Depuis quelques mois, le gouvernement américain ne cesse de venir en aide à d’importantes entreprises financières : Bear Stearns, Fannie Mae, Freddie Mac et, la dernière en date, AIG. L’aide accordée à Bear Stearns, une banque d’investissement, a été évaluée à 29 milliards de dollars américains (29 G$), celle promise à l’assureur AIG est de 85 G$, tandis que celle promise à Fannie et Freddie est estimée à 25 G$ selon le Congrès, mais à quelque 1 500 G$ selon des sources privées. AIG, Fannie et Freddie passent également sous le contrôle gouvernemental.
Fannie et Freddie sont des créatures gouvernementales qui favorisent indirectement l’achat de maison en achetant les hypothèques des banques et autres institutions financières. Ils en prennent l’entière responsabilité, c’est-à-dire qu’ils garantissent aux banques le capital et l’intérêt de ces hypothèques, même en cas de faillite des particuliers. Ensuite ils assemblent ces hypothèques selon différentes catégories (maturité, risque, etc.) et les offrent aux investisseurs sous forme de titres (parts). Plus le marché est bon, plus il attire le véreux et l’insouciant. Les faillites des particuliers se succèdent et Fannie et Freddie se retrouvent avec des titres invendables, si ce n’est qu’à une forte réduction de prix, tout en étant obligés d’honorer leurs paiements aux banques. Ces entreprises se sont retrouvées au bord du gouffre et le gouvernement a décidé de les prendre en charge, car il veut absolument continuer à «aider» les gens…
En d’autres mots, il nationalise ces entreprises le temps de les remettre sur rails. Or, pourquoi le gouvernement serait-il plus apte que le marché à effectuer ce boulot? Les investisseurs vont-ils se remettre à acheter ces titres sous le prétexte que le gouvernement est prêt à saigner les contribuables? Un plan d’aide gouvernemental avoisinant les 1 000 G$ devrait être annoncé sous peu. Ces entreprises se sont retrouvées au bord du gouffre malgré les avantages qu’elles avaient sur la concurrence, soit de meilleurs prix suivant la garantie implicite du gouvernement. Dans ces circonstances, le gouvernement aurait dû les laisser mourir plutôt que de les nationaliser. Cela démontre, une fois de plus, qu’une intervention gouvernementale en invite une autre. On accuse tout le monde sauf soi-même et on s’enfonce encore davantage. On crie qu’il vaut mieux agir que de ne rien faire, mais dans ces circonstances on risque d’avancer d’un pas pour ensuite reculer de trois.
Les coûts pour les contribuables américains ne s’arrêtent pas là. En effet, la FDIC, ou société d’assurance dépôt, autre créature gouvernementale de la Grande Dépression, en a déjà plein les bras. Elle demande l’aide financière du Congrès, car elle prévoit des difficultés à rembourser les épargnants qui cognent à sa porte (sur le même sujet on peut également lire et entendre les propos de Nouriel Roubini). Dédommager les épargnants de la seule banque Indymac devrait lui coûter quelque 9 G$. Dire que la société d’assurance dépôt se montre dans tous les médias pour rassurer les épargnants que leur argent est en sécurité constitue une véritable supercherie, car elle n’en a jamais eu la capacité et ne l’aura jamais. La seule garantie est que le gouvernement va taxer et imposer les contribuables et utiliser sa planche à billets pour les rembourser. La situation est similaire au Canada, en Europe et dans plusieurs autres pays.
À cela s’ajoute l’aide accordée, sous forme de prêts avantageux et d’échange d’actifs, à quelques joueurs du secteur financier, qui a permis au gouvernement de mettre la pédale douce à sa création monétaire depuis un an. Lorsqu’on comprend la nature et les conséquences de cette aide, on ne peut faire autrement que s’en indigner. En effet, qui n’aimerait pas échanger quelques-uns de ses mauvais placements contre des bons du Trésor? Qui n’aimerait pas un congé d’intérêt ou un peu plus d’argent à un taux plus bas que partout ailleurs? Grâce à ces mécanismes, les banques ont pu se procurer quelque 350 G$ depuis un an et le dernier plan gouvernemental veut offrir cette aide à plus d’entreprises et en rendre les critères d’éligibilité plus flexibles encore. Malheureusement, pour avoir droit à ces cadeaux on doit intégrer le cartel. Il y a effectivement des cartels que les gouvernements défendent. On ne parle pas de «système» monétaire et bancaire pour rien. Aucun autre secteur d’activité économique n’est érigé en système.
