplois non subventionnés en emplois subventionnés. Pour le reste, on verra plus tard!

..... et on se demande pourquoi les Québécois ne font pas confiance aux politiciens.


Sophie Cousineau, Cyberpresse, Samedi le 3 mai 2008

Morgan Stanley : pécher par omission

Mea Culpa. Si j’aime tenir un blogue pour avoir le pouls des lecteurs, j’ai toujours douté de leur utilité pour dénicher de l’information exclusive. Plus maintenant.

C’est “v-go” qui m’a fait changer d’avis. J’ignore qui se cache derrière ce pseudonyme, mais “v-go” est mon nouvel ami. C’est lui (ou elle) qui a écrit un commentaire mettant en doute la création de 500 emplois par la banque d’affaires Morgan Stanley à Montréal.

Après quelques coups de fils, mon collègue Hugo Fontaine a - malheureusement - confirmé ces soupçons. La bonne nouvelle que le Québec a claironnée jeudi est pas mal moins spectaculaire que ce que le premier ministre Jean Charest, ses principaux lieutenants et Morgan Stanley l’ont laissé entendre.

Ainsi donc, le gouvernement va appuyer la “création” de 200 emplois qui existaient déjà. Ces salariés étaient employés de la firme de services informatiques Compuware, mais se consacraient exclusivement à Morgan Stanley. Au bout du compte, ils ne feront que changer de bureau!

Malgré tout, Québec paiera 30% de leur salaire, jusqu’à concurrence de 20 000$ par année. Pour ces quelque 200 emplois maintenus, l’aide pourrait atteindre 4 millions de dollars par année. En six ans, la durée du programme, on parle donc d’une aide de près 24 millions de dollars. Juste pour garder des jobs qui sont déjà là, au risque de me répéter.

À la lumière de ces informations, devrait-on vraiment subventionner Morgan Stanley ? La banque d’affaires américaine a déclaré un profit de 3,4 milliards sur des revenus de 28 milliards US à son exercice financier 2007. Et encore, c’était une très mauvaise année en raison des radiations liées aux prêts hypothécaires à haut risque, le fameux “subprime”.

L’ironie, c’est que la ministre des Finances, Monique Jérôme-Forget, se félicitait jeudi d’avoir réformé en profondeur le programme d’aide du Québec à l’industrie des technologies de l’information. Elle a qualifié le précédent programme mis au point par le Parti québécois de “programme de développement immobilier”, parce que l’aide était rattachée à des sites désignés comme la Cité du multimédia.

Il est bien documenté que ce programme avait engendré toute une série d’effets pervers, comme la hausse des loyers et du déplacement de personnel d’un quartier à l’autre de Montréal. Ainsi, 55% des 22 000 emplois créés dans ces sites avaient tout simplement déménagé d’une rue à une autre, d’après les calculs du gouvernement en 2006.

Or, en déménageant les employés montréalais de Compuware chez Morgan Stanley, on arrive drôlement au même résultat!

Dans le communiqué qu’elle a publié jeudi, la firme Morgan Stanley affirme qu’elle s’appuie sur le succès du projet pilote qu’elle menait avec Compuware. “Le projet ayant été couronné de succès, Morgan Stanley établit maintenant un centre permanent”, écrit la banque d’affaires.
Interrogé par un reporter du National Post à savoir s’il s’agissait d’emplois nouvellement créés ou d’emplois transférés d’ailleurs, Jim Rosenthal, chef de la technologie et des activités mondiales de Morgan Stanley, a toutefois répondu: “Nous procéderons à des embauches”.

Quand une journaliste de The Gazette a ensuite demandé à Jim Rosenthal combien de personnes le bureau montréalais de Morgan Stanley emploierait au départ, le dirigeant américain a répondu ceci. “Initialement, nous aimerions commencer avec 300 employés sur les 500. Mais ce n’est pas tellement une question de nombre. Cela dépend de notre aptitude à recruter du personnel.”

“Donc, au début, nous allons commencer avec un employé.”

