La semaine dernière la Fondation des maladies du coeur demandait aux gouvernements de surveiller le prix des denrées de base. Selon la Fondation, les variations du prix des denrées de base dans les différentes localités canadiennes sont inacceptables. Les prix élevés favoriseraient la consommation de substituts potentiellement dommageables pour la santé.
La Fondation recommande, avec raison, une saine alimentation pour prévenir les maladies du coeur. Toutefois, en suggérant une intervention gouvernementale pour surveiller le prix des denrées de base, ses dirigeants démontrent qu’ils ignorent tout des effets néfastes de l’interventionnisme. Aussi, devraient-ils se limiter à faire connaître le résultat de leur recherche et laisser à d’autres le soin de proposer des solutions.
L’intervention de la Fondation représente l’exemple type d’un groupe d’intérêt grassement subventionné qui retourne l’ascenseur aux politiciens. Ces derniers seront trop heureux de profiter de l’occasion pour s’immiscer encore un peu plus dans la vie des gens.
Il est facile d’imaginer les conséquences dramatiques de l’interventionnisme de l’État dans le domaine des denrées alimentaires. Le scénario suivant peut paraître exagéré à certains. Malheureusement, une fois le processus d’intervention politique enclenché il est trop souvent impossible de l’arrêter. Les groupes d’intérêt qui bénéficieront du système en exigeront toujours plus.
Dans un premier temps, un règlement obligera les épiciers à publier les prix d’une liste de denrées établie par les ayatollahs de la « bonne bouffe ».
Ensuite, des politiciens démagogues, il n’en manque pas, dénonceront les différences de prix entre les régions et les secteurs d’une même ville. Ils prétendront que les grandes chaînes d’alimentation abusent du « pôvre » monde. Certains n’hésiteront pas à en attribuer l’odieux à l’importation des produits étrangers bons marchés. Pour faire bonne mesure, les écolos affirmeront que la consommation des produits québécois est plus « vert ». La défense de l’environnement et la dénonciation du privé sont toujours des thèmes populaires auprès des Québécois.
Profitant d’une prochaine campagne électorale, les partis s’engageront à règlementer les prix des denrées de base et à bannir les importations. Comme par hasard, les prix exploseront. C’est une loi économique élémentaire. Lorsque l’offre d’un produit est règlementée son prix augmente. Pour s’en convaincre, il suffit de relire les études de l’IÉDM et de l’Institut Fraser sur les prix des produits agroalimentaires au Québec.
Les prix très élevés des denrées de base grèveront le budget des familles. Ils en consommeront de moins en moins au détriment de leur santé. Tous les bien-pensants du Québec clameront qu’il y a urgence, que c’est une question de santé publique. Ils échafauderont des théories savantes pour démontrer que c’est la faute du capitalisme sauvage qui n’a d’intérêt que pour les profits. La table sera mise pour passer à l’étape ultime de l’interventionnisme : la nationalisation.
Le gouvernement, appuyé par les partis d’opposition, proposera un projet de loi pour créer un nouveau monopole d’État, la Société des denrées de base du Québec (SDBQ). Enfin, nous aurons atteint l’objectif ultime de l’égalité pour tous : mauvais service, prix élevés et piètre qualité.
La moitié des Québécois n’auront plus les moyens de se payer les fruits et légumes frais dont ils ont besoin. Alors, le gouvernement créera des commissions d’enquête pour étudier la question et faire des recommandations. L’UPA, les syndicats et la « gogauche » réclameront plus de subventions pour sauver le système au nom de la solidarité sociale.
Ce scénario est farfelu? Alors, pourquoi les boissons alcoolisées sont-elles toujours distribuées par un monopole d’État, la SAQ?
Pensez-y à deux fois avant de demander la règlementation du prix des denrées de base. Vous pourriez être exaucé.
Je ne doute pas des bonnes intentions de la Fondation des maladies du coeur. Malheureusement, les gens bien intentionnés sont souvent les plus dangereux.
Aucun commentaire:
Publier un commentaire