Par Jean-Pierre Schaeken Willemaers.
Les verts en Belgique et, en particulier le parti Ecolo, accumulent contradictions et contrevérités. Leurs discours sont de plus en plus liberticides.
Les discours liberticides des écologistes
Parmi d’autres thuriféraires du parti, Georges Gilkinet en est une illustration patente, lorsqu’il affirme :
« Il est raisonnable de fermer 5 réacteurs nucléaires sur sept. À la fin de la législature, il y aura davantage de renouvelable que de nucléaire dans le mix électrique. Notre objectif n’a jamais été de fermer l’ensemble du parc nucléaire, mais d’arriver un jour à 100 % d’énergies renouvelables ».
Comment peut-il nous faire croire de telles fariboles. Le parti Ecolo a été créé pour combattre le nucléaire civil et il continue de le faire.
Quand il se résout à dévier de sa doxa, comme ce fut le cas en mars 2022, il s’empresse d’imposer des compensations de nature à rendre plus complexe la réalisation de leur concession. Il a réussi à inclure dans l’accord gouvernemental du 18 mars une clause selon laquelle l’exploitation des deux réacteurs prolongés, ne pourra en aucun cas empêcher la fourniture d’électricité éolienne ou photovoltaïque notamment en cas de production très élevée (les jours très venteux et particulièrement ensoleillés). Une telle exigence est une nouvelle manifestation de sa politique idéologique antinucléaire, car il devrait savoir que nos réacteurs ne sont pas conçus pour augmenter ou diminuer rapidement leur production. « Une chose est certaine, ces deux réacteurs ne seront jamais aussi flexibles qu’une centrale à gaz ». La flexibilité de Doel 4 et Tihange 3 est très limitée tant en termes de durée que de grandeur et de fréquence de variations.
Jean-Marc Nollet, co-Président du parti, tient des propos plus explicites en parlant de « la fixation d’un calendrier final de la sortie du nucléaire », un des trois piliers du « grand accord » que Ecolo appelle de ses voeux. Par ailleurs, affirmer que le renouvelable l’emportera sur le nucléaire d’ici la fin de la législature, comme il le proclame dans l’article publié par Belga, est une lapalissade puisqu’il fait tout pour qu’il en soit ainsi en forçant la sortie la plus rapide possible du nucléaire. Il ne lésine pas sur les moyens pour y arriver : discours fallacieux sur le manque de sûreté de la génération d’électricité nucléaire (de loin la plus contrôlée par rapport à toutes les autres) et sur le manque de protections mises en œuvre pour l’entreposage et le stockage de ses déchets, etc.
En revanche, il est plus discret sur le besoin impératif d’électricité pilotable thermique et sur les émissions de GES qui en résultent, une contradiction dont il ne se soucie guère, puisque de son point de vue, cela permet d’équilibrer le système électrique sans nucléaire, son principal objectif. Le prétexte de l’invasion de l’Ukraine par les Russes n’est qu’un subterfuge pour sauver la face.
Les effets négatifs de la politique énergétique des écologistes
En juin 2021, Elia avait déjà estimé qu’en cas de sortie totale du nucléaire, il fallait prévoir des capacités de production pilotables supplémentaires de 3,6 GW. À la suite des appels d’offres de mi 2021 portant sur la capacité thermique requise pour compenser la fermeture de tous les réacteurs, l’offre d’Engie, proposant deux centrales à gaz totalisant 1,6 GW, fut retenue.
Dans l’accord gouvernemental du 18 mars 2022, incluant la prolongation de deux unités nucléaires, la capacité de nouvelles centrales à gaz n’a pas changé. Les écologistes se sont-ils enfin rendus à l’évidence que la puissance thermique qu’ils avaient défendue en 2021 n’était pas suffisante et que l’apport nucléaire précité est indispensable, quelles que soient les considérations géopolitiques ?
Quoiqu’il en soit, 1,6 GW de capacité thermique nouvelle ne suffit pas à assurer la sécurité d’approvisionnement électrique sans importations très élevées d’électricité, ce qui, soit dit en passant, déroge à la volonté d’indépendance énergétique et se révèlera extrêmement compliqué (voir ci-dessous).
Mais est-ce que l’UE pourra sécuriser ses importations de gaz (dont le prix ne cesse de croître) et se libérer de la dépendance de la Russie ? La récente proposition du président Biden d’y contribuer est négligeable vu qu’il s’agit de seulement 10 % des importations européennes de gaz.
Très peu de pays sont actuellement capables d’exporter des quantités importantes de gaz, étant eux-mêmes à la limite de leur capacité d’exportation. Si l’importation de ces gros volumes était malgré tout réalisable, et puisqu’il s’agit de gaz liquéfié (GNL), il faudrait que l’UE construise des terminaux gaziers supplémentaires.
L’UE, et principalement l’Ouest européen, s’est tellement focalisée sur la politique climatique (sauf pendant la période covid durant laquelle la santé a prévalu sur n’importe quelle autre considération) qu’elle a négligé d’investir dans les moyens à mettre en œuvre pour garder sa place dans le monde alors que la Chine et la Russie se sont employées à accroître leur puissance.
Ainsi, durant ces dernières décennies, la plupart des États membres ont diminué leur budget consacré à la défense contrairement aux deux pays précités qui ont augmenté de manière considérable leur puissance militaire. Il a fallu ce conflit majeur pour que les pays de l’Europe de l’Ouest prennent conscience de leur faiblesse (affectant la crédibilité de l’Union européenne en tant que grande puissance) et décident d’augmenter progressivement leurs dépenses militaires.
Qui l’emportera dans ce bras de fer entre l’UE et la Russie et à quelle échéance ?
Dans les négociations en cours avec cette dernière, il nous faut garder à l’esprit que nous avons besoin de ses fournitures non seulement pour notre approvisionnement en gaz, en pétrole et en minerais mais également en denrées alimentaires1, que les Ukrainiens continuent de souffrir et que la résilience du peuple russe est beaucoup plus élevée que celle des Occidentaux.
En ce qui concerne la production alimentaire, le programme Farm to Fork de la Commission européenne est particulièrement mal venu en période de pénuries et d’explosion des prix. Il consiste, entre autres, à consacrer 20 % des terres agricoles à l’agriculture biologique, avec ses rendements dérisoires, à imposer la mise en jachère de 10 % de toutes les terres agricoles et à réduire fortement l’usage d’engrais permettant de hauts rendements à l’hectare.
Si la stratégie Farm to Fork restait circonscrite à l’UE, cette dernière verrait sa production chuter de 12%, ses prix augmenter de 17 %, le chiffre d’affaires de ses agriculteurs diminuer de 16 % et ses exportations s’effondrer de 20 %.
Le président Biden a beau jeu d’inciter l’UE à renforcer davantage les sanctions contre la Russie et de les étendre à toutes les importations provenant de ce pays. Qui en subira les conséquences les plus désastreuses ? Jusqu’où les Européens sont-ils prêts à s’appauvrir (explosion des prix des carburants et de la nourriture, diminution du pouvoir d’achat, restrictions autoritaires diverses affectant leur mode de vie, pertes d’emplois, etc.) pour faire céder monsieur Poutine ?
- « Economic food security impacts of agriculture input reduction under the EU green deal’s farm to fork and biodiversity strategy », Jayson Beckman et al., United States department of agriculture, November 2020. ↩
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