Les Manuscrits d’Or
Par Louise V. Labrecque
Les Manuscrits d’or ou l’or des Manuscrits, oui, car
certains manuscrits furent bel et bien écrit en lettres d’or, ce sont
d’exceptionnelles enluminures, tels les Évangiles de Lorsch . Il paraît
incroyable, même, que tout cela puisse avoir existé; tant de splendeurs dont
nous sommes les héritiers directs. C’est pourquoi, cela inspire fort les
esprits épris de beauté, c’est pourquoi l’envie de cet article, et très
certainement, plus tard, le goût pour l’étude, dans le continuum de ce vaste
sujet qui puise sa source de l’Essence de l’Art, comme une nouvelle forme d’engagement;
non pas seulement une pensée sauvage. En effet, il est évident que la Pensée de l’Art nous touche,
et, souvent, nous dépasse; je crois pouvoir dire, par exemple, que le Musée des Manuscrits, situé à Paris, semble
grandiose et inspirant; ainsi, j’ai une preuve. Ainsi, je ne triche plus; je me compromets. Mais, il
ne faut pas confondre : l’écriture, ici, c’est surtout une ascèse
personnelle, une base réelle pour se hausser à la poésie, mot qui sous-tend une
recherche spirituelle, par la transmutation du quotidien, comme l’art le fait
avec sa propre pensée. De même, avec Gérald Lhéritier, nous en saurions
davantage, si nous avions la chance de le rencontrer, afin de le recevoir chez nous, par exemple
pour une entrevue à la radio, ou dans le cadre d’un article, pour un journal. Hélas,
ce musée est désormais fermé; il sera facile alors de confondre les genres,
mais nous ferons attention. Par chance, il existe de nombreux volumes traitant
de l’Or des Manuscrits, je ne peux pas inventer un monde imaginaire; je ne peux
pas m’attacher à un rêve abstrait : les sources existent bel et bien. Et,
pourtant, je le fais ! C’est plus fort que moi, ce thème est terriblement
fantasmatique, et il est facile d’imaginer les éléments de nature. En même temps
que ces volumes fournissent une somme documentaire importante, nous allons choisir un objectif, soit celui
de nous pencher surtout sur les manuscrits très anciens, et essentiels, pour notre Histoire et l’origine de notre
culture. Les artistes n’aiment pas parler de ce qu’ils préparent, le livre non plus n’aime pas révéler ce qu’il
sous-tend pour son prochain projet; il dira quand même que son prochain livre
pourrait être une sorte de journal-essai-mémoire. Il y aura peut-être une suite
au Livre sur l’Art et la Pensée de l’art. Mais, pour l’heure, nous n’en sommes
pas là. Nous sommes plutôt au cœur de l’action, pas seulement l’action
nostalgique, mais celle qui souhaite sortir des sables mouvants de l’Histoire;
pour ce faire, de nouveaux personnages sortent des conflits, mais ils ont besoin de se replonger dans la nature, où il
leur est donné de voir, en pleine lumière, le passé/présent/futur, qu’ils assimilent à de fabuleux joyaux, des
fleurs, des vents, non pas maléfiques, mais un peu mélancoliques; j’ai écrit
tout ça dans mon carnet bleu, de la même
manière que les retours en arrière comptent dans l’Histoire du monde. Le mot « rupture »
revient assez souvent, d’ailleurs, car son origine, dans cette collection,
prends racine, profondément, dans la Mer Morte. Ce sont les Manuscrits de la
Mer Morte, ce sont aussi des histoires de naissances, et, surtout, de
renaissance. Cela m’intéresse vivement ! Je me suis sentie libre, tout à coup,
lorsque j’ai eu vent de l’apogée biblique, découverte en 1947, et étant du plus
intérêt pour la société judaïque, et pour l’histoire de la naissance du
christianisme, en général. Ainsi, ces manuscrits représentent définitivement une
part importante de la Mémoire du Monde.
La Mémoire du Monde
Et tout ce qu’il dit de tel contribue à la force de cette
œuvre. J’aimerais pouvoir résumer, vous dire que l’Histoire écrit pour
quelqu’un, que je le fais aussi (mais cela ne compte pas); la vérité s’installe
en nos âmes, et le mensonge aussi, et les luttes des peuples (ces nouveaux
personnages), les terres nouvelles et la vie nouvelle, qui croit, en même temps,
mais de loin, comme trahie, en tous cas pas encore tout à fait au monde. C’est
pourquoi les Manuscrits d’Or témoignent de cela, et sont, de ce fait, des
documents fondamentaux de divers pays, et dans des périodes historiques très
variables. Que s’est-il passé pour que, de cet oubli, le constat intellectuel
amène à un renouvellement de la conscience, loin des futilités, et que nous revisitions
aujourd’hui ces Splendeurs ? Quelle révolte s’est donc noyée dans le temps pour
se nourrir aujourd’hui de ce malaise historique, à ne pas savoir qu’en faire,
tant le nombre nous dépasse ainsi que le Mystère, lequel demeure, encore à ce
jour, entier et puissamment fascinant ? Ainsi, ne serait-il pas extraordinaire, simple
et audacieux, d’aller au-devant des
choses, de se mesurer à elles, de « se mesurer », quitte à en revenir exténués, mais davantage
conscient de ce qui fonde si dignement
notre héritage historique collectif ? Je pose la question avec la réponse
dedans. L’Art et la Pensée de l’art sont aussi liés que l’acte d’écrire pour
exister. Ainsi, pour faire contrepoids à cet oubli, amusons-nous maintenant à
présenter les Manuscrits dans un ordre plus ou moins chronologique; ce sont des
Manuscrits variés, précieusement choisis et significatifs de l’Histoire de