Les nombreux journalistes qui assistaient à cette conférence de presse sont tous repartis en croyant que Morgan Stanley créerait jusqu’à 500 emplois à Montréal - pas qu’elle en maintiendrait 200 et qu’elle en créerait peut-être 300 autres avec l’argent du gouvernement. Surtout que les ministres présents se faisaient fort de souligner que cet investissement était l’aboutissement de quatre années de démarchage d’Investissement Québec.

Cette impression a d’ailleurs été confirmée par la publicité du gouvernement dans La Presse d’hier. Dans cette publicité d’une pleine page qui souligne l’arrivée de Morgan Stanley, Investissement Québec affirme que l’entreprise américaine “créera jusqu’à 500 emplois”.
Si Jean Charest, Monique Jérôme-Forget et Raymond Bachand savaient que 200 emplois étaient transférés et que seulement 300 autres pouvaient être créés, tout ce beau monde a péché par omission en n’en soufflant pas mot jeudi.

Il est sidérant de constater que le gouvernement libéral et Morgan Stanley pensaient enjoliver les retombées de cet investissement tout en croyant que la réalité ne finirait pas par les rattraper.

Le plus absurde de l’affaire, c’est que même en le dégonflant à des proportions plus justes, l’investissement de 200 millions de dollars de Morgan Stanley reste une bonne nouvelle. Mais, à l’évidence, ce n’était pas assez séduisant pour un gouvernement minoritaire qui rêve de se faire réélire.

02 mai, 2008

Les contribuables financent Morgan Stanley

Tout comme Sophie Cousineau je me réjouis de l’annonce de la venue de Morgan Stanley à Montréal. Un des facteurs importants qui ont motivé Morgan Stanley à venir s’installer à Montréal est la disponibilité de travailleurs qualifiés.

Cela démontre qu’en créant un environnement favorable il est possible d’attirer des investissements importants au Québec. Malheureusement, la disponibilité de ressources qualifiées était une condition nécessaire, mais non suffisante, pour attirer Morgan Stanley.

Le gouvernement a dû encore une fois piger dans les poches des contribuables pour convaincre Morgan Stanley de venir à Montréal. L’entente prévoit que Québec défrayera 30% des coûts de mains-d’oeuvre de la nouvelle entreprise (environ 60 millions).

Pourquoi les contribuables doivent-ils financer une entreprise dont le chiffre d’affaire équivaut au deux tiers du budget du Québec?

À première vue on est enclin de conclure que c’est parce que Montréal était en compétition avec d’autres villes à travers le monde. Toutefois, en y regardant de plus près, on découvre que la vraie raison est ailleurs. Les subventions sont nécessaires pour compenser un manque de liberté économique.

Sophie Cousineau, Cyberpresse, Jeudi 1 Mai 2008
Morgan Stanley : un coup fumant

Jim Rosenthal, chef de la technologie et des activités mondiales de la banque d’affaires Morgan Stanley, affichait un sourire dubitatif lorsque Jean Charest lui a tendu un chandail du Canadien de Montréal avec Morgan Stanley 08 inscrit dans son dos. Et ce n’est pas parce que la subtilité du clin d’œil du premier ministre du Québec a échappé au financier new-yorkais !
Coupe Stanley, Morgan Stanley, got it ? Wink, wink !

Jean Charest n’a pas semblé remarquer le peu d’empressement de Jim Rosenthal (un partisan des Rangers?) à enfiler le chandail du Canadien sur son habit cravate. En fait, le premier ministre ne portait plus à terre tellement il rayonnait. Il faut dire que la semaine a été fort bonne pour lui.

L’affaire Bruno Fortier est déjà un lointain souvenir. Et le dernier sondage Crop-La Presse laisse entrevoir sa réélection à la tête d’un gouvernement majoritaire à la faveur d’une opposition en déroute.

Mais il serait réducteur de considérer l’arrivée de Morgan Stanley au Québec sous le seul angle politique. Avant d’être un bon coup pour le chef libéral, c’est une excellente nouvelle pour Montréal.

