Chaque Québécois doit plus de 34 000 $ au provincial seulement

Vaut mieux en rire!

Avant de couper des centaines de millions dans les services, est-ce qu’on peut avoir les services ? - Michel Beaudry

23 août, 2008

Souverainiste ou fédéraliste?

La question de la souveraineté a été ramenée à l’ordre du jour par François Legault. Il prétend que le cynisme des Québécois envers la classe politique empêche les politiciens d’agir. À mon avis c’est plutôt le contraire, l’immobilisme des politiciens alimente le cynisme des Québécois?

Je suis ni souverainiste, ni fédéraliste. Je vote simplement pour le parti qui promet un plus petit gouvernement. Je sais très bien que ces promesses sont, la plupart du temps, vides de sens. Suis-je cynique ou réaliste? Je réponds que je suis réaliste. Il suffit de comparer les promesses électorales du PLQ en 2003 à ce qui a été réalisé pour s’en convaincre. Quoi qu’il en soit, je préfère appuyer les politiciens qui promettent de dégrossir le gouvernement. Sait-on jamais, un jour Régis Labeaume sera peut-être premier ministre. Il n’a pas hésité à réduire de près du tiers le conseil municipal de Québec. C’est un évènement historique.

Dans un but purement altruiste et pour aider le PQ dans sa réflexion, je me permets d’identifier la condition essentielle pour gagner le prochain référendum sur la souveraineté. Selon moi, le Québec réalisera la souveraineté le jour où nous paierons plus que ce que nous recevons du fédéral. Présentement, nous recevons près de 6 milliards de plus que ce que nous payons (Voir plus bas l’excellent texte de Pierre Duhamel). Dans ce contexte, les Québécois refuseront la souveraineté de crainte de perdre ces milliards. Cet argent finance les programmes les plus généreux en Amérique du Nord. Il semble que nous préférions sacrifier notre liberté plutôt que de nous affranchir de notre dépendance envers l’État. C’est triste, mais c’est comme ça.

Pourtant, il y a deux façons relativement peu douloureuses d’éliminer la dépendance du Québec envers le gouvernement fédéral.

Le premier, le plus facile, serait de réduire le coût des programmes gouvernementaux. Malheureusement, si le passé est garant de l’avenir il est peu probable que cela se produise. Les priorités électoralistes de tous les partis confondus favorisent la création de nouveaux programmes tout en conservant les programmes existants. Ainsi, les budgets augmentent plus rapidement que la somme de la croissance de la population et de l’inflation. Dans ces conditions, il est probable que nous serons de plus en plus dépendants des transferts des provinces riches et non le contraire.

Le deuxième serait d’atteindre un niveau de croissance qui dépasse celui des autres provinces. Le Québec possède tous les atouts pour atteindre cet objectif. Toutefois, cela requiert l’abandon du modèle économique interventionniste au profit d’un environnement économique plus libre. Malheureusement, les partis qui se succèdent à Québec n’ont pas l’envergure requise pour affronter les groupes d’intérêt qui s’opposent à un tel revirement.

Le discours de l’ADQ était porteur d’un espoir raisonnable. Malheureusement, tout s’est effondré lorsque les Adéquistes ont crus que le pouvoir était à leur portée.
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Maudits chiffres!
Pierre Duhamel, L’Actualité.com, le 28 novembre 2007


L’option souverainiste est légitime en soi. De nombreux Québécois croient que le Québec doit être indépendant. Je comprends le besoin identitaire et la démarche politique. C’est une opinion toute personnelle, mais je ne crois pas que le débat se jouera sur le front économique. Un souverainiste ne se laissera pas toucher par un discours axé sur la peur et un fédéraliste ne fléchira pas grâce aux lendemains jovialistes promis par les promoteurs de l’indépendance. Je respecte trop les convictions des uns et des autres pour croire le contraire et je sais que l’émotion joue un rôle immense dans ce débat.


Quand je parle de l’économie du Québec ou de son retard face à ses voisins et concurrents, je veux surtout sensibiliser les gens aux grands chantiers qui nous attendent, qu’importe le régime politique.


Cette semaine, on apprend que le Québec était encore, en 2006, sous la moyenne canadienne au niveau de la croissance de la productivité et que nos entreprises investissaient moins que les autres en machinerie et en équipement. Toujours cette semaine, on dévoile que le taux de décrochage scolaire en 2005-06 est de 24,2 % au Québec, et qu’il dépasse les 30 % chez les jeunes hommes. Tout cela me désole car je mesure les implications pour notre compétitivité au cours des prochaines années. À tout prendre, je vous dirai même que le débat politique m’ennuie. Ce qui me préoccupe se résume ainsi : voulons-nous faire partie d’une société en déclin qui s’appauvrit ou d’une société vibrante qui s’enrichit?


