Par Miguel Oulette et Gabriel Giguère.
L’invasion russe en Ukraine continuant de faire des ravages, les Occidentaux ont tôt fait d’y répliquer à coup de sanctions économiques. Les États-Unis ont en ce sens interdit les importations de pétrole et gaz naturel de la Russie. De son côté, l’Union européenne vise plutôt à réduire de deux tiers ses importations, puisque l’interdiction complète est jugée trop dommageable si elle entrait en vigueur pour certains pays, comme l’Allemagne, qui sont dépendants des hydrocarbures russes.
Devant l’incertitude énergétique qui plane sur ces pays, le Québec a un rôle à jouer dans l’approvisionnement de ressources naturelles à faible émission de CO2 avec ses réserves colossales de gaz naturel.
Plutôt que de prendre acte de cette situation et de la nécessité d’exploiter nos hydrocarbures pour aider nos alliés européens à diversifier la provenance des importations de gaz naturel tout en enrichissant le Québec et en réduisant les émissions mondiales de GES, le gouvernement s’entête à aller de l’avant avec son projet de loi 21 visant à interdire l’exploration et l’exploitation d’hydrocarbures en sol québécois. Ce projet de loi ne propose rien de moins que l’expropriation des gazières et pétrolières sur le territoire, faisant fi du droit à la propriété, sans oublier le maigre dédommagement offert, qui ne couvre pas même l’intégralité des coûts de fermeture des puits.
Cette pièce législative est tout simplement contre-productive pour l’économie québécoise et la lutte aux changements climatiques, mais les quatre partis politiques présents à l’Assemblée nationale, à l’exception du Parti conservateur du Québec qui compte actuellement une députée indépendante lui étant affiliée, s’entendent sur le bien-fondé de ce projet de loi, sans même proposer un débat digne de ce nom.
Rappelons au passage que plus d’une personne sur deux considère que le Québec devrait exploiter ses propres hydrocarbures, ce qui s’avère problématique sur le plan de la représentativité de la population par les politiciens. Cette absence troublante de débat ne s’arrête pas là. Lors de la commission parlementaire dédiée à l’étude de ce projet de loi, les différents partis politiques ont invité plus d’une dizaine d’intervenants au total à prendre la parole pour donner leur avis sur cette pièce législative, et un seul d’entre eux était opposé à l’interdiction d’exploitation des hydrocarbures au Québec.
Les législateurs québécois évitent de considérer un des deux côtés de la médaille, ce qui est pourtant essentiel pour prendre une décision aux répercussions aussi importantes et néfastes que le projet de loi 21. Nos politiciens doivent comprendre que le gaz naturel, qui pollue près de deux fois moins que le charbon, est une énergie de transition qui permet de réduire les émissions de GES globales. D’ailleurs, entre 2010 et 2018, c’est 500 millions de tonnes de GES qui ont été évitées dans le monde en passant du charbon au gaz naturel. Ce montant équivaut à près de six fois les émissions de GES du Québec au niveau de 2019. La province peut et doit jouer un rôle dans la lutte aux changements climatiques en exportant son gaz naturel vers des pays comme l’Allemagne, la Pologne ou l’Inde, où le charbon occupe encore une part importante de leur mix énergétique respectif.
En plus des bienfaits environnementaux, le potentiel économique du gaz naturel des basses terres du Saint-Laurent s’élève à 93 milliards de dollars pour notre PIB provincial. Pourquoi les politiciens sacrifient-ils ce potentiel économique et environnemental sur l’autel de l’écologie?
Il est clair que le ministre Julien doit abandonner ce projet de loi pour permettre l’exploration et l’exploitation de nos hydrocarbures. Cet abandon est d’une grande importance pour l’Europe, pour notre économie et pour la planète.
Miguel Ouellette est directeur des opérations et économiste à l’IEDM et Gabriel Giguère est analyste en politiques publiques à l’IEDM. Ils signent ce texte à titre personnel.
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