Socialiser les pertes et privatiser les profits! La «gauche» a raison de dénoncer cette injustice, mais elle n’a pas moins tort d’en accuser le capitalisme. L’interventionnisme de l’État est le propre du socialisme, qui existe en finance et aux États-Unis comme ailleurs. Ces sauvetages n’ont rien à voir avec la générosité, ils relatent la peur des dirigeants du Trésor et de la Réserve fédérale de voir s’écrouler les institutions financières les unes après les autres. Cela s’explique notamment par le régime des réserves fractionnaires, c’est-à-dire une politique qui encourage les banques à prêter plus d’argent qu’elles en ont dans leurs coffres. C’est légal, mais immoral. C’est légal parce que les gouvernements croient, à tort, qu’ils sont indispensables.
Accuser les spéculateurs et représentants véreux pour la crise financière actuelle passe à côté de la source du problème qu’est le monopole gouvernemental sur la monnaie, sa politique des réserves fractionnaires et ses manipulations du taux d’intérêt. Cela ne veut pas dire qu’il n’existe pas de représentants véreux, mais plutôt que leurs responsabilités sont minimes à comparer celles des gouvernements. De même, il ne s’agit pas de nier les responsabilités des entreprises relativement à leurs déboires, mais de réaliser qu’il y a des facteurs plus importants qui les ont incités à prendre plus de risques qu’elles auraient assumés sans leurs présences. On fait référence, notamment, à l’inflation et à ses conséquences. Lorsqu’on comprend ce qu’elle est et d’où elle vient, on cesse de chercher des boucs émissaires chez les spéculateurs, pétrolières ou autres.
Ci-après, je résume les actions de la Réserve fédérale depuis 10 ans dans le but de démontrer qu’elle, et ses congénères, constituent les principales sources des problèmes financiers actuels.
Le taux d’intérêt
Depuis mars 1997, le «Federal Open Market Committe's target rate», ci-après le taux d’intérêt, est fixé à 5,5%. En août 1998, la «crise des devises», qui secoue quelques pays asiatiques depuis des mois, frappe les marchés américains. Ledit comité baisse le taux d’intérêt à trois reprises, pour le fixer à 4,75% en novembre 98, dans le but de redonner confiance aux marchés. Dans l’esprit du Comité, un taux bas encourage l’investissement et la consommation. Cela permet aux banques de prêter plus d’argent et d’autant plus qu’elles peuvent en prêter davantage qu’elles en possèdent.
À partir de juin 99, le Comité rehausse son taux de 25 points de base, soit 0,25%, car les marchés vont bien. Le Comité continue à hausser le taux d’intérêt pour le fixer à 6,5% en mai 2000, car les bourses n’en finissent plus de monter. Règle générale, des prix qui montent rapidement descendent aussi rapidement. L’indice boursier NASDAQ, qui a atteint un sommet en mars 2000, ne vaut plus que 50% de cette somme en décembre de la même année.
L’économie est moribonde, le Comité baisse le taux d’intérêt à plusieurs reprises à coup de 50 points de base pour le porter à 1,75% en décembre 2001. Les bourses ne reprenant pas du poil de la bête, on porte le taux à 1,25% en novembre 2002, puis à 1% en juin 2003. On le laisse à 1% un an durant. Les bourses reprennent tranquillement, mais le marché immobilier, lui, est en pleine ébullition.
