Chaque Québécois doit plus de 34 000 $ au provincial seulement

Vaut mieux en rire!

Avant de couper des centaines de millions dans les services, est-ce qu’on peut avoir les services ? - Michel Beaudry

28 septembre, 2007

Suicide, démocratie et liberté d'expression

Louise Labrecque


Au Québec le taux de suicide chez les jeunes est le plus élevé au monde : Comment le Québec pourrait-il renverser cette tendance?

Le suicidé par Édouard Manet

Le suicide est un objet d’analyse complexe. Tant en médecine qu’en sciences sociales, une profonde mutation est en marche. Depuis la fin de la Révolution Tranquille, le taux de suicide dans la société québécoise a augmenté, et selon les estimations de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), presque toutes les sociétés sont au prise avec un taux très élevé de suicide (1). Dans tous les pays, le suicide est la première cause de mortalité chez les jeunes de 15 à 35 ans. Toutefois, statistiquement parlant, il est assez récent que l’on répertorie les suicides. Cependant, il est démontré que le taux de suicide croît en même temps que le niveau de développement d’un pays. Or, parmi les sociétés riches, se sont les pauvres qui se suicident le plus. En effet, les facteurs sociaux-économiques, le sentiment de précarité, d’exclusion, entraînent souvent la dépression et l’éclatement des familles, bref un « mode survie » à ne pas laisser sous silence. En ce sens, culturellement, le Québec parle beaucoup de suicide et de prévention depuis les années 70 et tente de trouver des solutions adaptées à la réalité. De ces bilans, il faut trouver de nouvelles pistes de réflexion et des solutions pour endiguer le problème, sans tomber dans des allégations complètement fallacieuses édictés sur le couvert de clichés et préjugés qui ont la vie dure. En effet, les mutations rapides des sociétés et le stress n’expliquent pas tout. Le suicide, en sortant du domaine privé, devient une question collective et l’ethnocentrisme contemporain de nos sociétés occidentales, notamment au Québec, oblige à aller plus loin dans l’élaboration de nouvelles solutions pour sortir du prêt-à-penser d’une société malade qui appelle à l’aide par la voix de tous ses désespérés.

Liberté d’expression ou terrorisme du vide?


Le suicide est un indicateur et un miroir des changements sociaux. Le modèle québécois, s’il interroge l’organisation même de la société face à la problématique du suicide chez les jeunes, laisse cependant de côté des éléments nécessaires à une analyse logique générale. En effet, parler de suicide à tous vents sous prétexte de ne pas vouloir tomber dans la censure est réducteur. C’est une forme de liberté d’expression inversée. À cet effet, plusieurs sociétés telle le Japon et la Belgique, ont une vision différente des choses. Évidemment tout cela se discute, mais quoi qu’il en soit, il est nécessaire de démocratiser l’avenue d’idées nouvelles dans le respect des libertés individuelles. Malgré une relative homogénéisation scolaire, à quand l’émergence d’écoles dites « nouvelles » qui élaboreront un véritable code de vie « anti-suicide »? L’école, sous sa forme actuelle est, sauf exception, un univers éminemment anxiogène et les réformes de l’éducation passent à côté du problème. En effet, l’expérience, le sentiment de compétence et le désir d’implication des enseignants québécois en relation avec la détresse psychologique et la prévention du suicide chez les élèves du secondaire, est un élément-clé de la prévention. Diverses discussions sur les responsabilités de l’école et de la famille ont été maintes fois analysées (2) et il en ressort que la capacité à reconnaître, chez un élève, des signes observables permettant de croire qu’il vit une détresse psychologique importante n’est pas toujours évident. Une partie significative des enseignants rencontrés pour les besoins de cet article m’ont confié se sentir relativement à l’aise pour œuvrer auprès d’élèves vivant des situations difficiles tels les échecs scolaires. Toutefois, une détresse psychologique importante, par sa nature subjective, amène les enseignants à se référer à une conception personnelle de ce que dois effectivement être une détresse psychologique importante. Donc, dans les faits, le sentiment de compétence permettant de faire face à la détresse et la prévention du suicide est très variable chez les enseignants. Pour la famille, ces résultats sont cruciaux et doivent être examinés afin de dégager des pistes d’actions éventuelles. En effet, un bon partenariat famille/école permet de mettre en lumière les signes avant-coureurs pour intervenir efficacement auprès des jeunes.


Enfants malades : parents fragiles


Bref, la société et les valeurs changent; ce parallélisme a une influence sur la courbe des différences individuelles propres à chaque famille, culture et groupe d’âge. En effet, on ne peut soustraire le mot société du mot suicide (3). Le suicide touche l’ensemble de la société québécoise et devient donc un fait social. Néanmoins complexe, puisque intime, lié au cœur de l’homme par des fondements rocailleux, dont les articulations sont autant de ponts à traverser, le suicide chez les jeunes touche aux dimensions les plus vitales en nous : l’espoir et la liberté.
Le phénomène grandissant du suicide est tel que même les jeunes enfants maintenant en sont la cible, une situation exceptionnelle, selon l’OMS et tellement que maintes recherches sont maintenant en route pour essayer de vaincre cette troublante problématique, et tenter diverses approches, qui, on le devine, ne sont pas sans faire des vagues dans certains milieux. En effet, pour un très jeune enfant, que peut-il y avoir de pire que l’incertitude, le désespoir et la mort en bout de piste? Concrètement, que faire pour aider les enfants? Est-ce que cette situation est à ce point problématique qu’il faille instaurer des mesures extraordinaires pour atténuer ce phénomène grandissant?


(1) « Figures and fact about suicide” OMS, 1999
(2) Rapport de recherche 2001 : « Enquête sur le sentiment de compétence des enseignants québécois face au suicide chez les élèves du secondaire » Gyslain Parent et coll.
(3) « Le suicide » Émile Durkheim, Les Presses Universitaires de France, Paris, 1897

27 septembre, 2007

C’est merveilleux, on avance à reculons (2)

Selon une nouvelle étude réalisée par le RCRPP les Canadiens sont des illettrés financiers. L’étude ne départage pas le niveau de littératie financière des provinces. Toutefois, je doute que les Québécois soient plus compétents que la moyenne des Canadiens. Il y a de forte chance que ce soit le contraire.

La littératie financière est définie comme l'aptitude à comprendre, analyser et utiliser des renseignements relatifs aux décisions financières dans la vie de tous les jours. L’étude indique qu'il faut déployer des efforts plus soutenus en vue d'améliorer les compétences en matière financière des Canadiens. Elle souligne également que le fait de posséder des connaissances financières insuffisantes peut avoir des répercussions graves, notamment pour les familles à faible revenu qui sont susceptibles d'être pénalisées davantage par de mauvaises décisions financières.

Les bien-pensants du ministère de l’éducation ignorent ou ont choisi d’ignorer ce constat. Il recommande l’abolition pure et simple de l’éducation financière. À moins de faire un sérieux ménage dans la fonction publique québécoise, nous sommes condamnés à un avenir plutôt noir.


Les Canadiens comprennent moins les finances que les autres
06:46 Économie Presse Canadienne

On pourrait écrire un livre au sujet des connaissances financières de base que n'ont pas les Canadiens, et ce manque de compréhension nuit à leur sécurité financière, affirme un rapport compilé par l'organisme Canadian Policy Research Networks. .

Le document, qui doit être rendu public jeudi, affirme que le Canada traîne loin derrière des pays comme le Royaume-Uni, les Etats-Unis, l'Australie et même la Nouvelle- Zélande quand vient le temps de mettre en place des politiques et des programmes éducatifs qui permettent aux consommateurs de comprendre le fonctionnement des marchés financiers et de déterminer si leurs investissements génèrent le meilleur rendement possible.


En fait, le Canada n'a même pas encore mené d'étude scientifique pour mesurer le niveau "d'alphabétisme financier" _ ou d'analphabétisme, comme le document le laisse entendre _ du pays, même si Statistique Canada y travaille actuellement.

"Pratiquement tous les Canadiens ont des investissements, d'une manière ou d'une autre, sur les marchés, et ils ont besoin d'une compréhension de base de leur fonctionnement, pour pouvoir demander où ils investissent leur argent, et même avec les régimes de retraite ils doivent demander comment leur argent est investi et quel est le niveau de risque", a dit l'auteur du rapport, Larry Orton.

Cela est particulièrement vrai aujourd'hui, ajoute-t-il, parce que de moins en moins de gens ont des emplois permanents, ou profitent de régimes de retraite à prestations déterminées, et parce que les marchés financiers sont de plus en plus difficiles et complexes à comprendre.

Le Canadian Policy Research Networks est un groupe de recherche sans but lucratif, établi à Ottawa, qui étudie les politiques sociales et économiques du pays.

Dans son rapport, M. Orton précise que les individus à faibles revenus, en raison de leur précarité, sont encore plus à risque de prendre de mauvaises décisions qui nuiront à leur sécurité financière, surtout au moment de leur retraite.

Mais l'ignorance financière n'est pas confinée aux moins bien éduqués, puisque même les gens bien éduqués et bien nantis ont un faible niveau d'alphabétisation financière.

Le problème découle en partie du fait que l'alphabétisation financière _ à savoir, la capacité de comprendre et d'analyser des questions financières _ ne préoccupe les gouvernements que depuis récemment, et les Canadiens qui veulent se renseigner sur le sujet sont pratiquement laissés à eux-mêmes.

Le gouvernement fédéral a créé en 2001 l'Agence de la consommation en matière financière du Canada (ACFC). L'organisme avait notamment comme mandat de donner plus d'ampleur aux activités éducatives à travers le pays, mais ce n'est qu'en mars qu'il a reçu son premier véritable financement pour le faire, une somme de 3 millions $ sur deux ans.

"C'est évident qu'il y a encore beaucoup de travail à faire, de l'utilisation des sites Web jusqu'aux programmes dans les écoles secondaires", a dit la directrice de l'éducation financière pour l'ACFC, Susan Murray.

Une des recommandations principales du rapport est de développer un programme d'apprentissage des habiletés financières à l'intention des écoles, ce à quoi l'ACFC s'affaire déjà, dit Mme Murray.

Le rapport recommande aussi au gouvernement de créer un site Web unique, où les Canadiens trouveraient de l'information impartiale sur divers sujets, allant des hypothèques à l'assurance et aux prêts.

Le rapport suggère enfin de s'inspirer des meilleures pratiques des autres pays, notamment de la Nouvelle-Zélande qui aide ses citoyens à planifier leur retraite.

