Par Philippe Aurin
À la première vision, la grosse production de Netflix et son lot de stars séduisent. Il y a ce mélange de film catastrophe et de critique sociale distanciée qui en font un divertissement réussi. La métaphore climatique est un sous-texte intéressant mais laisse un arrière-goût d’à-peu-près. C’est à la réflexion que l’on perçoit le hic.
Que raconte Don’t look up
En effet, le problème réside dans la dynamique du film, évidente pourtant, mais dont l’évidence même révèle notre faiblesse à la penser. Car de quoi s’agit-il ? D’un couple de scientifiques qui essaie désespérément de convaincre une présidente, représentant le personnel politique en général, de résoudre son problème : la mise à mal de la planète par une comète. Or, ce personnel politique est présenté comme étant par nature incompétent, inefficace et corrompu.
Rire un peu gras et facile mais le pire n’est pas là. Le pire c’est qu’aucun des personnages, à aucun moment, ne pense à prendre directement en main le problème en dehors des sollicitations du pouvoir politique en place. Vous me direz, les moyens pour combattre une comète sont des moyens d’État et pas de citoyens. Certes.
Une mauvaise métaphore
Mais alors il fallait choisir une autre métaphore car celle-ci enferme le récit dans un rapport gouvernants-gouvernés, où seuls les premiers peuvent être actifs et où donc seuls les seconds sont responsables de l’échec. La métaphore est dangereuse car elle ne s’applique justement pas au réchauffement climatique dont la gestion dépend au contraire et en premier lieu des comportements de consommation des individus et de leurs choix collectifs.
La représentation de la comète n’est pas bonne car elle enferme un peu plus le spectateur dans la conviction
- qu’il est trompé par ses gouvernants,
- qu’il n’est pas acteur de la solution.
En réalité, la crise climatique nécessite des choix qui sont ceux des individus. Par leur vote, ils peuvent s’ils le souhaitent susciter l’émergence de dynamiques politiques plus adaptées. La classe politique ne trompe pas les citoyens, elle ne fait que refléter leur absence de volonté de changer leurs habitudes.
Enfin et surtout, c’est par leur consommation que chacun peut devenir acteur de ce combat pour un environnement plus viable en adaptant son mode de vie sans attendre la solution d’en haut. Au fond, le film tient la promesse de l’antiphrase de son titre. Regarder en l’air, c’est un autre moyen de ne pas se regarder soi-même.
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