Par Jon Miltimore.
L’une des choses remarquables du Manifeste communiste est son honnêteté.
Karl Marx n’était peut-être pas un type très bien, mais il était d’une franchise rafraîchissante sur les objectifs du communisme. Cette franchise, pourrait-on dire, fait partie intégrante de la psyché communiste.
Il déclare dans son célèbre manifeste :
« Les communistes dédaignent de dissimuler leurs vues et leurs objectifs. Ils déclarent ouvertement que leurs fins ne peuvent être atteintes que par le renversement forcé de toutes les conditions sociales existantes. Que les classes dirigeantes tremblent devant une révolution communiste. »
À l’instar de Mein Kampf, le lecteur se voit présenter une vision pure et non diluée de l’idéologie de l’auteur (aussi sombre soit-elle).
Le manifeste de Marx est célèbre pour avoir résumé sa théorie du communisme en une seule phrase : « Abolition de la propriété privée. »
Mais ce n’était guère la seule chose que le philosophe croyait devoir abolir de la société bourgeoise dans la marche du prolétariat vers l’utopie. Dans son manifeste, Marx a mis en évidence cinq autres idées et institutions à éradiquer.
1. La famille
Marx admet que la destruction de la famille est un sujet épineux, même pour les révolutionnaires.
« L’abolition de la famille ! Même les plus radicaux s’enflamment devant cette proposition infâme des communistes ».
Mais selon lui, les opposants à cette idée ne comprennent pas un fait essentiel concernant la famille.
« Sur quelle base la famille actuelle, la famille bourgeoise, repose-t-elle ? Sur le capital, sur le gain privé. Dans sa forme complètement développée, cette famille n’existe que chez les bourgeois« .
Mieux encore, l’abolition de la famille serait relativement facile une fois la propriété bourgeoise abolie.
« La famille bourgeoise disparaîtra comme une évidence lorsque son complément disparaîtra, et les deux disparaîtront avec la disparition du capital. »
2. L’individualité
Marx pensait que l’individualité était contraire à l’égalitarisme qu’il envisageait. Par conséquent, l' »individu » doit « être écarté et rendu impossible« .
L’individualité était une construction sociale d’une société capitaliste et était profondément imbriquée avec le capital lui-même.
« Dans la société bourgeoise, le capital est indépendant et a une individualité, tandis que la personne vivante est dépendante et n’a pas d’individualité. Et l’abolition de cet état de choses est appelée par les bourgeois, abolition de l’individualité et de la liberté ! Et à juste titre. C’est sans aucun doute l’abolition de l’individualité bourgeoise, de l’indépendance bourgeoise et de la liberté bourgeoise qui est visée. »
3. Les vérités éternelles
Marx ne semblait pas croire qu’une quelconque vérité existait au-delà de la lutte des classes.
« Les idées dominantes de chaque époque ont toujours été les idées de sa classe dominante. Lorsque le monde antique était à son dernier souffle, les anciennes religions ont été vaincues par le christianisme. Lorsque les idées chrétiennes ont succombé au XVIIIe siècle aux idées rationalistes, la société féodale a livré son combat à mort contre la bourgeoisie alors révolutionnaire. »
Il reconnaissait combien cette idée semblerait radicale à ses lecteurs, d’autant plus que le communisme ne cherche pas à modifier la vérité, mais à la renverser. Mais il soutenait que ces personnes ne voyaient pas le tableau d’ensemble.
« ‘Sans aucun doute, dira-t-on, les idées religieuses, morales, philosophiques et juridiques ont été modifiées au cours du développement historique. Mais la religion, la morale, la philosophie, la science politique, le droit, ont constamment survécu à ce changement.
Il existe, en outre, des vérités éternelles, telles que la liberté, la justice, etc. qui sont communes à tous les états de la société. Mais le communisme abolit les vérités éternelles, il abolit toute religion, et toute morale, au lieu de les constituer sur une base nouvelle ; il agit donc en contradiction avec toute l’expérience historique passée.
A quoi se réduit cette accusation ? L’histoire de toutes les sociétés passées a consisté dans le développement des antagonismes de classe, antagonismes qui ont pris des formes différentes selon les époques. »
4. Les nations
Marx énonce qu’on reproche aux communistes de vouloir abolir les pays. Selon lui, ces gens ne comprennent pas la nature du prolétariat.
« Les travailleurs n’ont pas de pays. Nous ne pouvons pas leur prendre ce qu’ils n’ont pas. Puisque le prolétariat doit d’abord acquérir la suprématie politique, qu’il doit s’élever au rang de classe dirigeante de la nation, qu’il doit se constituer lui-même la nation, il est jusqu’ici, lui-même national, quoique pas dans le sens bourgeois du mot. »
En outre, en grande partie grâce au capitalisme, il a vu reculer les hostilités entre personnes d’origines différentes. Selon lui, avec la montée en puissance du prolétariat, il n’y aurait bientôt plus besoin de nations.
« Les différences nationales et l’antagonisme entre les peuples disparaissent chaque jour davantage, en raison du développement de la bourgeoisie, de la liberté du commerce, du marché mondial, de l’uniformité du mode de production et des conditions de vie qui lui correspondent. »
5. Le passé
Marx considérait la tradition comme un outil de la bourgeoisie. L’adhésion au passé servait de simple distraction dans la quête d’émancipation et de suprématie du prolétariat.
« Dans la société bourgeoise le passé domine le présent ; dans la société communiste, le présent domine le passé. »
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