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La politique a toujours servi de tremplin à des profiteurs, petits ou grands, pour se hausser du col, se pavaner, masquer des bassesses, s’enrichir indûment… La démocratie est censée y porter remède.
La démocratie y parvient parfois sous la pression de la vox populi qui a empêché, lors de ces élections législatives de 2022, que se présentent en Dordogne un Peyrat (LRM), condamné pour violence sexuelles, un Taha Bouhafs (NUPES) à Vénissieux pour les mêmes raisons, ou encore à Boulogne le traître Thierry Solère mis en examen pour 13 chefs d’accusation et qu’Emmanuel Macron n’a pas cessé d’utiliser pour soudoyer, sans grand succès d’ailleurs, les élus LR. Mais d’autres sont restés candidats Renaissance malgré les charges qui pèsent sur eux ou plaintes à leur encontre : Laetitia Avia, Sira Sylla… Le parti LR a pour sa part cherché à conserver, lors de son renouvellement, la vice-présidence du Parti populaire européen à l’ex-député européen Franck Proust condamné pour trafic d’influence à 12 mois de prison avec sursis et 5 ans d’inéligibilité ! Heureusement, il y a échoué.
Le pouvoir corrompt. Et ces gens-là prétendent à l’impunité. Mais plus encore, ils se croient vite intelligents parce qu’ils côtoient ceux qui côtoient Jupiter. Alors qu’ils sont simplement de bonnes marionnettes pour ceux qui les ont fait élire. « Tous les partis se ressemblent, dit le député Son-Forget qui a quitté LREM, ce sont les mêmes sociologies et les mêmes abrutis, il n’y a pas beaucoup de gens intelligents ». Les élus sont devenus des pantins aux ordres. Ils sont bridés.
Un Parlement dévalué
Mandat après mandat, le Parlement perd son pouvoir. Le dernier quinquennat Macron en a marqué le paroxysme. Dans une interview de l’association Droit et Liberté, l’ancien garde des Sceaux Jean-Jacques Urvoas observe que la loi est toujours plus écrite par l’administration plutôt que par les législateurs : « Pour la première fois depuis la naissance du régime, le droit produit n’a pas été majoritairement issu de la loi. Si 230 textes (hors conventions internationales) ont été promulgués, 369 habilitations furent accordées permettant aux gouvernements de prendre 334 ordonnances. Même en retirant les 91 directement liées à la pandémie du covid-19, le solde reste en défaveur de la délibération parlementaire. » Le Parlement se réunit, mais il ne délibère plus.
Bien sûr, la montée en puissance échevelée du droit européen a diminué les prérogatives des parlementaires nationaux. La concomitance des mandats de cinq ans du président et des députés a favorisé l’élection d’une majorité « godillot ». La Covid a ajouté un bon prétexte à l’extinction des feux parlementaires.
L’argent du parti prévaut
Par ailleurs, désormais les partis politiques multiplient les candidatures pour des raisons bassement financières. Comme pour les syndicats, leurs principales ressources viennent de l’Etat et dépendent de leurs résultats aux élections. En contrepartie, les dons des autres personnes morales sont interdits. Les crédits prévus au budget de l’Etat de 2022 pour les partis politiques sont de 68,7 millions d’euros. Ils sont attribués aux partis à raison de deux parts égales de 34,3 millions d’euros chacune :
– la première versée aux formations ayant obtenu au moins 1 % des suffrages exprimés, aux dernières élections législatives, dans au moins 50 circonscriptions, proportionnellement au nombre de suffrages obtenus au premier tour, cette première fraction étant réduite en cas de méconnaissance des règles favorisant la parité entre hommes et femmes ;
– la seconde attribuée aux formations disposant de députés ou de sénateurs, proportionnellement à leur nombre, sachant que seuls les partis bénéficiant de la première fraction sont éligibles à la seconde.
Ces règles favorisent évidemment des candidatures d’opérette qui dévalorisent la fonction et l’image de la représentation nationale. Il serait préférable que les partis vivent de l’agent de leurs supporteurs, ce qui les obligerait à avoir des militants.
Une fonction dégradée
Mais la faute est sans doute moins aux autres qu’aux parlementaires eux-mêmes qui ne s’emparent pas des sujets, s’embourbent dans des débats microscopiques, s’en réfèrent à l’administration. L’homo politicus s’efface. Mme Pécresse n’a pas réussi à convaincre parce qu’elle manquait de vraies convictions alors que le tribun Mélenchon a brisé la gauche avant de la ramasser par la force de ses certitudes. Les débats étaient autrement nourris au sein de l’assemblée constituante de la IIème République, en 1848, où siégeaient Proudhon, Victor Hugo, Considérant, Lamartine, Bastiat, Montalembert, Louis Blanc, La Mennais…
Un scrutin proportionnel amènerait sans doute quelques figures nouvelles à l’Assemblée, mais il la transformerait probablement en grand bazar où les mesures les plus folles pourraient se marchander au détriment des contribuables.
La restauration du politique
L’augmentation massive et régulière de l’abstention et des votes blancs tient au désintérêt des électeurs qui ont l’impression que les politiques sont tous les mêmes. Ils ne sont pas tous pourris comme certains le prétendent, mais ils n’ont plus guère de vision, de force morale, de volonté de convaincre. Le débat d’idée est réduit précisément au service minimum, remplacé par des avalanches de propositions technocratiques plutôt que politiques, bureaucratiques plutôt que structurelles, paramétriques plutôt que systémiques. L’imagination, l’innovation, la recherche intellectuelle, la construction des idées, le souci de l’homme deviennent accessoires à la bataille politique qui n’est plus que dépeçage de postes, de titres, de mandats.
Pour revenir à la politique, lui redonner du sens, y faire souscrire la jeunesse, il faut réanimer le débat intellectuel et moral sur le devenir de la « cité », sur le rapport du citoyen au pouvoir, sur le rôle de la société civile. A cet égard, le libéralisme, conçu comme une éthique de l’homme plus que comme un simple instrument d’optimisation économique, peut redorer le lustre du politique. Parce que le libéralisme offre ainsi une vision globale et cohérente fondée sur l’autonomie et la responsabilité des personnes. A ce titre, le libéralisme est un véritable humanisme et c’est probablement ce que beaucoup d’électeurs attendent de la politique.
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