Par David Zakuk.
’ai trop souvent prévenu que la richesse et la prospérité de l’Occident pouvaient disparaître en un clin d’œil à cause de politiques irrationnelles. L’Europe a pillé les dividendes de la paix de l’après-guerre froide, emprunté à la génération suivante et est maintenant confrontée à un hiver long et froid, sans autre choix que la misère. Tout cela en se pliant à une idéologie verte qu’elle ne peut plus se permettre économiquement et qu’elle semble incapable d’abandonner politiquement.
Après un départ émotionnellement brutal de ma carrière universitaire et l’assouplissement des restrictions liées à la Covid-19, le Risk-Monger a décidé à la mi-juin de faire une retraite aux Philippines. Se préparant à retourner en Europe le mois prochain pour plusieurs projets, il n’est pas très sûr de ce qu’il reste en Europe pour y revenir. En deux mois, la prospérité européenne semble avoir disparu, à savoir :
- Des villes allemandes comme Hanovre, Berlin et Cologne coupent l’eau chaude dans les bâtiments publics, tamisent l’éclairage des rues et des bâtiments et interdisent les climatiseurs et les chauffages portables ;
- Les passagers bloqués dans des trains Thalys « à grande vitesse » en panne ont dû briser les vitres pour ne pas suffoquer ;
- Les écoles hongroises envisagent d’installer des poêles à bois pour chauffer leurs salles de classe cet hiver ;
- La puissance agricole des Pays-Bas a souffert de pénuries alimentaires en raison de la grève des agriculteurs ;
- La Belgique a connu des coupures de courant et un rationnement potentiel de l’énergie jamais vus depuis les années 1970 ;
- Jusqu’à 40 % des ménages britanniques pourraient être privés d’énergie d’ici l’automne ;
- Avec le rationnement de l’énergie, la puissante industrie chimique allemande ne sera probablement pas en mesure de fournir des matériaux de base aux fabricants d’automobiles, de technologies et de bâtiments situés en aval.
- L’euro a chuté de près de 20 % par rapport au dollar américain au cours de l’année écoulée et l’on craint que plusieurs pays ne fassent défaut ;
- Une série de grèves roulantes menées par des travailleurs incapables de faire face à l’augmentation du coût de la vie a touché de larges pans de la population européenne…
Je regarde maintenant tout cela depuis les Philippines, un panier percé économiquement, souvent appelé « l’homme malade de l’Asie », où les lumières brillent, ma douche matinale est chaude, l’énergie reste raisonnable et accessible, la nourriture est abondante et les services publics fonctionnent normalement (à leur manière).
En d’autres termes, plus vite que Vandana Shiva ne peut grimacer : « C’était Vladimir Poutine ! », l’Europe a rejoint la ligue des nations du tiers-monde, se rapprochant davantage du Sri Lanka que des Philippines.
La vue d’ensemble depuis Manille : l’UE avait été prévenue à juste titre que son dogme de l’énergie verte n’était pas scientifique, et maintenant le reste du monde laisse ces précautionneux autrefois fortunés dans le noir.
La corruption verte
Le système philippin a tendance à favoriser le copinage. Si la corruption politique peut créer des obstacles économiques, la corruption verte peut littéralement anéantir une économie. Au cours des deux dernières décennies, la politique européenne a été corrompue par un dogme vert coûteux et inefficace, et il a suffi d’une crise en Ukraine pour mettre les économies européennes à genoux. Les dirigeants de l’UE ont toujours cédé aux exigences d’une petite minorité d’écologistes intolérants qui promettaient des avantages sans risque que les autres devaient payer. Le Bund [Bund für Umwelt und Naturschutz Deutschland – Les Amis de la Terre Allemagne] faisaient pression à Berlin avec « Interdisez le nucléaire ! »… « … et voici quelques-uns de nos sponsors financiers chez Gazprom qui peuvent assumer les risques ». Aïe !
Les zélateurs antinucléaires sont des fondamentalistes dogmatiques qui font passer leur idéologie sectaire avant la réalité, la science et le bien public. Ils sont prêts à dire et à faire n’importe quoi pour servir leur cause. Depuis les années 1960, ils n’ont cessé de répandre la peur, l’incertitude et le doute sur la sécurité nucléaire, tissant des scénarios cataclysmiques d’Armageddon tout en promouvant leurs solutions irréalistes dans les énergies renouvelables à petite échelle. Alors que les premiers missiles tombaient sur Kiev, Berlin était encore en mesure d’arrêter le démantèlement de ses derniers réacteurs nucléaires. Les dirigeants allemands, qui n’étaient pas encore entièrement secs derrière les oreilles, étaient trop aveuglés par leur idéologie – par leur sublime stupidité – pour pouvoir prendre une décision aussi importante.
Mais comment expliquer cette corruption ? Le gouvernement allemand a été élu démocratiquement.
