Le dernier budget est une preuve de plus que la pensée magique domine toujours la société québécoise.
Depuis 30 ans, nous vivons au-dessus de nos moyens dans l’espoir qu’un jour tous nos problèmes disparaîtront comme par magie. Lorsque l’économie carbure à plein régime on emprunte en se disant que nous aurons les moyens de rembourser plus tard. Lorsque l’économie va mal on emprunte sous prétexte qu’il faut faire quelque chose. C’est une recette éprouvée pour faire faillite.
C’est pourtant simple. Si les dépenses croissent plus rapidement que les revenus, alors il faut trouver de nouvelles sources de revenus ou réduire nos dépenses ou faire les deux.
Depuis plus de 10 ans, les dépenses de programmes croissent en moyenne près de 5 % par année. Par contre, le PIB croit en moyenne autour de 2 %. Selon les projections du ministère des Finances, les dépenses du gouvernement (sans compter le service de la dette) auront crû de 10,9 milliards de 2006-2007 à 2010-2011. Pendant la même période, ses revenus autonomes auront augmenté de seulement 807 millions. Où Québec trouvera-t-il les 10 milliards qui lui manquent? Dans l'augmentation des transferts fédéraux: + 4,1 milliards. Le reste sera emprunté.
Il n’est pas nécessaire d’avoir un doctorat en économie pour comprendre que cela ne peut pas durer.
En 2011, la ministre des finances prétend plafonner la croissance des programmes à 3,2 % par année. C’est nous prendre pour des valises. Les coûts du régime de santé croîtront de plus de 5 % par année dus au vieillissement de la population. Compte tenu des nouveaux emprunts prévus, le service de la dette croîtra de plus de 10% par année. Ces deux postes de dépense représentent plus de 60 % du budget total. La pensée magique ne suffira pas à renverser la vapeur.
La catastrophe nous pend au bout du nez. Il faut augmenter les tarifs incluant les tarifs des garderies. Il faut aussi réduire drastiquement les dépenses de programmes.
Contrairement aux faussetés véhiculées par les groupes d’intérêt la réduction des dépenses n’implique pas une réduction des services. Il suffirait d’éliminer les programmes de subventions inutiles; de se débarrasser des structures redondantes qui coûtent chères et nuisent à l’efficacité; et surtout d’abandonner le modèle des monopoles d’État en santé et en éducation.
De plus, faute de vendre Hydro-Québec pour rembourser la dette, il faut utiliser toutes les redevances qu’elle verse au gouvernement pour la réduire graduellement.
Il serait aussi sage d’abandonner le concept du fond des générations et de verser ses actifs au remboursement de la dette. Ce n’est qu’une question de temps avant qu’un premier ministre utilise l’argent de ce fond pour payer l’épicerie.
Si nous ne changeons pas nos façons de faire les services continueront à se détériorer et les déficits à augmenter. Dans 10 ans, 15 ans tout au plus, nous nous retrouverons le nez collé au mur comme ce fut le cas en Russie en 1989. Nous devons choisir ou nous, et surtout nos enfants, en paieront le prix.
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L'État, c'est nous
Benoît Aubin, Journal de Montréal, 20/03/2009 06h55
Je ne suis pas un économiste et je ne parle pas la langue de bois. Alors, tout ce que je comprends du budget d'hier, c'est que le gouvernement va dépenser de l'argent qu'il n'a pas et qu'il viendra le chercher dans mes poches de contribuable.
Si le budget et le débat qu'il suscite étaient formulés en langue française, les citoyens comprendraient facilement et en auraient été reconnaissants.
Le gouvernement aurait dit : écoutez, nous venons de traverser cinq années de vaches grasses depuis notre élection en 2003. Mais, malgré la relative abondance, il nous fut impossible de réduire nos dépenses et la taille de l'État. Nous n'y sommes pas parvenus -malgré notre engagement à le faire -parce que les citoyens n'ont pas voulu faire le sacrifice. Alors, maintenant que l'économie va mal, nous sommes mal pris, et il nous faudra faire de plus grands sacrifices encore.
Je ne suis pas, personnellement, de ceux qui prennent les citoyens pour des caves, et je suis sûr qu'une majorité d'entre nous aurait compris la gravité de la situation et la nécessité de faire des choix difficiles.
LA LANGUE DE BOIS
Mais ce n'est pas comme ça que ça fonctionne en politique québécoise, un petit jeu parfois surréaliste où les acteurs parlent un dialecte qui leur est propre, la langue de bois, mâtinée de boulechite politique.
Alors, à l'entendre, hier, la ministre des Finances du gouvernement d'une province qui n'a pas encore trop souffert, a pris sur elle de relancer l'économie nationale - une affirmation que l'opposition dément d'ailleurs avec véhémence.
Pour le citoyen, l'ambitieux budget en trois volets d'hier -qui entend affronter la récession, préserver le développement social, et sauvegarder la santé des finances publiques -se résume en une seule vérité claire et simple à comprendre: le gouvernement veut acheter mon vote avec de l'argent qu'il n'a même pas encore en poche.
Un déficit, c'est un emprunt dont on ne peut dire comment on s'y prendra pour le rembourser dans l'état actuel de nos finances. C'est exactement ce qu'a annoncé la ministre des Finances, hier. La hausse des taxes et des tarifs annoncée pour les années à venir ne couvrira qu'une fraction du déficit prévu.
Le reste viendra, tenez-vous bien : des économies qu'on pourra réussir en révisant le fonctionnement de l'État. La ministre responsable du Trésor promet une rationalisation des dépenses, une amélioration de la gouvernance, et une simplification des programmes gouvernementaux.
LUTTE AU DÉFICIT
Bref, nous allons lutter contre le déficit autorisé hier, en faisant exactement ce que le gouvernement n'a pas su faire ces cinq dernières années.
L'économie du Québec devrait se contracter de 1,2% en 2009. Les dépenses du gouvernement, elles, augmentent de 4,9% cette année.
S'il ne nous prenait pas pour des zouaves, le gouvernement nous dirait: l'État, c'est vous. Pour réduire les dépenses, il va falloir prendre le taureau par les cornes, réduire vos attentes, revoir les conventions collectives, trouver des façons. Mais, non.
Défendant son budget, hier, M. Charest énumérait plutôt tous ces secteurs dans lesquels le gouvernement dépenserait plus d'argent pour les citoyens.
Il y a une nouvelle tendance maintenant établie chez les leaders politiques des grands pays: Barack Obama, Nicolas Sarkozy sont francs, ils parlent clairement, et donnent l'heure juste.
Nous n'en sommes pas là.
1 commentaire:
"Il serait aussi sage d’abandonner le concept du fond des générations et de verser ses actifs au remboursement de la dette. Ce n’est qu’une question de temps avant qu’un premier ministre utilise l’argent de ce fond pour payer l’épicerie."
Ou encore que la caisse de dépot en fasse disparaitre 50%...
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