Que l’État se contente d’être juste, nous nous chargerons d’être heureux.---- Benjamin Constant
Chaque Québécois doit plus de 34 000 $ au provincial seulement
Vaut mieux en rire!
Avant de couper des centaines de millions dans les services, est-ce qu’on peut avoir les services ? - Michel Beaudry
30 septembre, 2012
La réflexion du jour
La « gratuité » de certains services publics peut se défendre. Mais encore faut-il avoir le courage de la financer, surtout dans le contexte où ces coûts augmentent rapidement (notamment en santé). Et le courage ne signifie pas simplement taxer davantage les citoyens. Mais aussi faire des choix, et réduire les dépenses ailleurs. Ce que nos politiciens ont beaucoup, beaucoup de misère à faire.--- David Descôteaux
Le chiffre du jour : 11 000 $
Les soins de santé publics coûtent plus de 11 000 $ par année à la famille canadienne moyenne, selon l’Institut Fraser.
29 septembre, 2012
Abundance, the future is better than you think
Revue de
livre par minarchiste
“Abundance”, par Steven Kotler et Peter H. Diamandis.
Peter Diamandis est le PDG de la X PRIZE Foundation, le
cofondateur de la Singularity University et le fondateur de plus d’une douzaine
d’entreprises de technologie. Il est diplômé en biologie moléculaire (MIT), en
ingénierie aérospatiale (MIT) et en médicine (Harvard).
Ce livre est une réponse savante et puissante aux
« malthusiens » de ce monde (voir ceci);
qui croient que l’humain manquera bientôt de ressources sur la terre et que,
pour cette raison, nous devons réduire notre niveau de vie pour les préserver.
Ces gens sous-estiment grandement le génie humain et son potentiel
d’innovation. Diamandis utilise l’exemple de l’aluminium, un métal si utile,
présent en grande quantité dans la croute terrestre, mais jadis si difficile à
produire, jusqu’à ce qu’en 1886 les chimistes Charles Martin Hall et Paul
Héroult eurent inventé le procédé d’électrolyse qui permet maintenant d’en
produire de grandes quantités à un coût très abordable. L’histoire est remplie
d’exemple de ressources rares, rendues abondante par l’innovation
technologique. Pour un homme qui ne peut atteindre que la première branche d’un
oranger, les oranges sont une ressources plutôt rare, mais lorsque celui-ci
invente une échelle, les oranges deviennent alors abondantes.
L’innovation technologique, le fer de lance de Diamandis, a
fait des miracles pour l’humanité. Aujourd’hui, un guerrier Masai qui dispose
d’un simple téléphone cellulaire a accès à une capacité de téléphonie mobile
supérieure à celle du président des États-Unis il y a à peine 25 ans. Pourtant,
beaucoup de gens n’ont toujours pas accès à certains des avancements les plus
essentiels de l’humanité.
Présentement, un milliard de personnes n’ont pas accès à de
l’eau potable et 2.6 milliard n’ont pas accès à des installations sanitaires de
base. Conséquemment, environ la moitié des hospitalisations dans le monde sont
dues à des intoxications par de l’eau contaminée. La diarrhée cause 4.1% des
maladies globalement, tuant 1.8 million d’enfants par année. L’autre problème
pour les pays pauvres est que, vu le manque d’accès à l’eau potable et à
l’électricité, les enfants doivent passer leurs journées à colporter de l’eau
et à ramasser du bois plutôt que d’aller à l’école, tout comme leur mère qui ne
peut pas travailler en raison de ces obligations. Selon un rapport de l’OMS,
36% des infections respiratoires, 22% des maladies pulmonaires chroniques et
1.5% des cancers (donc environ 4% des maladies) sont causés par la pollution de
l’air à l’intérieur des maisons résultant de l’utilisation du bois et des
matières fécales comme carburant pour le chauffage et la cuisson des aliments.
Pour Diamandis, ces problèmes pourraient être facilement réglés par la
technologie, pour aider les habitants des pays pauvre (qu’il appelle le
« rising billion ») à atteindre la prospérité.
Pour beaucoup, la « surpopulation » est un grave
problème dans les pays pauvres. En fait, c’est plutôt la mortalité infantile
qui est le vrai problème. Dans ces pays où les régimes de retraite et les
filets sociaux sont sous-développés, ce sont les enfants qui prennent soin de
leur parent lorsqu’ils vieillissent. Dans un endroit où beaucoup d’enfants
meurent, il est donc logique que ces gens fassent beaucoup d’enfants pour
s’assurer qu’il y en ait au moins un ou deux qui survivent jusqu’à l’âge
adulte, pour qu’ils s’occupent éventuellement d’eux durant leurs vieux jours.
Ainsi, en réduisant la mortalité infantile, on réussirait à réduire la
« surpopulation ». L’urbanisation et l’industrialisation sont
d’autres manières de réduire l’ampleur de la « surpopulation ». La
principale occupation des habitants ruraux des pays en développement est
l’agriculture. Dans ces pays, cette pratique est plus manuelle et nécessite beaucoup
de main d’œuvre, de préférence des garçons. Ces pourquoi ces familles font
beaucoup d’enfants; pour s’assurer d’avoir au moins trois garçon pour
travailler sur la ferme et nourrir la famille.
Diamandis consacre ensuite un chapitre à expliquer pourquoi
les gens sont si pessimistes à propos du futur de l’humanité. S’appuyant sur
des recherches faîtes sur le cerveau, l’auteur décrit pourquoi nous sommes si
sensible aux mauvaises nouvelles et pourquoi nous accordons tant d’importance
aux prophètes de malheur.
L’une technologies encensées par Diamandis sont les OGMs. Il
ridiculise ceux qui s’y oppose en mentionnant que l’agriculture traditionnelle
n’est pas plus naturelle. Toutes les plantes cultivées sont, par construction,
modifiées génétiquement. Ce sont des mutants capable de produire des aliments
en quantités et qualités impossible à trouver dans la nature. Par ailleurs, ces
plantes ont absolument besoin de l’intervention humaine pour exister et
survivre. Les carottes oranges que nous connaissons aujourd’hui descendent
toutes d’un mutant découvert en Hollande au 16e siècle. Le blé que nous
consommons actuellement est une combinaisons de trois herbes sauvages; le blé
n’existe pas et n’a jamais existé à l’état sauvage. Pour lui, le train des OGMs
a quitté la station, il est trop tard pour reculer; et suite à l’augmentation
vertigineuse de la production d’OGMs, les risques scandés par les
environnementalistes ne se sont pas manifestés.
L’un des chapitres intéressants porte sur la
dématérialisation et ce qu’elle peut faire pour réduire notre « empreinte
écologique » tout en améliorant notre niveau de vie. De nos jours, un
simple iPhone contient un téléphone cellulaire, un GPS, une console de jeux
vidéos, un lecteur audio de bonne qualité, un ordinateur personnel, un appareil
photo, une caméra vidéo, un agenda électronique, un téléviseur, un
réveil-matin, une calculatrice et plusieurs autres fonctions. En 1985, ces
appareils auraient pris beaucoup de place, leur fabrication aurait consommé
beaucoup de matériaux et d’énergie et le tout aurait coûté plus de $10,000
(ajusté pour l’inflation).
Au fil du livre, Diamandis dresse un portrait large de
diverses technologies qui sont présentement en développement et qui pourraient
grandement améliorer le sort de l’humanité, que ce soit au niveau de l’énergie,
des transports ou de l’alimentation, et lesquelles contribueron à nous faire
progresser vers l’abondance (d’où le titre du livre).
Concernant l’éducation, l’auteur critique le modèle actuel
basé sur la mémorisation de faits. Ce système qui a émergé lors de la
révolution industrielle est désuet et néglige de développer la créativité, la
collaboration, l’esprit critique et la résolution de problèmes. Selon
Diamandis, des études démontrent que les jeux surperforment les livres de
référence à aider les étudiants à apprendre des sujets factuels tels que la
géographie, l’histoire, la physique et l’anatomie. À cet égard, l’amélioration
de l’informatique, le développement de l’intelligence artificielle, le
développement de l’internet sans-fil et la commercialisation de
« tablettes » peu coûteuses pourraient permettre d’offrir une
éducation presque gratuite, de haute qualité et personnalisée à n’importe qui,
n’importe où et n’importe quand (notamment au « rising billion »).
Dans la dernière section du livre, Diamandis discute du
cheminement qui l’a mené à fonder la X Prize Foundation.
Selon lui, cela fait plus de 300 ans que les concours contribuent à accélérer
le progrès technologique. Il relate notamment l’histoire de Charles Lindbergh,
qui avait entrepris sa fameuse traversée New York-Paris pour remporter le prix
Orteig de $25,000 après que 6 aviateurs eurent perdu la vie pour tenter
d’obtenir le prix. Cet exploit fut un véritable catalyseur pour le
développement de l’aviation.
S’il y a une chose que l’innovation requière, c’est une
forte tolérance au risque. Les meilleures inventions résultent d’une idée qui
apparaît d’abord comme insensée; comme une brisure avec ce qui s’est fait
auparavant. Ce sont souvent des paris très risqués. Ainsi, un système
économique qui ne rémunère pas suffisamment la prise de risque (ou même qui la
pénalise) et qui privilégie les experts du moment au détriment des innovateurs
de demain est voué à la stagnation; on pense ici à la planification centrale
communiste. Diamandis néglige d’approfondir ce point, c’est-à-dire de
l’importance des institutions politiques dans le développement technologique.
Il ne fait aucun doute que les systèmes orientés vers le libre-marché sont bien
plus innovateurs que ceux basés sur la planification centrale étatique. Les
gouvernements peuvent grandement nuire à l’innovation technologique lorsqu’ils
font eux-mêmes le choix des technologies ou entreprises gagnantes, comme c’est
si souvent le cas.
Ce livre est bien intéressant pour quiconque veut se
renseigner sur les nouvelles technologies les plus prometteuses, qui nous
permettront de continuer à augmenter notre niveau de vie de manière durable
dans le futur. Et l’optimisme de l’auteur vous aidera certainement à adopter
une vision plus positive de l’avenir. Si Diamandis a raison, les disciplines de
Malthus continueront de perdre lamentablement la face…
La réflexion du jour
On le sait. L’argent est là. Chez les riches. Ils en font trop. Et puis, ils ne la méritent pas. La “collectivité” n’est-elle pas en droit de recevoir la plus grande part du fruit de leur travail? Les entrepreneurs n’ont-ils pas à assumer une certaine responsabilité citoyenne? Que de jolis mots, n’est-ce pas? C’est, après tout, injuste, qu’il y en ait qui réussissent financièrement plus que d’autres, non? L’égalité des opportunités? Pas suffisant! On demande désormais l’égalité des conditions en oubliant l’égalité des efforts.--- Joanne Marcotte
Le chiffre du jour : 55 %
On fera abstraction du fait que le contribuable Québécois est déjà celui qui est le plus imposé, surtaxé et endetté. On fera également abstraction du fait qu’en tenant compte des crédits d’impôts remboursables, c’est 55% des contribuables québécois qui n’ont pas versé un cent d’impôt net. C’est-ti pas beau ça?
