Par Finn Andreen.
Mon article « Le socialisme d’aujourd’hui n‘est pas le socialisme d’antan » mérite une suite.
Ce premier article a montré un changement de définition du terme « socialisme » ; changement nécessaire au vu des échecs de cette idéologie au cours du siècle dernier. Le socialisme d’aujourd’hui est basé sur l’idéologie de l’« étatisme », c’est-à-dire la conviction que l’État doit jouer un rôle fondamental dans la société. C’est l’acceptation d’un État social moderne qui s’implique dans toutes les activités de la société, qu’elles soient de nature commerciale ou pas.
Contrairement au socialisme « classique », avec cette nouvelle définition, très peu de personnes ne sont pas socialistes en France et en Europe. Tous les partis politiques sont alors socialistes, même si beaucoup n’accepteraient jamais d’être désignés ainsi. Cette conviction étatiste généralisée explique en grande partie les maux que traversent ces pays, dont la France, depuis presque un demi-siècle : une stagnation politique, économique et sociale sans précèdent, et majoritairement auto-infligée.
Avant donc de parler des effets de la mondialisation, il est important de reconnaître et comprendre les conséquences sur la société de l’avènement de l’État moderne. L’éducation aux idées du libéralisme, thème de l’article cité précédemment, doit donc prendre en compte ce très fort soutien dont jouit le socialisme d’aujourd’hui.
Une socialisation forcée
En fait, le socialisme en tant qu’étatisme est sûrement même une meilleure définition que celle selon laquelle tous les moyens de production se trouvent entre les mains de l’État. Ce « socialisme d’antan » est si contraire à la nature humaine, l’URSS nonobstant, qu’elle ne saurait qu’être tout au plus un passage éphémère dans une société développée.
Quand le socialisme historique prônait une société orwellienne où l’« égalité des résultats » devait être parfaite entre individus, le socialisme d’aujourd’hui souhaite la parfaite « égalité des opportunités ». Ceci est certes un progrès, mais les deux supposent de graves atteintes à la liberté individuelle. Si l’étatisme n’interdit pas la propriété privée, il bride souvent gravement son développement. Pour l’individu, cette socialisation forcée peut être progressive (impôts sur le revenu), régressive (sous forme de TVA), et d’une manière générale, redistributive.
Le socialisme d’aujourd´hui porte bien son nom, car elle signifie – et présuppose – une « socialisation ». Mais celle-ci est artificielle ; l’étatisme est un système de socialisation forcée, par-dessus les relations sociales naturelles déjà existantes.
Tensions sociétales dues au socialisme
Quand une partie significative de la richesse est redistribuée, la polarisation de la société est inévitable, même dans les sociétés contemporaines qui soutiennent les idées étatistes. En absorbant et en réallouant tant bien que mal une grande partie de la richesse produite par le marché, l’État et le système financier qui en est tributaire crée des tensions sociales. C’est le contraire des harmonies économiques d’un marché libre, que Frédéric Bastiat avait perçues.
Ces tensions sont liées à l’injustice fondamentale de la redistribution et aux freins évidents à la création de richesse. Ces tensions sont liées également à la croissance injustifiée d’une classe de fonctionnaires privilégiés mais sous-performants, privant en même temps le secteur privé de ressources humaines.
Mais les répercussions de l’étatisme vont bien au-delà de l’impact financier. Cette socialisation forcée transforme les relations sociales naturelles, spécifiques à chaque société. L’étatisme crée des liens sociaux nouveaux par rapport à ceux qui existent dans une société libre évoluant spontanément.
En effet, dans L’éthique de la production de monnaie, le professeur Hulsmann explique les conséquences néfastes de la production monétaire par l’État, c’est-à-dire l’inflation, qui n’est qu’une forme masquée de confiscation de propriété privée.
L’attitude envers l’épargne est transformée lorsque l’unité monétaire est sciemment dévalorisée par les banques centrales, forçant les acteurs de la société à dépenser plus et plus tôt que dans une société libre. Une telle politique socialiste change la préférence temporelle, qui lorsqu’elle est agrégée, forme les taux d’intérêts naturels dans un libre marché. La société sous le joug de l’étatisme devient alors plus orientée vers le présent et moins vers l’avenir, comme l’expliqua le professeur Hoppe dans son œuvre majeure, Démocratie, le dieu qui a échoué.
Cette importance accrue du présent, couplée avec une forte pression fiscale et réglementaire, réduit l’investissement des entreprises et la motivation des individus. L’État est responsable du chômage artificiel et contribue alors doublement au sentiment général de stagnation. L’image de générosité de l’État social alimente l’immigration, avec toutes les difficultés que cela génère en termes d’intégration, de fractures sociales, et de nivellement par le bas.
L’inflation (monétaire) augmente les tensions dans la société à travers le caractère régressif de l’effet Cantillon. La politique monétaire artificiellement inflationniste des États modernes a permis des guerres aussi destructrices que coûteuses, provoquant une déstabilisation d’une grande partie du monde.
L’étatisme force donc la société à entrer dans un cercle vicieux de socialisation forcée, où les différents échecs économiques et sociaux se renforcent les uns les autres, au point où une rupture ou une crise deviennent inévitables. C’est la situation actuelle dans beaucoup de pays européens, dont la France. La solution est évidemment le libéralisme, qui permet au contraire de profiter du cercle vertueux du capitalisme véritable, pas celui de connivence, où les investissements et les innovations permettent d’améliorer en permanence la qualité de vie de chacun.
Les pays occidentaux doivent une grande partie de leur déclin politique et économique actuel aux phénomènes décrits ci-dessus. La France est un bel exemple en la matière, malheureusement. Tant que la société française n’aura pas compris les principes et les avantages du libéralisme, pas tant pour la nation française mais pour chaque Français individuellement, il ne faut pas espérer de renaissance dans ce pays. L’éducation en libéralisme politique et économique ne peut plus attendre.
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