l’Humanité : tout d’abord, nous avons eu, comme je l’ai écrit dans le
paragraphe précédent, les Manuscrits de la Mer Morte. Puis, les codex Latins,
arabes, les documents historiques, la Déclaration des Droits de l’Homme, l’Édit
de Nantes, une lettre de Napoléon ou de Gandhi à Hitler. Également, nous avons
le merveilleux Livre des Heures,- avec leurs magnifiques enluminures-, les livres de médecine (serment d’Hippocrate)
d’herboristerie, de pharmacologie, des grimoires, des écrits d’alchimie, des
lettres de Michel-Ange ou de Van Gogh; on découvre également tant d’autres « perles » , des
templiers, des papyrus, des conversations savantes, correspondances de Léonard,
Victor Hugo, Jules Verne, et puis sans doute des écrits scientifiques, des
preuves irréfutables, des algorithmes, des théories, allant de Galilée à Curie,
et, finalement, bien sûr, des partitions musicales, Mozart, Beethoven, et les
autres… ! C’est cela, les Manuscrits
d’Or, avec les récits de voyage de Christophe Colomb, avec les procès des
Templiers, les contes de Grimms ou d’Anderson; tout est là, aux Archives
Nationales, dans les Musées, à la Banque nationale de France, à la bibliothèque
Vaticane de Londres, ou à New-York. C’est notre collection mondiale édifiante,
le thème principal de nos vies, cette recherche de la Mémoire du Monde, de la
Beauté du Monde, du passage du temps, notre témoin culturel fascinant, cette inspiration - ce souffle divin - de toutes les époques, voilà ce qu’il nous faut
connaître, ne pas oublier, protéger, pour nous-mêmes, et les générations
futures. Bien sûr, tout le monde connaît « La Chanson de Roland »,
par exemple, chef-d’œuvre littéraire dans le genre de l’épopée, qui a influencé
à lui seul toutes les Belles Lettres, texte de 4000 vers, écrits entre 1140 et
1170. Nous pourrions parler longtemps également des manuscrits de Tombouctou,
écrits en arabe, - 900 000
manuscrits au total - en somme, la Mémoire de l’Afrique au grand complet. De
même valeur, nous retrouvons l’énorme codex Gigas, merveille du monde, pesant
75 kilos, sans aucun doute le document le plus lourd de l’Histoire médiévale, sorte
de bible diabolique géante, comprenant des textes classiques de la bible, mais
également la description du diable et ses échanges avec la Cité Céleste, ce qui
permet au lecteur de choisir entre le bien et le mal. Il y aurait beaucoup à en
dire, et encore beaucoup de Manuscrit s d’Or, mais pour les besoins de cet
article, je m’arrête ici; vous trouverez
aisément la nomenclature complète de tous les documents précieux sur le net, et
plusieurs documents descriptifs de grande qualité, en librairie, ainsi que de
nombreux volumes sur la question, richement illustrés et accessibles partout.
Bref, nous souhaitons que cet humble
article donne l’envie à certains d’entre vous de fouiller plus loin l’Histoire,
afin de comprendre plusieurs de nos pratiques culturelles actuelles, nos
coutumes, et ce qui jouit, aujourd’hui, de la faveur populaire. En nos heures
incertaines et graves, partout sur la planète, voilà un beau sujet d’étude, un
beau projet, pour allier la liberté individuelle au collectif, pour donner à la
parole autre chose que le discours habituel et répétitif; nous sommes, hélas, à
l’époque souvent trop bavarde, suffisante, et sans mémoire; ainsi, écoutons un
peu cette manière nouvelle d’écrire et de raconter. L’Histoire, qui en découle,
n’a rien à voir avec le profil squelettique des discours ambiants, et usés
jusqu’à la corde. C’est une histoire pourtant enracinée dans son quotidien,
mais trop prise dans sa gangue, et mal interprétée; la redécouverte des
Manuscrits d’Or, en ce sens, remonte aux sources, et est rafraîchissante. À
l’écart des modes, certes, mais n’est-ce pas là notre affaire, à nous tous,
intellectuels, artistes, journalistes, poètes, historiens, philosophes et
libres- penseurs ? De tous les ouvrages consultés pour les besoins de cet article,
j’ai saisi comme une sorte de fureur, en même temps qu’un murmure que l’on
résout trop peu à taire, de nos jours : passion au cœur irréductible, ce
qui suppose un devoir de mémoire, généreux malgré sa passion encline à la
lenteur, à l’effacement, mais tout cela dans un esprit de rigueur, avec
application. Soyons donc attendris devant ce qui dort à nos pieds, nous sommes
héritiers d’un foisonnement intellectuel magnifique. Cette satisfaction, ce
savoir, est le nôtre; soyons-en de dignes artisans, et que nos chemins, dans
l’écriture, puissent rejoindre ce même sentiment : l’or, comme programme de protection culturel pour
ces témoins extraordinaires de notre histoire. Ainsi, vite, nous allons
découvrir la nature, celle d’un sentiment de vie partagé, non pas marginal,
mais une découverte de toute cette richesse qui s’éveille afin, -osons le formuler, malgré cet
audacieux plaidoyer- : de réenchantement du monde. En effet, que reste t il
dans la vie, si on enlève les choses
primordiales comme l’amour ? Il reste les arts, la musique, la littérature, la
peinture…; par contre, jamais la littérature ne parviendra à clamer nos
angoisses existentielles; pour ce faire, nous devons nous libérer de nos
démons, et comprendre, une bonne fois pour toute, qu’il n’y a pas de réponse; que
ce sont les questions qui comptent.
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