par GabrielCollardey
Le
Venezuela, pays béni de son pétrole mais maudit de ses gouvernants socialistes.
Autrefois poumon économique de l’Amérique du Sud et désormais épicentre d’une
catastrophe économique, humanitaire et sanitaire. En l’espace de moins de 10
ans, le PIB a fondu de 90% ! Le modèle chaviste tant loué par certaines
élites politiques et intellectuelles pourrait-il avoir failli ? Aux
racines de cette crise, la seule raison économique n’éclaire pas tout,
l’économie et le politique étaient imbriqués. Des signaux d’alerte sont apparus
dès 2014 dont les causes principales sont à rechercher dans les premières
années du chavisme.
La gestion
chaviste, l’exemple de la faillite d’une économie étatisée
Entre 1958
et 1998, le Venezuela a été l’un des rares pays démocratique d’Amérique du Sud
mais la décennie 1990 fut marquée par une crise de la représentativité et des
scandales de corruption. Au plus fort de cette crise, en 1992, le général Hugo
Chavez et ses comparses militaires tentèrent un coup d’état … qui échoua.
Finalement gracié en 1994, il se présenta à l’élection présidentielle de 1998
et la remporta. Le nouveau président était résolu à appliquer les principes de
sa doctrine bolivaro-socialiste,
qui reposait sur une nationalisation massive des entités productrices de
richesse (pétrole, gaz, banques). Surtout, le gouvernement a organisé un
système de transfert massif de la rente pétrolière vers l’Etat pour financer
des programmes sociaux et organiser un système clientéliste et corrompu.
Ses réformes
économiques héritées du castrisme ont rapidement rencontré une très vive
opposition, notamment auprès des employés de l’entreprise pétrolière nationale
PDVSA. Ceux-ci, appuyés par les syndicats, menèrent une grève massive en 2002.
Ils réclamaient plus de libertés économiques, moins de taxes et de meilleures
conditions de travail. A l’issue de cette grève Chavez fit licencier, arrêter
et condamner à l’exil les salariés de l’entreprise et les syndicalistes, avec
comme conséquence une perte irremplaçable de cerveaux et de compétences pour
l’industrie pétrolière. Par ailleurs, la politique chaviste s’est caractérisée
par un fort clientélisme et la distribution illimitée des fonds issus du
pétrole à la population, majoritairement en faveur de ses électeurs.
Dans le même
temps, le pouvoir a délaissé les investissements dans les infrastructures
pétrolières et non pétrolières, préférant distribuer plutôt qu’investir. En
1998, la production de pétrole s’élevait à 3,6 millions de barils/jours contre
environ 3millions b/j courant 2010 et 2,4 en 2014. Paradoxalement, les revenus
tirés du pétrole ont augmenté grâce à la hausse importante du prix du baril
entre 2005 et 2012. De plus, le Venezuela a découvert de nombreux champs
pétrolifères dans le nord et le centre du pays. Mais du fait du manque
d’investissement dans les raffineries et dans le matériel de forage, le
gouvernement a dû, pour une grande part, en céder l’exploitation aux Chinois,
aux Russes et aux Américains. Fait surprenant, une partie du pétrole extrait au
Venezuela est raffinée au Texas et dans l’Illinois.
Un chiffre
illustre parfaitement le déclin de la production du pétrole : en 2000 le
pays était le 4ème exportateur de brut au monde, il n’était plus que le 12ème
en 2013. La gestion catastrophique de l’économie a contraint le gouvernement à
faire du troc avec la Chine, emprunts - à des taux élevés - en échange de
pétrole, dans le but de maintenir le système de corruption généralisé et
l’importation de biens. Entre 2007 et 2014, le Venezuela s’est endetté auprès
des Chinois à hauteur de 50,4 milliards de dollars.
L’effondrement
sans fin de l’économie vénézuélienne
Le pays
possède les premières réserves de pétrole au monde, soit 17,7% -
et 90% des seules réserves d’Amérique du Sud. L’économie en dépend à 95%,
l’industrie pétrolière représentait près de 40% des recettes de l’Etat en 2014.
Mais le licenciement des employés de l’entreprise PDVSA, s’ajoutant à la
vétusté des installations, ont conduit à une baisse continue de la production.