26 septembre, 2007

C'est merveilleux, on avance à reculons!

Les bureaucrates du ministère de l’éducation ont trouvé une autre façon d’appauvrir les générations futures. Aux États-Unis, au Canada, en Australie, en Nouvelle-Zélande, en Angleterre, etc. on favorise l’enseignement économique parfois, dès la maternelle. Au Québec les bien-pensants du ministère ont décidé que l’enseignement des notions de base en économie sont inutiles. Faut-il s’en surprendre? Le ministère de l’éducation semble contrôlé par des bien-pensants qui sont restés accrochés à une philosophie socialiste dépassée depuis plus de vingt ans.

La pensée magique
Richard Martineau, Journal de Montréal, 25/09/2007 05h53

On est un drôle de peuple, non? On parle d'enlever les cours de religion des écoles, et tout le monde pogne les nerfs. «Ne touchez pas à mon crucifix!» «Ne démantelez pas la croix du mont Royal, ça fait partie de notre patrimoine!»

Mais quand on annonce qu'on va retirer les cours d'économie des institutions scolaires, personne ne lève le p'tit doigt.

La job des parents

Vous avez lu la nouvelle, hier? À partir de 2009, le cours d'éducation à la vie économique va disparaître des écoles québécoises. On va le remplacer par un cours fourre-tout (au titre pompeux de «Monde contemporain»), qui va fusionner l'histoire, la géographie, l'économie, l'écologie et la politique.

Pourquoi ne pas ajouter la physique nucléaire, la botanique et la microchirurgie, tant qu'à faire?

Le peuple québécois est l'un des peuples les plus endettés au monde, on «crinque» nos cartes de crédit au maximum, on ne sait pas faire un budget, la majorité des Québécois croient que la meilleure façon de faire fructifier leur avoir est d'ouvrir un compte épargne à la caisse pop, mais ça ne fait rien, on va tirer la plogue sur les cours d'économie.

«Il faut faire des choix, a expliqué Catherine Dupont, directrice des programmes au ministère de l'Éducation. L'éducation économique peut se faire à la maison...»
Par qui, madame? Des parents qui s'endettent jusqu'au cou pour s'acheter un écran plasma de 62 pouces?

Des gens qui se servent des pages Affaires des quotidiens pour allumer leur foyer à combustion lente?

Les Québécois ne connaissent strictement rien à l'économie, et on va leur proposer un cours qui explorera divers thèmes comme «le mouvement des populations» et «la gouvernance mondiale»?

Bravo, mesdames et messieurs les pédagogues! C'est ce qu'on appelle avoir le sens des priorités...

Pourquoi ne pas remplacer les cours de français par un cours qui explorera l'origine des mots et le mouvement des accents ?

Le sexe des anges

Dieu que le Québec me décourage, parfois... Remarquez, ce qui se passe est parfaitement représentatif de notre mentalité. Le Québec est le royaume de la pensée magique.

L'économie? Le fric? La finance? Pouah, on s'en fout, c'est plate! Nous, ce qui nous intéresse, ce sont les grandes questions.

Passer trois mois à parler du sexe des anges, organiser des colloques interminables sur l'identité québécoise, se demander si un Chinois qui parle espagnol est plus québécois qu'un Arabe qui a grandi au Kenya, ça, c'est l'fun!

Ça, c'est important! Mais l'économie? Bof...

Après tout, pour devenir un pays, il suffit de le vouloir fort, fort, non? Une prière à René Lévesque, et le tour est joué. Le reste, on s'en fout. En autant qu'on parle français et qu'on connaisse les paroles de Gens du pays, c'est tiguidou!

La charrue devant les bœufs

Voulez-vous bien me dire, ô grands spécialistes de la pédagogie, qu'est-ce que les jeunes peuvent comprendre à la «gouvernance mondiale» et à la «répartition de la richesse» s'ils ne connaissent même pas les rudiments de base de l'économie?

C'est comme demander à des analphabètes d'écrire une dissertation sur l'oeuvre entière de Marcel Proust!

Parfois, je me demande si ce n'est pas les pédagogues qu'on devrait complètement sortir des écoles...


Continuons à former des ignorants
René Vézina, LesAffaires.com

Je ne l'ai pas vu passer, mais c'est une des nouvelles les plus consternantes des derniers jours. Et je ne parle pas ici de la lenteur des fabricants et des détaillants à ajuster leurs prix en fonction de la vigueur du dollar canadien.

Non, ce qui m'embête, c'est la décision des sages du ministère de l'Éducation de supprimer le SEUL cours d'économie au curriculum régulier des élèves du secondaire ; et ce, au moment où 1) les gens n'ont jamais été si endettés, 2 ) les jeunes sont largement sollicités comme public acheteur et 3 ) la compréhension des grands rouages de l'économie planétaire est vitale.

Le collègue Richard Martineau, du Journal de Montréal, y est allé, lui, d'une charge bien sentie dans sa chronique de mardi, parlant de notre tendance à la «pensée magique», et il a saprement raison. Enseigner la «gouvernance mondiale» sonne probablement mieux, mais c'est le genre de fourre-tout qui ne mène nulle part si on ne commence pas par le début, comme enseigner le principe de l'offre de la demande.

Oups ! Que voilà de vilains termes. Encore un peu plus et j'allais ajouter «marché»... Au fond, que l'n laisse l'économie hors des salles de classe, c'est peut-être un mal pour un bien : connaissant l'aversion de certaines instances syndicales pour tout ce qui touche au système de libre-entreprise, la transmission de rudiments de l'économie ne devait pas toujours voler très haut.

N'empêche. C'est un méchant symbole, et la preuve que les francophones sont encore déterminés à se laisser manger la laine sur le dos. Laissons aux autres le soin de comprendre l'économie et de s'en emparer. Nous pourrons toujours nous consoler en discutant fort autour d'une bière ou deux (si on sait compter).

Pour le reste, ce blogue fait relâche jusqu'à lundi le premier octobre, alors qu'il vous reviendra dans un environnement rajeuni. Le temps de laisser la technique faire le travail et nous pourrons recommncer ces conversations virtuelles...
Posté le 26 septembre 2007 à 07:18 AM

24 septembre, 2007

La religion écologique (2)

Toutes les religions sont basées sur des dogmes ou croyances que les fidèles ne doivent pas remettre en question. Ceux qui osent questionner ces dogmes sont aux yeux des croyants des profanes qu’il faut dénoncer et combattre. L’utilisation de la calomnie, de la médisance et des demi-vérités sont des munitions acceptables. Après tout, il s’agit de combattre le mal. La nouvelle religion écologique ne fait pas exception.

Terminaux méthaniers Rabaska et Gros-Cacouna : la FCCQ s’indigne de la campagne de désinformation menée par les groupes d’opposants

Montréal, le 14 septembre 2007 – Réagissant à la campagne de désinformation des groupes d’opposants en ce qui concerne les terminaux méthaniers Rabaska et Gros-Cacouna, la Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ) désire réitérer l’importance pour le Québec d’aller de l’avant avec la concrétisation de ces projets, dans la perspective d’un réel développement durable.

En effet, selon la FCCQ, les projets de terminaux méthaniers Gros-Cacouna et Rabaska représentent une opportunité majeure pour le Québec qui lui permettrait d’améliorer sa compétitivité économique, de diminuer la facture énergétique des agents économiques et d’améliorer l’environnement, notamment en réduisant les émissions de GES qui proviennent présentement de combustibles plus polluants, tels que le mazout lourd dont le Québec est le plus important consommateur industriel au Québec.

De plus, selon une récente étude de la FCCQ dont les détails seront dévoilés prochainement, les investissements de l’ordre de 2,2 milliards de dollars permettront de générer environ 8 700 emplois (personnes-années) temporaires. Quant à l’exploitation des terminaux méthaniers, elle permettra de générer des activités en termes de PIB de l’ordre de 60 millions de dollars et de créer environ 400 emplois permanents.

« À la lumière de ces faits, il nous apparaît évident que le Québec doit aller de l’avant avec les projets de terminaux méthaniers Rabaska et Gros-Cacouna. Voilà donc pourquoi, il est plus que jamais nécessaire que les Québécois fassent preuve d’une grande prudence et qu’ils s’interrogent sur les intentions réelles des groupes d’opposants qui, visiblement, agissent sans égards aux risques qu’ils font courir au développement économique, à l’environnement et à la prospérité du Québec », de déclarer la présidente-directrice générale de la FCCQ, Françoise Bertrand.

D’ailleurs, à l’instar du projet de Gros-Cacouna, dont la construction a été approuvée par le gouvernement en juin 2007, le 6 juillet dernier le Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE) rendait public son rapport sur le projet Rabaska, confirmant du même coup que celui-ci est sécuritaire, justifié et qu’il aura des effets minimaux sur l’environnement, tout en occasionnant de grandes retombées économiques pour le Québec.

En outre, par la concrétisation de ces projets, le Québec serait en mesure d’attirer plus facilement des investisseurs dont les besoins énergétiques sont importants et de faciliter le maintien ou l’expansion d’entreprises déjà présentes au Québec et dont la compétitivité dépend de façon significative de la sécurité des approvisionnements et des coûts de l’énergie.

Finalement, une pénétration accrue du gaz dans notre portefeuille énergétique constituerait un gain social pour le Québec en permettant de libérer de l’électricité qui pourra être utilisée dans des usages à haute valeur ajoutée et donc plus rentables pour Hydro-Québec et l’ensemble des citoyens du Québec. Tous ces avantages économiques se traduiraient par une activité économique accrue et donc par des emplois plus élevés et par des revenus plus importants pour les travailleurs et les entreprises. « En définitive, la concrétisation des terminaux méthaniers Rabaska et Gros-Cacouna représentera une belle démonstration de ce qu’est réellement le développement durable, puisque ces projets répondent tant aux préoccupations environnementales, que sociales et économiques », de conclure Françoise Bertrand.

