Si un monde globalisé accélère la propagation d’un virus, il ne faut pas oublier qu’il a surtout rendu les sociétés plus résilientes à travers la création de richesses qui a permis l’amélioration des systèmes de santé dans le monde entier.
Un article de Podcast Liber-thé
Dès les premières semaines de la pandémie, il y a bientôt un an, bon nombre de commentateurs, par conviction ou intérêt, ont vu dans ce virus la manifestation des « excès du néolibéralisme ». La croissance et le libre-échange auraient engendré le Covid, les frontières ouvertes favorisé sa prolifération et les coupes budgétaires et les politiques « d’austérité » mis à nu les systèmes de santé.
Un regard rapide en arrière confirme que les épidémies n’ont pas attendu la mondialisation pour sévir. Si un monde globalisé accélère la propagation d’un virus, il ne faut pas oublier qu’il a surtout rendu les sociétés plus résilientes à travers la création de richesses qui a permis l’amélioration des systèmes de santé dans le monde entier.
De plus, la circulation de l’information a par exemple catalysé le développement de tests et de vaccins à une vitesse record. Les pourfendeurs de la liberté et de l’échange se trompent sur les causes, mais ont toutefois raison quand ils affirment que cette crise met en évidence les limites du système. Non pas celles du libéralisme, mais celles des États, en particulier en Occident.
L’ÉCHEC DES ÉTATS, PAS DE LA LIBERTÉ
Une année après le début de l’épidémie le constat est clair : les États ont échoué. Tant l’absence de stocks de masques, l’échec systématique du traçage de contacts et les difficultés à mettre en place un processus de vaccination massif ont dévoilé les failles de l’État au grand jour.
Les confinements généralisés, qui ont été présentés comme une décision courageuse d’un « État qui protège », sont en fait la matérialisation de ses limites. Ils s’imposent comme solution de dernier recours quand on a perdu le contrôle de l’épidémie. C’est un aveu d’impuissance majeur.
C’est bien la faillite des États comme institution à laquelle nous assistons depuis bientôt une année. Bien qu’ils interviennent dans de plus en plus de domaines de notre vie, ils n’ont manifestement pas été à la hauteur de ce qu’on attendait d’eux. En effet, un État tentaculaire qui croit devoir s’occuper de tout, ne finit par s’occuper de rien. Cet échec met alors en exergue l’impossibilité structurelle pour une seule institution, aussi puissante et monopolistique soit-elle, de prévoir et d’organiser une société de manière centralisée.
Cet échec est encore plus frappant si l’on considère, à l’instar des mouvements collectivistes, que l’État serait capable de prévoir le temps long, car il serait indépendant des contraintes de court terme qui paralysent les individus et les entreprises. Il n’en est rien.
Par ailleurs, cette crise a permis de rappeler un problème de fond : les citoyens placent des attentes démesurées en l’État, alors que celui-ci est par essence incapable de remplir les missions en question, ou du moins pas de façon plus efficace qu’une entité privée. En mettant les différents aspects de leur vie (éducation, retraites ou encore santé) dans les mains de l’État, les citoyens ne peuvent qu’être déçus.
Dans sa critique du projet socialiste et centralisateur, Hayek mettait déjà en cause le principe de planification d’une société. Non pas seulement pour des aspects moraux ou politiques qui vont de soi pour toute personne attachée à la liberté, mais à cause des limites cognitives humaines.
Peut-on vraiment attendre qu’une poignée de hauts-fonctionnaires ou de ministres anticipe et planifie chaque événement qui pourrait potentiellement surgir ? Comment prétendre être capable d’appréhender l’information dans toute sa complexité ?
Après tout, les responsables politiques ne sont pas des surhommes éclairés, mais des individus comme les autres. Cette incapacité à réunir les informations nécessaires et représentatives des désirs individuels explique à elle seule pourquoi la préférence pour des solutions centralisées est une approche vouée à l’échec.
Ainsi, les limites de l’État sont avant tout des limites humaines ; l’arrogance de croire qu’un groupe d’individus est capable de rassembler tout le savoir et l’information qui circulent dans nos sociétés afin de pouvoir la diriger n’est que rarement pointé du doigt.
Or, comme l’explique Pierre Bentata dans un récent pamphlet, avec la débandade à laquelle on assiste, c’est le mythe de l’État omnipotent et protecteur qui s’effondre. Les responsables politiques ont échoué, car l’État ne peut pas tout.
LA LIBERTÉ A DE BEAUX JOURS DEVANT ELLE
À première vue, il serait légitime de craindre que la liberté soit toujours davantage remise en question à la suite de cette crise. Elle a en effet beaucoup été restreinte, noyée dans des états d’urgence exceptionnels qui semblent se prolonger sine die. Il est d’ailleurs frappant d’observer comment la liberté est désormais considérée comme un obstacle à la bonne gestion de crise, plutôt que comme la valeur cardinale de nos sociétés.
Nous subissons probablement les frais de notre lâcheté collective qui a consisté à abandonner la liberté comme projet et comme tradition durant les dernières décennies, comme le dit si bien François Sureau.
Toutefois, la liberté a de beaux jours devant elle, n’en déplaise à ses critiques. Il y a d’une part fort à parier qu’après avoir été privé de presque toutes nos libertés, nous assistions à un sursaut du désir de liberté que nous chérirons à nouveau à sa juste valeur.
Par ailleurs, l’événement qui était censé sonner le glas de la mondialisation et du « néolibéralisme », a prouvé son efficacité.
La course aux vaccins en est un exemple parlant : la mondialisation des échanges a accéléré la transmission des savoirs et la mobilisation des intelligences pour développer un vaccin en moins d’une année. C’est aussi la recherche du profit qui a poussé les entreprises à développer ce vaccin. Une belle illustration de la main invisible : des acteurs privés qui, en cherchant leur propre intérêt, agissent pour le bien de tous.
Il est alors essentiel de tirer les bonnes conclusions de cette crise. La liberté est au fondement des échanges et de l’esprit d’entreprise. Le « monde d’après » ne doit donc pas consacrer la subordination des individus au service du collectif. Ceux-ci doivent cesser de chercher le salut dans l’action de l’État, car la stratégie du plus d’État est vouée à l’échec.
Les États modernes doivent au contraire réapprendre à se recentrer sur leurs tâches essentielles de garants des libertés individuelles. Seul un État agile sera capable de faire face aux défis du XXIe siècle.
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