En 2012, l’une des plus grandes raffineries du pays, située à Amuay, a explosé
à cause du manque d’entretien. Une autre raffinerie, dans le nord, qui
produisait 1millions de baril/ jours en 2005, est aujourd’hui fermée car
désuète. La production actuelle n’est plus que de 600 000 b/j contre, nous
l’avons vu, 2,4 en 2014.
Si le
gouvernement pouvait arroser allègrement sa population de pétrodollars tout en
imposant un contrôle strict des prix pour maintenir une illusion de richesse,
rappelons que le cours du baril de pétrole est fixé au niveau international. In
fine, le château de cartes était voué à s’effondrer dès que les cours
baisseraient trop drastiquement. Afin de faire perdurer le système mis en place
par Hugo
Chavez il fallait que le prix du baril se maintienne aux environs de
100 dollars, un « prix juste » d’après Nicolas Maduro, le successeur
de Chavez. Mais à partir de 2014, les cours ont commencé à décliner. Le pétrole
brut extra-lourd vénézuélien ne se négocia plus qu’autour de 40 dollars le
baril, ce qui fit plonger les recettes de l’Etat, d’autant que ce type de
pétrole nécessite des coûts de production importans (autour de 37 dollars). Une
crise monétaire est venue encore aggraver la situation. Le gouvernement avait
par décret ordonné le transfert des réserves de devises étrangères de la Banque
centrale vers le budget de l’Etat pour acheter des denrées alimentaires à
l’étranger, les réserves de devises ont ainsi fondu comme neige au soleil.
La chute des
recettes a entraîné celle de la monnaie dont le cours était fixé de manière
artificielle par le gouvernement sur le cours du dollar. D’où une pénurie de
biens de première nécessité et de denrées alimentaires, car juste avant la
crise de 2014 et les sanctions américaines de 2017, le pays importait 70% des
biens de consommation. Or avant l’arrivée au pouvoir des chavistes il était
autosuffisant grâce à sa production agricole qui en faisait l’un des greniers
céréaliers et fruitiers d’Amérique du Sud. Mais à cause des expropriations
massives, de la redistribution des terres à des paysans peu formés et
faiblement dotés en capital, ce secteur aussi s’est effondré. Aujourd’hui, la
population manque de tout (l’inflation s’élevait à 3 000% en 2020) et le pays
souffre régulièrement de pannes de courant géantes.
Nouvel exemple de la faillite du chavisme, le gouvernement s’était engagé à
investir l’argent du pétrole dans la rénovation et la modernisation du réseau
électrique… sans résultat. Paula
Vazquez [1] raconte que
les fonds ont été détournés par le régime. De plus, explique-t-elle, le
gouvernement a supprimé les appels d’offre pour l’entretien et la modernisation
du réseau électrique dont la charge a été confiée à des entreprises proches du
pouvoir qui n’avaient pas les compétences requises. Pourtant en 1990, le
Venezuela surproduisait de l’électricité la vendait à tous ses voisins.
Entre 1999 et 2011, le régime chaviste a bénéficié de près de 608 milliards de dollars de revenu grâce au pétrole grâce à l’augmentation du prix du baril à presque 100 dollars. Pour 2012, le pays a empoché 92 milliards de dollars. Une partie de cette somme a été distribuée à la population pour acheter la paix sociale et une grande partie détournée au profit du régime en place, ne laissant que peu de ressources à la compagnie nationale pour l’entretien et la modernisation des raffineries et pipelines. Or dans le même temps, l’économie était asphyxiée par l’Etat, qui en contrôlait chaque pan et nationalisait toutes les entreprises nouvellement créées. Pour preuve, entre 2007 et 2009 Chavez a dépensé 23 milliards de dollars afin d’exproprier de grands propriétaires terriens et nationaliser les compagnies de télécoms, agroalimentaires et les industries de fer et d’acier. Ce désastre économique et humain, ce sont Hugo Chavez et Nicolas Maduro qui en sont entièrement responsables. Leur système économique socialiste, doublé d’une logique clientéliste, ne pouvait mener qu’à la ruine du pays. Le Venezuela doit désormais importer du pétrole d’Algérie ! Ce fait édifiant démontre, s’il en était encore besoin, la faillite totale du régime chaviste. La population est en train de mourir de faim, mais Nicolas Maduro, en bon dictateur, s’accroche au pouvoir et récompense ses fidèles avec des paniers repas distribués par les services de l’Etat.
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