Chaque Québécois doit plus de 34 000 $ au provincial seulement

Vaut mieux en rire!

Avant de couper des centaines de millions dans les services, est-ce qu’on peut avoir les services ? - Michel Beaudry

15 février, 2009

La Caisse : Je veux mon argent!

Il semble acquis que le rendement de la Caisse en 2008 sera environ 10 % inférieur à la moyenne des fonds de pension auxquels elle se compare. C’est une catastrophe. Les conséquences de cette contre-performance nuiront au rendement de la Caisse pour des années à venir.

Le problème n’est pas la mauvaise performance de l’an dernier qui, dans une perspective long terme, n’est pas une catastrophe. Selon Mercer, le rendement médian des derniers cinq ans au 31 décembre 2008 de 43 fonds équilibrés est de 3,61 %. Au cours de cette période, le rendement de la Caisse est d’environ 4,6 %. C’est loin de l’objectif de 7 %, mais ce n’est pas la catastrophe décriée par l’opposition. Le danger réside plutôt dans les solutions que les politiciens imposeront à la Caisse. Les futurs gestionnaires auront les mains liées ce qui élimine toute possibilité de rattrapage.

La Caisse de dépôt, étant un monopole d’État, sera toujours exposée à l’ingérence des politiciens. J’en veux pour preuve son histoire récente.

Il est inévitable que l’ingérence des politiciens handicape l’efficacité des dirigeants de la Caisse. Les décisions du CA et du PDG sont obligatoirement à la remorque du parti au pouvoir. Les délais encourus pour remplacer Henri-Paul Rousseau et la chasse aux coupables à la saveur de règlements de comptes sont des exemples des effets néfastes de l’ingérence politique. Ces évènements nuiront grandement au rendement de la Caisse en 2009 et 2010.

Malheureusement, le pire reste à venir. Par exemple, la proposition de la ministre Jérôme-Forget de nommer le sous-ministre des Finances au CA institutionnaliserait l’ingérence. De quelles autres recommandations farfelues accouchera la commission parlementaire qui ne manquera pas d’étudier ce dossier?

L’argent que les Québécois déposent dans leur régime de pension est leur propriété exclusive. Aussi, ils devraient pouvoir la retirer de la Caisse pour le confier à l’institution de leur choix. C’est leur argent et ils sont en droit d’en disposer comme bon leur semble.

Certains prétendront que le régime de retraite du Québec est un régime à prestations déterminées garantie par le gouvernement. Donc, nous n’avons pas à nous inquiéter de la performance de la Caisse puisque le gouvernement renflouera ses coffres au besoin.

Cette réponse est d’une naïveté déconcertante. Le seul argent dont dispose le gouvernement est celui qu’il prend dans nos poches. Lorsque les coffres de la Caisse seront vides le gouvernement n’aura d’autres choix que de couper les prestations ou de piger plus profondément dans les poches des contribuables. (Voir le texte de Nathalie Elgrably ci-après)

Dans ces conditions, je préfère prendre le risque de gérer moi-même mes actifs ou de les confier à une entreprise de gestion de portefeuille privée. Au moins, l’objectif sera clair : optimiser le rendement de mon portefeuille en accord avec mon niveau de tolérance au risque.
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Pire que Madoff!
par Nathalie Elgrably-Lévy, Économiste sénior, Institut Économique de Montréal

L’affaire Madoff a soulevé l’indignation du monde entier, et avec raison, car l’infâme personnage est à l’origine d’une escroquerie évaluée à 50 milliards $US. Il promettait des rendements exceptionnels mais, en réalité, il opérait une chaîne de Ponzi, du nom de Charles Ponzi, un Américain immortalisé pour avoir escroqué des dizaines de milliers de personnes dans les années 1920.

