Tous les interventionnistes profitent de la crise financière pour condamner le libre marché. Personne ne semble se rendre compte que les marchés financiers sont déjà hyper-règlementés et que cela n’a pas empêché cette crise ni toutes les crises antérieures. D’ailleurs, de plus en plus d’expert attribuent les causes de ces crises répétées aux gouvernements.
À chaque crise, les politiciens nous promettent de régler définitivement le problème. Ils proposent toujours la même solution : ajouter des milliers de pages de règlementation aux dizaines de milliers de pages existantes. Invariablement, 5 ans ou 10 ans plus tard, une nouvelle crise surgit et le cirque recommence.
Pourquoi?
Parce qu’on résout le dernier problème et non le prochain; parce que les politiciens interprètent les règles à des fins électoralistes; parce que les agences de surveillance ne font pas leur travail; parce que les gains potentiels justifient les risques; etc. (Voir le texte de Benoît Aubin ci-après)
Alors, y a-t-il une solution? Peut-on mettre fin à ce cercle vicieux?
Bien sûr, mais cela requiert de remettre en question le rôle de l’État.
Aujourd’hui nous subissons les effets néfastes du cercle vicieux suivant : un trop grand nombre d’individus irresponsables engendrent des institutions irresponsables lesquelles favorisent l’irresponsabilité de plus d’individus et ainsi de suite. Pour briser ce cercle vicieux il faut responsabiliser les individus et engendrer le cercle vertueux suivant : des individus responsables engendrent des institutions responsables lesquelles favorisent la responsabilisation de plus d’individus et ainsi de suite.
Comment peut-on initier ce processus?
En minimisant le rôle de l’État dans nos vies de tous les jours. L’État n’est pas un fournisseur de service efficace. À la limite, son seul rôle utile consiste à édicter et à appliquer des lois qui garantissent la liberté des individus.
Oui, je sais, les interventionnistes diront que c’est utopique, simpliste, que les gouvernements d’aucune société moderne ne se limitent à ce rôle, etc. D’accord, mais alors pourquoi les sociétés, où le rôle des gouvernements est moindre, sont-elles plus efficaces? De plus, cela a au moins le mérite de proposer quelque chose de différent.
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Les bonnes leçons
Benoît Aubin
Journal de Montréal01/10/2008 10h53
Le capitalisme va évidemment traverser la tempête actuelle. Mais en tirera-t-on les bonnes leçons ?
Voici l'essentiel de ce qui s'est passé.
Parce que les taux d'intérêt ont été maintenus très bas pendant très longtemps, beaucoup d'Américains se sont acheté des maisons dont ils n'avaient pas réellement les moyens.
Leurs créanciers ont ensuite intégré leurs hypothèques dans des produits financiers complexes que les banques d'affaires et les fonds d'investissement achètent et s'échangent.
Ces bas taux d'intérêt et les juteux rendements escomptés sur ces produits ont alimenté un boom du marché immobilier. Pour répondre à cette demande qui continuait de croître, les prêteurs se sont lancés dans des opérations financières toujours plus risquées et pratiquement pas réglementées.
Quand les acheteurs qui ont eu les yeux plus gros que le ventre n'ont pu rembourser leur hypothèque, leur chute a provoqué la glissade des prêteurs. Pris de panique, ces derniers ont resserré le robinet du crédit, ce qui a entraîné de nouveaux joueurs dans la chute.
Trois causes principales de cette débâcle sautent aux yeux : la consommation imprudente et effrénée ; l'absence d'une obligation faite aux banques d'investissement d'avoir un minimum de dépôts pour se protéger ; et la cupidité de dirigeants dont la rémunération est liée à la valeur de l'action, qu'ils cherchent donc à gonfler en prenant des risques insensés.
CRISE DE CONFIANCE
Le capitalisme repose tout entier sur la confiance. Confiance que votre investissement rapportera, confiance que vous rembourserez votre emprunt, confiance que les institutions se comportent comme il faut, confiance que quelqu'un, «quelque part», surveille tout ça.
Sans confiance, vous n'empruntez pas, n'achetez pas, n'investissez pas, et tout s'effondre.
Le but premier du sauvetage discuté à Washington est donc de rétablir la confiance. Quitte à piler sur l'orgueil et la pureté doctrinale, les élus américains sont condamnés à s'entendre.
Deux questions vitales resteront ouvertes.
D'abord, que fera le gouvernement des États-Unis de cette quantité faramineuse d'actifs qu'il vient d'acheter ? Rien de moins que la plus grande compagnie d'assurance du monde, une banque privée et la moitié du marché hypothécaire américain.
Ensuite, quelles devront être les règles pour éviter d'autres débâcles à l'avenir ?
LE JUSTE MILIEU
À mon humble avis, le débat idéologique qui s'engage entre les «tenants» du marché et les «tenants» de l'État est presque un faux débat.
D'un côté, il n'y a nulle part, dans les faits, de capitalisme sans intervention de l'État. De l'autre, il n'y a pas d'avenir qui vaille en dehors du capitalisme. Tout est donc une question de dosage : où, quand et comment l'État doit-il intervenir ?
Nous allons maintenant vivre un sain retour du balancier idéologique.
Dans les années 1970, l'État est souvent intervenu trop et mal, bien que toujours animé des meilleures intentions. La création de monopoles étatiques souvent inefficaces a préparé la montée du néolibéralisme, qui n'était que la redécouverte de principes vieux de trois siècles.
Aujourd'hui, l'absence d'une réglementation judicieuse, surtout de l'obligation pour les banques d'investissement d'avoir un minimum de liquidités pour se couvrir, comme on l'impose aux banques de dépôts chez nous, va faire redécouvrir les vertus d'un État qui intervient à bon escient.
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