Les gouvernements sont incapables de gérer une entreprise. Soit ils s’en servent à des fins politiques, soit ils empêchent les gestionnaires de faire leur travail intelligemment.
Hubert T. Lacroix est reconnu pour ses compétences de gestionnaire. Les demandes qu’il a faites au gouvernement sont un minimum. Malheureusement, favoriser une gestion efficace ne fait pas parti de la description de tâche d’un politicien. Donc, la privatisation demeure le meilleur choix.
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Publié le 27 mars 2009 à 07h56
Une question de bonne gestion
Hubert T. Lacroix
Mercredi, nous avons annoncé les mesures prises pour équilibrer notre budget pour l'exercice 2009-2010 qui débute le 1er avril. Pour cet exercice, nous faisons face à un manque à gagner de près de 171 millions de dollars.
Afin de gérer les pressions financières, nous avions demandé au gouvernement de nous permettre d'avoir accès à une certaine flexibilité financière, comme celle dont jouissent les diffuseurs privés dans la gestion de leur bilan. En effet, CBC/Radio-Canada ne pouvant emprunter un seul dollar pour gérer ses liquidités, nous souhaitions simplement avoir accès à des lignes de crédit et les rembourser dans le cours normal de nos affaires.
Nous n'avons jamais demandé de subventions additionnelles. Nous n'avons pas «quémandé plus d'argent», comme l'ont récemment titré le Toronto Sun et le Ottawa Sun.
Vous savez maintenant que cette permission nous a été refusée. Pas de ligne de crédit, pas de financement temporaire, pas d'avance sur nos crédits parlementaires futurs pour nous permettre de mieux gérer nos opérations et nos effectifs, et ainsi protéger les investissements effectués dans CBC/Radio-Canada, année après année, par les divers gouvernements depuis près de 75 ans.
Étant donné le refus du gouvernement, j'ai alors évoqué la possibilité de vendre certains actifs pour bâtir nous-mêmes le financement temporaire dont nous avons besoin. Évidemment, ce n'est pas la situation idéale. Par exemple, si nous vendons certains de nos immeubles pour y devenir locataires, nous ajoutons des paiements fixes en loyer qui réduisent d'autant nos budgets des prochaines années. (...)
Le plan dont je vous donne aujourd'hui les grandes lignes présume que nous réussirons à vendre certains de nos actifs pour une somme d'au moins 125 millions de dollars, et que le gouvernement nous permettra: de procéder à ces transactions; d'en conserver le produit pour équilibrer notre budget.
Si ces conditions ne se réalisent pas, nous devrons retourner à la case départ car il sera alors impossible d'atteindre un équilibre budgétaire sans de nouvelles compressions, encore plus profondes. Il nous faudrait envisager des actions radicales qui auraient pour effet de compromettre la nature même des services que nous offrons aux Canadiens. (...)
J'ai rencontré et parlé plusieurs fois à M. James Moore, le ministre du Patrimoine canadien et des langues officielles. C'est un homme avec qui je m'entends bien, que je respecte et avec qui je pourrais bâtir une relation d'affaires. Nous semblons partager plusieurs convictions sur ce que doit être le radiodiffuseur public au Canada y compris, si j'en crois la lecture de ses derniers propos, la nécessité de revoir le modèle du radiodiffuseur public pour éliminer sa dépendance envers les revenus publicitaires pour financer une partie de ses activités.
Donc, il ne faut pas accorder d'importance à tout ce que vous avez lu au sujet des désaccords entre nous.
Est-ce que cela veut dire pour autant que j'aime lire les rumeurs selon lesquelles l'actuel gouvernement envisage d'aider CTV, Canwest et Quebecor après avoir rejeté notre demande de financement temporaire? Pensez-vous que je suis enchanté, à cinq jours de la fin de notre exercice, de toujours attendre la confirmation par écrit de l'enveloppe spéciale de 60 millions de dollars pour la programmation que nous recevons chaque année depuis 2001, et que j'entends le gouvernement dire qu'il nous a accordé un financement record en dollars absolus, incluant cette somme? Pensez-vous que je jubile lorsque, à cinq jours de la fin de notre exercice, notre budget d'immobilisations se trouve bloqué dans un processus gouvernemental quelque part à Ottawa?
Sûrement pas.
Peut-être que vous comprendrez mieux maintenant la première demande publique que j'ai faite, dès mon arrivée dans ce poste, en faveur d'un financement stable, pluriannuel, pour CBC/Radio-Canada. Comment pouvez-vous planifier vos affaires, qui sont de l'ordre de 1,7 milliard de dollars, dans un tel contexte? Il ne s'agit pas d'avoir plus d'argent. C'est une question de bonne gouvernance. Une question de bonne gestion.
L'auteur est président-directeur général de CBC/Radio-Canada. Ce texte est extrait du discours qu'il a prononcé hier à la Chambre de commerce du Montréal métropolitain.
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