Par Miguel Ouellette et Gabriel Giguère.
Dans un texte d’opinion publié mardi dans Le Devoir, Gérard Montpetit ridiculisait l’idée d’une augmentation de la production d’hydrocarbures au Canada pour répondre à la demande et contribuer à la sécurité énergétique européenne. Cette opinion de M. Montpetit nous semble bien peu humaniste vu la situation actuelle, sans compter la nécessaire transition énergétique mondiale dans laquelle le Québec, avec son gaz naturel, peut et doit jouer un rôle important.
Plutôt que de simplement démoniser le gaz naturel, M. Montpetit gagnerait à percevoir cette ressource comme ce qu’elle est réellement : une énergie de transition. Comme l’a démontré l’Agence internationale de l’énergie (AIE), entre 2010 et 2018, la conversion d’usines de charbon vers le gaz naturel a permis d’éviter l’émission de 500 millions de tonnes de GES dans le monde, soit l’équivalent de près de six années d’émission de GES du Québec au niveau de 2019. De surcroît, selon les projections de l’AIE, la demande mondiale de gaz naturel devrait augmenter de 30 % d’ici 2050. Les Québécois ont donc raison de soutenir l’exploration et l’exploitation de cette ressource sur leur territoire.
Qui plus est, des pays hautement dépendants des hydrocarbures russes et du charbon en général gagneraient à utiliser les hydrocarbures canadiens et québécois non seulement pour assurer leur sécurité énergétique, mais aussi, et surtout, pour passer du charbon au gaz naturel, qui est deux fois moins polluant. C’est notamment le cas de l’Allemagne et de la Pologne. Fait important à souligner : la production de charbon aux États-Unis et en Chine a explosé en 2021, une situation qui va à contresens de la transition énergétique. C’est pourquoi il faut miser sur le gaz naturel. Les émissions de GES sont sans frontières, ainsi, une augmentation locale d’émission de GES qui permet une réduction à l’échelle mondiale est souhaitable.
Dans son texte, M. Montpetit attaque notre employeur, l’Institut économique de Montréal (IEDM), en évoquant un complot pétrostratégique entre nous et d’autres organisations mondiales. Rappelons au passage que le financement de l’IEDM par le secteur pétrolier ne compte que pour 5 % du total des dons reçus, soit assez d’argent pour payer le temps et l’ordinateur qui a permis d’écrire ce papier… et peut-être en partie notre lampe de bureau ! N’oublions pas que l’IEDM est un institut de recherche indépendant qui promeut des politiques publiques permettant à la société d’être plus prospère ; or, le cas de l’exploitation du gaz naturel au Québec pourrait rapporter 93 milliards de dollars pour le PIB de la province. Difficile de contester le potentiel économique de cette ressource, qui a un rôle à jouer dans la transition énergétique mondiale.
Autre fait cocasse, M. Montpetit nous accuse de faire la promotion des hydrocarbures en utilisant comme source… un sondage externe réalisé auprès de la population québécoise ! Ce dernier a été réalisé par la firme de sondage IPSOS en mars dernier, reconnue comme crédible au sein de l’industrie. Plutôt que de narguer la vision des familles québécoises, une lecture attentive aurait permis à M. Montpetit — et à plusieurs autres — de tenir compte de l’opinion publique québécoise sur la question des hydrocarbures.
Une opinion publique légitime
Les multiples épithètes utilisées dans le but de discréditer l’IEDM ne font que démontrer la déconnexion de M. Montpetit avec la volonté des Québécois et Québécoises. Il n’est toutefois pas le seul : la quasi-unanimité de l’Assemblée nationale sur la question — moins de 1 % de nos élus, soit une seule élue, croient en l’exploitation des hydrocarbures — démontre le clivage entre nos dirigeants et les 52 % des Québécois qui souhaitent exploiter les hydrocarbures.
Ce manque de représentativité fait l’affaire de plusieurs militants et va, du même coup, à contresens d’une saine représentativité démocratique au sein de nos institutions politiques. Non seulement M. Montpetit fait la démonstration d’un puritanisme écologique contre-productif pour ce qui est de la transition énergétique, mais il délégitimise également l’opinion des Québécois et Québécoises.
Lorsque la majorité de la population considère que la production d’hydrocarbures devrait être favorisée par rapport aux importations, pourquoi se moquer de cette position en apposant des étiquettes comme « pétroleux » ? Est-ce que M. Montpetit considère que plus de la moitié des Québécois sont des « pétroleux » ? De notre côté, n’en déplaise à certains idéologues, nous constatons simplement que cette majorité perçoit l’importance d’une autonomie énergétique nationale et des bienfaits économiques et environnementaux de l’exploitation du gaz naturel québécois.
La transition énergétique est nécessaire — et souhaitable —, et le Québec a le potentiel indubitable d’y contribuer grâce à ses réserves en gaz naturel. Soyons proactifs et allons de l’avant avec une réduction des GES qui passera par l’exportation de gaz naturel québécois : c’est l’attitude à adopter par tout promoteur de la transition énergétique.
Miguel Ouellette est directeur des opérations et économiste à l’IEDM et Gabriel Giguère est analyste en politiques publiques à l’IEDM. Ils signent ce texte à titre personnel.
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