Dans son texte, Mme Marcotte dénonce le fait que la loi du déficit zéro n’a pas empêché les gouvernements qui se succèdent à Québec d’endetter les générations futures. Alors, imaginez ce qui va arriver avec le retour des déficits sous prétexte de relancer l’économie?
Tous les politiciens prétendent gérer en bon père de famille. Pourtant, un père de famille qui endetterait ses enfants ne serait pas qualifié de bon.
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Le modèle québécois: "Stuff the Beast"
Joanne Marcotte
March 8, 2009, 4:36:25 PM
Il existe une expression en anglais, qui résume en peu de mots une stratégie qui vise à forcer le gouvernement à réduire de façon substantielle la taille de l’État : "Starve the Beast ".
"Affamer la Bête" - la Bête étant l’État - vise donc à imposer une camisole de force au gouvernement en le privant de revenus. En abaissant les impôts et les taxes, les partisans de cette approche étaient d’avis que le gouvernement, faute d’argent, en viendrait nécessairement au constat qu’il lui faut élaguer certains programmes sociaux, réinterroger certains droits acquis et assainir globalement la gestion des fonds publics.
Cette approche, populaire sous l’administration américaine du président Reagan, comptait sur le fait que la population s’objecterait aux déficits budgétaires et que le gouvernement n’aurait d’autres choix que de revoir sa structure de dépenses.
L’histoire ne donnera pas nécessairement raison aux partisans de cette stratégie. En fait, on réalise plus tard que la Bête continue de très bien se nourrir : sur le dos des générations futures. En effet, l’administration Reagan participe à une explosion sans précédent de la dette américaine.
Au Québec, il serait risible de croire qu’un gouvernement ait tenté de près ou de loin d’adopter une telle stratégie. Ne sommes-nous pas les plus taxés et imposés en Amérique du nord? Certains croiront que la Loi sur l’équilibre budgétaire de 1996 pourrait s’apparenter à une approche "Starve the Beast". Peut-être... en théorie. Mais considérant que le gouvernement péquiste de Lucien Bouchard créait deux ans plus tard de nouveaux programmes sociaux (garderies à 5 $ , programme d’assurance-médicaments) qui grugeront pendant encore longtemps une importante marge de manoeuvre, on a le droit de croire que cela manquait de sincérité et de sérieux…
Non. Au Québec, nous optons pour une autre approche : "Stuff the Beast"!
Alors que "Starve the Beast" prive l’État de revenus dans le but espéré qu'il coupe éventuellement dans ses dépenses, "Stuff the Beast" vise à introduire des nouveaux programmes de dépenses dans le but de faire accepter par la population de nouvelles hausses d’impôt et de taxes!
C’est ce que certains analystes américains pensent des plans de relance du président Obama, dont Ross Douthat de la revue Atlantic.
Quelle expression géniale pour décrire le régime fiscal québécois!
Ainsi, après:
- avoir fait grossir l'État comme nulle part ailleurs en Amérique du Nord - 42,3% du PIB vs. 31,4% dans le reste du Canada;
- avoir fait du Québec la région de l'Amérique du nord la plus imposée, taxée et syndiquée;
- avoir créé de nouveaux programmes sociaux déguisés en programmes d'assurance (médicaments, parentale);
- avoir pris des engagements absolument insoutenables à long terme, tant sur le plan de l'universalité des multiples programmes sociaux (santé, garderies), que des retraites à prestations déterminées des employés du secteur public et parapublic;
- avoir fait grimpé la dette publique de façon irrespectueuse des générations futures,
on peut, en toute confiance, parler d'une stratégie "Stuff the Beast" pour le Québec.
Pour en savoir plus sur l’histoire de l’expression "Starve the Beast"
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