Par Johan Rivalland.
Nous avons déjà eu l’occasion d’examiner un petit échantillon de ce que la bêtise humaine est capable de produire au quotidien. La source n’étant pas près de se tarir, il n’y a que l’embarras du choix pour constater jusqu’où elle peut aller. Nouveaux exemples, tirés de l’actualité récente.
L’écologisme bête et méchant
Le dimanche 11 juin, environ un millier de fous furieux prétendument écologistes cèdent à l’appel des collectifs « La Tête dans le Sable » et « Soulèvements de la Terre », dans le but de « protester contre l’exploitation industrielle du sable dans le maraîchage, l’extension de carrières de sable et la bétonnisation ». Joli programme.
Nul n’ignore que ce type de mouvement, qui a déjà eu l’occasion de se distinguer de manière ultraviolente, au-delà de la science (si ce n’est militante) et de la raison, mais aussi des principes démocratiques, prône en réalité la décroissance et l’anticapitalisme. Le problème, ici, est que, sous couvert de défendre l’écologie, cette horde de moutons de Panurge très primaire s’en est pris à des cultures expérimentales, au dépit et au grand désespoir de ceux qui œuvraient justement pour la recherche de méthodes de culture plus écologiques !
Saccageant tout sur leur passage, selon leur méthode habituelle, et ne faisant pas dans le détail, ils ont ainsi détruit trois années de travail de ces petits producteurs et chercheurs. Sans aucune réflexion, sans égard pour l’autre, sans chercher à se renseigner au préalable sur ce qu’ils étaient en train de détruire, sans complexe au regard d’une violence qu’ils jugent légitime (n’est pas Thoreau, ni Gandhi qui veut, et ne comprend l’idée de désobéissance civile que celui qui dispose d’un minimum de culture). Parant leur action du vocable romantique ou « citoyen » d’« éco-sabotage », ce qui vise à donner l’illusion que leurs actions violentes et illégales seraient légitimes.
Face à tant de bêtise et de violence primaire, nous sommes en droit de nous demander si ceux qui attendent tout des autres sont encore capables de penser par eux-mêmes et de prendre des initiatives créatives plutôt que de s’inscrire encore et toujours dans la violence gratuite et irresponsable, dans l’unique protestation inefficace, sans limites et contre-productive.
Une liberté d’expression à géométrie variable
Dans le même ordre d’idée, où certains s’accaparent le droit de revendiquer, d’être entendus (y compris par la force et sans égards pour les autres, comme nous venons de le voir), il y a toujours cette conception de la liberté d’expression qui doit être défendue… à condition de se situer dans le bon camp.
Nous présentions, il y a peu, un pamphlet d’Éric Naulleau, dont nous écrivions que la sortie n’allait pas vraiment arranger les affaires de son auteur. Décidément intrépide et sans complexe, le célèbre critique littéraire et chroniqueur s’est aussitôt fait brocarder et évincer du jury du festival de Cabourg, pour avoir osé franchir le Rubicon en accordant un entretien… sur la liberté d’expression, au magazine Valeurs actuelles (crime de lèse-majesté). Comme chacun sait, la liberté d’expression s’arrête là où commence l’intimidation et l’idéologie dominante. Quitte, dans certains cas, à recourir là encore à la violence contre les récalcitrants.
Et c’est tout le problème : la liberté d’expression, oui, mais uniquement si vous êtes du bon côté. Comme le titre de l’article de Pierre Jourde dans Marianne en lien plus haut le suggère, « La liberté d’expression, valable pour certains, pas pour d’autres ».
J’apprécie d’ailleurs l’humour du chroniqueur, dont je vous cite cet extrait bien senti :
« J’ai récemment donné un entretien au journal L’Humanité, pour dénoncer les nouvelles entraves à la liberté d’expression. Dès le lendemain, le responsable de mon club de boxe m’a passé un coup de téléphone. Il n’y est pas allé de main morte : « Tu as choisi de t’exprimer dans l’organe d’un parti qui a approuvé le pacte germano-soviétique, dénoncé les dissidents, soutenu les procès de Moscou, les purges, le goulag, les millions de morts. Ce ne sont pas nos valeurs. Je suis désolé, mais tu ne fais plus partie du club. »
Non. Je blague. Qui pourrait aujourd’hui tenir ce raisonnement stupide ? L’Humanité a toute sa place dans l’espace démocratique, et on a le droit de s’y exprimer, même si on ne partage pas ses idées. Ça n’engage pas. Vous êtes d’accord ? Vous avez tort. La liberté d’expression, la démocratie, c’est valable pour certains, mais pas pour d’autres. Le raisonnement simple que je viens de tenir n’a plus lieu dans certains cas… »
Il n’y a rien à ajouter. On comprend bien ici que nous sommes au-delà de la bêtise, puisque ce sont les fondements mêmes de la liberté d’expression, et donc des libertés fondamentales, qui sont en cause. Quelle que soit l’opinion que l’on puisse avoir sur Valeurs actuelles ou sur Éric Naulleau. L’intolérance pure, au nom du prétendu Bien.