La ville a d’ailleurs bien besoin d’un remontant. Et ce n’est pas uniquement parce que le Canadien fait maintenant face à l’élimination dans les séries ! La dernière année a été difficile, avec la perte du siège social d’Alcan et la fermeture annoncée des usines de Golden Brands (600 emplois) et de Flextronics (700 emplois), entre autres coups durs.

Or, les 500 emplois que Morgan Stanley projette de créer dans la métropole d’ici cinq ans sont bien mieux que de menus boulots. Les firmes de courtage sont parmi les utilisateurs de technologie de l’information les plus sophistiqués.

Pour développer des logiciels et assurer le soutien information de ses systèmes, Morgan Stanley recrutera des diplômés en informatique, en ingénierie, en maths, dont certains docteurs ès sciences pour les modélisations les plus complexes, a expliqué Drew Vaden, directeur administratif responsable du développement logiciel. Les salaires seront de 60 000 $ en montant.

On ne parle pas, non plus, d’emplois qui déménagent d’un bout de la ville à l’autre, comme c’était le cas avec les fameuses cités du multimédia et du commerce électronique. Le gouvernement a calculé qu’en 2006, 55% des 22 000 emplois créés dans les sites désignés arrivaient d’un bureau situé ailleurs au Québec !

Dans son dernier budget, la ministre des Finances, Monique Jérôme-Forget, a eu l’intelligence d’étendre les crédits d’impôts sur les salaires à toute la province, tout en resserrant les critères d’admissibilité pour encourager l’innovation et non plus les fonctions routinières de soutien administratif.

Même en étant moins généreux, ces crédits représentent une aide financière de l’ordre de 10 millions de dollars par année. Cette aide sera offerte pendant six ans, pour un total qui frise les 60 millions.

Pourquoi subventionner une firme qui compte plus de 749 milliards en actif sous gestion ? Son président du conseil et chef de la direction, John Mack, n’a-t-il pas empoché 18 millions de dollars l’année dernière ? (C’était une dure année puisqu’il a été privé de sa prime à court terme en raison des 9,4 milliards US radiés en relation avec les hypothèques à haut risque.)

Cela fait grincer des dents…

Toutefois, Montréal rivalisait avec des villes de l’Inde, de Chine, de l’Europe de l’Est et de l’ouest des États-Unis, a précisé Jim Rosenthal. Or, il faut être naïf pour croire que ces juridictions n’offraient pas elles aussi des incitatifs pour attirer chez eux des emplois d’une pareille qualité.
Mais, il n’y a pas que les subventions qui ont séduit Morgan Stanley. Il y a le bassin de travailleurs qualifiés et la proximité tant géographique que culturelle avec New York. Travailler dans le même fuseau horaire plutôt qu’avec un décalage de 12 heures, cela reste un sacré avantage.

La venue de Morgan Stanley vient appuyer les conclusions d’une étude de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED) de 2005, selon laquelle le Canada est l’un des pays qui ont gagné des emplois avec la sous-traitance des services informatiques.

Plusieurs entreprises, notamment les institutions financières, hésitent à sous-traiter leurs services informatiques à l’extérieur de l’Amérique du Nord pour des raisons de sécurité, d’où la popularité de ce nearshoring. C’est d’ailleurs pourquoi des entreprises indiennes comme Tata Consulting Services se sont implantées ici.

Il ne faut toutefois pas prendre cet avantage pour un acquis. Ainsi, l’industrie du développement logiciel n’autorise aucune complaisance, surtout pas dans un environnement où le dollar canadien se négocie à parité avec le dollar américain.

Le travail des employés montréalais de Morgan Stanley sera ainsi comparé à celui des 18 autres centres de développement de logiciel de l’entreprise à travers le monde. Il faudra donc, en bout de ligne, que les grands patrons de la firme américaine soient épatés par le talent, l’ingéniosité et le dévouement de leurs employés montréalais.

C’est de cela dont dépendront les 500 emplois créés, une fois que les subventions seront épuisées.

