On ne le répétera jamais assez, contrairement aux
affirmations de la gauche, la délocalisation est bénéfique à l’économie et à la
création de richesses.
_______________
Tyler Watts, 29 août 2012
En période d’élections la controverse sur les délocalisations
fait rage. Beaucoup d’électeurs croient que les entreprises qui délocalisent leur
production, sont, d’une manière ou d’une autre, responsables de pertes nettes d’emplois
dans le pays. En réalité, les délocalisations sont loin d’être à l’origine des difficultés
économiques. Elles sont consubstantielles à toute économie de marché développée.
La délocalisation, en un sens, est à la source de toute richesse.
Pour démasquer les idées fausses qui entourent cette controverse,
commençons par une définition. Délocaliser
signifie « embaucher des travailleurs étrangers, plutôt que des travailleurs nationaux,
pour réaliser une tâche particulière ». Pourquoi un entrepreneur adopterait-il cette
stratégie ? Il devrait être assez évident que le travail étranger coûte moins cher
(cet état de fait peut être spontané ou peut résulter de l’intervention de l’Etat.)
Cette externalisation permet donc à l’entreprise de vendre ses
produits à des prix plus faibles et à ses actionnaires de toucher des profits plus
élevés. