Benoît Aubin m’apprends que 41 % des électeurs n’inviteraient pas les chefs de parti à souper à la maison. Cela en dit long sur l’opinion que nous avons des politiciens. Toutefois, c’est le résultat de ce qu’ils ont semé. À force de piger dans mes poches pour subventionner tout le monde à des fins électoralistes, je crains qu’ils repartent avec mes meubles.
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L'horreur de la bullshit
Benoît Aubin
Journal de Montréal, 23/09/2008 08h45
Des gens qui se flattent d'avoir la fibre démocratique aussi riche et fournie que les Québécois devraient traiter leurs députés comme des idoles, ou des héros qui s'acquittent des fonctions les plus nobles qui soient en démocratie : représenter le peuple.
Mais il n'en est rien. Selon notre sondage Léger Marketing de la semaine dernière, 41 pour cent des électeurs ne seraient pas intéressés à inviter un chef de parti à souper à la maison.
Pas : les appuyer publiquement, ou travailler bénévolement pour eux, mais seulement passer deux heures à table avec eux. Non merci...
Qu'est-ce qui se passe?
Ici au Québec, l'histoire ne s'est jamais démentie depuis le début de la Confédération : chaque fois que l'un des nôtres est devenu le chef d'un parti national, il devenait le premier ministre du Canada à l'élection suivante : Laurier, Saint-Laurent, Trudeau, Mulroney, Chrétien. Mais cette fois, seulement 5 pour cent des gens accepteraient de prendre un repas avec le nouveau chef libéral, Stéphane Dion ! 13 pour cent seulement le feraient avec Gilles Duceppe, l'autre Québécois chef de parti, et tout juste autant avec Stephen Harper, le premier ministre du Canada !
En d'autres mots, dans notre belle grande démocratie rutilante, les leaders politiques ont la peste. Comment ça ?
Je vous soumets, bien respectueusement, que c'est bien de leur faute, à eux tous. Nous aurions sans doute plus de respect pour nos politiciens - et plus envie de passer du temps en leur compagnie - s'ils nous montraient un peu plus de respect, pour nous et notre intelligence.
J'en ai marre
Mais non ! La campagne électorale n'a que deux semaines, et voyez où en est rendu le débat public : un ramassis de bullshit, de médisances, de calomnies, de publicité négative, d'exagérations grossières et démagogiques.
J'en ai marre d'entendre que Stephen Harper veut étouffer le Québec et sa culture, parce que ce n'est pas vrai. La stratégie de Harper est de courtiser les Québécois en respectant leur langue et leur culture nationale. Il en a besoin pour se faire élire - et en aura besoin pour se faire réélire.
J'en ai marre d'entendre que Stéphane Dion ment quand il dit être un nationaliste québécois, parce que ce n'est pas vrai. Tous les Québécois francophones sont des nationalistes, pourquoi pas lui ? Il a appuyé la loi 101, l'accord du lac Meech, a combattu les centralisateurs dans son propre gouvernement. Il n'est pas indépendantiste ; pas pareil.
J'en ai marre d'entendre dire que le Bloc québécois a «coûté» 350 millions mais n'a rien donné. Le Bloc n'a rien coûté - c'est le prix du système parlementaire. Le Bloc a donné une voix à ceux qui ne voulaient pas voter libéral à Ottawa. Merci beaucoup!
Marre d'entendre que Harper, c'est Bush, qu'il est un ignare, ou personnellement responsable des morts causées par la listériose.
La démagogie, c'est l'art de proférer des messages propres à enflammer les passions populaires et à flatter les pires préjugés. La démagogie est dangereuse et méprisable. C'est le cancer de la démocratie.
Mais c'est ce qu'on nous sert à tour de bras ces jours-ci, et rien ne laisse croire que la campagne deviendra plus propre et respectueuse dans les semaines à venir.
Si on pouvait juste remettre les pendules à l'heure et appeler un chat un chat. Les bloquistes sont des indépendantistes. Les néo-démocrates sont des socialistes. Les libéraux sont interventionnistes et centralisateurs. Les conservateurs favorisent la décentralisation et moins de gouvernement. On pourrait peut-être alors avoir un choix démocratique le 14 octobre.
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