Par David Descôteaux
Lors du dernier budget fédéral, le Parti libéral a annoncé une dépense de quatre milliards de dollars pour inciter les provinces à créer un « réseau national de garderies », inspiré du modèle québécois. Certains, par excès d’enthousiasme, ont même comparé l’impact économique positif d’une telle politique à celui d’un accord de libre-échange.
Parler des « retombées économiques » d’un programme de garderies est souvent hasardeux. Au Québec, il a toujours été difficile de bien cerner les effets de cette politique. Dans certaines provinces canadiennes, autant le taux de natalité que celui de la participation des femmes sur le marché du travail dans les 15 ou 20 dernières années ont augmenté davantage qu’au Québec, même si ces provinces ne disposaient pas d’un programme de garderies subventionnées. De toute évidence, d’autres variables sont donc à prendre en considération.
Une étude des professeurs Luc Godbout, Pierre Fortin et Suzie St-Cerny a calculé que le système de garderies subventionnées était « payant » pour le Québec. La logique est la suivante : les garderies subventionnées permettent à des milliers de mères de participer au marché du travail. Ces mères (et ces pères) gagnent un salaire et paient des impôts, ce qui gonfle les revenus de l’État. Au-delà de ce que coûte le programme.
Mais il existe une nuance : toute forme d’investissement, de crédits d’impôt, ou de montants versés directement aux familles auraient le même effet. Et en prime, cela permettrait d’épargner sur le complexe bureaucratique-syndical qui a fait exploser les coûts au Québec et qui, tous les deux ou trois ans, prend les parents — et l’ensemble des contribuables — en otage.
En résumé, c’est le faible coût des services de garde – les subventions – qui permet aux mères d’accéder au marché du travail. Et non pas le système de garderies en tant que tel.
Or, comme c’est trop souvent le cas, on confond les intentions louables d’une politique avec les moyens choisis pour les concrétiser. Au Québec, au lieu de donner l’argent aux parents, on l’a donné au système, c’est-à-dire en subventions aux CPE et aux garderies.
Les provinces canadiennes qui recevront les milliards du fédéral dans les prochains mois auront un autre choix : celui de donner l’argent aux parents, en fonction de leurs revenus. Ou faire comme les pays sociaux-démocrates, tels que la Norvège ou la Finlande, où l’on vous verse une allocation parentale, et vous choisissez de garder votre enfant à la maison ou de le placer en garderie.
L’État tient à imposer des normes de qualité? Il peut le faire en encadrant et en réglementant le marché. Tout en laissant les garderies se concurrencer entre elles pour offrir le meilleur service, et attirer les parents chez elles. Ce serait moins coûteux pour l’État, et cela offrirait plus de choix aux parents.
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