Les Québécois supportent un fardeau fiscal plus élevé que la plupart des Canadiens et sont plus pauvres.
Y aurait-il un phénomène de cause à effet?
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Julien Béliveau
Moins riches, les Québécois, mais plus taxés quand même
À partir du Jour de l’An, le contribuable recommence à travailler pour payer sa facture d’impôts, ce qu’il fera assidûment pendant plusieurs mois et ce n’est habituellement qu’au cours de la période estivale qu’il peut enfin se dire en recevant son chèque de paye, «de moi, à moi». La plupart des contribuables d’ici sont au courant qu’ils paient plus d’impôts que la plupart des autres Canadiens, mais gagnent-ils au moins autant?
Au cours de l’automne, Québec et Ottawa nous ont proposé un profil des contribuables québécois et canadiens pour l’année 2004. Les Québécois s’enrichissent-ils? Pour la presque totalité de nos concitoyens, pas vraiment. Et lorsqu’on examine les données fiscales de l’ensemble du Canada comparativement à la situation québécoise, pour paraphraser négativement l’adage populaire, «on se désole», c’est le cas de le dire.
D’abord, ces données nous rappellent que 40% des contribuables d’ici ne paient pas d’impôts. Par contre, on retrouve à peu près le même ratio dans le reste du Canada. Donc, rien de scandaleux et «on se console» pour une fois. Mauvaise nouvelle cependant, cette strate s’accroît de 4,5% annuellement au Québec, alors que les « productifs » eux, n’augmentent en nombre que d’un peu plus d’un pour cent.
Pour la suite des choses, la comparaison avec les autres provinces montre une nette détérioration. Au Québec, un citoyen sur deux gagne moins de 30 000 $ par an. Ouch! Et pire encore, un tiers des contribuables gagnent moins de 50 000 $. Bref, au Québec, seulement 15 % des contribuables gagnent au-delà de 1 000 $ par semaine. Rien de surprenant que les banques alimentaires déclarent devoir accueillir désormais de plus en plus de gens qui travaillent…
Non seulement on gagne moins qu’ailleurs au Canada, mais pire encore, le Québec pige plus profondément que la plupart des autres provinces dans les poches de ses citoyens. Pour des gains imposables de 30 000 $ (ce qui donnerait des gains bruts de l’ordre probable de 40 000 $), vous allez payer 50% de plus que votre concitoyen d’Ontario et si vous êtes un des « riches » qui déclarent des gains imposables de 50 000 $, au bout d’une année, vous paierez 65 % de plus que si vous habitiez à Hawksbury. Ce n’est pas peu dire! La pression ne se relâche qu’à partir des gros revenus annuels. Si vous déclarez 200 000 $ de gains imposables, vous ne paierez que 24% de plus qu’en Ontario. Des peanuts, quoi!
On parle bien souvent des «riches». Combien en compte-t-on au Québec? Si on établissait ce seuil tant envié et décrié à, disons, 200 000 $ par an, approximativement 30 000 contribuables québécois atteindraient ce statut. Par contre, ils vont payer bon an, mal an, plus d’un milliard au trésor québécois.
Si le 1/10 de 1% de la population canadienne qui est vraiment riche (les super riches) gagne annuellement en moyenne près de trois millions, aux «États», la moyenne équivalente s’établit à près de dix millions…Heureusement que les deux monnaies sont maintenant à parité, autrement la comparaison serait vraiment odieuse.
L’étude canadienne note par ailleurs que les revenus de la classe moyenne, celle qu’on tord fiscalement jusqu’à la corde, ont stagné au cours des 25 dernières années. Par contre, les riches, les vrais riches et les super riches le sont encore plus. L’adage que les bien nantis s’enrichissent est donc fondé.
La conclusion de tout cela : quand un politicien (j’inclus bien sûr le féminin) vous offre un bonbon, s’il ne vous dit pas à qui il va enlever son nanan, c’est qu’il a l’intention de piger dans vos poches et vous le faire payer. Comme le disent les Anglais, le lunch gratuit, ça n’existe pas, car on finit toujours par payer la note. Dito en politique : le cadeau politique n’existe pas, donc inutile de dire merci au bon ministre.
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