L’idéologie s’est définitivement emparée de la planète.
Mais elle est plus habile que les idéologies précédentes, du marxisme au
nazisme et autres formes de socialismes, qui visaient à transformer le monde
sans nuance et qui affichaient leurs excès. Désormais, le despotisme qui
s’annonce emprunte plus au déconstrutionnisme de Derrida qu’à de vulgaires
doctrines de domination de classe ou de race.
A la base, la déconstruction imaginée par Derrida consiste
à remettre en cause tous les rapports, intellectuels, littéraires, sociaux,
pour les repenser dans l’infinité des sens possibles. Mais déconstruire, c’est
aussi effacer les différences, égaliser les concepts et les mélanger, rompre
les oppositions ou les distinctions (masculin/féminin, nature/culture,
sujet/objet, sensible/intelligible, passé/présent, etc.). Il s’agit donc de
faire disparaître les identités, les origines, les repères… Ce qui revient à
afficher de nouvelles contradictions et imposer de nouvelles tyrannies. Qu’on
en juge :
• La déconstruction des sexes consiste à
« dégenrer » le monde. En son nom, les enfants n’ont plus besoin d’un
papa et d’une maman. Mais paradoxalement, c’est aussi obliger à de fausses
égalités hommes/femmes. Ce 5 mai, une proposition de loi déposée par le groupe
La République En marche (LREM) au Palais-Bourbon, a été adoptée par la
commission des affaires sociales de l’Assemblée. Elle sera examinée dans
l’hémicycle à partir de mardi prochain. Il s’agit de contraindre les
entreprises de plus de 1.000 salariés à avoir 30 % de femmes d’ici à 2027,
puis 40 % d’ici à 2030 parmi leurs cadres dirigeants et cadres membres des
instances dirigeantes. Les comités de sélection de la Banque publique
d’investissement (BPI) qui choisissent de soutenir ou non les projets des
TPE/PME et ceux de tous les fonds qui investissent dans des start-up, devront
comprendre 30 % de femmes. Les enfants n’ont donc pas besoin des deux
genres, mais il faut croire que c’est une nécessité pour les entreprises et les
« startupers » !
• Ce même 5 mai une mission parlementaire a publié un
rapport pour proposer la légalisation du cannabis. Un député a exhibé un joint
pour soutenir le projet. Presque en même temps, un policier était tué par des
trafiquants de drogue. Il y a quelques semaines, la Cour de cassation a excusé
le crime de Mme Halimi parce que son assassin était drogué ! Chacun
sait que les drogues sont addictives et que ceux qui commencent avec un joint
peuvent finir avec des drogues dures, et que ce sont toujours des poisons qui
détruisent le corps, l’esprit et la volonté. Mais les déconstrutionnistes ne
veulent pas une politique, ils souhaitent la destruction des politiques qui
font la cité.
• Il en va de même au regard de la pression que mettent les
gauches extrêmes autant que certains gouvernements, dont celui de Biden, pour
supprimer les brevets pharmaceutiques. Prétendument pour favoriser la
fabrication des vaccins Covid et leur distribution, une telle mesure n’aura
pour effet que de remettre en cause la propriété industrielle et d’attenter à
la liberté d’entreprendre, ce qui à terme affaiblira la croissance et nos
sociétés. Ça n’aidera guère pour autant la vaccination car la production de ces
vaccins est un processus extrêmement complexe qu’il vaut mieux laisser à la
main de ses concepteurs dont l’intérêt est de toutes les façons de produire et
distribuer le plus possible de vaccins. Mais cette initiative démagogique vise
d’abord à détruire l’entreprise privée et le modèle occidental qui a permis la
croissance du monde depuis deux siècles.
• Le diable est partout d’ailleurs, jusque chez les GAFA
quand Facebook se défend de toute immixtion étatique mais fait pire, si c’est
possible, que les États en interdisant l’accès de sa plateforme à un ancien
président des États-Unis qui a rassemblé aux dernières élections près de la
moitié des voix des Américains. Facebook donne des verges pour se faire
fouetter. Pour promouvoir la liberté, il la musèle, sans doute parce que son
Comité soi-disant indépendant veut satisfaire à la doxa woke et la cancel
culture. Il ne faudra pas qu’il se plaigne d’être démantelé ou nationalisé.
En réalité, le déconstructionnisme est un constructivisme
qui détruit l’humanité. Apparemment invoqué pour casser les dominations
existantes et faire jaillir la richesse et l’immense diversité des relations
entre les êtres, le déconstructionnisme veut que l’organisation sociale, le
langage, les textes littéraires ou le savoir ne soient plus ramenés aux
opérations d’individus singuliers mais déterminés par des structures objectives
et inconscientes. Il veut construire un modèle de pensée et de vie capable
d’instituer la déstabilisation permanente en mode de cadre social. Il s’agit de
livrer les individus déconstruits à un relativisme sans fin qui recèle toutes
les dérives possibles et forme l’anti-progrès dans sa négation même du passé tel
qu’il a été vécu. A cet égard, les propos de M. Macron sont
particulièrement inquiétants, quand il a affirmé dans une interview en anglais
diffusée par la chaîne CBS le 19 avril dernier que pour lutter contre le
racisme, nous devons « d’une certaine manière déconstruire notre propre
histoire ». Quand la politique et la philosophie sont sens dessus-dessous,
le pire est à venir.
Aucun commentaire:
Publier un commentaire