Inflation des prix et inflation monétaire
Comment se comporte l’inflation lors de ces manipulations du taux d’intérêt? Cela dépend de la définition qu’on lui donne. Si on utilise les mesures populaires, alors on conclut que l’inflation est sous contrôle. En effet, le taux d’inflation, tel qu’indiqué par ces mesures, n'a jamais dépassé les 4%, sur une base annualisée, avant la fin 2007. Puisque ces mesures, plutôt similaires d’une à l’autre, sont celles utilisées par la plupart des économistes, financiers et manitous des banques centrales, personne, ou presque, n’a de raison de remettre en question les manipulations du taux d’intérêt et la création monétaire qui s’ensuit le plus souvent, mais pas nécessairement.
Si, par contre, on définit l’inflation comme étant l’ajout de nouvelle monnaie, alors le portrait change du tout au tout. À l’instar de la définition de l’inflation comme hausse des prix, on retrouve quelques versions de l’inflation comme augmentation de la «quantité» de monnaie. Cependant, à la différence de la première définition de l’inflation, les différentes versions de la seconde sont plutôt importantes. Les agrégats monétaires MZM, M2 et M3 représentent davantage une monnaie de crédit, c’est-à-dire une monnaie qui est ou bien accompagnée de dette, ou bien non disponible immédiatement.
Les agrégats M’ et TMS caractérisent davantage la monnaie d’après les qualités qui étaient propres à la monnaie d’espèces, mais ils ne décrivent pas mieux l’inflation monétaire puisque celle-ci doit tenir compte également de la monnaie créée à partir de la politique des réserves fractionnaires, qui produit essentiellement une monnaie de crédit. Or, quand bien même on s’en tiendrait à ces agrégats, soit des définitions strictes de la monnaie, on réalise que l’inflation monétaire, ou l’inflation à proprement parler, est beaucoup plus importante que l’inflation des prix dont on parle tant et à tort. Le tableau suivant, tiré d’un article de Mike Shedlock publié le 14 juillet dernier, compare ces deux agrégats, ou mesures d’inflation monétaire, en pourcentage et en termes absolus (monétaires).
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Si les différences entre M’ et TMS sont importantes en termes absolus, elles ne le sont pas lorsqu’on compare leur augmentation annuelle moyenne. À vue d’œil, je dirais que celle-ci tourne autour des 8% pour les deux agrégats depuis les années 70, ce qui est bien davantage que les indices d’inflation des prix. («M’» est une mesure à la fois plus conservatrice et moins volatile que TMS, mais les deux se valent. «M’» est construite à partir de la définition de Frank Shostak, tandis que TMS est construite à partir de la définition conjointe de Murray Rothbard et Joseph Salerno. Voir l’article susmentionné ou encore Crédit, monnaie et inflation pour plus de détails).
On tire les conclusions suivantes de ce tableau : de l’automne 95 à l’automne 98, il y a augmentation considérable de monnaie. On se souviendra que la crise des devises frappe l’Amérique en août 98 et que les taux d’intérêt baissent par suite. De janvier 2001 à janvier 2003, une autre forte augmentation de la monnaie voit le jour, mais c’est également la période où l’on craint la déflation... des prix. Les États-Unis sont officiellement en récession, les taux d’intérêt sont très bas, l’inflation des prix également, les bourses sont à plat, mais le marché immobilier explose.
En 2003, on décélère la quantité de monnaie mise en circulation, on l’augmente de nouveau en 2004 et on en réduit l’augmentation depuis 2005. En 2003 les bourses reprennent de la vigueur, l’immobilier atteint des sommets et bien que le prix du pétrole commence à faire grincer des dents, l’inflation générale des prix, qui exclut les prix des maisons, est toujours sous contrôle. Dans le but de contenir la hausse des prix de celles-ci, la Réserve fédérale fait passer son taux d’intérêt de 1% en juin 2004 à 5,25% en juin 2006. Le mal est déjà fait, une injection moyenne d’argent de 8% annuellement ne peut faire autrement que de surchauffer les marchés qui en sont les bénéficiaires. Cela incite les gens à l’endettement, à prendre des risques indus, à spéculer et à le regretter. Les vendeurs de rêves ont toujours existé, mais ils se font plus nombreux lorsque le gouvernement leur en donne l’occasion.