À propos de la FCCQ

Grâce à son vaste réseau de 162 chambres de commerce, la FCCQ représente 57 000 membres exerçant leurs activités dans tous les secteurs de l’économie et sur l’ensemble du territoire québécois. Plus important réseau de gens d’affaires et d’entreprises au Québec, la FCCQ est l’ardent défenseur des intérêts de ses membres au chapitre des politiques publiques, favorisant ainsi un environnement d’affaires innovant et concurrentiel.
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Renseignements :
Maryse Beaumier-Robert
Coordonnatrice aux communications
Fédération des chambres de commerce du Québec
Tél. : (514) 844-9571, poste 3242

23 septembre, 2007

L’interventionnisme favorise l’obésité

L’interventionnisme de l’état et les sermons des biens pensants ont pour effet d’augmenter le taux d’obésité chez les Québécois. C’est pourtant simple à comprendre. L’interventionnisme transfère à l’état des responsabilités individuelles. Les biens pensants accusent invariablement l’état de ne pas prendre ses responsabilités et demandent de nouveaux programmes pour enrayer l’épidémie d’obésité. Donc, si je suis obèse ce n’est pas parce que je mange trop, c’est parce que l’état n’a pas pris ses responsabilités et règlementé l’accès à la nourriture grasse.

Un à zéro pour la poutine
Marie-Claude Lortie, La Presse, Le mercredi 19 sept 2007

Il y a quelque chose qui m'inquiète chez les missionnaires anticalorie qui gravitent autour de toute l'opération politique antimalbouffe lancée la semaine dernière par le premier ministre Jean Charest.

On dirait que pour eux l'acte de manger est quasi médical, quelque chose qui relève à la fois de la rigueur et de la norme. La cuisine, dans leur bouche, devient une équation.


Parlant de chiffres. J'attends encore que le bureau de la ministre de l'Éducation m'envoie les études dont M. Charest a parlé en conférence de presse vendredi et qui démontrent, a-t-il dit, qu'interdire la malbouffe dans les écoles a un impact sur l'obésité juvénile.

J'ai demandé à voir les études parce qu'il me semblait y avoir un consensus dans la communauté universitaire sur l'absence, justement, de recherches prouvant que de telles mesures aient un impact sur l'adiposité des enfants. Mais je suis absolument ravie de savoir qu'à Québec, eux, ils ont des preuves que ça marche. Alors j'attends.

Et en attendant, je reçois à mon bureau un nouveau livre de recettes sur les boîtes à lunch santé écrit par une nutritionniste que j'ai déjà vue à la télé s'extasier devant un gâteau à la courgette et au caroube.

Je ne vous dis pas qui elle est parce que ce n'est pas important. Elle n'est qu'une parmi tant d'autres dans cette mouvance pro-caroube à nous enfariner dans l'épeautre depuis 20 ou 30 ans. Années, vous remarquerez, durant lesquelles les enfants ont grossi comme jamais.

Je feuillette donc le livre. Dès les premières pages, elle s'en prend à la mayonnaise, qu'elle remplace ici par une mixture au tofu, là par de la ricotta allégée mélangée à de la moutarde et des oignons déshydratés. Et dans le sandwich au thon, elle lie les morceaux de poisson avec un mélange de fromage de chèvre et de yaourt nature...

J'arrête de lire. J'ai un peu mal au coeur.

Tous les risques de la dérive de la lutte antimalbouffe sont, selon moi, incarnés par ces recettes, comme cette salade de poulet à la fraise ou encore cette salade de fenouil avec notamment du carvi et des crevettes où la vinaigrette est un mélange de yaourt nature, de jus d'orange et de moutarde...

Ce qui fait grossir nos enfants, ce n'est pas la mayonnaise.

C'est la poutine sur laquelle ils vont se ruer si ce qu'on leur offre pour le lunch c'est un méli-mélo sucré et laiteux au goût de crevette.

20 septembre, 2007

Un autre cas d’opportunisme politique

Un autre programme gouvernemental dicté par les sondages. Ceux-ci indiquent que 90% des Québécois sont favorables à l’élimination de la malbouffe dans les écoles. Subito-presto un nouveau programme pour éliminer la malbouffe à l’école. Y a-t-il moins de problème d’obésité dans les quartier où les écoles servent des plats santé? On n’en sait rien et on s’en foute puisque ce n’est pas le but de l’exercice. Il faut plutôt lancer des programmes populistes car il pourrait y avoir des élections à tout moment.

L'école et l'alimentation
Marie-Claude Lortie, La Presse, Le vendredi 14 sept 2007

Mon collègue Tommy Chouinard nous a appris mercredi que Québec a l'intention d'interdire la malbouffe dans les écoles. L'annonce officielle de la politique doit être faite ce matin.

On va nous dire qu'on ne veut plus voir de tablettes de chocolat dans les machines distributrices, pas plus que des boissons gazeuses et autres «cochonneries». Et qu'à la place de la poutine et des pogos, on veut voir les cafétérias offrir des plats «santé» à nos enfants.

Pourquoi? Parce que nos petits sont de plus en plus gros.

Les chiffres à cet égard sont désespérément inquiétants et rendent tout à fait compréhensible le désir du gouvernement d'agir.

Est-ce dire que Québec fait bien de vouloir contrôler la nourriture disponible à l'école? Oui, si son objectif est politique: un sondage mené au début de l'année pour La Presse nous a montré que 90% des Québécois sont en faveur d'une interdiction de la malbouffe dans les écoles.

Est-ce cependant une façon efficace de faire maigrir les enfants souffrant d'embonpoint?

L'expérience, jusqu'à présent, ne l'a pas prouvé.

«Je ne veux pas dire que (de telles interventions) ne marcheront jamais, mais le fardeau de la preuve de leur efficacité devrait être sur ceux qui imposent ces mesures. Or à ma connaissance, personne ne l'a encore démontré», affirmait l'an dernier au New York Times Jeffrey Friedman, de l'Université Rockefeller à New York, un des grands spécialistes mondiaux de l'obésité.

Le Times a posé la question au professeur Friedman parce que l'an dernier, avec la même (bonne) intention que Québec de lutter contre l'obésité infantile, New York a décidé d'interdire le lait complet dans les écoles.

Oui, le lait.

Aberrant?Le plus étonnant, c'est qu'au moins deux recherches importantes menées auprès de milliers d'enfants au coût de plusieurs millions - une dans le Sud-Ouest américain et une autre en Californie, Louisiane, au Minnesota et au Texas - montraient déjà à ce moment-là les limites de l'efficacité, sur la perte de poids, de telles interventions en milieu scolaire.

Depuis, au moins une autre recherche publiée dans la revue Obesity s'est ajoutée à la liste avec des résultats allant dans le même sens: on peut enseigner aux enfants beaucoup de choses sur la nutrition et leur faire apprendre pas coeur les noms et les vertus de tous les fruits et légumes. On peut leur servir des protéines maigres et des grains complets et même les amener à réduire la part du gras dans leur apport calorique quotidien. Mais en fin de compte, sur la balance, cela ne change rien.

Il continue donc d'y avoir un déséquilibre entre calories ingurgitées et énergie dépensée.

Ainsi, d'autres questions s'imposent.

Certains se demanderont si les interventions en milieu scolaire ne sont tout simplement pas encore assez «régime». Ce serait, à mon avis, se tromper tragiquement de cible.

Et si les enfants mangeaient plus à l'extérieur de l'école quand ils ne sont pas heureux de la cuisine «santé» de leur cafétéria? En Angleterre, ce phénomène s'est produit. Que vaut une politique anti-malbouffe-pro-santé si on n'a pas la certitude que les plats «allégés» plairont aux enfants?

Et que vaut une politique anti-malbouffe-pro-santé si on n'amène pas les enfants sur un chemin où ils choisiront eux-mêmes, spontanément, des aliments de qualité, dans les bonnes quantités? Car soyons réalistes, peu importe le nombre de barrières qu'on érigera contre la malbouffe, les jeunes se retrouveront toujours devant la nécessité de choisir. Ils sont plongés, au quotidien, dans un univers de surabondance alimentaire.

Demain, dans le cahier Plus, Stéphanie Bérubé nous parlera de cafétérias québécoises qui ont choisi d'offrir de la nourriture que les écoliers préféreront à la malbouffe, non pas parce que c'est santé, mais parce que c'est bon.Voilà ce qui devrait être la priorité du gouvernement et là où l'argent devrait être investi.On s'en reparle demain.

19 septembre, 2007

Droit de grève et services publics

La loi de la fonction publique, adoptée en 1965, accordait aux syndicats de la fonction publique le droit de grève. Les politiciens n’avaient pas hésité à marchander à des fins électoralistes le droit des Québécois à recevoir des services publics. En 1982, l’abus des syndicats et la colère bien compréhensible des citoyens ont obligé les politiciens à concocter une demi-mesure : Le Conseil des services essentiels. Un service public fourni par un monopole d’état est par définition un service essentiel. En accordant le droit de grève aux syndicats de la fonction publique, le gouvernement leur accordait en même temps le pouvoir de retirer aux Québécois les services essentiels auxquels ils ont droits.

Trente ans plus tard, on commence enfin à comprendre que le droit de grève ne doit pas brimer les droits fondamentaux des citoyens.

André Pratte
La Presse, le 22 août 2007

Plus de 600 familles attendent d'enterrer un de leurs proches au cimetière Notre-Dame-des-Neiges. Dans certains cas, l'attente dure depuis des mois. De longs mois sans pouvoir franchir une étape cruciale dans l'évolution du deuil.

Cette situation, provoquée par un conflit de travail entre la fabrique et les employés du cimetière, est tout simplement intolérable. Heureusement, les négociations semblent enfin progresser sous l'impulsion du conciliateur nommé par le ministre du Travail, David Whissell. Toute entente négociée est certainement préférable à un règlement imposé. Mais le temps presse. En cas d'échec de la conciliation, le gouvernement ne devra pas hésiter à intervenir plus directement dans le conflit.

L'affaire ne suscite pas beaucoup d'émoi, notamment parce que le nombre de personnes touchées est relativement petit. Toutefois, celles-ci sont exceptionnellement vulnérables. Il est difficile d'admettre que les deux parties, qui savent mieux que quiconque la douleur qu'éprouvent les familles, puissent les garder ainsi en otages.

D'un côté comme de l'autre, on aurait avantage à méditer les propos tenus le printemps dernier par le directeur général du cimetière, Yoland Tremblay: « Le client a le droit en tout temps de vivre ses émotions, il est en droit d'attendre que tout ce qu'on fait pour lui reflète l'être cher. Notre première préoccupation doit être le bien-être des personnes endeuillées qui ont besoin de notre soutien autant administratif que spirituel. » L'affrontement actuel s'inscrit bien mal dans cette philosophie...