28 septembre, 2012
L’exploration et l’exploitation des ressources pétrolières
Contrairement aux prétentions des activistes écologiques, les Québécois sont favorables au développement de nos ressources.
La réflexion du jour
Tous désirent un système de santé qui réponde aux besoins des patients le mieux possible, le plus rapidement possible et avec un maximum de liberté de choix. Malheureusement, la contribution des entrepreneurs à l'atteinte de cet objectif est encore et toujours accueillie avec suspicion, voire même par un dénigrement systématique et obtus de la part de gens qui confondent (volontairement?) tout.--- Michel Kelly-Gagnon
Le chiffre du jour : 790 médecins
En autorisant les médecins à travailler dans un établissement privé, après avoir fait un certain nombre d'heures au public, on les incite à travailler davantage. En Australie, les médecins qui oeuvrent dans les deux systèmes travaillent 11 % plus d'heures que ceux qui pratiquent uniquement dans le système public. La situation est la même chez les médecins anglais et danois.
En interdisant cette pratique, le Québec se prive de l'équivalent, en heures travaillées, de 790 médecins spécialistes à temps plein! Cette évaluation est fondée sur un sondage de l'IEDM auprès des médecins spécialistes.--- Michel Kelly-Gagnon
27 septembre, 2012
J’ai honte!
L’interview de Christian Dufour et Mario Dumont traduit bien le sentiment des Québécois qui, grâce à leurs impôts et taxes, tiennent le Québec à bout de bras.
La réflexion du jour
En effet, les ministères les plus imaginatifs en matière de nouvelles dépenses semblent être dirigés par des ministres plus forts que les ministères qui veillent à équilibrer le budget. Ajoutons cela à la liste des promesses coûteuses formulées par le PQ et on a de quoi se préoccuper de la santé financière du Québec.--- Mario Dumont
Le chiffre du jour : 12 à 13 %
Dois-je rappeler que le Québec, qui représente près du quart de la population canadienne, ne récolte bon an mal an que 12 ou 13 % des investissements privés. Loin de faire du rattrapage, j’ai bien peur que cet écart se creuse.
26 septembre, 2012
Libres!
Revue de livre par Contrepoints
Le projet
Le livre libre de droits, aux 100 auteurs, 100 sujets, 100 doubles-pages, 100 supporters, 100 citations, sans concession avec la liberté !
« Libres ! » voilà ce qu’ont déclaré les 100 auteurs regroupés autour de cet ouvrage dans un même élan de Liberté, faisant fi de leurs origines diverses, leurs formations ou leurs parcours de vie – Des universitaires, des artisans, des ouvriers, des médecins, des avocats, des étudiants unis par cette Liberté chérie.
La Liberté, voilà la réponse trouvée à la crise que traverse notre société. Déclin du système de santé, d’éducation et de retraite, incertitudes face à l’avenir, l’immigration, l’environnement, misère qui guette de plus en plus l’individu… Autant de problèmes auxquels chaque auteur s’attelle avec encore et toujours la même réponse: La Liberté.
Qu’est-ce que la Liberté, où en sont les limites, comment peut-elle nous permettre de vivre mieux ? C’est justement ce que les auteurs sollicités dans cet ouvrage, texte après texte, ont tenté d’expliquer le plus simplement possible dans 100 sujets, car c’est ensemble et maintenant, la tête haute, que nous changerons le monde de demain, en hommes et femmes « Libres ! »
Interview
des responsables du projet "Libres", publié le 8/06/2012
Stéphane Geyres et Ulrich Genisson, sont à l’origine d’un
projet hors du commun, consistant à faire écrire un livre, libre de droits, par
100 auteurs sur le thème de la liberté. Ils ont associé à ces auteurs venus
aussi bien du monde universitaire que du grand public, 100 supporters officiels
qui se sont portés volontaires pour promouvoir les idées que porte ce livre.
C’est donc en tout 200 personnes réunies autour d’un livre, d’un projet. Nous
avons voulu en savoir un peu plus sur ce projet qui devrait faire parler de lui
à la rentrée de septembre.
Contrepoints -- Stéphane, Ulrich, qui êtes-vous ?
Stéphane Geyres -- Nous sommes de simples citoyens, de
tous horizons sociaux, mais qui tous pensons qu’il est temps dans ce pays que
le peuple exprime haut et fort sa confiance en la liberté comme mode de vie.
Notre collectif – 100 auteurs et 100 supporters – s’est constitué pour
l’occasion, spontanément. Nous ne sommes ni un parti, ni même une association.
Simplement un groupe de citoyens qui croyons qu’il est important de contribuer
spontanément à redonner à ce pays ses Lumières depuis trop longtemps éteintes.
Ulrich Genisson -- Nous sommes des femmes et des hommes
libres ! Nous pensons qu’une personne libre d’agir, libre de prendre ses
décisions, libre de prendre ses responsabilités, est toujours préférable à un
État à la fois nounou et père fouettard, préférable à un État qui vous taxe vos
sodas et vos cigarettes au motif que ce serait mauvais pour votre santé et qui
dans le même temps laissera filer le nombre de décès par maladie nosocomiales
dans ses hôpitaux. Nous faisons partie du peuple, nous sommes simplement l’expression
d’une soif de liberté. Nous sommes le collectif [La Main Invisible], en hommage
au symbole attaché à Adam Smith. Nous sommes ceux qui font et qu’on ne voit
pas, car nous sommes tout le monde.
Comment vous est venue l’idée de ce livre ?
Stéphane Geyres -- Nous sommes dans un monde où les
intellectuels se gaussent de pensées obscures et souvent vides de sens commun,
où la liberté n’a plus cours, où la pensée unique et le politiquement correct
vont de pair, dans une immense vacuité. Or l’homme de la rue, le désintérêt
pour la politique le montre, n’est pas sur cette ligne, nous en sommes
convaincus – nous-mêmes ne le sommes pas. Nous avons voulu faire parler cet
homme de la rue, les gens simples, des gens de tous horizons. Mais montrer
aussi que penser la liberté peut aussi donner lieu à des réflexions profondes,
où la morale et la justice, valeurs humanistes intemporelles, sont
omniprésentes. D’où ce livre qui rassemble à la fois des gens simples et de
partout et quelques auteurs reconnus pour la profondeur de leur analyse. Ulrich
a eu l’idée, elle m’a plu, je suis tout de suite monté à bord avec lui.
Ulrich Genisson -- L’idée est très simple. Faire
cohabiter dans un livre très facile d’accès des universitaires incontestés avec
Monsieur et Madame Tout-le-monde. La liberté est un bien précieux que tout le
monde croit acquis alors qu’il ne nous en reste que des miettes. "La
trahison des clercs" de Julien Benda,
est presque totale, que ce soit les milieux journalistique, artistique,
scientifique ou qui plus est politique, nous sommes tous reliés à cet État
nourricier par subvention et autorisation, où la contestation nous vaudrait une
mise au pilori, une ruine certaine, voire une incarcération. La liberté à été
vidée de sa substance par les hommes de l’État soi-disant garant de notre
sécurité. Comme le disait Benjamin
Franklin : "Un peuple prêt à sacrifier un peu de liberté pour un
peu de sécurité ne mérite ni l’une ni l’autre, et finit par perdre les
deux." Je crois que ce moment est arrivé, c’est pourquoi nous devions
faire en sorte qu’un tel livre, un projet populaire qui touche chaque homme et
chaque femme, puisse voir le jour.
Pourquoi un autre livre sur le libéralisme ?
Stéphane Geyres -- Justement, il y en a fort peu. Allez
donc dans une librairie moderne au grand débit et aux innombrables rayons. Vous
trouverez peu de livres politiques, à part ceux plus en vue de quelques
personnalités. Sur ces rares rayons, quelques livres parleront de liberté,
encore moins parleront de libéralisme. Et ceux qui osent afficher ce mot
s’affichent en général comme des critiques cinglantes. Même chose en matière
d’économie. Selon la mode ambiante, l’économie serait abominablement
"néo-" ou "ultra-libérale". Pourtant, à y regarder de près,
pratiquement aucun de ces ouvrage ne démontre la moindre objectivité sur la
liberté et le libéralisme, concepts pourtant issus des Lumières et qui sont une
des gloires de notre histoire. Devant ce vide, il nous est apparu qu’il fallait
nous mobiliser pour contribuer à un plus juste équilibre en redonnant la parole
aux gens, aux oubliés de la liberté, justement. Et toucher tous ceux qui ne
trouvent pas le livre qu’ils cherchent.
Ulrich Genisson -- J’ai coutume de dire que
l’ultra-libéralisme n’existe pas car il n’existe pas d’ultra-liberté !
Soit vous êtes libre, soit vous ne l’êtes pas. Bien sûr il existe des droits –
les mêmes pour tous – mais le simple fait de garantir ces droits suffit pour
que chacun puisse vivre librement. Ceux qui qualifient la liberté "d’ultra
ou de néo-libéralisme", toujours accompagné par "échec", sont en
fait des hommes de pouvoir ! Ne vous y trompez pas, celui qui vilipende le
libéralisme, c’est celui qui fera campagne électorale au même moment vous
demandant d’abandonner votre liberté pour la lui confier à lui ! Celui qui
vilipende le libéralisme, c’est celui qui crache sur le système financier et
qui dans le même temps octroie des dizaines de milliards de votre argent pour
lui venir en aide. Il y a eu des dizaines de très grands auteurs depuis des
siècles, de sincères humanistes, qui ont écrit sur la vie en société en toute
liberté. Notre livre n’est pas un de ces ouvrages merveilleux. Il serait plutôt
une porte d’accès, une première étape pour celui qui voudrait croire en
lui-même. À défaut, notre livre est un sérieux pavé dans la mare dans le
camp des "Socio-Tyrans" de droite ou de gauche ou des extrêmes. Ce
livre a pour ambition de redonner des envies de liberté aux gens, ce livre se
destine à nous tous.
Le libéralisme n’a-t-il pas fait la démonstration de ses
limites ?
