Par Xavier Fontanet.
La bonne tenue des grandes affaires françaises (matérialisée par les profits du CAC 40), coïncidant avec nos déficits publics a provoqué une floraison de papiers expliquant qu’il suffit de taxer les profits et plus généralement les riches pour rééquilibrer les choses.
Heureusement le Parlement et le Sénat viennent de s’opposer à la surtaxation des profits.
Il n’empêche qu’il est à la fois important et urgent de monter d’un cran la connaissance économique de nos compatriotes. Être insuffisamment formé en économie dans le monde actuel c’est exactement comme vivre dans un pays dont on ne connait pas la langue.
Par quel bout prendre la situation ?
Un angle pourrait être de réfléchir à la notion de profit et de richesse en expliquant que le profit des entreprises est bon pour la société et que la richesse de nos entrepreneurs est en fait la mesure du service qu’ils rendent à leurs compatriotes. Elle représente un bien précieux pour le pays dans son ensemble : le jour où les gens auront compris pourquoi, tout ira beaucoup mieux pour chacun.
D’abord il faut rappeler qu’il est très difficile de faire du profit contrairement à tout ce qu’on entend. On nous raconte que le profit résulte de l’exploitation du travail, qu’il mesure la capacité à embobiner les clients et à créer des rentes. C’est l’explication donnée par des doctrinaires et un certain nombre d’économistes qui n’ont jamais dirigé, voire même travaillé en entreprise.
L’argument de la rente fait sourire tant il est évident que la concurrence s’est considérablement accrue ces dernières années. Et surtout avec la mondialisation, les rentes ne tiennent pas longtemps. Il est utile aussi de rappeler que les autorités de la concurrence sont là pour y mettre fin dès qu’elles apparaissent…
Le profit si décrié est en fait la récompense donnée par les clients à celui des fournisseurs qui rend le plus grand service. Cette récompense, choix libre des clients facilité par la concurrence, est l’aboutissement d’un très long parcours semé d’embûches. Il a fallu trouver le produit, arrêter un prix qui satisfasse le client, vendre en suffisamment grande quantité pour que le produit descende la courbe d’expérience, condition de la compétitivité. Pour faire du profit, il a fallu devenir leader sur son créneau ce qui n’est pas très éloigné de l’exploit que réalisent les footballeurs, les basketteurs ou les tennismen qui remportent des tournois.
Les champions sportifs sont vénérés. Dans un monde normal, les entrepreneurs devraient bénéficier du même engouement.
Et cela d’autant plus que nous sommes un pays où les gens qui ont peur de mettre leur argent en entreprise le mettent dans l’habitat. Il est vrai que la richesse de l’entrepreneur est bloquée dans investissement. Effectivement, sur le papier il est riche parce que l’entreprise a une valeur mais celle-ci est illiquide (elle est sous forme de machines-outils dans le cas d’une affaire industrielle, sachant que les concurrents sont majoritairement étrangers). Si l’entrepreneur se trompe dans ses investissements, il peut très rapidement tout perdre.
Cette richesse est mise au service des clients, mais aussi des compatriotes, sous forme d’emplois. Rappelons que les Allemands qui ont un rapport beaucoup plus confiant avec l’entreprise appelle le patron « Arbeit geber » littéralement celui qui donne du travail ».
Le principal sujet intéressant les économistes étant la répartition de la richesse entre les citoyens, on a assez peu de chiffres sur la répartition des actifs financiers entre logement, équipements publics et parc d’investissement immobilisé dans les entreprises. Ceux-ci représentent une part importante de l’ensemble, c’est donc une somme considérable.
Il est évident que la prospérité d’un pays et la solidité des emplois dans les entreprises dépend précisément de la taille de ce capital. Il est donc une des pierres angulaires sur laquelle repose la société, il est un actif qu’il faut considérer comme très précieux. Chacun devrait comprendre qu’il faut faire très attention avant de taxer profit ou capital différemment de ce qui se passe ailleurs parce que c’est se tirer dans le pied que d’avoir des fiscalités déraisonnables.
On ne peut pas le nier, il est vrai que les entrepreneurs sont riches, mais cette richesse est bloquée et soumise au risque que l’entrepreneur prend seul sur ses épaules. La prise de risque ennoblit en quelque sorte le profit.
Ce capital n’est pas tombé du ciel.
Il est le résultat de l’accumulation sur une longue période de profit réinvesti. En creusant le sujet, on réalise très vite que les dividendes (part des profits non réinvestis dans l’entreprise, qui provoquent eux aussi des commentaires indignés) sont en majorité réinvestis dans les nouveaux secteurs et participent eux aussi à la croissance !
En utilisant le mot riche pour caractériser toutes les formes de richesse, nous devenons prisonniers d’un vocabulaire insuffisamment précis en matière économique, ce qui nous conduit à des erreurs de jugement.
Le capital n’est pas uniforme.
Il n’est pas entièrement dans des entreprises et destiné à fournir des emplois, c’est évident. Une façon de progresser en connaissance de l’économie et d’améliorer les décisions du pays serait de trouver des noms spécifiques pour caractériser ses différentes formes, en particulier pour cette épargne réinvestie, soumise à risque par les entrepreneurs, fournissant par là-même du travail. L’Académie française pourrait être sollicitée pour travailler le sujet, s’intéresser à la façon dont le sujet est considéré à l’étranger, afin de mieux qualifier les différents types de richesse et de faire des propositions.
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