Mais puisqu’il faut parler de chiffres…


On me cite constamment l’étude publiée en 2005 par François Legault. Ce dernier a écrit en 2005 que le Québec profitera d’un gain de 17 milliards de dollars sur cinq ans s’il réalise la souveraineté. Ces chiffres me semblent infirmés par les données plus récentes de Statistique Canada et de l’Institut de la statistique du Québec.


Je n’accorde pas beaucoup de crédibilité au rapport Legault. Du reste, le Parti Québécois semble lui aussi l’avoir enterré.


Ses hypothèses de base sont contestables. Il présume d’abord qu’il n’y aura aucun remous économique ni coûts de transition après une éventuelle souveraineté. Le dollar et les marchés financiers sont plus nerveux qu’un chevreuil, mais rien ne devrait bouger pendant les mois de négociations qui suivraient un référendum gagnant. Cela relève de la foi.


De plus, on part du principe que personne ne quittera le Québec, qui ne subira aucune perte fiscale. En 2006, une année où l’économie va bien et où le chômage est à un creux historique, près de 7 000 résidents ont quitté le Québec. Je ne brandis aucune menace. Je ne dis pas que des centaines de milliers de non francophones quitteront en masse comme à la fin des années 1970, je dis seulement que prétendre que personne ne partira m’apparaît hautement improbable.


Cela a pris des années pour rapatrier la seule formation de la main-d’œuvre, mais rapatrier toute la fonction publique fédérale se ferait en cliquant des doigts. Tous les gains seraient enregistrés au cours des cinq premières années.


Pour arriver à son surplus, le rapport Legault prétend éliminer 741 millions de dollars en chevauchements entre les gouvernements, mais garantie l’emploi à 74 000 fonctionnaires fédéraux. Il diminue férocement tous les coûts afférents aux Affaires étrangères et à la Défense et il est peu convainquant quand il présume qu’une administration québécoise sera de 25% plus efficiente que l’administration fédérale. Drôle d’argument quand on constate comment nos institutions sont gérées.


Je veux bien que le Québec n’hérite que de 16,5 % de la dette fédérale, chiffre retenu par la Commission Bélanger-Campeau. Mais ce n’est pas parce que les Québécois le demandent que les Canadiens acquiesceront sans broncher. Cela fera l’objet d’une négociation et la proportion pourrait être plus élevée.


L’autre élément qui me paraît très fragile dans l’argumentation de certains d’entre vous, c’est que le fédéral pillerait le Québec de 4 milliards par année.


Je reprends les chiffres de l’Institut de la Statistique du Québec publiés la semaine dernière. Le gouvernement fédéral dépense 9 996 milliards de dollars au Québec en biens et services et 39 249 milliards en dépenses de programmes, moins les intérêts sur la dette publique. En retour de dépenses de 49 245 milliards, le fédéral perçoit 43 428 milliards en taxes et impôts. Je ne dis rien d’autre. Je vous trouve très créatif pour faire de ce surplus de plus de 5 milliards un déficit de 4 milliards.


Je trouve divertissante votre compréhension d’une dette. À défaut d’être remboursée, toute dette implique des paiements d’intérêts. Quand le fédéral paie les intérêts sur sa dette, il ne vole pas le Québec. Il n’agit qu’en emprunteur responsable. Le gouvernement du Québec ne nous vole pas de 7 milliards de dollars chaque année quand il paie les intérêts sur sa propre dette. Ce n’est pas une « taxe de bienvenue », c’est le prix de services et de biens que nous avons obtenus à crédit.


Du reste, faut-il rappeler que la dette fédérale a diminué de 85 milliards de dollars entre 1997 et 2007, alors que la dette du Québec pendant cette période augmentait de 43 milliards de dollars.
Du seul point de vue de la logique, j’ai peine à comprendre comment le Québec, dont la performance économique reste plutôt moyenne, pourrait être un riche pourvoyeur du régime fédéral. Si le Québec était si prospère et qu’il contribuerait à ce point au Trésor fédéral, il devrait normalement, comme l’Alberta, récolter suffisamment de revenus autonomes pour éponger sa dette, paver ses routes, réparer ses écoles et financer ses universités et hôpitaux. Cela n’est manifestement pas le cas.


Vous avez droit à vos opinions et les exprimer tant que vous voulez. Je n’ai pas le goût de faire de la censure sur ce blogue, à moins que les propos soient carrément racistes ou diffamatoires. Si vous voulez parler de souveraineté et d’immigration en lien avec n’importe quel sujet, allez-y. Mais j’en ai assez de voir tous ceux qui ne partagent pas vos opinions se faire traiter de « colonisés » ou d’« Elvis ». Cela vous amuse manifestement, mais je ne crois pas que cette attitude élargit le cercle de vos amis. Un peu de civisme, s’il vous plaît.

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