Une chose est sûre, une telle situation ne devrait plus se reproduire. Pourquoi ne pas ajouter l'inhumation des défunts aux services publics régis par le Conseil des services essentiels? Dans l'état actuel du droit, ce ne serait pas possible. Selon le Code du travail en effet, le Conseil est seulement appelé à intervenir si, selon le gouvernement, « une grève pourra avoir pour effet de mettre en danger la santé ou la sécurité publique ». Le Conseil a plusieurs fois rappelé que «le maintien des services essentiels vise strictement à protéger la santé ou la sécurité de la population mais il ne signifie pas que la grève ne peut produire aucun effet ni inconvénient ».

Le fait que des corps soient rangés pendant des mois dans des entrepôts frigorifiés ne menace pas la santé publique. Par contre, il est clair que les ennuis subis par les proches des défunts sont d'une nature particulière. Ce n'est pas seulement leur routine quotidienne qui est chamboulée (comme c'est le cas lors d'une grève dans les transports collectifs, par exemple), mais leurs émotions les plus profondes.

N'y aurait-il pas lieu d'étendre la compétence du Conseil des services essentiels pour englober les conflits où les inconvénients sortent de l'ordinaire? Le ministre Whissell lancera à l'automne une réflexion sur le maintien des services essentiels dans les transports en commun. Il devrait élargir ce débat et le faire porter sur une révision plus générale du régime des services essentiels. De nos jours en effet, l'interruption prolongée de la prestation de certains services publics (qu'on pense aux garderies) peut causer aux usagers des problèmes si importants que des balises devraient être fixées, et ce même si la santé et la sécurité publique ne sont pas menacées.

18 septembre, 2007

Je demeure sceptique

Le PLQ s’est engagé à promouvoir la « création de richesse » pour sortir le Québec de l’immobilisme des derniers vingt ans. Depuis 2003, le PLQ nous a habitué aux beaux discours sans jamais passer à l’action. Vous vous souvenez de la « réingénierie » de l’état?

Cet engagement implique que le gouvernement sera moins interventionniste. Les gouvernements interventionnistes qui se succèdent à Québec depuis trente ans ont clairement démontré leur incapacité d’agir efficacement pour influencer les lois du marché. C’est tout le contraire. Chacune de leur intervention limite un peu plus les libertés économiques et nuit à la « création de richesse ». Mais, comme le dit le PDG masqué, il ne faut pas perdre la foi.

J'ai retrouvé la foi!

Le PDG Masqué, LesAffaires.com

Je ne pensais pas cela possible. Je n'y croyais plus. Mais, dimanche, j'ai failli me lever debout dans mon salon pour applaudir lorsque j'ai vu Jean Charest à la télé annonçant que le parti Libéral va se donner (et nous donner) une vraie politique économique basée sur l'innovation. C'est la première bonne nouvelle en provenance de Québec depuis le 14 avril 2003... je me suis presque senti coupable d'avoir tenu certains propos la semaine dernière... Je dis bien presque...

Enfin, le gouvernement va assumer son leadership. Car son rôle ne se limite pas à distribuer la richesse, il doit aussi créer un environnement qui va permettre de la créer cette fameuse richesse.

J'étais franchement découragé de tous ces petits dossiers populistes imposés par le "modèle" Mario Dumont. Il était temps que le premier ministre du Québec s'élève au-dessus de la mêlée. Il me reste à souhaiter qu'il ne craque pas, qu'il garde le cap. Car, soyez rassurés, je ne perdrai pas mon sens critique. Je demeure vigilant.Mais Dieu que je n'ai pas envie qu'on ébranle ma foi retrouvée...

Posté le 17 septembre 2007 à 15:32 PM

17 septembre, 2007

L'étatisme coûte cher

Le système d’éducation est devenu une immense machine ingouvernable. Les politiciens, bureaucrates et syndicalistes utilisent le système à des fins partisanes au détriment des élèves, parents et professeurs. On a souvent l’impression que l’acquisition de compétences de base est subordonnée aux priorités politiques, bureaucratiques et syndicales du moment. Il en résulte un système qui coûte de plus en plus chère et qui néglige sa mission fondamentale, éduquer nos enfants.

L'analphabétisme coûte des milliards
6 septembre 2007 - 12h27
LaPresseAffaires.com

Des lacunes au niveau des compétences en lecture et écriture coûtent des milliards à l'économie canadienne, selon un rapport publié mercredi par la Banque TD (TD).

Contestant l'idée que les Canadiens ont généralement les connaissances requises pour participer pleinement à l'économie, la TD affirme que des régions francophones et autochtones sont désavantagées. Aussi, selon ses chiffres, 40% des jeunes de 15 ans ont une capacité de lecture insuffisante.

Selon la banque, il suffirait de faire monter le taux d'alphabétisme de 1% afin de bonifier de 32 G$ le revenu national du Canada.

L'institution financière calcule que des compétences améliorées créeraient des milliers d'emplois, réduiraient le chômage, feraient monter quelque peu le revenu personnel et aideraient à combattre la pauvreté. De plus, cela permettrait d'inverser la tendance à la baisse de la productivité au pays.

Selon la TD, la mondialisation et la modernisation de l'économie obligent le Canada à réagir.

«Notre place dans le monde est définie, de plus en plus, par des frontières intellectuelles plutôt que politiques, affirme Frank McKenna, président suppléant du Groupe Financier Banque TD. Des niveaux supérieurs d'alphabétisme nous permettent de disposer des capacités nécessaires pour comprendre, calculer et transmettre les données et idées nécessaires au soutien de notre prospérité future.»

Comment régler la question ? La Banque TD s'aventure sur le terrain fédéral, suggérant des normes nationales d'alphabétisme et une aide au financement de la part d'Ottawa. Mais les provinces assureraient la gestion des programmes. Le secteur privé serait aussi mis à contribution, notamment en offrant de la formation à ses employés.

Frank McKenna estime que l'alphabétisme n'est pas qu'une question économique. «Pour les parents, parvenir à lire une histoire aux enfants n'a pas de prix. C'est un investissement difficile à chiffrer mais profondément précieux, pour les familles, les collectivités et la société dans l'ensemble.»

16 septembre, 2007

M. Tremblay, voilà une excellente idée!

La suggestion du Toronto Star au maire Miller est aussi valide pour Montréal. Avant de réclamer plus de revenue, le maire Tremblay devrait démontrer qu’il n’est pas possible de faire plus avec moins.

EDITORIAL
Let expert panel find fat at city hall
TheStar.com , Sep 15, 2007 04:30 AM

When facing a hard choice between new taxes and deep service cuts, many Torontonians insist on a third way: cutting "fat" at city hall.

It seems a widely held view that Toronto is badly managed, replete with too many overpaid employees, excessive perks, and programs that deliver little value. In the current fiscal crisis, it would help if these perceived strains on Toronto's deficit-ridden budget were either put to rest or clearly identified and eliminated.
To that end, Mayor David Miller should immediately create a blue-ribbon panel of experts and concerned citizens to carefully screen all of the city's operations, looking for waste and inefficiencies.

For months, Miller and top city officials have insisted they already have a lean operation and point to several municipal performance studies and "benchmarking" reports showing Toronto is well run. The city's website declares that Toronto has won more than 50 awards for quality and innovation in delivering public services.

But despite those studies and prizes, too many people, including many city councillors, still believe their city is a wasteful operation.

As a result, they bristle at tax increases and regard service cuts as needless pain inflicted by some self-centred bureaucracy. It doesn't help that city council offers a poor example of government efficiency. A majority of councillors insist on clinging to an outrageous 9 per cent wage increase, to perks such as free golf and to hefty office budgets.

No wonder residents doubt they are getting their money's worth.
By assigning an independent probe to root out wasteful practices, Miller could ease some of that skepticism. Either that, or the public's doubts would be confirmed. Then the panel would, at least, point the way to new savings by revealing the hidden squandering at city hall.

This group should include high-profile local business leaders with a reputation for getting things done, some open-minded union representatives, experts on municipal affairs and budgeting, as well as people with a background in social services. They should be given ample time to do a thorough job, perhaps a year. They would make recommendations to council, but could not order cuts on their own.

There is no realistic way such a panel could be pulled together in time to produce a meaningful report before a vote on two badly needed new taxes, scheduled for Oct. 22. Some councillors have balked at approving a proposed land transfer tax and motor vehicle registration fee on grounds that city officials should first cut administrative waste.

Unfortunately, none of the opponents of the new taxes could point to specific examples of waste that added up to the $356 million to be generated by the proposed new taxes and fees.

Miller might be able to win support from some skeptics by creating the special panel, whose findings could be useful in future budgets.

Meanwhile, the perception of bloat at Toronto city hall could be immediately eased if councillors voluntarily trimmed their pay increase and cut back on perks. Huge potential savings from reducing "fat" at city hall are hard to see, but council's excesses stand visible to all.

13 septembre, 2007

Une philosophie qui dérange

André Dorais

Lorsque Ludwig von Mises a démontré qu’il était possible de déduire l’ensemble des lois économiques à partir du constat que l’homme agit dans le but d’améliorer son sort, il ne pensait pas que l’on s’en servirait pour remettre en question le droit et la politique. Il a toujours été critique des politiques gouvernementales, mais quant à leur capacité d’atteindre leur but.

Un de ses meilleurs élèves, Murray N. Rothbard, a précisé que cette inefficacité n’était pas due uniquement à l’incompréhension des lois économiques, mais à une croyance aveugle aux lois politiques. Autrement dit, pour Rothbard, l’efficacité de l’action repose en dernier lieu sur l’éthique mise de l’avant. Puisqu’il considère misérable l’«éthique politique» actuelle, il ne s’est pas fait prier pour jeter les bases d’un droit universel.

L’économie : du sens strict au sens large

La catallaxie, soit la science de l’échange dans une société marchande, constitue le noyau dur de l’économie. Pareille société implique une division du travail, la propriété privée des moyens de production, une monnaie et le calcul économique pour échanger biens et services. À partir de ces échanges caractérisés par le calcul monétaire, certains économistes ont élargi leur champ d’investigation pour considérer l’ensemble des choix individuels. Puisque l’action humaine est au centre de l’activité économique et que Mises cherche à en retracer les lois en utilisant la logique verbale plutôt que mathématique, il considère que l’économie s’inscrit dans une science plus large qu’il nomme «praxéologie», soit la science de l’action. Toutefois, étant donné qu’il la caractérise essentiellement à partir de sa conception de l’économie, on dira simplement que cela en est une conception élargie.