La monnaie joue un rôle primordial sur les prix des biens, services et marchés, mais avec un décalage dans le temps. Lors des 10 dernières années la Réserve fédérale à ajouter beaucoup de monnaie lorsque les marchés boursiers allaient mal et elle en réduisait l’augmentation lorsque les marchés allaient biens. Ce n’est pas parce que la majorité des experts cherche l’inflation dans les biens de consommation qu’elle se retrouve uniquement là. Elle se retrouve partout, y compris dans les marchés boursiers, obligataires, immobiliers, etc. Certes, ces marchés n’augmentent pas uniquement à cause de l’inflation, mais ce n’est pas une raison d’ignorer qu’ils soient dopés par elle. On n’en tient pas compte parce qu’on se dit, à tort, que l’argent investi se retrouvera dans les biens de consommation, donc qu’il suffit de leur porter attention pour la détecter. La fixation sur ces biens est maladive.
On pense que la consommation est la clé pour «faire rouler l’économie», de sorte qu’on «injecte des liquidités» afin que tout le monde puisse dépenser. Ce faisant, on voit les banques centrales comme des sauveurs, alors qu’elles sont les premières responsables des cycles économiques. Elles enrichissent d’abord le secteur financier qu’elles sauvent ensuite lorsqu’il tombe. La richesse ne se retrouve pas dans la quantité de monnaie, mais dans la capacité de produire et celle-ci est réduite lorsqu’on saigne les contribuables. L'ajout de monnaie ne fait que redistribuer la richesse au profit de ceux qui y ont accès en premier.
Le gouvernement imprime le fric, incite les gens à investir dans un secteur en particulier, ensuite il se demande pourquoi il y a surchauffe et débâcle. Il cherche des coupables, mais ailleurs qu’en lui-même. Tant qu’il ne remettra pas en question ses politiques et sa banque centrale, il continuera à les utiliser comme remèdes. Tant qu’il ne remettra pas en question sa définition de l’inflation, voire sa connaissance de l’économie en général, il provoquera d’autres crises et trouvera d’autres boucs émissaires. L’interventionnisme gouvernemental est aveugle et dangereux. L’enfer est pavé de bonnes intentions, dit l’adage, car elles ne suffisent pas.
Fannie et Freddie sont des créatures gouvernementales qui favorisent indirectement l’achat de maison en achetant les hypothèques des banques et autres institutions financières. Ils en prennent l’entière responsabilité, c’est-à-dire qu’ils garantissent aux banques le capital et l’intérêt de ces hypothèques, même en cas de faillite des particuliers. Ensuite ils assemblent ces hypothèques selon différentes catégories (maturité, risque, etc.) et les offrent aux investisseurs sous forme de titres (parts). Plus le marché est bon, plus il attire le véreux et l’insouciant. Les faillites des particuliers se succèdent et Fannie et Freddie se retrouvent avec des titres invendables, si ce n’est qu’à une forte réduction de prix, tout en étant obligés d’honorer leurs paiements aux banques. Ces entreprises se sont retrouvées au bord du gouffre et le gouvernement a décidé de les prendre en charge, car il veut absolument continuer à «aider» les gens…
En d’autres mots, il nationalise ces entreprises le temps de les remettre sur rails. Or, pourquoi le gouvernement serait-il plus apte que le marché à effectuer ce boulot? Les investisseurs vont-ils se remettre à acheter ces titres sous le prétexte que le gouvernement est prêt à saigner les contribuables? Un plan d’aide gouvernemental avoisinant les 1 000 G$ devrait être annoncé sous peu. Ces entreprises se sont retrouvées au bord du gouffre malgré les avantages qu’elles avaient sur la concurrence, soit de meilleurs prix suivant la garantie implicite du gouvernement. Dans ces circonstances, le gouvernement aurait dû les laisser mourir plutôt que de les nationaliser. Cela démontre, une fois de plus, qu’une intervention gouvernementale en invite une autre. On accuse tout le monde sauf soi-même et on s’enfonce encore davantage. On crie qu’il vaut mieux agir que de ne rien faire, mais dans ces circonstances on risque d’avancer d’un pas pour ensuite reculer de trois.
