La coutume veut qu’à l’occasion du Nouvel An, nous nous souhaitions une bonne et heureuse année. Malheureusement, malgré tous les souhaits que nous nous échangerons, le futur prévisible réserve plusieurs mauvaises années pour tous les Québécois.
À moins de vivre sur une autre planète, vous savez que les dettes publiques québécoise et canadienne ont atteint des niveaux inacceptables et que les déficits prévus au cours des prochaines années y ajouteront plusieurs dizaines de milliards. Les gouvernements n’ont donc plus le choix et doivent rééquilibrer leur budget et réduire leur dette.
Les gouvernements ont fait face à un défi similaire au cours de la décennie 1990-2000.
Qu’ont-ils fait?
Comme l’explique Claude Picher dans le texte qui suit, de 1993 à 1997 le gouvernement fédéral a réduit symboliquement ses dépenses de six milliards, mais a augmenté ses revenus de 39 milliards. Au Québec, de 1995 et 1999 les dépenses gouvernementales ont augmenté moins rapidement que d’habitude (3,6 milliards), par contre les revenus ont augmenté de 9 milliards.
Malheureusement, il est fort probable qu’ils utiliseront la même recette cette fois-ci.
Nous devrons donc subir les nombreux discours des politiciens sur la nécessité de se serrer la ceinture. Les hauts fonctionnaires, les syndicats et les groupes d’intérêt rivaliseront d’imagination pour nous faire croire que les coupures annoncées sont draconiennes et inacceptables. Le tout dans le seul but de nous préparer à accepter des augmentations d’impôts, de taxes et de tarifs.
Alors, les dépenses croîtront un peu moins rapidement, mais les revenus et par voie de conséquence les impôts, taxes et tarifs, exploseront.
À la fin, comme par le passé, seuls les contribuables se seront serré la ceinture.
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Année décisive pour les finances publiques
Claude Piché, Cyberpresse, 30 décembre 2009
(Montréal) Les budgets que déposeront dans quelques mois les ministres des Finances seront certainement les plus importants depuis que les administrations publiques ont réussi à équilibrer leurs finances (en 1997 au fédéral, deux ans plus tard au Québec).
C'est que la crise financière de 2008, et la douloureuse récession qui a suivi, ont eu un impact dévastateur sur les finances publiques.
Au début de l'année, à Ottawa et à Québec (comme dans toutes les provinces), les ministres des Finances ont décidé d'augmenter substantiellement leurs dépenses afin de soutenir l'économie.
Tous, évidemment, avaient encore fraîchement en mémoire les énormes sacrifices qu'il avait fallu demander aux Canadiens pour sortir les finances publiques du cul-de-sac où elles s'étaient enfoncées.
C'est pour cela que le ministre fédéral Jim Flaherty a promis, en annonçant son déficit de 34 milliards, un retour à l'équilibre dans les quatre années suivantes. Même scénario à Québec, où la ministre Monique Jérôme-Forget acceptait également un déficit de 3,9 milliards, mais déposait en même temps un échéancier pour l'éliminer en quatre ans.
Or, l'année financière n'est pas encore terminée, et on sait déjà que ces prévisions sont largement défoncées.
À Ottawa, le ministre Flaherty parle maintenant d'un déficit de 56 milliards pour le seul exercice 2009-10, et il faut croire aux miracles pour penser que le déficit zéro sera atteint en 2013.
À Québec, le nouveau ministre Raymond Bachand ne pourra respecter l'objectif de 3,9 milliards. Le déficit de l'exercice pourrait dépasser les 5 milliards. Quant au retour à l'équilibre en quatre ans, si on s'en tient au plan de la ministre Jérôme-Forget, il faudra faire des efforts surhumains pour y parvenir.
Et on ne parle même pas du cas de l'Ontario, où le déficit de 14 milliards, prévu en mars par le ministre Dwight Duncan, dépasse maintenant les 25 milliards. En trois ans, l'Ontario prévoit accumuler des déficits de 65 milliards, et plus personne n'ose prédire quand la province se sortira de l'impasse.
C'est dans ce contexte extrêmement difficile que M. Flaherty devra déposer son cinquième budget dans quelques semaines. Il n'est pas trop tard pour éviter un dérapage majeur comme celui que le Canada a connu dans les années 80 et 90, alors qu'Ottawa devait s'endetter à coups de 30 milliards et plus par année, uniquement pour payer ses intérêts. Ceux qui se rappellent ces temps difficiles ont encore à l'esprit les sacrifices imposés aux provinces, aux municipalités, aux entreprises, aux fonctionnaires et aux sociétés d'État pour rétablir l'équilibre. Mais ces sacrifices sont insignifiants à côté de l'effort qu'on a demandé aux contribuables.
Le budget déposé en 1993 par le ministre Don Mazankowski faisait état de revenus de 113 milliards et de dépenses de 155 milliards, pour un déficit de 42 milliards, le plus élevé de l'histoire. Quatre ans plus tard, en 1997, le ministre Paul Martin déposera le premier budget équilibré des 30 dernières années. Ce budget montre des revenus de 152 milliards et des dépenses de 149 milliards, ce qui dégage un surplus de 3 milliards. Le revirement est donc de 45 milliards. Or, chers lecteurs, si vous avez lu attentivement les chiffres qui précèdent, vous avez déjà compris que tous les sacrifices que l'on a demandés aux fonctionnaires, provinces, sociétés d'État et autres victimes des compressions, tout cela représente 6 milliards. Pendant la même période, les recettes budgétaires, provenant essentiellement des taxes et des impôts, bondissait d'un gigantesque 39 milliards. Autrement dit, pendant qu'Ottawa s'imposait des compressions de 4%, il augmentait les impôts de 37%.
M. Flaherty devrait avoir ces chiffres en mémoire lorsqu'il préparera son budget. Il doit surtout, dans ces conditions, présenter un plan crédible de retour à l'équilibre.
Les défis de Raymond Bachand, à Québec, sont encore plus difficiles. Toutes proportions gardées, le Québec traîne une dette beaucoup plus lourde que le fédéral, et dispose donc d'une marge de manoeuvre beaucoup plus restreinte.
Le ministre Bachand devra aussi se rappeler que ce sont les contribuables, tout comme à Ottawa, qui ont fourni le gros de l'effort de la lutte contre le déficit.
En 1995, le ministre André Bourbeau laissait derrière lui un déficit record de 5,7 milliards. Ce déficit sera effacé quatre ans plus tard par son successeur Bernard Landry. Pendant cette période, les dépenses du gouvernement passeront de 42,1 à 45,7 milliards, en hausse de 9%. Les transferts fédéraux, à cette époque, n'ont augmenté que de 7,5 à 8 milliards, une hausse insignifiante de 500 millions. Pour atteindre le déficit zéro, le gouvernement a donc dû gonfler ses revenus autonomes, c'est-à-dire les taxes, les impôts et les dividendes de ses sociétés d'État. Ces revenus sont passés de 29 à 38 milliards, en hausse de 31%.
Malgré les hauts cris des lobbies de tout acabit, M. Bachand n'a d'autre choix que de montrer hors de tout doute qu'il contrôle ses dépenses et qu'il n'a pas l'intention de laisser les finances publiques québécoises déraper à nouveau vers le vicieux cercle financier dont il a eu tant de mal à s'extirper.
1 commentaire:
"Les transferts fédéraux, à cette époque, n'ont augmenté que de 7,5 à 8 milliards, une hausse insignifiante de 500 millions."
C'est le genre de hausse insignifiante que j'aimerais bien avoir dans mon compte en banque ;)!!
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