Tous les chroniqueurs, analystes et autres faiseurs d’opinion, sous prétexte d’amoindrir les effets de la crise économique, réclament depuis plusieurs semaines le retour des déficits. Vous allez être servis! Mardi prochain, le ministre Flaherty annoncera des déficits records de 34 milliards en 2209-1010 et 30 milliards en 2010-2011. Dix ans d’efforts seront anéantis en l’espace d’un instant.
Le caricaturiste Ygreck résume, à sa façon, tout le ridicule de cette course aux déficits.
Il n’y a aucune assurance que l’orgie dépensière des gouvernements aura un impact positif sur les effets de la crise économique. Au contraire, plusieurs économistes défendent la thèse que l’intervention des gouvernements allongera la période de crise sans en amoindrir les effets néfastes. De plus, comme c’est toujours le cas lorsque les gouvernements s’engagent dans des excès de dépenses, une portion non négligeable des fonds alloués seront littéralement gaspillés à des fins partisanes.
Les pressions des groupes d’intérêt seront telles que plusieurs programmes deviendront permanents. Les déficits qui s’accumuleront, plomberont les économies canadienne et québécoise pour des années, sinon des décennies. L’ajout de 64 milliards à la dette générera des frais d’intérêts annuels de 3 milliards, c’est-à-dire plus de 250 $ par contribuable qui paie des impôts. Les frais d’intérêt pourraient facilement doubler lorsque l’inflation pointera son nez.
La première, sinon la seule, responsabilité des gouvernements est d’aider les travailleurs affectés par la crise. Ils méritent mieux que des discours creux. C’est le rôle des gouvernements d’aider les employés, oeuvrant dans des industries en décroissance, à se recycler pour trouver un nouvel emploi le plus rapidement possible.
Toutes les projections indiquent que la pénurie chronique de travailleurs qualifiés sera le plus grand défi des entreprises au cours de la prochaine décennie. Supposons, dans le pire des cas, qu’il soit nécessaire de recycler 400 000 travailleurs ou 2 % des Canadiens apte au travail. Un programme de formation professionnelle qui allouerait 20 000 $ à chacun d’eux, coûterait 8 milliards, huit fois moins que le déficit annoncé pour les deux prochaines années. Ce programme serait avantageux à long terme, car il permettrait au pays de compter sur une main-d'oeuvre mieux qualifiée et plus productive après le passage de la tempête économique.
Un tel programme n’aurait pas à être renouvelé annuellement et donc, ne causerait pas un retour aux déficits structurels. De plus, en éliminant quelques programmes inutiles et en serrant un peu la ceinture à la bureaucratie, il serait certainement possible d’éviter un déficit en 2009-2010. Trouver 8 milliards sur un budget de 238 milliards ne me semble pas un défi particulièrement exigeant.
Les multiples programmes de relance coûteront très cher aux contribuables et offriront un terreau fertile pour des abus de toute sorte. Malheureusement, cela n’aidera en rien les travailleurs qui doivent se recycler pour affronter un avenir incertain. Les générations futures seront les grands perdants de toute cette orgie dépensière. Elles devront, d’une façon ou d’une autre, éponger les dégâts causés par l’incurie et l’incompétence de nos élus.
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