Stéphane Geyres -- Cette question mériterait largement
un volume entier, beaucoup d’auteurs se sont exprimés pour montrer qu’il n’en
est rien, mais ce n’est pas l’objet de notre livre que d’y répondre
directement. Par contre, nous vous proposons de feuilleter quelques-uns des
articles de notre livre – "Personne sur le Carreau",
"Libéralisme et Pauvreté", "Taxi ! Vous êtes
Libre ?" par exemple – et de décider ensemble si la liberté est un
concept passé de mode qui ne vous importe pas. Vous verrez au contraire que la
liberté est l’avenir de l’Homme.
Ulrich Genisson -- Je ne connais pas de société
vraiment libérale de par le monde. Quelques bribes de libertés ont été
accordées ici ou là, soit économiques, soit sociétales, mais malheureusement
quand on s’arrête à mi-chemin, c’est-à-dire qu’on donne la liberté sans son
corolaire qui est la responsabilité, ça se termine toujours mal, et c’est la
liberté qu’on accuse et qui en fait les frais. Si on déréglemente les banques,
on leur précise qu’en cas de mauvaise gestion ce sera la faillite. Si on est un
État qui se veut libéral, on ne crée par 2 milliards de dette par semaine comme
c’est le cas en France, dette qui engage des enfants qui ne sont même pas
encore venus au monde. Le libéralisme c’est exactement le contraire du monde où
nous vivons, où tout vous est dicté par la force de la loi, dans les moindres
petits détails de la vie quotidienne. Le libéralisme n’a pas démontré ses
limites, le libéralisme n’a en fait jamais été essayé. Car de tous temps, les
hommes de pouvoir nous ont fait croire que l’homme était un loup pour l’homme.
Je ne m’explique pas pourquoi, alors, nous en sommes encore et toujours à élire
notre loup suprême…
La droite ne démontre-t-elle pas que ces idées ont fait leur
temps ?
Stéphane Geyres -- La droite en France, tout comme le
centre d’ailleurs, n’a au contraire pas grand-chose de libéral. Le libéral
n’est rien d’autre qu’un homme normal qui a confiance en ses semblables et donc
en leur liberté conjointe. Or, lisez les discours de ces derniers
mois : où trouvez-vous que ces politiciens nous font confiance ? On
est constamment dans la répression ou dans l’État-providence qui nous assimile
aux moutons. Pourquoi la liberté serait-elle une mode, dont l’importance
sociale varierait au vent des tourmentes politiciennes ? Vous-même, ne
souhaitez-vous pas être libre ? Comme le bonheur, la recherche de la
liberté est dans nos gènes à tous, elle est naturelle, l’homme tend
naturellement à la respecter. Penser que la liberté a fait son temps, ce serait
donc croire que nous ne pourrions ambitionner que la tyrannie ?
Ulrich Genisson -- Nicolas Sarkozy l’a dit
explicitement lors d’une interview, il ne croit pas au libéralisme. C’est donc
parfaitement clair, ni la droite, ni la gauche, ni les extrêmes ne croient en
la liberté de chacun, presque comme si c’était inéluctable que le peuple doive
être soumis à une sorte d’aristocratie divine pourvue d’un savoir tout aussi
divin, sachant ce qui est bon pour chacun, distribuant des miettes pour
certains et de grosses tranches de gâteau à d’autres à sa seule discrétion. Ce
temps est révolu. Les États occidentaux sont en ruine, car ils ont ruiné notre
génération et les générations à naître. Désormais c’est le temps de la croisée
des chemins, soit vous reprenez votre liberté, soit vous l’abandonnez
totalement à un homme ou une femme providentiel qui vous promettra une solution
à tous vos problèmes. L’histoire nous à montré comment ça se terminait à chaque
fois, et l’enjeu de notre livre est bien à ce niveau.
Qui sont vos auteurs, comment les avez-vous recrutés ?
Stéphane Geyres -- Nos auteurs sont pour la majorité
des gens simples issus de la société civile. Il y a quelques universitaires de
renom, quelques personnalités engagées, mais aucun politicien. Certains vivent
à l’étranger, mais ont à cœur la liberté de la France. Le recrutement a été
mené de proche en proche. Les réseaux sociaux ont joué un rôle d’ailleurs
déterminant. Nous-mêmes ne nous étions jamais rencontrés, et nous n’avons
physiquement rencontré que très, très peu des 98 autres auteurs et des 100
supporters. Ce qui a été déterminant pour le recrutement, c’est d’une part la
volonté d’agir pour la liberté et l’adhésion à un tel projet. Vous êtes un
libéral sincère et vous croyez qu’on peut et qu’on doit écrire un livre à 100
sur la liberté ? Bienvenu à bord ! Voilà la seule stratégie de
recrutement de ce projet.
Ulrich Genisson -- Les auteurs qui ont écrit dans ce
livre sont tous francophones. Nous leur avons demandé leur lieu de résidence et
non leur nationalité, car ce n’est pas un passeport qui fait un individu mais
bien l’endroit où il vit. À quelques détails près, dans les pays
francophone d’Europe ou d’Afrique, au Québec, les problèmes et les ambitions de
chacun sont les mêmes, nous aspirons à la liberté et à un avenir meilleurs pour
nos enfants. Avec ce livre nous sommes sur les 5 continents, partout le bilan
est le même : "Trop d’État, trop de spoliation, trop de privation,
trop peu de liberté". Nos auteurs ont tous répondu favorablement à notre
demande de rédaction d’un sujet précis dans des mots simples, avec comme seule
ambition d’apporter une pierre à la construction de ce projet et avec comme
seule rétribution la satisfaction d’avoir fait ce qui devait l’être. Le
professeur d’université main dans la main avec un salarié, un étudiant ou un
demandeur d’emploi, unis par cette liberté que nous chérissons pour qu’elle
nous protège de la tyrannie.
De quels sujets traitez-vous, comment les avez-vous choisis
?
Stéphane Geyres -- Nous avons cherché à aborder la
liberté selon une combinaison de sujets très concrets, d’autres plus
vulgarisateurs, ainsi que des thèmes plus en rapport avec le droit, l’économie
et la société. De manière à toucher divers publics, l’homme ou la femme de la
rue restant notre première cible, mais aussi les personnes cultivées mais qui
souvent, hélas, connaissent mal les idées libérales authentiques. Chaque auteur
a proposé un ou plusieurs sujets, parfois nous avons négocié pour gérer les
conflits ou élargir le champs, mais le plus souvent, ce sont les sujets voulus
par les auteurs eux-mêmes. Le livre est au final construit en six parties. Une
première pose les principes de la liberté et de la société libre. Nous
continuons sur des aspects en rapport avec la vie professionnelle et
l’économie. Vient ensuite une petite série sur l’éducation, la recherche et
l’enseignement. La liberté de choix du mode de vie fait notre quatrième partie.
De là nous passons à tout ce qui touche à la question de l’appréciation du risque
par chacun, pour finir par une partie très riche sur les dysfonctionnements de
notre société moderne et sur les alternatives offertes par la liberté.
Ulrich Genisson -- L’ordre spontané du collectif [La
Main Invisible]. Ce n’est pas une légende. Voici la recette : Déterminez
une liste de 300 sujets, classez-les par ordre d’importance, prenez les 100
premiers, trouvez 100 auteurs en leur demandant d’exprimer 3 souhaits de sujets
qu’ils aimeraient traiter, et spontanément vous avez 85% de vos thèmes qui ont
trouvé un rédacteur. Des sujets comme "Qu’est-ce que la
Monnaie ?" de Pascal Salin ou "Les dettes souveraines" de
Pierre Lemieux ou encore "La banque libre" de Nathalie Janson, sont
tous des sujets très pointus qui mériteraient des livres entiers, pourtant
chaque auteur a joué le jeu de la vulgarisation et de la synthèse pour que ces
problématiques d’actualités ne soient plus réservées à une élite politique qui
essaie de nous faire croire qu’eux seuls y comprennent quelque chose.
Quel public visez-vous ?
Stéphane Geyres -- Vous d’abord, bien sûr, et tout le
monde en général. Journalistes, intellectuels, étudiant, simple citoyen, cadre,
dirigeant, agriculteur, employé, c’est un livre où chacun peut trouver quelque
chose. Nous avons un petit questionnaire en annexe, dont le but est de montrer
que même certaines personnes qui sont convaincues d’être antilibérales sont en
fait moins loin des idées portées par ce livre qu’elles pourraient le croire.
Nous avons fait le test avec un CGTiste qui s’est découvert en fait libéral.
Cela montre bien que la liberté n’est ni de droite ni de gauche et concerne
tout le monde.
Ulrich Genisson -- Je crois pouvoir dire, que nous
visons vraiment tout le monde, sans exception. J’ose même espérer convertir
l’homme ou la femme politique qui a fait de la spoliation, de l’arbitrage, de
la promesse électoral et de la privation de liberté son métier, de rejoindre le
camp des gens libres en étant convaincu de son inutilité et qui œuvrerait
désormais à déconstruire nos États obèses et redistribuer la liberté au peuple.
En travaillant sur ce livre, j’avais à l’esprit le sans-abri que nous sommes
potentiellement tous, car plus nous sommes en bas des couches sociales et plus
nous souffrons du manque de liberté. Qui est le plus à même de parler du manque
de liberté que celui qui ne peut pas se loger, ne peut pas travailler, ne peut
pas se soigner ? Le libéralisme a tant à dire et à faire pour les plus
démunis ! Je suis certain que vous seriez très surpris de savoir qu’un SDF
coûte chaque mois en France 930€ à la "collectivité", il est donc
inutile de démontrer l’inefficacité d’un tel système, tout le monde peut le
constater quotidiennement. Notre livre est donc un ouvrage profondément
humaniste tout public de 7 à 97 ans. La politique (constructiviste par essence)
est en faveur de l’un aux dépens de l’autre. Notre livre souligne cette hérésie
que Frédéric Bastiat résumait
si merveilleusement en : "L'État, c'est la grande fiction à travers laquelle
tout le monde s’efforce de vivre aux dépens de tout le monde". Ainsi, nous
attendons de cet ouvrage qu’il produise une grande vague de liberté, c’est un
livre de vie, un déclic à partager et à faire découvrir pour engager débats et
échanges entre tous. C’est pourquoi nous avons voulu que cet ouvrage soit
librement utilisable et reproductible.
Qu’est-ce qui a été le plus difficile à réaliser ?
Stéphane Geyres -- C’est un projet qui repose sur le
bénévolat de tous. Personne ne touche le moindre centime, à commencer par nous.
