Par Élodie Keyah.
Une nouvelle étude de la Fondation Jean Jaurès s’intéresse au rôle de la grande distribution dans la protection du pouvoir d’achat des Français.
Depuis son émergence dans les années 1960, la grande distribution n’a pas seulement transformé notre modèle de consommation. Elle représente également un nouveau symbole pour la classe moyenne, et incarne même un contrepoids à certaines politiques étatiques.
Pourtant vivement critiquée dès le départ, son mode d’organisation et ses méthodes n’ont jamais cessé de prouver leur succès malgré les échecs successifs qu’on lui promettait.
Un rôle historique dans la défense du pouvoir d’achat
C’est en effet par un processus de désintermédiation et de réduction des coûts que la grande distribution est parvenue à introduire plus de concurrence, et donc des prix plus compétitifs au bénéfice du portefeuille des consommateurs.
Ainsi, les entreprises comme Leclerc, Liddle et Carrefour endossent un rôle historique de défenseurs du pouvoir d‘achat. Lors du choc pétrolier de 1973, les auteurs de l’étude soulignent que la grande distribution a représenté un bon moyen pour juguler l’inflation. En 2022, ce sont les supermarchés Leclerc qui provoquent un tollé pour le blocage du prix de la baguette de pain à 0,29 centimes – pendant que leurs principaux concurrents crient à la « concurrence déloyale » en pleine crise inflationniste.
Le capitalisme est un jeu à somme positive
Cela est vrai en temps de crise économique, mais également en temps de crise sanitaire : les grandes surfaces alimentaires ont joué un rôle essentiel pour approvisionner la population de biens rares (masques, autotests, gels hydroalcooliques) – quand ces derniers n’étaient tout simplement pas interdits à la vente pour des motifs arbitraires. L’État bureaucratique n’a jamais été d’aucune aide pour personne – si ce n’est un obstacle permanent.
Certes, à court terme, le plafonnement de la hausse des loyers, le blocage des prix de l’électricité, ou encore les primes de rentrée peuvent être un soulagement. Mais la nouvelle Loi pouvoir d’achat adoptée la semaine dernière s’inscrit dans un énième paquet de mesures – pour la plupart – fortement dépensières. À long terme, elles ne font que creuser un déficit public d’ores et déjà colossal et dangereux pour les ménages, qui finiront tôt ou tard par régler la note.
À titre comparatif, les magasins Leclerc ont instauré dès mai 2022 un bouclier tarifaire sur 120 produits les plus achetés par les consommateurs. Sans contrainte, ni coût pour la collectivité. La « violence économique » ne revêt strictement aucune réalité tangible ici, si ce n’est la crainte d’être battu par un acteur économique plus compétitif que soi. Personne n’est obligé de s’approvisionner chez Carrefour au lieu du petit commerçant du coin.
Finalement, cette étude suggère que la grande distribution aurait progressivement endossé le rôle traditionnellement dévolu à l’État providence. Les défaillances de la puissance publique seraient telles que ces « entreprises providence » bénéficient désormais d’une plus grande légitimité que l’État bureaucratique pour préserver le pouvoir d’achat des Français. Il faut avouer que ce dernier s’arroge un rôle qui sort de ses compétences.
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