Henri, le héros décrié
Puisque nous sommes dans le chapitre de l’intolérance et de l’idée que ce qui est valable pour les uns ne l’est pas pour les autres… Pensez à préparer votre cv, au cas où il vous arriverait de devenir de manière inopinée… un héros.
Nous avons connu ces dernières années quelques exemples de héros remarquables, dont nous avons tous admiré le sens de l’engagement et le sang froid dont ils ont fait preuve dans des circonstances extraordinaires. Mais le profil de ce nouveau héros dérange…
À peine passées les premières heures durant lesquelles tout le monde a pu saluer le courage d’un jeune homme tentant de s’interposer entre un fou dangereux et d’autres victimes potentielles qu’il aurait pu faire, voilà que son profil interroge. Catholique traditionaliste, parti en tournée de visite des cathédrales de France… Ouille, voilà qui s’annonce mal ! T-shirt arborant le drapeau français en prime, c’est beaucoup pour un même homme. Et les grandes consciences de s’interroger sur l’éventuelle appartenance de ce jeune homme à « l’extrême droite », et autres questions concernant les « sources d’inspiration » de ce héros d’un jour ou de quelques heures.
Peu importe qu’il ait sauvé des vies. Peu importe qu’il ait mis sa propre vie en danger comme peu l’auraient fait. Le profil dérange. Il ne correspond pas aux stéréotypes ou aux standards de ce que l’on attend, de ce que devrait être un vrai héros.
Sans commentaire…
« L’écosexe », nouvelle lubie d’un écologisme jamais à court d’idées
On croit rêver… Mais non, c’est bien authentique. Certains illuminés semblant sortis tout droit d’une secte, subventionnés en prime par la ville de Lyon (c’est vrai que quand il y a de l’argent à prendre, toute cause est belle), conçoivent un « spectacle d’écosexe » qui « propose en extérieur des performances mêlant écosexualité, écoféminisme et botanique, n’hésitant pas à s’afficher en public dans le plus simple appareil, parfois en présence d’enfants ».
Je n’ose trop vous engager à jeter un coup d’œil sur la petite vidéo de l’article en lien ci-dessus, c’est tout simplement effarant. Un homme rampe presque entièrement nu sur le sol, léchant la végétation au sol et autres simagrées, ainsi que moult détails qui ne m’intéressent même pas, mais que je vous laisse découvrir si vous le souhaitez. Et devant un public composé en partie d’enfants. Et, bien sûr, au nom de l’harmonie avec la Nature (à qui il fait l’amour).
Là aussi je n’ai rien à ajouter…
Le petit bonus, pour terminer
Et que pensez-vous de ceci ? Mathieu Orphelin, ancien député et actuel Directeur général de la Ligue de Protection des Oiseaux (LPO) interpelle Coca-Cola après qu’une cigogne s’est coincé le bec dans l’une des canettes de la firme. Doté d’un bon sens et d’un réalisme époustouflants, il demande ainsi à ses dirigeants : « Avez-vous mis en oeuvre des moyens (drones ou autres) pour retrouver cette cigogne et la secourir ? ».
Je vous laisse apprécier les réactions mieux avisées des lecteurs de l’article, qui réagissent nombreux avec bien plus de réalisme et de bon sens (Qui doit-on incriminer, Coca-Cola ou la personne irrespectueuse et négligente qui jette ses déchets en pleine nature ? Fera-t-on un procès à la LPO si l’un des gadgets qu’elle vend occasionne des dommages similaires ? Idem pour des tas d’autres exemples de produits ou ustensiles de tous les jours. Et quid des dégâts causés par les éoliennes sur les oiseaux ? Etc. Il y a l’embarras du choix).
Oui, décidément, la bêtise se porte bien. Tandis que des événements graves se déroulent à nos portes, certains n’ont décidément rien d’autre à faire que de se préoccuper de futilités ou de choses sérieuses mais avec un regard bassement partisan teinté d’ignorance et d’intolérance. Pauvre de nous…
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