La Caisse de dépôt, étant un monopole d’État, sera toujours exposée à l’ingérence des politiciens. J’en veux pour preuve son histoire récente et le discours des chefs de parti dans la campagne en cours.
L’argent que les Québécois déposent dans leur régime de pension est la propriété exclusive des cotisants. Il doit être géré en respectant toutes les règles régissant les régimes de pension privés. L’utilisation de cet argent à des fins politiques, sans avoir obtenu au préalable l’assentiment de chaque cotisant, équivaut à une expropriation.
En pratique, il n’est pas possible d’obtenir l’assentiment de millions de cotisants chaque fois que le gouvernement intervient dans les affaires de la Caisse. Une approche plus pratique, consisterait à permettre aux Québécois qui le désirent de déposer leurs cotisations dans des fonds de pension privés. Ainsi, les Québécois qui favorisent l’interventionnisme continueront de déposer leurs cotisations à la Caisse. Les autres auraient l’option de transférer leur actif dans le fond de pension privé de leur choix.
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La Caisse de Dépôt: une cotisation forcée
Les investigateurs financiers, Les Affaires.com, 3 décembre 2008
Beaucoup d'intervenants des marchés financiers se plaisent à critiquer la Caisse Dépôt. Cette dernière est blâmée d'avoir mal géré les actifs de la plus grande caisse de retraite des Québécois. Pour vous mettre dans le contexte, la Caisse gère des placements à la hauteur de 223G $. Elle bénéficie d'un certain effet levier (vente à découvert, emprunts). La valeur nette est de 155G $. Avec l'effet levier, les résultats paraissent mieux lorsque ça va bien, et pires lorsque ça va mal.
Avec les marchés que l'on connaît actuellement, il n'est pas étonnant que les rendements soient mauvais. Il ne s'agit pas d'une surprise. Certains disent que la Caisse spécule sur ses investissements. Si la Caisse spécule, et bien une tonne de gestionnaires spéculent également. Mais la Caisse sera souvent sous la loupe des critiques, car il s'agit machine politique, quoiqu'en disent les politiciens.
Il y a deux ans, M. Charest décida de s'attaquer à la dette du Québec. Nous adorions cette idée. Cependant, au lieu de rembourser directement la dette, il a mis en place le Fonds des Générations, à raison de quelques 500M $ par année. Cet argent a été investi à la Caisse de Dépôt. Nous avons beau étudier cette décision sous tous ses angles, il s'agit bel et bien d'un levier financier à saveur politique. En procédant ainsi, on augmente davantage le risque pour le Québec. Si les rendements sont négatifs comme actuellement, l'impact est horrible. On peut facilement transformer un -30% en perte totale. Dans le cas contraire, un rendement positif aurait été multiplié. Est-ce une forme de spéculation, quand on sait que le Québec a failli se faire décoter par l'agence Moody's il y a quelques années par rapport à sa dette?
En remettant 500M $ à la Caisse chaque année, on veut probablement faire plaisir à leurs dirigeants. D'où l'idée que les politiciens s'ingèrent dans les affaires de la Caisse. Cependant, notre plus grande critique se situerait plutôt à l'endroit du RRQ (régime des rentes du Québec).
Comme vous le savez déjà sûrement, tout l'argent (environ 34G$) du RRQ est géré par la Caisse. En tant que Québécois, nous sommes ''obligés'' de cotiser. Sur un salaire de plus de 40 000$, c'est environ 4000$ pour les travailleurs autonomes, et 2000$ pour les employés (l'autre 2000$ étant payés par l'employeur) . Que nous soyions satisfaits ou non du travail de la Caisse, nous sommes obligés de nous soumettre à cette cotisation. Qui plus est, il est très incertain que nous puissions en bénéficier un jour. Les réserves du régime sont trop basses. Les cotisations des travailleurs équivalent aux bénéfices payés aux retraités actuellement. Donc, imaginez : moins de travailleurs, plus de retraités, des rendements négatifs dans la réserve...
La réserve équivalait à environ 4 ans de cotisation l'an dernier. Combien est-ce aujourd'hui? 3 ans? Est-ce que ce sera 2 ans l'an prochain?
Bref, nous devrions logiquement cesser de critiquer les rendements de la Caisse. Mais nous pensons que nous devrions avoir le choix, en tant que Québécois, de contribuer ou non. Nous sommes dans un pays libre après tout?
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