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Vaut mieux en rire!

Avant de couper des centaines de millions dans les services, est-ce qu’on peut avoir les services ? - Michel Beaudry

06 septembre, 2007

Encore les bulletins scolaires

Je n’en peux plus d’écouter les politiciens, les bureaucrates et les syndicats déblatérer sur la présentation des bulletins scolaires. C’est à croire que c’est le problème le plus important et le plus urgent du système d’éducation. L’état de délabrement des écoles, le manque de professeurs compétents, le décrochage scolaire, le dédoublement des structures organisationnelles, les étudiants qui ne savent pas écrire ou compter, etc. sont tous des problèmes négligeables face à la priorité des bulletins scolaires.

Le vrai problème c’est qu’il y a trop de fonctionnaires qui inventent des problèmes pour justifier leur existence. Le ministère de l’éducation compte près de 1 500 fonctionnaires et gère un budget d’opération de plus de 120 millions. Mais ce n’est pas suffisant. Il est assisté dans sa tâche par les Commissions scolaires et 13 organismes (Comités, Conseils, Commissions). Pendant que tout ce beau monde se chicane, les toits coulent, les syndicats font la pluie et le beau temps, les élèves font ce qu’ils veulent et les parents s’arrachent les cheveux.

Des notes... pour déchiffrer le bulletin

Le Journal de Montréal, p. 22 / Nathalie Elgrably, 30 août 2007

La rentrée scolaire a relancé le débat autour du bulletin. Il fallait s’y attendre, le Conseil supérieur de l’éducation (CSE) s’oppose farouchement au retour du bulletin chiffré et des moyennes de classe.

Pour les bonzes qui ont concocté la réforme, les bulletins chiffrés auraient un impact négatif sur la perception de la compétence et l’estime de soi de certains élèves. Dit autrement, ils veulent éliminer les notes de peur de traumatiser les cancres. Mais alors pourquoi nous limiter aux notes? Pourquoi ne pas cesser de compter les points lors des rencontres sportives, des tournois d’échecs et des parties de Scrabble? On ne voudrait quand même pas infliger un choc émotionnel aux mauvais joueurs, n’est-ce pas?! Nous pourrions aussi abolir les niveaux afin que les élèves de 1ière année ne se sentent pas «petits» par rapport à leurs camarades de 6ième. Et pour être certain d’éloigner toute possibilité de comparaison, les fonctionnaires ne devraient-ils pas également légiférer sur le contenu des boites à lunch? On pourrait ainsi éviter que certains enfants ne jalousent le sandwich de leurs camarades. Les exemples de ce genre sont nombreux, mais il est préférable de s’arrêter là: des fonctionnaires pourraient s’en inspirer!

École aseptisée

En s’opposant aux notes, le CSE tente de créer une école aseptisée qui s’inspire d’une vision égalitariste. C’est le communisme appliqué à l’éducation! C’est gentil de vouloir préserver les sentiments des cancres, mais qu’advient-il de ceux des bons élèves? Le CSE réalise-t-il qu’en camouflant la médiocrité, il occulte aussi l’excellence? De quel droit des fonctionnaires priveraient-ils certains élèves de la fierté d’être premier de classe? L’absence de notes prive l’enfant de la principale source de satisfaction qu’il retire de ses efforts. Au lieu de cacher la performance, on devrait plutôt lui réserver un traitement privilégié. On devrait valoriser la réussite, et non la diluer! On devrait honorer le premier de classe, et non l’ignorer! Au lieu de cela, on s’évertue à entretenir une «médiocratie» par complaisance pour les cancres.

Il faut également reconnaitre que, pour être accepté dans un programme universitaire contingenté, comme le génie ou la médecine, il vaut mieux un bulletin qui indique 95% en physique ou en biologie, plutôt qu’une mention «A» devant la compétence «construit sa conscience sociale à l’échelle planétaire».

Source de motivation

Et puis, pourquoi assumer que toute comparaison est malsaine? Pourquoi évacuer ainsi l’esprit de compétition? Pourtant, la comparaison est une source de motivation. Vouloir obtenir une meilleure note que son collègue de classe peut inciter des élèves à étudier davantage. Vouloir éviter l’humiliation d’être dernier de classe constitue également une incitation à prendre l’école au sérieux. Les élèves ont besoin d’une bonne raison pour éteindre la télé et passer des heures à étudier. Les notes constituent cette indispensable incitation. Elles sont le fruit de leur labeur. Un de mes étudiants m’avait dit un jour que les notes sont à l’élève ce que le salaire est au travailleur. Il avait raison!

Il faut également se demander si ce n’est pas un mensonge par omission que de laisser croire aux enfants que les comparaisons n’existent pas. La fonction de l’école est de préparer les jeunes aux études supérieures, au marché du travail et à la «vraie vie». Or, ce n’est certainement pas en les enveloppant dans la ouate qu’on y arrivera. Les universités évaluent et comparent la performance des étudiants. Les employeurs font de même avec leurs travailleurs. C’est la réalité et le CSE ne pourra rien y changer!


* Cette chronique a aussi été publiée dans Le Journal de Québec.
Nathalie Elgrably est économiste à l'Institut économique de Montréal et auteure du livre La face cachée des politiques publiques.

1 commentaire:

Claude a dit...

Nos enfants ont besoin d'un encadrement de premier ordre pour être capables de faire face à la concurrence mondiale, lorsqu'ils entreront sur le marché du travail.

Ils ont aussi besoin d'amour mais ce n'est pas de les aimer que de leur faire croire que leurs épisodes à succès sont, dans le fond, des épisodes parmi tant d'autres.

Il faut des comparatifs pour savoir, sans détours, si on passe la barre de la "concurrence".

Noter lâchement les performances de nos enfants peuvent ménager leurs susceptibilités à court-terme mais ça ne rime à rien s'ils ne voient pas l'utilité de tendre vers l'excellence.

À force de niveler vers le bas, en éducation, on va avoir de mauvaises surprises...