L’économie présentée selon la logique verbale plutôt que mathématique

La plupart des économistes d’aujourd’hui ont été endoctriné à l’idée qu’une science humaine, pour être rigoureuse, doit utiliser des statistiques et des mathématiques. Celles-ci facilitent la construction d’hypothèses dont la cohérence peut être testée. Si ces hypothèses résultent en des prédictions de phénomènes, elles sont considérées valides, sinon on les modifie, voire les remplace.

Comme le dit Frank Shostak, dans Donner un sens aux indices économiques, la nature approximative de ces hypothèses implique que les économistes ne peuvent même pas être sûrs de la loi de l'offre et de la demande. En effet, bien que l'on accepte qu'une augmentation de l'offre d'un bien pour une demande donnée diminue son prix, il n'en sera pas toujours ainsi. On peut aussi bien imaginer une situation où le prix d'un bien augmentera. Il s’ensuit qu’on est condamné à l'incertitude en ce qui a trait au monde réel. Puisqu'il est impossible, selon cette méthode, d'établir comment les choses fonctionnent réellement, alors la nature des hypothèses qui sous-tendent un modèle théorique importe peu. Selon Milton Friedman, prix Nobel d’économie en 1976 :

«La question pertinente à demander à propos des postulats d'une théorie n'est pas de savoir s'ils décrivent bien la réalité car ils n'y arrivent jamais, mais de savoir s'ils constituent de bonnes approximations. Cette question n'a de réponse qu'en évaluant si la théorie fonctionne, c'est-à-dire si les prédictions qui en résultent sont suffisamment précises.» Essays in Positive Economics, 1953, p.15

Cette façon de procéder est inadmissible, car une science humaine doit décrire la réalité et en déterminer les forces motrices. En économie, la réalité de départ, la force motrice, est que l’homme agit dans le but de satisfaire ses besoins. Les réalités qui découlent de celle-ci sont donc tout aussi réelles. Par exemple, si un individu vise un but, n’importe quel, cela démontre qu’il lui accorde de l’importance. Si l’objectif atteint s’avère conforme à ses attentes, il lui procurera satisfaction. Chaque action encourt des risques. On doit y consacrer du temps et des ressources et puisque celles-ci sont rares, l’individu doit faire des choix, évaluer ses alternatives, etc. Puisque ces propositions sont déduites du principe de l’action et décrivent tout autant de réalités, on doit conclure qu’elles sont vraies. La difficulté est de reconnaître ces réalités, car elles ne sont pas directement observables. Elles sont le résultat de la réflexion.

Traduire ces propositions en axiomes mathématiques sans perdre de vue la complexité de l’interdépendance de l’esprit (la raison) et de l’action constitue une mission pratiquement impossible. Même John Maynard Keynes, mathématicien et économiste de renom, préconisait la retenue, bien qu’il ne la pratiquait pas («Faites ce que je dis, pas ce que je fais!») : «Trop de récentes «économies mathématiques» ne sont que pures spéculations; aussi imprécises que leurs hypothèses initiales, elles permettent aux auteurs d'oublier dans le dédale des symboles vains et prétentieux les complexités et les interdépendances du monde réel.» Théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie, livre III, p.119

«L’économie», dit Mises, «peut prédire les effets attendus d'un recours à des politiques économiques. Elle peut répondre à la question de savoir si une mesure est apte à atteindre les fins visées et dans la négative, de définir ce que seront les effets réels. Toutefois, bien évidemment, cette prédiction ne peut être que qualitative.» The Ultimate Foundation of Economic Science

Les tenants de la formalisation mathématique non seulement n’apportent rien de plus à l’analyse économique, mais s’éloignent de la réalité et du monde. Ils singent la physique en essayant de reproduire des faits historiques comme si ces faits étaient tirés de l’expérience d’un laboratoire. Ils cherchent ensuite à tirer un nombre de chaque événement dans le but illusoire d’établir des constantes. Or, celles-ci ne sont pas tant des constantes de l’action que des nombres lissés par des statistiques. Il n’existe pas, à proprement parler, de constante dans l’action humaine.

En inscrivant l’économie au sein de la praxéologie, Mises n’avait pas à l’esprit uniquement une préférence pour un choix de méthode, la logique verbale, car dans ce cas le terme «praxéologique» eut été préférable. Il cherchait également à différencier l’économie de l’histoire, car celle-ci est également une science de l’action. Pour Mises, l’économie est pourvue de lois qui lui sont propres. En ce sens, il n’était pas tant à la recherche d’une praxéologie que d’une «praxéonomie» (de praxis, action et nomos, loi).

La nature des lois économiques

Les lois économiques (de la demande, de l’offre, de l’échange, etc.) et plus généralement celles de l’action (de la préférence, de l’utilité marginale, etc.) se rapprochent des lois naturelles par leur caractère inévitable. Par exemple, l’augmentation de la demande d’un bien pour une offre donnée conduira inéluctablement à une hausse de son prix. Ce qui est incertain est de savoir quand. On qualifie souvent ces lois de constantes, mais dans ce cas on doit faire attention de ne pas les confondre avec les constantes rencontrées dans l’univers du monde inanimé et étudié, par exemple, en physique et en chimie.

On retrouve ces lois dans l’action humaine, mais pas dans les faits historiques. Ceux-ci sont singuliers et pour bien les comprendre on fait appel au jugement que la praxéologique tente d’éviter pour se concentrer sur le principe d’action et ce qui en découle. Étant donné que chaque événement historique est unique et résulte de multiples causes n’ayant aucune constante entre elles, on ne peut en tirer de lois. Certes, on dit communément que l’histoire se répète, mais ce n’est là qu’une façon de parler qui évoque des généralités. Il va sans dire que cela ne rend pas l’histoire inutile pour autant. Un homme qui connaît l’histoire est un homme avisé.

Ces lois internes à l’action humaine se distinguent des lois qu’on lui impose, soit celles qui proviennent notamment du politique, du religieux et du droit. Elles constituent des contraintes au même titre que celles prescrites par ces sciences sans être elles-mêmes des prescriptions. Par exemple, lorsqu’on dit qu’une augmentation des prix conduit à une baisse de la demande, toutes choses étant égales par ailleurs, on signale une contrainte à la hausse de la demande. Autre exemple : Si l’on consomme davantage que l’on produit, viendra un jour où sa consommation devra être réduite. Ces contraintes sont propres à l’action. Nul besoin de les corriger, car elles se corrigent d’elles-mêmes avec le temps, le mécanisme des profits et pertes et le respect de la propriété. Malheureusement, les politiciens et leurs supporteurs ne voient pas les choses du même œil.

Aux contraintes internes à l’action humaine, ils en ajoutent une multitude dans le but de corriger ce qu’ils qualifient d’injustice. Or, il ne s’agit pas d’injustice, mais d’incompréhension de l’action humaine, de ses lois et par conséquent du marché. Règle générale, plus sa conception de l’État et par suite de la justice tend vers une égalité économique, plus on croit que le marché est incapable de se corriger lui-même. À l’inverse, plus on juge qu’il est apte à se corriger, plus on considère que l’interventionnisme se fonde sur une incompréhension du marché. La compréhension de celui-ci et, par extension, de l’action humaine et de ses lois, est déterminante pour les idées relatives au rôle de l’État dans une société.

Étant donné que l’économiste analyse l’impact des prescriptions sur l’action, il va sans dire qu’il est apte à en suggérer. Le danger est de se substituer aux moralistes et aux politiciens. Son objectif est avant tout de promouvoir l’efficacité des échanges pour faciliter la création de richesse. Toutefois, en étudiant les conséquences et les contraintes de l’action, autant celles qui lui sont propres que celles qui lui sont imposées, on est enclin à considérer inefficaces et nuisibles les prescriptions imposées par le politique, le droit et, dans certaines parties du monde, la religion. Il s’ensuit que l’étude de la praxéologie, telle qu’entendue par Mises mais pas nécessairement envisagée par lui, finit par remettre en question plusieurs sciences normatives.

Poussée à fond, la praxéologie fait disparaître la politique et réduit le droit à l’éthique de la liberté. Elle laisse toute la place aux morales individuelles dans la mesure où elles respectent les principes de non-agression et de propriété. Elle laisse également la place à l’éthique philosophique, qui constitue davantage un ensemble de prescriptions relatives à une manière d’agir (avec courage, générosité, etc.) que des prescriptions suggérant quoi faire et penser.

Lorsqu’on analyse la praxéologie uniquement à titre de méthode, on conclut que l’expression vise trop large, tandis que lorsqu’on en fait une étude des lois économiques, il eut peut-être été préférable de la qualifier par le néologisme «praxéonomie». Quoi qu’il en soit de la justesse de l’expression, la conception de Mises de l’économie est unificatrice des diverses définitions présentées à ce jour, car elle met l’accent là où il se doit, soit sur l’action humaine qui vise un but. En même temps, elle demeure radicalement différente des autres conceptions, que ce soit par la méthode utilisée, sa théorie de la valeur et l’accent mis sur les lois qui lui sont propres.

Cette conception clarifie les différences entre les lois économiques et celles des sciences naturelles d’une part, les lois économiques et celles des sciences normatives d’autre part. Son étude se fonde exclusivement sur l’angle de l’efficacité, mais comme l’indique Rothbard, celle-ci s’établit, à son tour, sur une éthique rationnelle et conséquemment universelle qui conduit à une remise en question et du politique et du droit fondé sur elle. En somme, il s’agit d’une philosophie qui bouscule et dérange, mais qui mérite d’être étudiée et mise en pratique, car elle se veut dans l’intérêt de tous.

12 septembre, 2007

Sortir de la médiocrité

En commentant l’étude de l’Institut Fraser sur les marchés du travail au Canada et aux États-Unis, Claude Picher conclut que le Québec avec sa 41e place s’en tire assez bien.

Il est désolant de constater que le Québec se classe 41e alors que nous avons tout ce qu’il faut pour nous hisser dans le peloton de tête. Il suffirait de libérer l’environnement économique québécois :

  • Actualiser les lois du travail pour les adapter au contexte de la mondialisation;
  • Éliminer les règlements inutiles et simplifier ceux qui sont nécessaires. Il est utile de rappeler que ce simple exercice permettra à l’industrie forestière de faire des économies de 50 millions par année; et
  • Réviser le régime fiscal pour valoriser l’entrepreneuriat et le travail.

Pas si mauvais que ça, le Québec
11 septembre 2007 - 06h32
La Presse
Claude Picher

D'abord, une question: où se situe la performance du marché québécois du travail par rapport à ses principaux concurrents américains, c'est-a-dire les États de New York, Pennsylvanie, Massachusetts, Illinois?

Le Québec, société la plus taxée, la plus bureaucratisée, le plus syndiquée et la plus endettée en Amérique du Nord, aux prises avec de graves problèmes de productivité, ne devrait-il pas arriver naturellement en queue du peloton?

Eh bien non! au contraire: le marché du travail, au Québec, est en meilleure santé que dans n'importe quel des quatre États que nous venons d'énumérer, et on pourrait en ajouter une quinzaine d'autres!

Voilà une des conclusions qui se dégagent de la compilation annuelle de l'Institut Fraser sur les marchés du travail au Canada et aux États-Unis. Le classement a été publié la semaine dernière. L'étude couvre la période de cinq ans allant de 2002 à 2006.

Plusieurs médias ont rapporté que le Québec arrive à l'avant-dernier rang des provinces canadiennes (seule Terre-Neuve réussit à faire pire), ce qui n'est pas particulièrement brillant.
C'est vrai, mais attention: lorsqu'il s'agit de comparer la performance des marchés du travail, il est hasardeux de se limiter à l'espace canadien.

Les États-Unis achètent 81% des exportations du Canada et lui fournissent 66% de ses importations. De loin, les entreprises américaines sont les principales concurrentes des entreprises canadiennes, y compris sur le marché canadien.

Dans ces conditions, en analysant les marchés du travail dans les deux pays, on obtient une idée beaucoup plus précise de la force ou de la faiblesse de chaque province et de chaque État.

Comme il y a 50 États et 10 provinces, le rapport passe en revue 60 gouvernements.

Le Québec obtient la 41e place au classement. Certes, c'est très loin du peloton de tête, mais c'est insuffisant pour le cataloguer avec les cancres.

Mais comment fait-on pour mesurer la performance du marché du travail?

Pour cela, les auteurs ont recours à cinq indicateurs. Chaque entité, province ou État, est évaluée selon chacun des indicateurs, et le tout est reporté sur un système de pointage de 0 à 10.

Ainsi, l'Alberta, première au classement, reçoit une note de 8,3; à l'autre bout de l'échelle, le Mississippi doit se contenter de 2,8. La note du Québec est de 4,6, celle de l'Ontario, 5,4.

En repassant chacun des cinq indicateurs, voyons quelles sont les forces et les faiblesses du Québec.

  • Croissance de l'emploi. C'est le point fort du Québec. Entre 2002 et 2006, le rythme annuel moyen de croissance de l'emploi, au Québec, se situe à 1,8%, ce qui est largement supérieur à la moyenne américaine, où il existe par ailleurs d'importantes variations régionales. À tout prendre, pour cet indicateur, le Québec obtient la 13e place sur 60, ce qui est fort honorable.
  • Création d'emplois dans le secteur privé. Le premier indicateur, nous venons de le voir, mesure la croissance totale de l'emploi. Pour mieux évaluer la bonne santé du marché du travail, il faut aussi tenir compte de la croissance de l'emploi dans le secteur privé, mesure qui reflète, entre autres, le dynamisme entrepreneurial. À ce chapitre, le Québec fait mieux que la plupart des provinces canadiennes (incluant l'Ontario) et des États américains. Cela lui vaut également de figurer dans le peloton de tête avec la 14e place. Un autre bon point.
  • Taux de chômage. Pour la période 2002-2006, le taux de chômage au Québec se situe, en moyenne, à 8,5%. Dans le contexte canadien, ce n'est pas très brillant, mais ça peut se tolérer: cinq provinces font mieux, quatre autres font pire, Dans le contexte nord-américain, c'est une tragédie. De façon chronique, le chômage est plus bas au sud de la frontière. Ainsi, sur 60 gouvernements, le Québec ne peut faire mieux que la 56e place, les quatre dernières étant occupées par les quatre provinces de l'Atlantique. C'est la grande faiblesse du Québec.
  • Durée de l'emploi. Le quatrième indicateur tient compte de la qualité des emplois. C'est bien beau de créer de l'emploi, mais encore faut-il que ces emplois soient stables. Pour mesurer cela, on calcule le pourcentage de chômeurs qui sont sans emploi pendant au moins 27 semaines. Au Québec, ce pourcentage est de 19%, ce qui donne la 42e place au classement. Pas très bon, mais pas une catastrophe non plus: dans l'État de New York, le chiffre correspondant est de 27%.
  • Productivité. Enfin, la performance du marché du travail est liée à la productivité de la main-d'oeuvre. Plus la productivité est élevée, plus le niveau de vie augmente. On mesure la productivité en divisant le produit intérieur brut, c'est-à-dire l'ensemble de la production, par le nombre de travailleurs. Le Québec obtient ici la 48e place, chiffre qui montre bien les progrès considérables qui restent à faire dans ce dossier.

10 septembre, 2007

Montréal Plus!

Selon La Presse, Montréal se classe derrière Toronto dans les médias internationaux. Pourtant Montréal bat largement Toronto dans plusieurs domaines. Montréal a plus de maires, plus de conseillers et plus de cols bleus. Montréal a aussi plus de taxes, plus de nids de poule, plus de viaducs en décrépitude, etc. Doit-on en conclure que plus de gouvernement résulte en moins de service?


Non, Montréal n'est pas une ville marginale

René Vézina, LesAffaires.com

Montréal se classe au deuxième rang derrière Toronto pour les mentions dans les médias internationaux, nous apprenait La Presse en fin de semaine.

Ça m'étonne. Au train où vont les choses, j'aurais plutôt cru que Montréal s'accrochait... au troisième rang, derrière Vancouver. C'est ce qui risque d'arriver plus tôt que plus tard.

J'en connais qui se disent «C'est pas grave, Montréal conserve son originalité » (sa «marginalité», disait même une chroniqueure du même journal).

Désolé, mais c'est grave. C'est le signe d'une glissade qui se poursuit. C'est une perte d'influence qui survient au moment où toutes les grandes villes de la planète luttent pour accroître leur notoriété. Accepter le déclin révèle une mentalité de perdant. C'est se tasser dans la file pour regarder passer les vedettes en demeurant sur le trottoir. C'est reconnaître que le rapport entre Montréal et Toronto et à l'image de celui qui s'est creusé entre notre « festival » de films et le leur. Nous sommes déclassés.

Est-ce inévitable ? Certainement pas. Mais il va falloir arrêter de ronronner. Quelqu'un disait plus tôt : « On n'atteint pas la grandeur en rapetissant. » Si la plus grande ville du seul état francophone d'Amérique (ok, oubliez la Guyanne) tient encore à se faire valoir à la face du monde, va falloir embrayer pour de vrai. Arrêter de niaiser avec le puck. Et ça presse.

Posté le 10 septembre 2007 à 08:55 AM

09 septembre, 2007

L'immobilisme en éducation

Dans son billet, Pierre Légaré explique que rien n’a changé dans le système d’éducation depuis trente ans. L’immobilisme n’est pas limité à l’économie. C’est une déficience qui affecte tous les domaines de la vie en société.

L’immobilisme dans les services publics est la conséquence de l’interventionnisme de l’état. Les bureaucrates du ministère, secondé par le syndicat, gèrent dans les plus menus détails le système scolaire. Donc, les directeurs d’écoles, les parents, les professeurs et les élèves n’ont aucune raison de se responsabiliser.

Les couilles décrocheuses
Pierre Légaré, Le dimanche 09 sept 2007, Collaboration spéciale, La Presse

C’était il y a 30 ans. Le ministère de l’Éducation avait décidé que, à 13 ans, un élève devait passer au secondaire, quel que soit son niveau scolaire. Bonne décision, certains mesuraient six pieds et avaient de la barbe.

Dans les écoles secondaires censées les accueillir, il fallait tout organiser : comment on les regroupe, combien par groupe, qu’est-ce qu’on leur met dans les mains, qui va leur enseigner et leur enseigner quoi, que vise-t-on pour eux : la récupération de leur retard étalée sur deux ou trois ans puis une réintégration au cours régulier ou on les occupe jusqu’à ce qu’ils décrochent à 16 ans. Un beau défi organisationnel, une belle job, la mienne à l’époque.


Première constatation, ces enfants étaient tous d’intelligence normale. L’aspect verbal de leur intelligence, ce qui est relié au langage, à la pensée formelle, à la stimulation culturelle était d’un score légèrement plus faible, mais le potentiel, lui, normal ou supérieur. C’était prévisible. Ils provenaient généralement d’un milieu familial moins stimulant, souvent désuni, peu encadrant, une télé mais pas de livres. Le plus frappant : on y dénombrait six fois plus de gars que de filles. Quelle que soit l’école élémentaire, le quartier, le village ou la ville d’où ils provenaient : six fois plus de gars que de filles. À croire que la cause de leurs retards d’apprentissage était dans les couilles.

Elle était ailleurs, à la fois multiple et unique. En plus du père absent de la maison, les enseignants masculins étaient rares dans les écoles élémentaires d’où ils provenaient. À leur arrivée au secondaire, ils étaient complètement perdus devant leurs huit ou même 10 profs qui, eux-mêmes ne parvenaient, parmi leur 135 élèves, à se rappeler leur visage qu’en novembre, leur nom qu’en janvier.

Absent aussi depuis leur entrée à la maternelle, le trip des gars : le sport d’équipe.

Au secondaire, la récré était de 10 minutes le matin, zéro l’après-midi. Ces gars retournaient dans leur chez-eux, vide, à 15 h, les autobus jaunes décidant de l’horaire des écoles et les autobus jaunes ayant décidé que l’après-midi, on ramène le secondaire avant l’élémentaire.

Problèmes de gars

On avait des problèmes de gars à régler.

À partir de 7 ou 8 ans, un enfant se socialise. Les filles le font en échangeant, en partageant, en parlant. Pas les gars. Les gars le font en « faisant de quoi » ensemble : en compétitionnant, en intégrant des règles, en se tiraillant, en se dépassant, en échangeant un ballon, en visant un objectif commun, en développant un sentiment d’appartenance à un groupe. Tiens, justement comme dans le sport d’équipe.

Un gars a besoin d’un modèle, d’un mentor, d’un héros auquel s’identifier. Huit ou 10 qu’il doit partager avec 135 autres, ça ne marche pas. Si on ne comblait pas ces besoins, vitaux pour qu’il accroche, on savait qu’il risquait de les combler autrement, par exemple dans un gang, avec des règles et des objectifs communs, un sentiment d’appartenance identitaire sacré, qu’il y trouverait son héros.

