Le livre de Jean Laliberté, Les fonctionnaires, explique merveilleusement bien les inefficacités inhérentes à la fonction publique. À la lecture de ce livre il ne peut y avoir qu’une conclusion : le gouvernement sera toujours un piètre fournisseur de service.
Au cours des prochaines semaines je publierai plusieurs extraits de ce livre que je considère particulièrement révélateurs.
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Depuis plus de trente ans, à la suite de l’implantation de la gestion par objectifs puis de la gestion par résultats, la fonction publique s’est vue obliger de mettre en oeuvre divers systèmes de mesure du rendement. Force est de constater que tous ces efforts n’ont pas donné de résultats très probants. Les raisons de ces échecs sont nombreux.
Le secteur public ne dispose pas, comme le privé, de mesures globales de rendement du type part de marché, profits et rendements sur le capital investi. Les objectifs poursuivis étant le plus souvent nébuleux, il est impossible de mesurer jusqu’à quel point ils ont été atteints. Lorsqu’on examine chacun des programmes, il s’avère très difficile de mesurer les résultats finaux (outcomes). On se contente donc de mesurer les extrants (outputs), ce qui permet de produire une foule de chiffres, de noircir des pages entières de rapports, sans que les parlementaires ou le public ne sachent à quoi s’en tenir sur la valeur du programme. Par exemple, s’agissant du cours de formation professionnelle, on peut calculer le nombre de participants, le nombre de sessions, le degré de réussite aux examens et le nombre de personnes ayant décroché un emploi dans leur domaine de spécialisation. Les vrais critères de succès, cependant, sont le nombre et le pourcentage de finissants qui ont vraiment fait carrière dans leur spécialité et ne se sont pas contentés d’expérimenter diverses possibilités aux frais des contribuables.
Pour se mettre à l’abri des critiques, la fonction publique a systématiquement recours à la tactique consistant à produire des tonnes d’information que personne n’est en mesure de déchiffrer, d’interpréter et de comprendre. L’administration publique donne ainsi une image de transparence, mais dans les faits elle se camoufle derrière la surabondance, la prolifération et le foisonnement. (p. 127-128)
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