Les coûts pour les contribuables américains ne s’arrêtent pas là. En effet, la FDIC, ou société d’assurance dépôt, autre créature gouvernementale de la Grande Dépression, en a déjà plein les bras. Elle demande l’aide financière du Congrès, car elle prévoit des difficultés à rembourser les épargnants qui cognent à sa porte (sur le même sujet on peut également lire et entendre les propos de Nouriel Roubini). Dédommager les épargnants de la seule banque Indymac devrait lui coûter quelque 9 G$. Dire que la société d’assurance dépôt se montre dans tous les médias pour rassurer les épargnants que leur argent est en sécurité constitue une véritable supercherie, car elle n’en a jamais eu la capacité et ne l’aura jamais. La seule garantie est que le gouvernement va taxer et imposer les contribuables et utiliser sa planche à billets pour les rembourser. La situation est similaire au Canada, en Europe et dans plusieurs autres pays.
À cela s’ajoute l’aide accordée, sous forme de prêts avantageux et d’échange d’actifs, à quelques joueurs du secteur financier, qui a permis au gouvernement de mettre la pédale douce à sa création monétaire depuis un an. Lorsqu’on comprend la nature et les conséquences de cette aide, on ne peut faire autrement que s’en indigner. En effet, qui n’aimerait pas échanger quelques-uns de ses mauvais placements contre des bons du Trésor? Qui n’aimerait pas un congé d’intérêt ou un peu plus d’argent à un taux plus bas que partout ailleurs? Grâce à ces mécanismes, les banques ont pu se procurer quelque 350 G$ depuis un an et le dernier plan gouvernemental veut offrir cette aide à plus d’entreprises et en rendre les critères d’éligibilité plus flexibles encore. Malheureusement, pour avoir droit à ces cadeaux on doit intégrer le cartel. Il y a effectivement des cartels que les gouvernements défendent. On ne parle pas de «système» monétaire et bancaire pour rien. Aucun autre secteur d’activité économique n’est érigé en système.
Socialiser les pertes et privatiser les profits! La «gauche» a raison de dénoncer cette injustice, mais elle n’a pas moins tort d’en accuser le capitalisme. L’interventionnisme de l’État est le propre du socialisme, qui existe en finance et aux États-Unis comme ailleurs. Ces sauvetages n’ont rien à voir avec la générosité, ils relatent la peur des dirigeants du Trésor et de la Réserve fédérale de voir s’écrouler les institutions financières les unes après les autres. Cela s’explique notamment par le régime des réserves fractionnaires, c’est-à-dire une politique qui encourage les banques à prêter plus d’argent qu’elles en ont dans leurs coffres. C’est légal, mais immoral. C’est légal parce que les gouvernements croient, à tort, qu’ils sont indispensables.
Accuser les spéculateurs et représentants véreux pour la crise financière actuelle passe à côté de la source du problème qu’est le monopole gouvernemental sur la monnaie, sa politique des réserves fractionnaires et ses manipulations du taux d’intérêt. Cela ne veut pas dire qu’il n’existe pas de représentants véreux, mais plutôt que leurs responsabilités sont minimes à comparer celles des gouvernements. De même, il ne s’agit pas de nier les responsabilités des entreprises relativement à leurs déboires, mais de réaliser qu’il y a des facteurs plus importants qui les ont incités à prendre plus de risques qu’elles auraient assumés sans leurs présences. On fait référence, notamment, à l’inflation et à ses conséquences. Lorsqu’on comprend ce qu’elle est et d’où elle vient, on cesse de chercher des boucs émissaires chez les spéculateurs, pétrolières ou autres.
Ci-après, je résume les actions de la Réserve fédérale depuis 10 ans dans le but de démontrer qu’elle, et ses congénères, constituent les principales sources des problèmes financiers actuels.
Le taux d’intérêt
Depuis mars 1997, le «Federal Open Market Committe's target rate», ci-après le taux d’intérêt, est fixé à 5,5%. En août 1998, la «crise des devises», qui secoue quelques pays asiatiques depuis des mois, frappe les marchés américains. Ledit comité baisse le taux d’intérêt à trois reprises, pour le fixer à 4,75% en novembre 98, dans le but de redonner confiance aux marchés. Dans l’esprit du Comité, un taux bas encourage l’investissement et la consommation. Cela permet aux banques de prêter plus d’argent et d’autant plus qu’elles peuvent en prêter davantage qu’elles en possèdent.
À partir de juin 99, le Comité rehausse son taux de 25 points de base, soit 0,25%, car les marchés vont bien. Le Comité continue à hausser le taux d’intérêt pour le fixer à 6,5% en mai 2000, car les bourses n’en finissent plus de monter. Règle générale, des prix qui montent rapidement descendent aussi rapidement. L’indice boursier NASDAQ, qui a atteint un sommet en mars 2000, ne vaut plus que 50% de cette somme en décembre de la même année.
L’économie est moribonde, le Comité baisse le taux d’intérêt à plusieurs reprises à coup de 50 points de base pour le porter à 1,75% en décembre 2001. Les bourses ne reprenant pas du poil de la bête, on porte le taux à 1,25% en novembre 2002, puis à 1% en juin 2003. On le laisse à 1% un an durant. Les bourses reprennent tranquillement, mais le marché immobilier, lui, est en pleine ébullition.
Inflation des prix et inflation monétaire
Comment se comporte l’inflation lors de ces manipulations du taux d’intérêt? Cela dépend de la définition qu’on lui donne. Si on utilise les mesures populaires, alors on conclut que l’inflation est sous contrôle. En effet, le taux d’inflation, tel qu’indiqué par ces mesures, n'a jamais dépassé les 4%, sur une base annualisée, avant la fin 2007. Puisque ces mesures, plutôt similaires d’une à l’autre, sont celles utilisées par la plupart des économistes, financiers et manitous des banques centrales, personne, ou presque, n’a de raison de remettre en question les manipulations du taux d’intérêt et la création monétaire qui s’ensuit le plus souvent, mais pas nécessairement.
Si, par contre, on définit l’inflation comme étant l’ajout de nouvelle monnaie, alors le portrait change du tout au tout. À l’instar de la définition de l’inflation comme hausse des prix, on retrouve quelques versions de l’inflation comme augmentation de la «quantité» de monnaie. Cependant, à la différence de la première définition de l’inflation, les différentes versions de la seconde sont plutôt importantes. Les agrégats monétaires MZM, M2 et M3 représentent davantage une monnaie de crédit, c’est-à-dire une monnaie qui est ou bien accompagnée de dette, ou bien non disponible immédiatement.
Les agrégats M’ et TMS caractérisent davantage la monnaie d’après les qualités qui étaient propres à la monnaie d’espèces, mais ils ne décrivent pas mieux l’inflation monétaire puisque celle-ci doit tenir compte également de la monnaie créée à partir de la politique des réserves fractionnaires, qui produit essentiellement une monnaie de crédit. Or, quand bien même on s’en tiendrait à ces agrégats, soit des définitions strictes de la monnaie, on réalise que l’inflation monétaire, ou l’inflation à proprement parler, est beaucoup plus importante que l’inflation des prix dont on parle tant et à tort. Le tableau suivant, tiré d’un article de Mike Shedlock publié le 14 juillet dernier, compare ces deux agrégats, ou mesures d’inflation monétaire, en pourcentage et en termes absolus (monétaires).
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Si les différences entre M’ et TMS sont importantes en termes absolus, elles ne le sont pas lorsqu’on compare leur augmentation annuelle moyenne. À vue d’œil, je dirais que celle-ci tourne autour des 8% pour les deux agrégats depuis les années 70, ce qui est bien davantage que les indices d’inflation des prix. («M’» est une mesure à la fois plus conservatrice et moins volatile que TMS, mais les deux se valent. «M’» est construite à partir de la définition de Frank Shostak, tandis que TMS est construite à partir de la définition conjointe de Murray Rothbard et Joseph Salerno. Voir l’article susmentionné ou encore Crédit, monnaie et inflation pour plus de détails).