Cela passe par des diplômés de haute qualité. Cela passe par de bonnes écoles et universités. Et cela passe par le recyclage de la main-d’œuvre manufacturière du Québec, qui constitue un riche bassin de travailleurs inexploité. Encore faut-il requalifier ces travailleurs, ce qui représente aujourd’hui l’un des plus grands défis du Québec.

01 mai, 2008

Pétrole: le retour du pendule

Dans son texte, Pierre Duhamel relève le fait qu’au Québec les seuls bénéficiaires de l’envolée des prix du pétrole sont les gouvernements provincial et fédéral. En 2007, ils ont récolté 1,9 et 1,3 milliards respectivement.

Les gourous de tout acabit prédisent que le prix de l’essence dépassera bientôt 2$ le litre. Le prix élevé de l’essence favorise l’inflation et est certes néfaste à court terme. Par contre, le coût élevé du baril de pétrole nous assure de sa disponibilité à plus long terme.

Pourquoi?

Dans la mesure où les gouvernements laisseront les forces du marché agir, le prix élevé du baril de pétrole aura pour conséquence de favoriser :

  • l’adoption de programme d’économie d’énergie;
  • le développement de sources d’énergie alternatives;
  • l’exploitation des réserves plus difficiles d’accès;

De plus, si le passé est garant de l’avenir, la courbe de croissance des prix du pétrole ne sera pas linéaire. L’impact de l’ensemble des initiatives du marché excèderont les prévisions et dans un futur plus ou moins rapproché les craintes de pénurie s’estomperont. Dans un tel scénario les prix du brut s’effondreront comme cela s’est produit lors du choc pétrolier des années soixante-dix.


Pétrole : une affaire de taxes
April 28, 2008, 10:24:58 AM Pierre Duhamel

Demander au gouvernement d’intervenir sur le prix de l’essence, c’est comme demander à un proxénète de limiter la prostitution. Les gouvernements se remplissent les poches au fur et à mesure que les prix augmentent. Ils sont dans la même position que les pétrolières : ils prennent leur cote.

On a beau pester contre les pétrolières, les raffineurs et les stations services qui seraient trop gourmands ou encore maudire les tempêtes, les conflits armés ou les spéculateurs qui poussent le prix du pétrole à la hausse, il y a deux grandes vérités qui expliquent l’essentiel du prix du pétrole.

La première, c’est sa rareté. La demande pour le pétrole croît beaucoup plus vite que l’exploitation de nouveaux gisements. On voyait hier au Téléjournal le nouvel engouement des Chinois pour l’automobile. La même frénésie a déjà gagné l’Inde. Or, 47 % du prix de l’essence à la pompe s’explique par le prix du baril de pétrole déterminé par le marché international. Les raffineurs québécois doivent payer le pétrole à ce prix-là.

L’autre grande vérité, c’est que 39 % du prix de l’essence à Montréal (34 % ailleurs au Québec) s’explique par les taxes. En 2007, les Québécois ont payé 1,9 milliard de dollars en taxes provinciales (sans compter celle de 1,5 cent le litre à Montréal) et 1,3 milliard en taxes fédérales. Si le prix du litre se maintient à une moyenne de 1,30 le litre, le gouvernement provincial ira chercher 430 millions de dollars supplémentaires cette année.

Imaginons maintenant que le scénario de l’économiste de la CIBC, Jeff Rubin, se réalise et que le prix du baril de pétrole atteint les 200 dollars d’ici 2012. Il est plausible que nous ayons alors à payer 2,50 le litre d’essence, ce qui procurerait des revenus de 7,7 milliards pour les deux gouvernements au Québec. Cela ferait presque 1 dollar le litre en taxes !

Ce ne serait encore rien comparativement aux gouvernements européens et, d’un point de vue environnemental, la hausse vertigineuse du prix de l’essence a sans doute des mérites.
Mais on ne peut pas à la fois défendre ces taxes élevées et se plaindre de l’augmentation du coût de l’essence !