Les systèmes corrompus produisent des décisions arbitraires qui ne sont pas dans l’intérêt de la population générale. Les partis verts ont corrompu le système politique avec le principe de précaution, conduisant à des décisions qui ne sont pas fondées scientifiquement, qui ne servent que l’intérêt d’une petite secte idéologique et qui ne se prêtent pas à la discussion ou au débat rationnel. En imposant des scénarios fondés sur la peur à un public frileux et apathique, les militants écologistes ont détruit le dialogue, intimidé une classe politique faible et imposé stratégiquement des solutions irrationnelles à une population terrifiée, ce qui entraîne d’immenses souffrances.
Comment une telle corruption verte n’est-elle pas plus dangereuse que six années d’une autre administration Marcos ?
Corruption de l’agro-écologie
Les mêmes personnes qui ont provoqué la crise énergétique européenne actuelle exigent maintenant que l’Europe adopte des pratiques agricoles agro-écologiques, c’est-à-dire un retour à la production alimentaire biologique à petite échelle, sans agrotechnologies ni production à l’échelle industrielle. Ces idéologues ont récemment introduit leur religion alimentaire dans une regrettable communication de l’UE et exercent leur influence dans plusieurs sections de la FAO. L’aile agricole du Green Deal (Pacte Vert) de la Commission européenne, connue sous le nom de Farm2Fork (de la ferme à la table), utilise la menace du changement climatique comme un habile moyen de détourner l’attention, pour imposer une transition vers des pratiques agro-écologiques. Mais cette politique est-elle fondée sur les meilleurs outils et la meilleure science disponibles ou bien sur une aspiration idéologique ? Et, à l’instar de l’effondrement actuel de l’Union européenne dans le domaine de l’énergie, cette politique se soldera-t-elle par des difficultés catastrophiques inutiles, non seulement pour les Européens, mais aussi pour les pays du Sud ?
À l’heure de la crise alimentaire, nous devons produire davantage sur moins de terres, avec de meilleures semences, technologies et mesures de protection des cultures. Nous avons besoin d’une agriculture durable. Ce que les agro-écologistes promettent, ce sont des rendements plus faibles sur, supposément, davantage de terres, avec des technologies plus anciennes et des outils de protection des cultures inefficaces. Leur réponse est que les humains devront ajuster leurs préférences alimentaires pour s’adapter à leur idéologie politique (plus facile à dire qu’à faire avec une population mondiale croissante de consommateurs plus aisés). En d’autres termes, les agro-écologistes promettent davantage de famines et de malnutrition (et comme pour la crise énergétique actuelle, personne ne devrait être surpris).
Visionnaires ou mauvais rêve de fous ?
Ce qui s’est passé au Sri Lanka devrait être un cri d’alarme pour tous les dirigeants européens : un passage rapide à la production alimentaire agroécologique et biologique peut mettre une économie rapidement à genoux. Au lieu de cela, la plupart des médias occidentaux ont choisi d’ignorer la folie des dirigeants d’une Nation autrefois prospère qui prennent conseil auprès de charlatans comme Vandana Shiva. Ces mêmes médias accusent toujours Poutine d’être responsable de la crise énergétique au lieu de se pencher sur des décennies d’influence verte sur le mix énergétique, laissant les Européens vulnérables à l’appauvrissement énergétique. Ces mêmes médias se sont pâmés devant une adolescente suédoise qui vit pour grogner contre les dirigeants du monde.
Huwag kang Mabinat
Quelle est la prochaine étape du Grand Bond en Arrière Vert de l’Europe ?
Une épidémie de choléra due à une interdiction préventive de produits chimiques essentiels aux processus de traitement des eaux usées ? Une crise de santé publique due à un commerce de pesticides contrefaits au marché noir ? Une augmentation des ventes d’eau en bouteille ? Les dirigeants européens pourraient-ils obtenir des conseils des législateurs philippins sur la manière de gérer les épidémies de dengue ? Des pays comme les Philippines devront-ils bientôt justifier la fermeture de leurs ports aux navires remplis de boat-people européens ? Tout est possible tant que l’Europe continuera d’être dirigée par des idéologues dogmatiques adeptes de la précaution.
Bien sûr, les Philippines sont un pays très pauvre avec de très gros problèmes et je regarde avec désespoir la situation politique actuelle à travers mes lunettes roses. Mais au niveau réglementaire, le pays va dans la bonne direction en autorisant récemment la culture et la consommation du Riz Doré, malgré les pressions et les tromperies incessantes des activistes. Confronté à des décennies de décisions difficiles et de difficultés économiques, ce marché émergent n’est pas accablé par des outils politiques insensés comme le principe de précaution qui peut arbitrairement menotter une décision plus efficacement que n’importe quelle dynastie politique corrompue. J’ai l’espoir que si les dirigeants européens appauvrissent volontairement leurs citoyens par leur dogme vert, ils ne mettront pas à genoux le reste du monde en développement. Tant que le principe de précaution ne reste qu’une affliction européenne, cela semble possible.
Lorsque je rentrerai en Europe, mes valises seront remplies de nourriture pour me permettre de passer les maigres mois d’hiver. Mes amis belges devront bientôt apprendre à goûter à cette délicieuse spécialité locale : Choc Nut.
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