On tire les conclusions suivantes de ce tableau : de l’automne 95 à l’automne 98, il y a augmentation considérable de monnaie. On se souviendra que la crise des devises frappe l’Amérique en août 98 et que les taux d’intérêt baissent par suite. De janvier 2001 à janvier 2003, une autre forte augmentation de la monnaie voit le jour, mais c’est également la période où l’on craint la déflation... des prix. Les États-Unis sont officiellement en récession, les taux d’intérêt sont très bas, l’inflation des prix également, les bourses sont à plat, mais le marché immobilier explose.
En 2003, on décélère la quantité de monnaie mise en circulation, on l’augmente de nouveau en 2004 et on en réduit l’augmentation depuis 2005. En 2003 les bourses reprennent de la vigueur, l’immobilier atteint des sommets et bien que le prix du pétrole commence à faire grincer des dents, l’inflation générale des prix, qui exclut les prix des maisons, est toujours sous contrôle. Dans le but de contenir la hausse des prix de celles-ci, la Réserve fédérale fait passer son taux d’intérêt de 1% en juin 2004 à 5,25% en juin 2006. Le mal est déjà fait, une injection moyenne d’argent de 8% annuellement ne peut faire autrement que de surchauffer les marchés qui en sont les bénéficiaires. Cela incite les gens à l’endettement, à prendre des risques indus, à spéculer et à le regretter. Les vendeurs de rêves ont toujours existé, mais ils se font plus nombreux lorsque le gouvernement leur en donne l’occasion.
La monnaie joue un rôle primordial sur les prix des biens, services et marchés, mais avec un décalage dans le temps. Lors des 10 dernières années la Réserve fédérale à ajouter beaucoup de monnaie lorsque les marchés boursiers allaient mal et elle en réduisait l’augmentation lorsque les marchés allaient biens. Ce n’est pas parce que la majorité des experts cherche l’inflation dans les biens de consommation qu’elle se retrouve uniquement là. Elle se retrouve partout, y compris dans les marchés boursiers, obligataires, immobiliers, etc. Certes, ces marchés n’augmentent pas uniquement à cause de l’inflation, mais ce n’est pas une raison d’ignorer qu’ils soient dopés par elle. On n’en tient pas compte parce qu’on se dit, à tort, que l’argent investi se retrouvera dans les biens de consommation, donc qu’il suffit de leur porter attention pour la détecter. La fixation sur ces biens est maladive.
On pense que la consommation est la clé pour «faire rouler l’économie», de sorte qu’on «injecte des liquidités» afin que tout le monde puisse dépenser. Ce faisant, on voit les banques centrales comme des sauveurs, alors qu’elles sont les premières responsables des cycles économiques. Elles enrichissent d’abord le secteur financier qu’elles sauvent ensuite lorsqu’il tombe. La richesse ne se retrouve pas dans la quantité de monnaie, mais dans la capacité de produire et celle-ci est réduite lorsqu’on saigne les contribuables. L'ajout de monnaie ne fait que redistribuer la richesse au profit de ceux qui y ont accès en premier.
Le gouvernement imprime le fric, incite les gens à investir dans un secteur en particulier, ensuite il se demande pourquoi il y a surchauffe et débâcle. Il cherche des coupables, mais ailleurs qu’en lui-même. Tant qu’il ne remettra pas en question ses politiques et sa banque centrale, il continuera à les utiliser comme remèdes. Tant qu’il ne remettra pas en question sa définition de l’inflation, voire sa connaissance de l’économie en général, il provoquera d’autres crises et trouvera d’autres boucs émissaires. L’interventionnisme gouvernemental est aveugle et dangereux. L’enfer est pavé de bonnes intentions, dit l’adage, car elles ne suffisent pas.
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