Un gars a besoin que ce modèle soit un gars, que ce soit son père, un coach, un prof ou le boss du dépanneur pour lequel il est livreur la fin de semaine.

On ne pouvait rien faire rapidement pour combler le manque de profs masculins à l’élémentaire, mais on pouvait réduire le nombre de profs intervenant auprès de ces gars atterrissant au secondaire, perdus, et nous assurer qu’il s’y trouvent des héros. On pouvait aussi profiter, trois après-midi par semaine, du « deuxième transport » de 16 h 30, pour leur faire faire du sport d’équipe, avec et contre les élèves du cours régulier où, pour la première fois de leur vie, ils étaient les meilleurs. Ça goûte bon et ça rend bon.

Pas juste avec ça, mais entre autres avec ça, on en a raccroché une majorité.Je vous en parle aujourd’hui parce que, dans notre société, les étapes, les codes, les rites par lesquels les gars doivent passer pour devenir des hommes ont presque entièrement disparu. Aussi parce que, en psychologie, ce qui est curatif est souvent, réciproquement, préventif. Aussi parce que je me demandais si les pères sont encore souvent absents de la maison, les profs masculins encore rares à l’élémentaire, les profs du secondaire encore incapables de se rappeler le nom de leurs 135 élèves avant janvier, les récrés au secondaire encore de 10 minutes le matin et zéro l’après-midi, si les autobus jaunes continuent de ramener le secondaire à la maison avant l’élémentaire et s’il y a encore six gars pour une fille, tous d’intelligence normale, qui pensent à s’offrir un décrochage pour leur 16e anniversaire. Parce que tout ça, c’était quand même il y a 30 ans.

Aussi parce que j’ai, par hasard, croisé un ancien collègue encore actif dans le domaine. Ça n’a pas changé, m’a-t-il dit.

C’était la semaine passée.

06 septembre, 2007

Encore les bulletins scolaires

Je n’en peux plus d’écouter les politiciens, les bureaucrates et les syndicats déblatérer sur la présentation des bulletins scolaires. C’est à croire que c’est le problème le plus important et le plus urgent du système d’éducation. L’état de délabrement des écoles, le manque de professeurs compétents, le décrochage scolaire, le dédoublement des structures organisationnelles, les étudiants qui ne savent pas écrire ou compter, etc. sont tous des problèmes négligeables face à la priorité des bulletins scolaires.

Le vrai problème c’est qu’il y a trop de fonctionnaires qui inventent des problèmes pour justifier leur existence. Le ministère de l’éducation compte près de 1 500 fonctionnaires et gère un budget d’opération de plus de 120 millions. Mais ce n’est pas suffisant. Il est assisté dans sa tâche par les Commissions scolaires et 13 organismes (Comités, Conseils, Commissions). Pendant que tout ce beau monde se chicane, les toits coulent, les syndicats font la pluie et le beau temps, les élèves font ce qu’ils veulent et les parents s’arrachent les cheveux.

Des notes... pour déchiffrer le bulletin

Le Journal de Montréal, p. 22 / Nathalie Elgrably, 30 août 2007

La rentrée scolaire a relancé le débat autour du bulletin. Il fallait s’y attendre, le Conseil supérieur de l’éducation (CSE) s’oppose farouchement au retour du bulletin chiffré et des moyennes de classe.

Pour les bonzes qui ont concocté la réforme, les bulletins chiffrés auraient un impact négatif sur la perception de la compétence et l’estime de soi de certains élèves. Dit autrement, ils veulent éliminer les notes de peur de traumatiser les cancres. Mais alors pourquoi nous limiter aux notes? Pourquoi ne pas cesser de compter les points lors des rencontres sportives, des tournois d’échecs et des parties de Scrabble? On ne voudrait quand même pas infliger un choc émotionnel aux mauvais joueurs, n’est-ce pas?! Nous pourrions aussi abolir les niveaux afin que les élèves de 1ière année ne se sentent pas «petits» par rapport à leurs camarades de 6ième. Et pour être certain d’éloigner toute possibilité de comparaison, les fonctionnaires ne devraient-ils pas également légiférer sur le contenu des boites à lunch? On pourrait ainsi éviter que certains enfants ne jalousent le sandwich de leurs camarades. Les exemples de ce genre sont nombreux, mais il est préférable de s’arrêter là: des fonctionnaires pourraient s’en inspirer!

École aseptisée

En s’opposant aux notes, le CSE tente de créer une école aseptisée qui s’inspire d’une vision égalitariste. C’est le communisme appliqué à l’éducation! C’est gentil de vouloir préserver les sentiments des cancres, mais qu’advient-il de ceux des bons élèves? Le CSE réalise-t-il qu’en camouflant la médiocrité, il occulte aussi l’excellence? De quel droit des fonctionnaires priveraient-ils certains élèves de la fierté d’être premier de classe? L’absence de notes prive l’enfant de la principale source de satisfaction qu’il retire de ses efforts. Au lieu de cacher la performance, on devrait plutôt lui réserver un traitement privilégié. On devrait valoriser la réussite, et non la diluer! On devrait honorer le premier de classe, et non l’ignorer! Au lieu de cela, on s’évertue à entretenir une «médiocratie» par complaisance pour les cancres.

Il faut également reconnaitre que, pour être accepté dans un programme universitaire contingenté, comme le génie ou la médecine, il vaut mieux un bulletin qui indique 95% en physique ou en biologie, plutôt qu’une mention «A» devant la compétence «construit sa conscience sociale à l’échelle planétaire».

Source de motivation

Et puis, pourquoi assumer que toute comparaison est malsaine? Pourquoi évacuer ainsi l’esprit de compétition? Pourtant, la comparaison est une source de motivation. Vouloir obtenir une meilleure note que son collègue de classe peut inciter des élèves à étudier davantage. Vouloir éviter l’humiliation d’être dernier de classe constitue également une incitation à prendre l’école au sérieux. Les élèves ont besoin d’une bonne raison pour éteindre la télé et passer des heures à étudier. Les notes constituent cette indispensable incitation. Elles sont le fruit de leur labeur. Un de mes étudiants m’avait dit un jour que les notes sont à l’élève ce que le salaire est au travailleur. Il avait raison!

Il faut également se demander si ce n’est pas un mensonge par omission que de laisser croire aux enfants que les comparaisons n’existent pas. La fonction de l’école est de préparer les jeunes aux études supérieures, au marché du travail et à la «vraie vie». Or, ce n’est certainement pas en les enveloppant dans la ouate qu’on y arrivera. Les universités évaluent et comparent la performance des étudiants. Les employeurs font de même avec leurs travailleurs. C’est la réalité et le CSE ne pourra rien y changer!


* Cette chronique a aussi été publiée dans Le Journal de Québec.
Nathalie Elgrably est économiste à l'Institut économique de Montréal et auteure du livre La face cachée des politiques publiques.

05 septembre, 2007

L’état providence favorise la médiocrité

La médiocrité est devenue la norme dans la plupart des services publics. C’est la conséquence naturelle d’une société maternisée par l’état.

Pour la qualité
Nathalie Collard
La Presse, Le mercredi 05 sept 2007

Les étudiants qui songent à lutter contre le dégel des droits de scolarité perdent leur temps. Le combat est perdu d'avance. Même le Parti québécois ne défend plus ce principe, c'est dire.

Plutôt que d'épuiser ses forces au nom d'une idée complètement déconnectée de la réalité, le mouvement étudiant devrait se battre corps et âme pour un principe chaque jour mis à rude épreuve: la qualité de l'éducation. S'il y a un slogan que les étudiants québécois doivent inscrire en gros crayon feutre noir sur leurs pancartes à l'automne, c'est celui-ci: «Non à la médiocrité!» Ils rallieraient beaucoup de monde, et pas seulement des étudiants.

Car la tendance à la médiocrité observée dans les écoles primaires, les cégeps et les universités est bien plus menaçante pour une société démocratique que l'augmentation somme toute mineure des droits de scolarité annoncée par le gouvernement Charest.

S'il y a quelque chose qui mine l'avenir de l'éducation au Québec, ce n'est pas l'ajout de 100$ par année aux droits de scolarité universitaires. Cent dollars, c'est moins de 10$ par mois répartis sur un an. Ce qui mine le système d'éducation, ce sont les petits glissements, les petites lacunes, le nivellement par le bas. C'est lui, l'ennemi à abattre.

La médiocrité s'infiltre partout. Dans les universités qui tardent à imposer des examens de français plus sévères. Chez les professeurs qui laissent passer trop de fautes d'orthographe. Dans les manuels scolaires qui proposent des textes lénifiants de peur de forcer les jeunes à lire des textes trop exigeants.

La médiocrité, elle se trouve aussi chez le professeur qui tourne les coins ronds sans risquer de perdre son emploi, dans les locaux inadéquats, dans les services aux étudiants qui rétrécissent comme une peau de chagrin. La médiocrité c'est la peur d'exiger, de part et d'autre.

Abandonner la lutte contre le dégel des droits de scolarité ne signifie pas qu'il faille délaisser le dossier de la situation financière des étudiants. Au contraire. Les associations étudiantes ont annoncé hier qu'elles allaient entreprendre une recherche sur les conditions de vie des étudiants. C'est une excellente idée qui permettra sans doute de déboulonner certains mythes à propos des étudiants pauvres qui n'arrivent pas à joindre les deux bouts. À partir de ces données, le mouvement étudiant pourra consacrer ses énergies à défendre les droits des étudiants véritablement démunis afin qu'ils puissent accéder sans discrimination aucune à l'enseignement supérieur sans pour autant s'endetter pour les 20 prochaines années. Comment? En revendiquant un meilleur système de prêts et bourses, des formes de remboursement originales (l'idée dun impôt perçu en fonction des revenus des diplômés a déjà été proposée, il en existe d'autres), bref en faisant en sorte que l'université ne soit pas un luxe pour les pauvres et une aubaine pour les riches.

Les étudiants ont raison de vouloir sortir dans la rue. Qu'ils s'assurent seulement de le faire pour les bons motifs.

04 septembre, 2007

Liberté économique et prospérité

Les tenants de l’interventionnisme seront certainement surpris d’apprendre cela.

Le Canada, 5e pour la liberté économique
12:35 Anne Robert, LesAffaires.com

Le Canada passe de la 8e à la 5e position au classement mondial de la liberté économique de l’Institut Fraser.