Dans ces conditions, il n’est pas toujours facile de faire travailler 100
personnes à distance, qui ne se connaissent pas, en respectant des délais, des
règles de longueur de texte, en vérifiant la valeur des sujets et sans trop débattre
des différences de vue. Constamment mobiliser le groupe et convaincre que la
spécificité de chacun serait respectée ont probablement été deux de nos défis
les plus grands. Mais c’est aussi ce qui a donné à ce projet un côté affectif
qui se traduit désormais en une grande solidarité du collectif, une grande
fierté d’y appartenir.
Ulrich Genisson -- Notre grande faiblesse s’est
transformée en formidable atout. Stéphane et moi, nous ne sommes que de simples
individus, nous sommes salariés, sans engagement politique ni mandat. Nous
étions donc "neutres" quand nous avons organisé tout ce projet. Là où
d’autres auraient été soupçonnés de vouloir récupérer cette action, nous avons
tout de suite suscité la confiance car nos ambitions étaient nobles et désintéressées,
nous n’avons rien à vendre si ce n’est un livre libre de droits ayant pour
ambition d’aider chacun à un sursaut de liberté. Je dirais que le plus
difficile a finalement été d’être disponibles pour chacun, rapidement, tout le
temps, nuit et jour avec les décalages horaires. Stéphane et moi avons envoyé
plus de 40 000 emails en 6 mois pour ce projet. Il n’a parfois pas été
simple de ménager la susceptibilité de chacun vis-à-vis de suggestions émanant
soit de Stéphane et moi, soit du comité de rédaction. Il n’est que plus
remarquable de constater que des libéraux autrichiens cohabitent dans le même
ouvrage avec des libéraux classiques, des monétaristes et jusqu’au libéraux de
gauche. Quelques-uns n’ont même jamais ouvert de littérature libérale, mais ils
sont tout aussi légitimes pour s’exprimer sur la liberté. C’est donc bien un
message de liberté dans son ensemble qui s’exprime face aux Étatistes de tous
poils.
Comment comptez-vous atteindre le public ?
Stéphane Geyres -- De toutes les manières qui se
présenteront à nous, tout simplement. Nous comptons notamment nous appuyer sur
notre réseau d’auteurs répartis un peu partout pour faire connaître le livre
localement – car c’est sur le terrain que nous voulons aller. Mais surtout,
nous parions tout simplement sur le bouche à oreille. Si le livre vous parle,
vous en parlerez autour de vous. Et quand on voit que des auteurs qui
"s’indignent", alors que leurs thèses reposent sur du sable, arrivent
à toucher plus d’un million de lecteurs, nous gardons confiance en la capacité
de notre livre à faire encore mieux.
Ulrich Genisson -- La liberté est une valeur
universelle. Elle est bafouée depuis bien trop longtemps maintenant. Ce livre
aspire seulement à remettre l’Homme au centre, nous comptons donc sur celui-ci,
sur sa clairvoyance pour promouvoir notre livre et le message qu’il porte, qu’y
a-t-il de mieux qu’un homme libéré grâce à notre livre pour faire la promotion
de la liberté ? Toute personne souhaitant nous rejoindre et nous aider
dans cette tâche sera la bienvenue. Chez nous il n’y a ni carte, ni cotisation,
ni campagne, ni parti, mais seulement des hommes et des femmes libres qui font
entendre leur voix.
Quelles retombées espérez-vous ?
Stéphane Geyres -- Une seule : que la liberté
retrouve la place qu’elle mérite dans le cœur des français et dans notre
société et celle de nos enfants. Et peut-être que d’autres reprennent les idées
– ou même qu’ils nous copient – pour que la liberté fasse boule de neige.
Ulrich Genisson -- Je n’aspire qu’à une chose : La
liberté, pour tous, partout, maintenant ! Le livre est un outil pour y
arriver, ce n’est pas une fin en soi. Le jour où massivement le peuple
demandera des comptes aux hommes qui nous gouvernent, le jour où massivement
les gens demanderont aux hommes et femmes politiques de tous niveaux de ne plus
s’occuper de leurs vie, alors notre but sera atteint. Je rejoins Stéphane, si
notre projet était copié dans le monde, dans d’autres langues, ce serait une
grande satisfaction pour nous.
Quelles sont les personnalités qui vous soutiennent ?
Stéphane Geyres -- En complément de nos 100 auteurs,
nous avons rassemblé 100 ‘supporters’, de personnes elles aussi de tous
horizons et dont la seule motivation est d’exprimer leur soutien à ce projet,
et donc à la liberté. Parmi ces 100, nous trouvons un double champion du monde
de moto, la traductrice de La Grève, immense roman de Ayn Rand, plusieurs
universitaires et même un grand intellectuel péruvien. Notre souci n’a jamais
été de quémander le soutien d’une célébrité quelconque et surtout pas
politique. Mais de montrer au contraire que nous sommes proches des "vrais
gens" et de leurs préoccupations.
Ulrich Genisson -- Les hommes et les femmes qui nous
soutiennent sont tout simplement un échantillon de notre peuple. Des
professeurs d’universités, un champion, un trader, un chemineau, des artisans,
des agriculteurs, des ouvriers, des jeunes et des moins jeunes, nous avons
vraiment un échantillon représentatif, car notre livre parle à chacun, de sa
liberté.
Ne craignez-vous pas de vous faire récupérer ?
Stéphane Geyres -- Nous faire récupérer par qui ?
Quel homme ou femme politique français contemporain oserait de nos jours se
revendiquer de la liberté ou du laissez-faire ? Quand bien même, tant
mieux si nous devions nous faire récupérer, car cela ferait parler de liberté
et de ces sujets qui sont réellement d’importance pour les gens comme vous et
moi, gagner sa vie, la choisir ou encore, mieux maîtriser son destin. Si
Messieurs Hollande ou Sarkozy, voire tous les élus de tous horizons, souhaitent
se montrer avec notre livre en main, nous serons heureux de leur en dédicacer
chacun un exemplaire.
Ulrich Genisson -- Si un parti ou un groupe politique
nous récupérait, il n’aurait aucun autre choix que d’organiser l’émergence
d’une vie en société basée sur la liberté et la responsabilité de chacun,
c'est-à-dire un recul radical des prérogatives de l’État.
Comment vous suivre, quand sort votre livre ?
Stéphane & Ulrich -- Vous pouvez nous suivre sur Facebook ou
nous avons une page très active, nous avons aussi une chaîne sur Youtube ou
nous vous réservons de nombreuses surprises très bientôt. Twitter est
bien sûr notre outil quotidien pour tenir informés tous nos supporters et nos
sympathisants. Nous avons réalisé une "pré-édition" très limitée à
seulement 2 000 exemplaires pour nos auteurs et nos fidèles supporters,
qui sera livrée en juin. La sortie officielle de notre ouvrage
"Libres !" du collectif [La Main Invisible] est prévue pour
septembre 2012 dans toutes les bonnes librairies, sur internet et dans tous les
pays francophones.
Site web: http://www.lamaininvisible.org
La réflexion du jour
Un rapport préparé pour le conseil d’administration du diffuseur public, dont l’Agence QMI a obtenu copie en vertu de la Loi sur l’accès à l’information, révèle que le taux d’absentéisme à la SRC/CBC a été presque deux fois plus important que dans le secteur privé en 2010-2011.
(NDLR Est-ce que les gauchistes radio canadiens sont plus fragiles que le Québécois moyen ou est-ce que les vertueux gauchistes sont plus susceptibles d’abuser du système?)
(NDLR Est-ce que les gauchistes radio canadiens sont plus fragiles que le Québécois moyen ou est-ce que les vertueux gauchistes sont plus susceptibles d’abuser du système?)
Le chiffre du jour : 18 M$
L’absentéisme
des employés à la Société Radio-Canada/CBC coûte près de 18 millions $ par
année aux contribuables canadiens.
25 septembre, 2012
L’art de tuer la poule aux oeufs d’or
On sent la même improvisation dans le cas de la taxe santé. Parce que Mme Marois veut l'abolir dès cette année, cela créera un trou de 850 millions. Comment le combler? On a appris ce week-end que la hausse des taux d'imposition pour les hauts revenus serait rétroactive au 1er janvier.
C'est inacceptable. Sur le plan politique, le PQ n'a jamais parlé de cette rétroactivité pendant la campagne. Ça ne se retrouve pas non plus dans son cadre financier. Hypocrisie, comme le croit l'ex-ministre Raymond Bachand, ou improvisation? Dans les deux cas, il y a un troublant manque de transparence. --- Alain Dubuc
La réflexion du jour
En Suisse, l'organisation du système de santé a évolué dans le sens opposé à celui du Canada, où la tendance a plutôt été celle d'une réglementation et d'un financement public de plus en plus centralisés.--- Michel Kelly-Gagnon
Le chiffre du jour : 4 % c. 40 %
La rapidité avec laquelle les patients sont pris en charge est spectaculaire. L'attente est à toute fin pratique inexistante, comme en font foi les plus récentes données de l'enquête internationale du Commonwealth Fund. Au cours de la dernière année, seulement 4% des Suisses ont dû attendre 6 jours ou plus avant de pouvoir rencontrer un médecin lorsqu'ils en ont eu besoin, alors que 40 % des Québécois ont été forcé de patienter aussi longtemps. Avant de pouvoir obtenir un rendez-vous avec un médecin spécialiste, il fallait en moyenne 11 jours à un patient suisse et 78 jours à un patient québécois, en 2011.
24 septembre, 2012
Êtes-vous libéral ou conservateur?
Le Pew
Research Center a créé un court questionnaire (12 questions) qui permet de
savoir où vous vous situez sur l’axe idéologique Libéral-Conservateur. Le
modèle manque de nuance, mais fournit quand même une indication de vos
penchants idéologiques. En plus, c’est amusant.
Le « you » dans les graphiques indique où je me
situe, par rapport aux démocrates et aux républicains.
J’ai ajouté un axe gauche-droite (orange) et j’ai indiqué,
où selon moi, les partis politiques québécois se situent. Le « MOI » indique que je me situe à droite du point de
vue économique et à gauche du point de vue social. Malheureusement, aucun parti
politique québécois ne représente les centaines de milliers d’électeurs qui
comme moi sont socialement libéraux et économiquement conservateurs.
La réflexion du jour
Il en coûte plus cher pour vivre à Montréal qu'à Toronto, et un Montréalais doit travailler plus longtemps qu'un Torontois pour se procurer un Big Mac ou un iPhone.
(NDLR : Non seulement sommes-nous plus pauvres, mais ça coûte plus cher. C'est aussi ça le fameux modèle québécois!)
(NDLR : Non seulement sommes-nous plus pauvres, mais ça coûte plus cher. C'est aussi ça le fameux modèle québécois!)
