Pourquoi?
C’est bien simple, les monopoles d’État sont gérés par des bureaucrates ineptes pris en sandwich entre les syndicats et les politiciens. Ces systèmes ne sont pas là pour servir les usagers, bien au contraire :
- Les malades servent le système de santé;
- Les petits bouts de choux servent le système de garderie;
- Les élèves servent le système d’éducation;
- Les laissés pour compte servent le système de services sociaux;
- Les multi-poqués servent la DPJ;
- Les usagers servent le système de transport en commun;
- Les accidentés servent la CSST;
- Etc.
Alors, lorsqu’un chroniqueur feigne d’être surpris de l’inefficacité des monopoles d’État, ça me surprend.
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Les élus ou les technocrates
Michelle Ouimet, La Presse, 17 février 2009
Montréal est surgouverné. Les structures s'empilent: 19 arrondissements, une ville centrale, 15 municipalités défusionnées et un conseil d'agglomération qui coiffe tout ce beau monde qui vit sur l'île.
À cette orgie de strates, il faut ajouter une autre couche: la Communauté métropolitaine (CMM) créée en 2001 dans la foulée des fusions. La CMM gère les dossiers qui touchent les 82 villes de la grande région de Montréal, de Mirabel à Mont-Saint-Hilaire.
Les transports en commun souffrent de la même enflure: Laval, Montréal et Longueuil ont des sociétés de transport (STL, STM, RTL) et les villes de banlieue ont des conseils intermunicipaux de transport. L'Agence métropolitaine (AMT) chapeaute le tout. La CMM, qui couvre, en gros, le même territoire, s'occupe aussi de transport, mais son mandat est vague, dilué.
Le vrai patron, c'est l'AMT.
Surgouvernés, les transports en commun? You bet! Un exemple, un seul, souligne à gros traits la paralysie qu'engendre ce millefeuille de structures: la voie réservée sur Pie-IX.
Oh, le beau dossier! Simple en apparence: tracer une voie réservée sur le boulevard pour que les autobus circulent rapidement. Mais compliqué en diable parce que trop d'intervenants y mettent leur nez, soit l'AMT, la STM, la Ville de Montréal et quatre de ses arrondissements, dont celui du très actif André Lavallée, vice-président du comité exécutif et responsable du transport. Car Pie-IX passe dans SON arrondissement, pour ne pas dire son royaume.
Qu'est-ce que l'AMT vient faire là-dedans? Pie-IX est considérée comme une artère métropolitaine. Elle tombe donc sous sa juridiction. Mais l'AMT doit s'entendre avec Montréal.
La voie réservée a été fermée en 2002 à la suite de la mort de deux piétons. Question: comment la rouvrir de façon sécuritaire? Sept ans plus tard, la question est toujours pendante.
L'AMT a fait faire 11 scénarios. La Ville a opté pour le plus cher. Après tout, ce n'est pas elle qui paie, mais Québec. Pourquoi se contenter d'une petite voie chenue, alors qu'elle pourrait avoir la totale? Le problème, c'est qu'il faudrait couper des arbres - beaucoup d'arbres - dans Hochelaga-Maisonneuve. Alors parle, parle, chicane, chicane et toujours pas de solution en vue.
La ministre des Transports, Julie Boulet, s'est choquée hier. Vous vous entendez, a-t-elle dit en substance, ou, en juin, je vous impose une solution.
L'AMT est une créature de Québec gérée majoritairement par des technocrates. La CMM, elle, est dirigée par des élus. L'AMT veille sur les milliards que Québec investit dans les transports en commun. Les élus digèrent mal l'idée d'être à la merci des technocrates.
Qui doit s'occuper du transport, la CMM? Pas sûr.
La CMM est un lobby de maires qui ont trop souvent le nez collé sur leur nombril et leur porte-monnaie. Lorsque le dossier du transport atterrit sur leur table, les élus ont deux idées en tête: est-ce que je peux attirer le projet dans ma cour et comment puis-je réduire ma contribution?
Pour la vision régionale, on peut repasser.
L'AMT étudie les besoins de la région et établit une liste de priorités: un tramway ici, une voie réservée là, des trains de banlieue là-bas, etc. Bien sûr, elle consulte, mais ultimement, c'est elle qui décide.
Le maire de Montréal veut un tramway qui traversera le Vieux-Montréal? L'AMT trouve que c'est une mauvaise idée. Le tramway se retrouve donc à la fin de sa liste. Comme c'est Québec qui paie et que l'AMT est le bras de Québec, le maire de Montréal aura son tramway dans la semaine des quatre jeudis.
C'est donc le président de l'AMT, Joël Gauthier, qui tranche. Un non-élu. Pire, une nomination politique. Avant d'atterrir à l'AMT, Joël Gauthier était directeur général du Parti libéral du Québec.
Pas étonnant que les maires rêvent de mettre le grappin sur l'AMT. La CMM est prête à l'avaler. Les élus pourraient enfin contrôler la créature et avec elle, les milliards de Québec.
Les élus peuvent-ils faire le travail à la place de l'AMT? Pourront-ils s'entendre? Pas sûr. Le seul fait d'armes de la CMM a été la création d'un logo à 687 000$. Bien peu de gens connaissent cette bibitte à 82 têtes.
Au tournant des années 1990, le gouvernement a créé le Conseil métropolitain de transport en commun (CMTC), un regroupement d'élus chargé de gérer les dossiers régionaux. Mais le CMTC s'est vite enlisé dans les chicanes. En 1996, le gouvernement l'a remplacé par une agence dirigée par des non-élus, l'AMT. Cinq ans plus tard naissait la CMM.
Aujourd'hui, la CMM et l'AMT se pilent sur les pieds. Les élus se méfient des technocrates. Et vice-versa. Alors, je pose la question: l'AMT doit-elle bosser tout le monde? Les élus sont-ils mieux placés?
Aucune idée. Une chose est certaine: la structure actuelle ne fonctionne pas.
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