Une chaine de Ponzi repose sur le principe pyramidal: la promesse de rendements supérieurs attire les premiers investisseurs, mais lorsque le fonds ne génère pas les rendements promis, on rémunère les premiers épargnants avec l'argent des nouveaux entrants. Tant que le nombre d’investisseurs augmente, la pyramide subsiste. En revanche, elle s’écroule dès qu’ils sont en nombre insuffisant pour financer les sorties de fonds.

Bien qu’on se joigne de plein gré à une chaine de Ponzi, et qu’on puisse librement la quitter, opérer une telle pyramide constitue un crime, et Madoff terminera ses jours là où il se doit, c’est-à-dire derrière les barreaux.

Toutefois, à l’instar du reste du Canada, nous avons au Québec une chaine de Ponzi parfaitement légale à côté de laquelle Madoff fait figure d’amateur. Il s’agit du Régime de Pension du Canada (RPC) et de la Régie des rentes du Québec (RRQ).

La RRQ administre un régime financé par répartition avec une capitalisation partielle. Concrètement, cela signifie que la rente versée à un retraité est indépendante de l’accumulation de ses cotisations et des intérêts. Au contraire, le régime est redistributif: les cotisations perçues aujourd’hui servent à payer les rentes des retraités actuels.

Certes, la RRQ, qui était sur le bord de l’implosion en 1999, a depuis constitué une réserve actuarielle. Mais pour cela, elle a augmenté le taux de cotisation de 3,6% en 1966, à 9,9%. Au 31 mars 2008, on estimait que la réserve actuarielle permettrait de tenir quarante ans. Or, les pertes considérables réalisées par la Caisse de dépôt, ainsi que le vieillissement accéléré de la population permettent d’affirmer que la réserve sera nulle beaucoup plus tôt que prévu, et que le régime est insoutenable à long terme, à moins d’augmenter significativement les cotisations et de réduire les prestations.

Les jeunes d’aujourd’hui, obligés de contribuer à la RRQ, croient donc de bonne foi qu’ils épargnent pour leur retraite. Or, le mode de fonctionnement du régime constitue une chaine de Ponzi. Et comme on estime que la province comptera 2 travailleurs pour un retraité en 2030, comparativement à 5 pour 1 en 2000, la base de la pyramide se rétrécit et le système court à sa perte.

On peut évidemment défendre l’importance d’inciter les gens à épargner. Mais est-il indispensable que l’État s’approprie notre avoir pour le faire soi-disant fructifier? Serait-ce trop demander que de pouvoir gérer nous-mêmes nos économies, et d’en disposer librement? Manifestement, nos politiciens, dans leur immense sagesse, nous jugent trop irresponsables et trop imbéciles pour nous accorder ce privilège!

Ainsi, pour «prendre soin» des Québécois, la RRQ nous oblige à contribuer à un fonds qui n’est pas pleinement capitalisé. Elle nous maintient captifs tout au long de notre vie professionnelle. Elle nous interdit de toucher à notre capital pour quelque raison que ce soit, et elle nous verse une rente sans rapport avec nos cotisations. Si ce n’est pas de l’escroquerie, ça lui ressemble drôlement! Espérons seulement que Québec n’imitera pas le gouvernement argentin qui a récemment poussé l’arnaque au point de nationaliser les caisses de retraite privées pour financer le régime public déficitaire!!!

1 commentaire:

Francois a dit...

L’argent que les Québécois déposent dans leur régime de pension est leur propriété exclusive. Aussi, ils devraient pouvoir la retirer de la Caisse pour le confier à l’institution de leur choix. C’est leur argent et ils sont en droit d’en disposer comme bon leur semble.

J'ai bien l'impression que peu de gens le voient de cette facon. Pour eux, les contributions aux rentes sont de l'argent pour payer les rentiers d'aujourd'hui et non des épargnes pour leurs vieux jours.
Et cette vision est bien près de la réalité.
Quiconque a son avenir à coeur se doit de préparer sa propre retraite et non se fier à son gouvernement.
( En fait, pourquoi ne pas généraliser ?: quiconque a son intérêt à coeur ne doit jamais se fier à son gouvernement, jamais. )