Le chiffre du jour : 44,4 heures c. 37,5 heures
UBS a aussi calculé le temps de travail requis pour acheter un appareil iPhone 4S doté d'une mémoire de 16 Go.
Montréal requiert de travailler 44,4 heures pour acquérir un tel appareil, alors qu'à Toronto, c'est 37,5 heures.
Montréal requiert de travailler 44,4 heures pour acquérir un tel appareil, alors qu'à Toronto, c'est 37,5 heures.
23 septembre, 2012
La réflexion du jour
Le silence des politiciens sur le prix de l’essence au cours de la campagne électorale est une preuve de plus qu’ils sont débranchés des préoccupations réelles des citoyens.--- Jean-Jacques Samson
Le chiffre du jour : 40 %
Mario Dumont relevait jeudi dernier que c’est à Montréal et à Québec que le prix à la pompe est le plus élevé de toute l’Amérique du Nord. Le gouvernement du Québec en est le responsable. À la taxe fédérale d’accise de 10 cents/litre, le Québec, toujours très gourmand, ajoute sa propre taxe record de 18,2 cents et une taxe spéciale de 3 cents à Montréal pour le support financier au transport en commun. Ottawa et Québec taxent ensuite les taxes en ajoutant leurs TPS et TVQ sur l’ensemble des composantes du prix que devra payer le consommateur. Plus de 40 % du prix du litre va directement aux ministères du Revenu fédéral et provincial.
22 septembre, 2012
La réflexion du jour
Pour certains, l’économie est d’une simplicité désarmante. Il y a moins de sièges sociaux ? Assurons-nous de les garder, quitte à empêcher la vente ou le déménagement de « nos fleurons ». Moins d’usines et d’emplois manufacturiers ? Empêchons leur fermeture et assurons-nous que les emplois soient maintenus. Une bonne loi ou une intervention des sociétés d’État pourrait tout régler et assurer notre prospérité.
Voilà un bon plan pour fossiliser l’économie et l’empêcher de se développer.--- Pierre Duhamel
Voilà un bon plan pour fossiliser l’économie et l’empêcher de se développer.--- Pierre Duhamel
Le chiffre du jour : 65 ans c. 10 ans
Ces dernières années, le cycle de vie des entreprises s’est considérablement raccourci. En 1920, la durée de vie moyenne des grandes entreprises était de 65 ans aux États-Unis selon Standard & Poors. Elle ne serait plus que de 10 ans. Chaque jour on voit des marques prestigieuses disparaître ou être menacées d’extinction.
21 septembre, 2012
Lettres à un jeune politicien
Revue de livre par Mathieu Bock-Côté
Il s’agit d’un tout petit ouvrage. Mais d’un très beau
livre. Je parle de Lettres à un jeune politicien (VLB, 2012) de
Lucien Bouchard. Celui-ci nous avertit d’entrée de jeu : il ne s’agit pas
d’un condensé de sa pensée politique. Non plus que d’un livre de Mémoires («pas
encore», précise-t-il). Plutôt d’une série de lettres à un jeune plus ou moins
imaginaire pour le convaincre de s’engager en politique. L’exercice se situe à
mi-chemin entre la confession autobiographique et de la philosophie de
l’action.
Bouchard y revient sur son parcours pour en tirer quelques
leçons. Il survole certains grands problèmes du Québec contemporain. Il se
livre surtout à une méditation sur l’engagement politique, sur les vertus et
les limites de l’homme d’État. À l’ancienne, on dirait qu’il réfléchit sur la grandeur
et sur le déclin du politique. Il parle en connaissance de cause. Lucien
Bouchard s’y livre à son meilleur. L’homme s’y exprime avec aplomb. Et sans
rancune. Celui qui le lira comprendra mieux la politique. Plusieurs se
sentiront interpellés par le message qui s’y trouve.
À quoi sert la politique ?
La question de fond qui traverse l’ouvrage, c’est le rôle de
l’action politique. À notre époque, on s’en moque. On survalorise l’économie,
la technologie, l’éthique, la communication, l’humanitaire. Mais la politique
n’a plus le beau rôle. Un jeune homme ou une jeune femme qui rêve d’engagement
ne se mettront plus au service de l’État. Bouchard le soutient : les
meilleurs ne s’y engagent plus. Ils ont peur de s’embourber dans la
bureaucratie, de se faire lessiver par la presse, de trop y sacrifier sans y
obtenir de réelles gratifications. Bouchard est pourtant clair : il
faudrait en revenir à une vision élevée de la politique. Elle n’est pas
qu’une petite arène où se joue la comédie de l’ambition.
Le politique, c’est le lieu où une société se projette
collectivement, où elle s’imagine un destin. «L’avenir du Québec […] passe
obligatoirement par la voie politique» (p.114). C’est le lieu d’intersection
entre l’idéal et le principe de réalité. L’homme politique doit porter l’idéal
et projeter son peuple dans l’avenir. Il doit aussi savoir dire non pour éviter
que la société ne se laisse avaler par un fantasme, insiste à plusieurs
reprises Lucien Bouchard. L’homme politique n’est ni rêveur, ni père fouettard.
En d’autres termes que les siens, la vision de la politique de Bouchard relève
davantage dutragique que de l’utopique. La politique n’est pas
l’instance par laquelle tout devient possible, mais par laquelle une société
forge son destin à travers des choix difficiles. De la richesse ou de la
pauvreté de notre conception de la politique dépend l’avenir du Québec.
La politique, nous dit-il, est une ascèse, en revenant sur
les origines de son engagement. «Pour mes collègues […] et moi, le substitut à
la prêtrise, c’était la politique et le désir de participer à ce vaste
mouvement d’émancipation de la société québécoise que fut la Révolution
tranquille» (p.30). Il y a donc, si on le lit bien, une charge sacrée en
politique – une grandeur irréductible dans l’engagement au service du commun.
Cela permet d’endurer les injures, les attaques personnelles, de tolérer les
mesquineries qui accompagnent nécessairement le service public – «il t’en
faudra, de la force de caractère, pour surmonter le manque de respect, les critiques
acerbes et les attaques personnelles» (p.78). Connait-on un seul grand homme
qui n’ait pas la cicatrice d’un coup de poignard au beau milieu du dos?
Bouchard pourrait appliquer ce commentaire à tous ceux qui évoluent dans le
domaine public. Il faut croire aux vertus supérieures de l’action publique pour
tolérer les crachats qui pleuvent sur ceux qui consentent à monter sur une
tribune.
C’est à partir de cette fonction que se dessine le rôle de
l’homme politique. Si je lis bien Bouchard, un politicien canalise les désirs
d’une société, les explicite, et les transforme en vision et en objectifs qu’il
cherchera à atteindre. De là l’importance donnée par Bouchard à la parole
publique, au discours, tout au long de son ouvrage. La politique demeure l’art
de la parole. Bouchard est clair avec son jeune politicien : «il faut que
tu établisses avec les gens une communication fondée sur le rationnel, mais
portée par la passion. Tu dois faire rêver tes auditoires, les mettre en
mouvement. Ce n’est pas évident, je te l’assure» (p.64). Le grand discours,
nous dit Bouchard, n’est pas qu’un exercice de style. C’est la rencontre d’une
vision et d’une circonstance. L’homme politique doit savoir parler. Éveiller
les émotions pour les mettre au service d’un grand projet. Connecter la passion
et la raison. Il y a là une part d’intuition qui manque à ceux qui ne voient
pas l’homme dans la cité mais seulement le consommateur (de biens privés ou de
biens publics) dans une société segmentée en clientèles ou qui s’imaginent l’homme
trop bête pour se soucier de l’intérêt général. Peut-on faire une bonne
politique sans croire au moins partiellement à la permanence de la nature
humaine, même si chaque culture et chaque époque la travaillent différemment?
L’éducation de l’homme politique
Ce qui exige, pour mobiliser les sentiments disponibles dans
une société, une immense culture (à tout le moins, une véritable culture), une
psychologie fine des émotions collectives du peuple auquel on s’adresse – ce
qui implique aussi qu’on en connaisse l’histoire. On trouve là parmi les plus
belles pages de Bouchard – on pouvait s’y attendre, lui qui fut le grand
orateur du Québec des 30 dernières années. Mais pour parler à l’homme, il faut
une culture. Une culture immense qui immunise contre les modes et qui permet de
ressentir – et d’agir sur – les sentiments fondamentaux qui irriguent la
cité : l’honneur, la fierté, la solidarité, sont de ces sentiments qui
lient les hommes même lorsqu’ils se divisent. Je cite encore une fois
Bouchard : «plus tu te renseigneras, mieux tu seras armé pour défendre tes
opinions – et pour résister aux modes» (p.50). Il faut savoir suivre sa route
même quand l’opinion publique va dans une autre direction.
Les passages qu’il consacre à son rapport aux livres sont
magnifiques. Il y raconte comment lui, jeune homme, y trouvait dans la lecture
le seul exutoire possible dans un univers réel un peu trop morne. Il apprenait
et cultivait l’imaginaire. Ce n’est pas sans raison qu’il fera de la Grande
bibliothèque un de ses grands projets. La chose était connue et Bouchard la
confirme : il a acquis au fil des ans l’intégrale de la Pléiade. On
pourrait y voir un fétichisme de collectionneur – ce ne serait pas si mal,
d’ailleurs. Et pourtant, ce serait faux. Cela témoigne surtout d’un homme
qui sait ce qu’est un classique. Car on lit les classiques non pas pour
s’enfermer dans le musée des humanités passées, mais parce qu’ils explorent les
questions fondamentales de la condition humaine. On y revient non pas pour fuir
l’homme, mais pour partir à sa rencontre.
L’homme politique qui ne sait pas qu’on gouverne mieux les
hommes en les ayant étudiés profondément n’en est pas un : c’est un
manager, un gestionnaire. L’homme politique qui n’est pas capable de se retirer
chaque jour pendant quelques moments pour plonger dans une œuvre fondamentale
risque tout simplement de mal gouverner. Car on exerce bien mal le pouvoir si
la vision qu’on a de sa société se résume aux connaissances engendrées et
produites par les grands appareils bureaucratiques. Le politicien n’est alors
qu’un technocrate avec un mandat électoral. L’homme d’État véritable doit non
seulement livrer la marchandise attendue par ses fonctionnaires, mais penser
son époque, et se situer par rapport à elle – ce que dit Bouchard à sa manière
en soutenant qu’il doit y avoir adéquation entre l’homme politique et «l’esprit
de son temps».