Cet institut privé, qui se réclame de la ligne de pensée de Milton Friedman, pense qu’un pays qui applique les principes de liberté dans la gestion de ses affaires économique a plus de chances d’accéder à la prospérité. Ces principes s’articulent autour de la liberté de choix personnel, des échanges volontaires, de la liberté de concurrence et de la sécurité des biens privés.

Dans un classement de 141 pays à partir de 42 critères, le Canada remonte à la 5ème position. Le pays a grimpé car il a allégé le poids de l’État dans l’économie, consolidé ses structures juridiques et amélioré l’accès aux capitaux. En revanche, la liberté de faire affaire à l’international a légèrement régressé de 7,8 à 7,5.

Le Canada est au coude à coude avec les États-Unis et la Grande-Bretagne. Les pays d’Europe sont dans les 50 premiers. Le pays qui jouit de la plus grande liberté économique est Hong Kong suivi de Singapour, de la Nouvelle-Zélande et de la Suisse.

Au bas de l’échelle, le Venezuela et le Myanmar tiennent la main à plusieurs pays africains tels que le Zimbabwe et la République Démocratique du Congo.

03 septembre, 2007

Les sondages magazine nagg™

Le dernier sondage du magazine nagg demandait : Doit-on abolir le droit de grève dans les services publics fournis par l’état?

Oui : 80,2%
Non : 19,8%

Il me semble évident que les lecteurs du magazine nagg™ n’ont pas peur du changement.

Le système

Pierre Foglia, avec raison, attribue au « système » l’incompétence des enseignants en français. Mais, c’est quoi le « système »? Le « système » c’est le ministre de l’éducation, les bureaucrates du ministère et le syndicat des enseignants. Ces trois « pouvoirs » sont plus intéressés à préserver et à croître leur influence respective qu’à satisfaire les besoins des enfants, des enseignants et des parents.

Pour améliorer l’enseignement il faut « casser » le « système ». Il suffirait d’instituer un régime compétitif entre les écoles. Dans ce nouvel environnement le rôle du ministère serait limité à définir les normes de performances et à voir à leur application.

La maman de Marius
Pierre Foglia
La Presse, Samedi le 1 septembre 2007

Une petite école primaire, en banlieue, le jour de la rentrée. Pour l'occasion, les parents ont été invités à passer la première heure en classe avec leurs enfants. L'institutrice, toute jeune, souhaite la bienvenue aux enfants et leur sert le laïus que toutes les institutrices de la province doivent servir aux enfants le jour de la rentrée.

Au fond de la classe, la maman de Marius prête plus ou moins attention quand, tout à coup, elle se raidit. La maîtresse vient de dire:


Il faut que vous faisiez...

Pardon? Que vous fassiez, madame l'institutrice, c'est le subjonctif. Bien sûr, la maman de Marius a corrigé mentalement, silencieusement. Mais elle a maintenant les oreilles bien ouvertes et c'est ni plus ni moins l'horreur qui tombe dedans. La maîtresse vient de dire:

Posez-vous pas la question de qu'est-ce qu'il faut faire.

Holà! Une heure plus tard, la maîtresse a répété au moins trois fois si j'aurais, pas une seule fois elle n'a employé une négation au complet, omettant systématiquement le «ne», gênez-vous pas, parlez pas, levez-vous pas...

Et puis il y a eu le clou de la matinée. La maîtresse est passée à un jeu. Elle a demandé aux enfants: est-ce que quelqu'un peut me citer des noms d'insectes? Un petit garçon a levé la main:

Un escargot, madame.

Bravo, bien trouvé, a dit la maîtresse. Quelqu'un d'autre pour me donner d'autres noms d'insectes?

Marius s'est retourné, il cherchait sa maman des yeux. Il sait, lui, parce que son papa le lui a appris, qu'un insecte a toujours six pattes. Quand une bestiole a plus que six pattes ou pas du tout de pattes, alors ce n'est pas un insecte.

Dans la cour de l'école, la maman de Marius, abasourdie, s'ouvre aux autres parents: cela ne vous inquiète pas, ces il faut que vous faisiez? Ces si j'aurais? Cela ne vous dérange pas que l'escargot soit un insecte?

Non, cela n'inquiétait pas outre mesure les autres parents. Bof, madame, ne prenez pas cela tant à coeur, ce n'est pas si important. Un autre: on ne peut rien y faire, se plaindre serait placer nos enfants dans une situation délicate. Et comme la maman de Marius, bien que Québécoise, a un accent un peu pointu, elle s'est fait dire aussi: vous savez, madame, c'est notre façon de parler à nous, ici. Ce qui a achevé de l'enrager.

Je suis québécoise et je ne dis pas si j'aurais. Mon père, plombier/électricien, savait qu'un escargot n'est pas un insecte. Ma mère ne disait pas il faut que vous faisiez et, à ma petite école, au lieu de dire «Posez-vous pas la question de qu'est-ce qu'il faut faire», mon institutrice disait: Ne vous demandez pas ce qu'il faut faire. Elle parlait simplement et correctement et n'en était pas moins québécoise.

La maman de Marius a passé quelques jours à se demander si elle irait trouver le directeur. Si j'y vais, je vais passer pour une emmerdeuse. Si je n'y vais pas, je cautionne une aberration. Finalement, elle y est allée. Le directeur l'a écoutée poliment et, à la fin, il a eu ce commentaire:

Vous pourriez facilement trouver pire, madame!

C'est tout ce que vous trouvez à me dire? a demandé la maman de Marius. Très bien, lorsque la maîtresse reprochera à mon fils d'avoir mal travaillé, je vais lui conseiller de répondre: Vous pourriez facilement trouver pire, madame.

Le directeur a dit aussi: Vous savez, cette enseignante est une excellente pédagogue. La maman de Marius est sortie avant d'exploser. Si elle ne s'était pas retenue, ce qu'elle aurait crié au directeur aurait pu ressembler à ceci: que voulez-vous que ça me foute que ce soit une excellente pédagogue? Sa pédagogie en fait seulement une conne plus redoutable, en cela que la pédagogie la rend seulement plus efficace à transmettre que l'escargot est un foutu insecte.

Je ne sais pas quoi faire, vient de me dire la maman de Marius, aussi désemparée que fâchée. Ce n'est pas à une exception que je me bute, mais à un système. Pourquoi les parents cautionnent-ils ce système? La solution serait-elle: tous à Stanislas? J'en ai deux, ça ferait pas loin de 10 000$ par année, je n'ai pas les moyens.

Attendez, je lui ai dit, ça va peut-être s'arranger...

Attendre quoi? Que Marius rate l'examen de français qu'il faut passer pour entrer à l'université?

Je me suis mis à rire. C'est encore loin et cela n'arrivera pas, c'est sûr!

Pourquoi?

Parce que faut vraiment être très, très nul pour rater ce truc-là. Pensez à la prof de Marius, qui l'a réussi avec ses si j'aurais et ses je voudrais que vous faisiez.

N'empêche que la maman de Marius a raison. Le problème n'est pas l'institutrice de Marius, mais le système dont elle est issue. Savez-vous combien de cours de grammaire pure reçoivent, durant leur formation, les étudiants qui vont avoir à enseigner le français au secondaire? Deux. Tous les deux dans la première des quatre années du bac. Après ça, débarrassés de cette niaiserie, mon vieux, ils peuvent se concentrer sur l'essentiel: la pédagogie.

L'autre jour, un prof de français du secondaire, justement, me demande la permission d'utiliser pour un de ses cours un mienne chronique déjà pas mal ancienne.

Pourquoi cette chronique-là, toute paisible, toute en paysages?

Pour les paysages, justement, me dit-il.

Pourquoi pas, alors, un grand texte classique?

Lequel?

Laissez-moi y penser et passez à l'entrée de La Presse à la fin de la semaine, j'aurai laissé un livre dans une enveloppe à votre nom. Je lui ai laissé Un balcon en forêt, de Julien Gracq, cet immense écrivain, aussi confidentiel qu'immense, dernier des grands classiques français à la prose surabondante et pourtant sans un mot de trop, une prose qu'on dirait écrite par un géographe, par le plus poète des géographes. Personne, même pas Lapouge, même pas Colin Thubron, même pas Nicolas Bouvier ne peut écrire un paysage après Gracq.

Le prof me rappelle quelques jours plus tard: j'aimerais mieux utiliser votre chronique.

Cette réflexion d'Alain Finkielkraut dans L'imparfait du présent, à propos de l'enseignement de la littérature, réflexion que je souligne à l'intention de notre ministre de l'Éducation: Les pessimistes ne sont pas assez pessimistes. Ils prévoient la catastrophe alors que, ni vu ni connu, elle a déjà eu lieu. Ils noircissent l'avenir quand c'est le présent qui est sinistré.

02 septembre, 2007

La ville aux cent maires

Les politiciens ont fait de Montréal un bel exemple de tour de Babel. Pour régler un problème d’organisation et d’efficacité on n’a rien trouvé de mieux que de donner plus de pouvoir de taxation à Montréal. On devrait plutôt réduire de 75% le nombre de politiciens responsables de la gestion de la ville!


Pauvre maire Tremblay!
Le PDG masqué, LesAffaires.com

L'échangeur Turcot qui se désagrège, le CHUM qui semble éternellement sur le point d'être construit, le Montréal souterrain qui risque de se retrouver à ciel ouvert... sans compter les nids de poule, problème qui nous parait aujourd'hui relativement mineur, même si leur nombre ne cesse de se multiplier. Et par-dessus le marché, Montréal qui ne sera bientôt plus reconnue comme la ville aux 100 clochers mais bien comme la ville aux 100 maires!C'est presque désespéré, nous sommes passés de la ville aux grands projets à la ville aux grands pieux; ceux qu'on installe sous les anciens "grands projets" pour éviter qu'ils ne nous tombent sur la tête. C'est triste à mort !

Nous sommes en crise et notre maire se transforme en général qui prend contrôle du centre-ville. Tout ceci me donne l'impression nette de vivre sur un champs de bataille; bataille perdue d'avance, est-il nécessaire de préciser?!Mais vous savez ce qui est plus triste encore? C 'est que Gérald est désespérément seul, abandonné par les deux gouvernements qui savent très bien que leur élection ne se gagnera pas à Montréal

Bonne chance Monsieur le Maire !
Posté le 31 août 2007 à 15:28 PM