La dignité de la politique
L’homme politique doit donc rassembler les hommes malgré
leurs divisions. Il doit être l’homme d’exception, que sa fonction relève, et
non pas un quidam, confondant l’exercice du pouvoir avec un concours de
popularité. On le voit ainsi très sévère envers les bavardeurs qui
acceptent – et encouragent même – le basculement de l’action politique dans la
société du spectacle – envers ceux, dirait-on, qui désacralisent la parole
publique. Je me permets de le citer longuement : «en plus d’être intègre
et compétent, le dirigeant politique doit respecter sa fonction. Celle de
ministre ou de premier ministre a besoin d’une certaine distance. Comprends-moi
bien. Je ne veux pas dire par là qu’il faille se tenir à l’écart de la
population. Mais il faut, selon moi, s’abstenir de participer à des émissions
de variétés. Quand un politicien va se faire enguirlander dans ce genre
d’émissions, c’est inadmissible parce que ça dévalorise la fonction.
Si tu exerces une fonction élective, tu dois te rappeler en
tout temps qu’on t’a conféré un statut à ne pas laisser déprécier. Il ne s’agit
pas de se penser plus «fin» que les autres. Un rôle institutionnel requiert un
certain niveau de dignité, voilà tout. Un premier ministre peut et doit,
bien sûr, être drôle, convivial. Cela ne signifie pas pour autant qu’il doive
faire le joli cœur sur des plateaux remplis d’humoristes. Quand tu respectes ta
fonction, tu ne dis pas à l’animateur et à ses invités : «on est des
chums, tu peux me dire n’importe quoi, et moi je vais faire semblant que je
trouve ça drôle. Tu m’insultes, mais je ris avec toi. Je fais partie de la
gang». Voilà ce que j’appelle banaliser la fonction. On est, tu en conviendras,
bien loin des enseignements du Fil de l’épée, ouvrage dans lequel de Gaulle
explique que l’autorité du chef a besoin d’un certain mystère» (p.44-45). La
grandeur. La réserve. La distance. Bouchard parle ici le langage de l’autorité
(l’autorité n’est le pouvoir autoritaire, pour ceux qui seraient tentés par ce
fâcheux amalgame) – il n’hésite pas à citer un vieux romain qui disait qu’un
homme politique ne se fait pas élire pour suivre ses électeurs mais pour les
gouverner. Le génie de la démocratie ne consiste pas à abolir l’autorité mais à
rendre révocables ceux qui l’exercent.
Il faut donc s’engager, dit Bouchard, qui mise avec un
mélange de ferveur et de candeur sur la jeunesse, comme le faisait un de nos
vieux historiens dont on ne dit plus le nom et qui n’a jamais désespéré d’elle.
Il la voit partout. Grouillante. Riche de projets. Désireuse de se dépasser.
Mais on ne doit pas confondre. Les jeunes auxquels il s’adresse ne scandent
manifestement pas des slogans anarchistes dans la rue, non plus que ne chargent
les policiers en croyant y voir des représentants tardifs de la SS. La
politique n’est pas que pure protestation morale ou parade de mode idéologique.
Non plus que mobilisation circonstancielle. Elle est moins festive qu’austère.
Cela consiste à s’engager durablement dans l’arène électorale pour exercer le
pouvoir. Si on le lit bien, Bouchard parle des jeunes entrepreneurs, des jeunes
avocats, des jeunes universitaires – de la jeune élite québécoise, finalement,
des «meilleurs esprits» de notre société. N’a-t-il pas intitulé son premier
chapitre «De l’importance d’avoir une carrière préalable» ?
L’étiquette
On s’engage toujours pour un parti, nous dit Bouchard.
Doit-on pour autant porter une étiquette? Il insiste : non. La gauche, la
droite, voilà des concepts qui semblent l’embêter et qui divisent
artificiellement ceux qui pourraient autrement se rassembler. Probablement
a-t-il raison. Mais à moitié seulement. Car l’action politique suppose une
certaine part de cohérence philosophique – cohérence à laquelle il ne se dérobe
pas, d’ailleurs. Et comment peut-on parler de Lucien Bouchard autrement qu’à la
manière d’un conservateur? Quelques exemples viennent à l’esprit :
Bouchard fait l’éloge de l’enracinement historique et se méfie du présentisme
(p.48). Il exécute sommairement la réforme scolaire et les «pédagogues» du
ministère – «je me félicite tous les jours d’avoir été formé à l’époque où les
pédagogues patentés ne sévissaient pas encore» (p.49). Il nous accuse d’ingratitude
envers les religieux catholiques qui ont fait le Québec (p.27). Il s’exaspère
contre la puissance de la bureaucratie qui entrave l’action politique et fait
l’éloge d’une certaine «robustesse collective quand vient le temps de prendre
une décision de développement» (p.55). Il se porte à la défense de la
démocratie parlementaire contre les excités portés sur la désobéissance civile
(p.56). Il rappelle l’importance du principe de réalité dans la gestion des
finances publiques. Et ainsi de suite.
Lucien Bouchard et la question nationale
Ce conservatisme a-t-il quelque chose à voir avec la
question nationale, à laquelle Bouchard n’échappe pas? Oui. Car Bouchard est le
grand héritier de ce qu’on pourrait appeler le conservatisme québécois. Sur le
fond des choses, Bouchard semble demeurer souverainiste (si on désigne ainsi
quelqu’un souhaitant qu’un jour, le peuple québécois devienne indépendant),
mais se désole de ce que le souverainisme officiel est devenu – la grande
coalition gauche-droite du PQ est morte, disait-il dans une entrevue à Alex
Castonguay de L’Actualité. Et le souverainisme s’est trop campé à gauche
pour rassembler vraiment les Québécois. Mais le nationalisme de Lucien Bouchard
demeure profond. Ne serait-ce parce qu’il sait que l’histoire d’un peuple pèse
sur son destin. Je le cite : «il y a quelques temps, je me suis mis à
relire l’histoire du Québec. J’ai pris pleine conscience du traumatisme que fut
la Conquête. Quand je pense que des historiens ont tenté, récemment, de nous
faire croire qu’elle n’a jamais eu lieu. Celle-là, je ne peux pas la digérer.
Je t’invite à relire le récit de cet épisode tragique de notre histoire dont on
ressent encore aujourd’hui les conséquences» (p.48). La bonne éducation
politique passe donc par l’éducation historique. Autrefois, c’était une
évidence. Aujourd’hui, c’est presque une hérésie.
Et pourtant, Bouchard n’a pas tort. Sa ligne de fond, c’est
la fidélité première au Québec. Qui ne saurait se laisser enfermer dans une
seule option sans d’un coup se stériliser. La polarisation
souverainiste-fédéraliste telle qu’elle prend forme en ce moment n’est pas à la
veille de se dénouer à l’avantage de l’indépendance, dit-il. Et pourtant,
«toute politique fondée sur le déni a peu de chances de réussite. La divergence
qui sépare souverainistes et fédéralistes au Québec est ancrée si profondément
dans le débat politique, et depuis si longtemps, qu’elle semble s’être intégrée
au paysage politique. […] De toute façon, quel que soit le parti au pouvoir au
Québec, il ne pourra faire autrement que de s’astreindre à un devoir de
vigilance et de défense à l’égard de toute tentative d’empiètement émanant
d’Ottawa. Sois certain que ces incursions se poursuivront» (p.113). Les
intérêts vitaux du Québec transcendent les partis.
Dans son entrevue à L’Actualité, Bouchard poussait
l’analyse plus loin : «Quelqu’un qui est en politique, surtout s’il forme
le gouvernement, va avoir de la difficulté à échapper à cette dichotomie-là.
C’est au cœur de notre débat depuis 40 ans. Ce serait un peu les limbes
constitutionnels. Or, la politique, ce n’est pas les limbes, c’est la réalité.
Il y a des positions à prendre. Il y a une dynamique entre le Québec et le
fédéral, c’est toujours une partie de bras de fer. Un premier ministre doit
gérer cette responsabilité. Est-ce que ça peut se faire en dehors de l’axe
souverainiste-fédéraliste ? Ou bien on accepte la fédération, ou bien on ne
l’accepte pas». Il y a là un réalisme politique qui ne limite pas les enjeux
politiques québécois à la seule obsession référendaire mais qui ne croit pas
nécessaire pour autant de discréditer la question nationale.
Mais Bouchard n’est pas un excité référendaire. Il sait le
coût de la défaite. Un peuple qui lutte pour son indépendance et échoue en paie
le prix. «Il serait irresponsable d’exposer le Québec à une autre défaite quand
on sait le prix qu’il a fallu payer au lendemain des échecs de 1980 et de 1995.
Le premier nous a valu le rapatriement forcé de la constitution, l’imposition
d’un droit de véto et la diminution des pouvoirs de l’Assemblée nationale.
Quant au second, il s’est soldé par la mise en place du verrou de la loi sur la
clarté» (p.110). On ajoutera avec Bouchard qu’une si importante défaite n’est
pas sans effets psychologiques graves sur la collectivité. Nous ne nous sommes
toujours pas remis de l’avortement référendaire, conclut Bouchard. Autrement
dit, le nationalisme, cette fidélité première au Québec d’abord, doit demeurer
la pierre d’assise du débat politique. Et demeure suffisamment large comme
référence pour accueillir ceux qui ne sont pas déjà convertis au souverainisme,
et plus encore, au souverainisme dans sa version péquiste.
Je m’aventure ici à l’extérieur du livre de Bouchard. Je
cartographierais à peu près ainsi l’espace politique québécois actuellement en
ce qui a trait à la question nationale. J’y vois quatre camps découpés
sans trop de précision: celui du 1) plus jamais! 2) celui du grand bof ! 3)
celui du pas maintenant 4) celui du Immédiatement. Les premiers sont au PLQ,
les seconds sont divisés entre le PLQ et la CAQ, les troisièmes entre la CAQ et
le PQ, et les derniers entre le PQ et les petits partis souverainistes. Le
nationalisme québécois est intimement fragmenté. Et une majorité référendaire
ne sera possible que lorsque les trois dernières catégories se rassembleront
politiquement. Cela n’est pas à la veille d’arriver. Je l’écrivais
dans Fin de cycle, l’essentiel, en ce moment, n’est pas de faire
l’indépendance mais de s’assurer qu’elle demeure possible. La chose est encore
plus vraie à la lumière des derniers résultats électoraux.
Le Québec n’est pas à la veille de son indépendance. Les
souverainistes le savent aussi. Cela ne veut pas dire qu’ils doivent
démissionner de leur option, mais qu’ils ne doivent pas tout mettre leurs œufs
dans le panier référendaire. Ils ne le font pas d’ailleurs. Mais une chose
demeure : tant que le grand parti du Québec d’abord ne sera pas de nouveau
rassemblé politiquement, le Québec n’ira nulle part. Tant que les
Québécois ne se mettront pas d’accord à nouveau sur une commune définition de
leur situation collective, de leur situation historique (ce qu’ils ne sont plus
capables de faire pour l’instant), ils n’avanceront pas. Nous sommes en attente
d’une nouvelle synthèse québécoise, d’un nouvel élan, de nouvelles raisons de
croire au Québec. Bouchard est persuadé, et répète à plusieurs moments,
d’ailleurs, que les Québécois sont en attente d’une nouvelle vision collective.
Pourrait-on dire d’une nouvelle Révolution tranquille? Reste, suggère-t-il
aussi, à ce que certains, les meilleurs, s’engagent en politique pour lui
permettre d’éclore.
«L’histoire du Québec, dit Bouchard, est une longue
chaine d’efforts, de joies, de revers, de dépassements personnels. Ton destin
s’inscrit dans le prolongement du parcours de ce peuple déterminé à survivre et
s’épanouir comme nation francophone en plein cœur d’un immense continent
anglophone. Plus tu fréquenteras notre histoire, plus tu constateras que, tout
au long de cet itinéraire, la solidarité politique s’est avérée cruciale»
(p.109). Cela nous ramène au grand homme. Bouchard en était un. Il en est
toujours un d’ailleurs. Dans un monde idéal, il reviendrait. Il donnerait ses
dernières années à la nation. Il arriverait comme à la manière d’un père
réconciliateur dans une nation divisée pour la rassembler, pour lui redonner
l’élan qui lui manque, pour montrer l’idéal au loin. Mais il ne reviendra pas.
Nous le savons depuis longtemps. Nous sommes des millions de Québécois, je
crois, à avoir de la difficulté à en faire vraiment le deuil. À tout le moins,
il vient de nous lire son testament. Je suis d’avis qu’il devrait inspirer les
Québécois à croire encore au Québec.
La réflexion du jour
Lors de l'euphorique période boursière qui a précédé la crise financière de 2008, le Québec a vu l'un de ses beaux fleurons, Alcan, se faire acheter par la multinationale anglo-australienne Rio Tinto. Il n'y a pas seulement les péquistes qui ont dénoncé cette prise de contrôle étrangère sur Alcan. Le chef de la CAQ, François Legault, a qualifié la vente d'Alcan comme étant «une erreur irréparable», tout en affirmant que les décisions de la multinationale sont maintenant prises à Londres ou en Australie.---Michel Girard
(NDLR : Si le PQ où la CAQ avait été au pouvoir, le gouvernement aurait utilisé le bas de laine des Québécois pour acheter Alcan.)
(NDLR : Si le PQ où la CAQ avait été au pouvoir, le gouvernement aurait utilisé le bas de laine des Québécois pour acheter Alcan.)
Le chiffre du jour : 19 G$
Hypothèse. Si la Caisse avait réussi à contrer l'OPA de Rio Tinto, elle se retrouverait aujourd'hui propriétaire d'une société qui vaut 19 milliards US de moins que le prix versé.
(NDLR : Avons-nous les moyens de perdre 19 G$? À ce rythme, contrairement aux promesses du PQ et de la CAQ ce sont les banquiers qui seront Maître chez nous.)
(NDLR : Avons-nous les moyens de perdre 19 G$? À ce rythme, contrairement aux promesses du PQ et de la CAQ ce sont les banquiers qui seront Maître chez nous.)
20 septembre, 2012
La réflexion du jour
Et pourtant, cette promesse (ndlr : rapatriement de l'assurance-emploi), peut-être attrayante au premier abord, le devient beaucoup moins quand on la regarde de plus près. Le Québec perdrait des centaines de millions de dollars s'il rapatriait le régime, et paierait encore plus cher s'il choisissait de le bonifier.--- Alain Dubuc
Le chiffre du jour : 875 M$
Qu'arrivera-t-il si Mme Marois en parle à Stephen Harper? Même s'il était ouvert à l'idée, il ne pourrait pas transférer au Québec des fonds qui proviennent des travailleurs et les employeurs des autres provinces. Au mieux, le Québec ne récupérerait que ses propres cotisations. En 2009, il aurait perdu 875 millions pour cette victoire constitutionnelle.
19 septembre, 2012
Alliance Films, un autre fiasco interventionniste
En décembre 2007, la SGF
acquérait 38,55 % d’Alliance Films. On nous assurait qu’en plus d’être
rentable, cet investissement était conditionnel au déménagement du siège social
de Toronto à Montréal.
Cinq ans plus tard, le déménagement du siège social à
Montréal n’a été qu’un écran de fumée et les contribuables québécois ont perdu
50 M$ dans l’aventure.
Comme si on en avait les moyens!
Cette acquisition a été conclue alors que le PLQ était
minoritaire (PLQ : 48 députés; l’ADQ : 41 députés; PQ : 36
députés) et donc pouvait tomber à tout moment. Dans ces conditions, il était
impératif pour le PLQ d’acheter le plus de votes possible avant le dépôt du
budget prévu en mars 2008. Cet investissement électoraliste visait donc à
plaire aux artistes et à la population de Montréal. Dans ce contexte, le risque
financier imposé aux contribuables pesait bien peu dans la balance.
Les politiciens, à moins d’être de saintes personnes, ne
pourront jamais résister à l’envie d’utiliser les fonds publics à des fins
électoralistes. Dans ces conditions, les critères politiques auront toujours
préséance sur les critères financiers lors du choix des projets d’investissement.
Le rôle du gouvernement doit se limiter à créer un
environnement économique invitant et propice aux entrepreneurs et investisseurs
et à laisser ces derniers choisir les bons projets en risquant leur argent et
celui de leurs actionnaires. Malheureusement, les trois partis susceptibles d'influencer les décisions gouvernementales se sont engagés à faire le contraire. Ils
proposent tous d’investir davantage pour orienter le développement économique
du Québec. (Traduction : ils promettent tous de piger plus profondément
dans les poches des contribuables pour acheter les votes des groupes d’intérêt.)
Les politiciens nous promettent de mettre de l’ordre dans les
finances publiques, mais creusent toujours plus le trou dans lequel nous nous
sommes enlisés! C’est ce qu’ont fait les Grecques, les Portugais et les
Espagnols.
Cherchez l’erreur!
La réflexion du jour
.....d’une crise à l’autre, la réglementation des institutions financières est-elle devenue complexe au point d’être moins efficace? Le problème ne se limite pas aux banques: à mesure que les citoyens exigent d’être protégés par l’État, celui-ci multiplie la réglementation, celle-ci devient de plus en plus détaillée. La paperasse augmente, le nombre de fonctionnaires aussi. Mais les gens s’en portent-ils mieux? Y a-t-il moins d’erreurs? Moins de fraudes?--- André Pratte
Le chiffre du jour : 7 500
Selon MM. Haldane et Madouros, en cherchant à tenir compte de la complexité croissante de l’industrie financière pour éviter tout effondrement futur, les organismes de supervision ont rendu la réglementation et les outils de mesure trop lourds. Ainsi:
- le premier accord de Bâle (1988), définissant pour la première fois des normes internationales visant à garantir la stabilité des banques, tenait en 30 pages. Bâle III, conclu en 2010, comporte plus de 600 pages.
- la loi Dodd-Frank, adoptée à Washington à la suite de la crise financière, fait 848 pages. Son application nécessitera la rédaction de 400 règlements par diverses agences.
- les banques britanniques doivent dorénavant fournir aux organismes de réglementation des données sur 7500 paramètres différents.
- le premier accord de Bâle (1988), définissant pour la première fois des normes internationales visant à garantir la stabilité des banques, tenait en 30 pages. Bâle III, conclu en 2010, comporte plus de 600 pages.
- la loi Dodd-Frank, adoptée à Washington à la suite de la crise financière, fait 848 pages. Son application nécessitera la rédaction de 400 règlements par diverses agences.
- les banques britanniques doivent dorénavant fournir aux organismes de réglementation des données sur 7500 paramètres différents.
18 septembre, 2012
La réflexion du jour
Devant l'accumulation de tels nuages gris, le gouvernement de Pauline Marois doit donc modifier de manière urgente ses priorités. Compte tenu de ses intentions initiales, elle doit au minimum s'abstenir de jeter de l'huile sur le feu.--- Martin Coiteux
Le chiffre du jour : 0,56 %
Les dernières données disponibles laissent même entrevoir un taux de croissance encore plus faible que le maigre 0,56% atteint au premier trimestre de 2012.
17 septembre, 2012
La délocalisation, facteur de création de richesses
On ne le répétera jamais assez, contrairement aux
affirmations de la gauche, la délocalisation est bénéfique à l’économie et à la
création de richesses.
_______________
Tyler Watts, 29 août 2012
En période d’élections la controverse sur les délocalisations
fait rage. Beaucoup d’électeurs croient que les entreprises qui délocalisent leur
production, sont, d’une manière ou d’une autre, responsables de pertes nettes d’emplois
dans le pays. En réalité, les délocalisations sont loin d’être à l’origine des difficultés
économiques. Elles sont consubstantielles à toute économie de marché développée.
La délocalisation, en un sens, est à la source de toute richesse.
Pour démasquer les idées fausses qui entourent cette controverse,
commençons par une définition. Délocaliser
signifie « embaucher des travailleurs étrangers, plutôt que des travailleurs nationaux,
pour réaliser une tâche particulière ». Pourquoi un entrepreneur adopterait-il cette
stratégie ? Il devrait être assez évident que le travail étranger coûte moins cher
(cet état de fait peut être spontané ou peut résulter de l’intervention de l’Etat.)
Cette externalisation permet donc à l’entreprise de vendre ses
produits à des prix plus faibles et à ses actionnaires de toucher des profits plus
élevés. Cela indique que l’entreprise crée plus de valeur avec la même quantité
de ressources. Pour défendre une stratégie de délocalisation, un dirigeant d’entreprise
pourrait s’exprimer de la façon suivante : « c’est économiquement bénéfique pour
nos clients et nos actionnaires. »
Qu’en est-il du sort des travailleurs ? Les médias sont obnubilés
par un aspect particulier du phénomène, les « délocalisations d’emplois nationaux
à l’étranger ». Même s’ils reconnaissent les gains pour les consommateurs (des prix
plus faibles) et pour les actionnaires (des profits plus élevés), nombre de commentateurs
prétendent que ces gains sont compensés par des pertes d’emplois nationaux.
Rotation des emplois
Tout d’abord, il faut reconnaître que, dans une société libre,
les travailleurs n’ont aucun droit à conserver leur emploi. La plupart des emplois
sont des arrangements contractuels qui peuvent être rompus par la volonté des parties,
à n’importe quel moment et pour n’importe quelle raison. Les travailleurs perdent
leurs emplois, pour diverses raisons, et en trouvent de nouveaux, même pendant une
récession. Les licenciements massifs associés aux délocalisations ne sont pas différents
économiquement, ils sont simplement plus visibles, et, partant, sont davantage la
cible des hommes politiques démagogues, particulièrement pendant une récession.
Il ne faut pas pour autant ignorer le malaise des travailleurs,
quelle qu’en soit la cause. Le processus d’ajustement associé à l’externalisation
peut être douloureux. Ce n’est jamais facile pour les individus de trouver de nouvelles
opportunités d’emploi, d’autant plus que dans ce cas un grand nombre de travailleurs
se retrouvent sur le marché du travail et cherchent un emploi au même moment. Les
coûts de réajustement sont particulièrement élevés pour les gens avec des obligations
familiales et des attaches locales fortes. Les ménages surendettés rencontrent également
des difficultés pour migrer. Se former à un nouveau métier est particulièrement
difficile pour les personnes d’un certain âge. Les histoires tragiques abondent,
et les hommes politiques les utilisent avec talent pour faire passer des lois et
des programmes visant à interrompre le processus du marché dans le but de « sauver
des emplois nationaux ».
Mais le changement économique ne se produit pas pour rien ! Sur
un marché libre, lorsqu’une stratégie d’externalisation devient viable, les forces
du marché indiquent aux entrepreneurs, aux travailleurs, aux propriétaires des ressources,
que les vieilles méthodes de production, les anciens emplacements, les vieilles
habitudes, ne sont plus d’actualité. De meilleures méthodes sont disponibles désormais.
Pour le bien de l’humanité, pour profiter des plus grandes opportunités mondiales,
il faut réorganiser la production. Beaucoup de gens sont désormais capables de produire
à un moindre coût ailleurs ce que les gens produisaient ici. Cela signifie que les
travailleurs locaux doivent trouver une autre occupation, se déplacer de région,
se diriger vers une autre industrie, mettre à jour leurs compétences etc.
Les échanges
Bien sûr, le marché n’est pas une personne et n’a pas d’objectif
à proprement parler. Lorsque nous parlons du marché, nous nous référons à une forme
d’organisation des échanges, de la production, de la spécialisation, qui relie d’innombrables
individus à travers le monde. Pourtant l’intuition centrale de la science économique
est que, lorsque les gens poursuivent leur intérêt propre, les « forces du marché
» font en sorte que la valeur de ce qui est produit à travers l’espace du marché
(ici, le monde) est maximisée. Les échanges internationaux sont centraux et font
partie intégrante de ce processus de marché. On appelle délocalisation le fait que
des grandes entreprises réorganisent certains processus de production au-delà des
frontières nationales arbitrairement définies. Le terme évoque le personnage de
Gordon Gekko, l’avide banquier du film Wall Street, ou de dirigeants d’entreprise
véreux dans une salle de conférence, riant des profits énormes qu’ils pourraient
réaliser en transférant leur production de gadgets de Chicago à Shanghai.
Mais en réalité, le progrès économique s’accompagne toujours
de délocalisations. Nous « délocalisons » tous constamment ! Quand le client d’un
supermarché préfère une bière allemande ou un café colombien à un produit national,
peu de gens l’accusent de délocaliser (mis à part les militants « localistes »).
Pourtant le consommateur s’engage dans un échange impliquant une production lointaine.
N’est-ce pas un acte de délocalisation quand j’achète un livre en ligne en provenance
de Boston, ou un costume en provenance de Seattle ? La délocalisation est partout
!
Pour comprendre l’importance de la délocalisation, considérez
un monde où cette stratégie serait absente. Dans ce monde, tout – je dis bien tout
! - ce que vous utilisez doit être acquis dans une zone proche de l’endroit où vous
vivez. Comme l’économiste Russ Roberts l’a souligné, nous avons déjà tenté l’expérience
: cela s’appelait le Moyen Âge, et la vie y était « désagréable, brutale et brève
». Les progrès économiques des siècles récents ont été accompagnés d’une délocalisation,
d’une externalisation croissante de l’activité, ce qu’Adam Smith appelait l’élargissement
de la « division du travail », et David Ricardo « l’avantage comparatif ». Nous
avons « délocalisé » la plupart de notre production de nourriture, du champ derrière
notre cabane vers la grande ferme industrielle qui utilise un outillage sophistiqué,
l’ingénierie génétique et les procédés chimiques, eux-mêmes dépendants d’un processus
de production hautement spécialisé, délocalisé à travers le monde.
Nous avons délocalisé notre production de vêtements, abandonnant
le métier à tisser familial au profit de l’industrie textile, qui elle-même a connu
une délocalisation du nord de l’Angleterre vers la Nouvelle Angleterre, puis vers
le sud des Etats-Unis, et désormais vers l’Asie. Nous avons délocalisé la production
de loisir, abandonnant le troubadour du village au profit des grands studios d’enregistrement
et désormais, grâce à Internet, au profit de multiples spécialistes à travers le
monde.
La croissance de la productivité
La liste pourrait être étendue infiniment. Tout au long del’histoire,
la croissance de la délocalisation s’est traduite par une croissance de la productivité,
une croissance des opportunités et des accomplissements humains, une croissance
du niveau de vie. Ce n’est pas une coïncidence. La science économique montre que
la délocalisation n’est pas un fléau pour la santé économique d’un pays : c’est
un composant indispensable du progrès économique.
La science économique souligne que le problème central est la
rareté, et non la délocalisation, qui est au contraire (une partie) de la solution.
Les hommes politiques et toutes les personnes favorables au progrès économique,
devraient réfléchir à des politiques qui permettraient aux entrepreneurs, aux travailleurs,
et aux propriétaires des ressources de mieux s’insérer dans l’économie mondiale,
qui, fort heureusement, est de plus en plus interconnectée.
Tyler Watts, le 29 août 2012 - Tyler Watts est professeur assistant
d’économie à l’Université d’état de Ball. Cet article est une version de l’article
original paru sur www.TheFreemanOnline.org.
La réflexion du jour
La Ville a la fâcheuse habitude de découper ses hausses en rondelles, comme si c'était un saucisson, et de les présenter en pièces détachées. Elle se vante de limiter ses hausses au niveau de l'inflation, mais c'est de la rhétorique. Pour le contribuable, ces contorsions ne changent rien.--- Michelle Ouimet
Le chiffre du jour : 3,4 %
Le premier réflexe est de dire: «Pas encore!» Puis, vient la résignation, le grand soupir du contribuable.
À Montréal, les taxes vont augmenter de 2,2% en 2013. L'inflation. Raisonnable. Mais, à ce chiffre, il faut ajouter 1,2% pour la taxe d'eau. Total: 3,4%. Au-delà de l'inflation.
À Montréal, les taxes vont augmenter de 2,2% en 2013. L'inflation. Raisonnable. Mais, à ce chiffre, il faut ajouter 1,2% pour la taxe d'eau. Total: 3,4%. Au-delà de l'inflation.
16 septembre, 2012
La réflexion du jour
La loi de la majorité n'est pas le meilleur outil pour juger du bien-fondé de mesures fiscales qui visent les plus riches. La fiscalité, c'est complexe, ce n'est jamais neutre, ça peut avoir des effets pervers, et cela modifie les comportements, parfois d'une mauvaise façon. Et ces impacts n'ont manifestement pas été soupesés.--- Alain Dubuc
Le chiffre du jour : 135 000 c. 3 millions
Il n'y a pas vraiment eu de débat sur ces mesures pendant la campagne. Ce silence s'explique aisément par l'arithmétique électorale. Les «riches» qui sont visés par ces mesures, ceux dont le revenu imposable dépasse l30 000$, ne sont que 135 000. De l'autre côté, 3 millions d'électeurs ne paient pas un sou d'impôt. Un autre million n'en paie à peu près pas. Et on leur demande ce qu'ils pensent de l'idée de faire payer les riches! La réponse est évidente.
15 septembre, 2012
La réflexion du jour
Au Québec, nous sommes les champions des subventions aux entreprises. Nous donnons deux fois plus qu’en Ontario, même si nous avons moins d’entreprises. Pourtant la littérature économique émet depuis longtemps de sérieux doutes sur l’efficacité de cette politique. Autant pour la croissance économique que pour la création d’emplois.--- David Descôteaux
Le chiffre du jour : 13,7 G$
L’Institut Fraser, de Vancouver, a calculé qu’Industrie Canada a versé 13,7 G$ en subventions à des entreprises depuis 1982. Dans les secteurs de l’aéronautique, de l’automobile et de la foresterie, notamment. Or près de la moitié (6,3 G$) de cette somme a été versée « sans attente de remboursement ».
14 septembre, 2012
L’incertitude a un coût
L’élection d’un gouvernement péquiste minoritaire a
introduit un nouvel élément d’incertitude dans l’environnement économique
québécois. Après une courte pose, les partis seront à nouveau en campagne électorale.
Ils y resteront jusqu’à la prochaine élection dans 6, 12 ou 18 mois. Dans ce
contexte, les priorités des partis viseront à mousser leur image en vue d’une
prochaine campagne au détriment de la bonne gestion du gouvernement. Plus
particulièrement, les priorités du PQ iront aux questions linguistiques et
identitaires au détriment des questions économiques.
Mais il y a plus. La plateforme électorale du PQ et le
discours de Mme Marois depuis son élection, amplifient le sentiment d’incertitude :
glissement à gauche, interventionnisme économique à des fins identitaires, faiblesse
de l’équipe en matière d’économie, promesses de dépenses non financées, gel des
tarifs, promesse de changer les règles du jeu en matière de redevances minières,
etc. Dans un tel contexte, il sera impossible de maintenir l’engagement du
déficit zéro ce qui risque d’attirer l’attention des agences de notation.
Le monde de la finance est particulièrement allergique aux
incertitudes économiques et sociales. Qui dit incertitude, dit risque. Or, le
risque comporte un coût qui se mesure par des taux d’intérêt plus élevés. Comme
le montre le graphique ci-joint, l’écart des taux obligataires (30 ans) entre
le Québec et l’Ontario a augmenté de près de 0,1 % dû aux incertitudes
inhérentes d’une campagne électorale. Cet écart risque de croître si le PQ
persiste à implanter des politiques publiques nuisibles au développement
économique du Québec.
Compte tenu du niveau astronomique de la dette (253 G$), un
écart de seulement 0,1 % des taux obligataires représente une facture annuelle
de 253 M$ en intérêt.
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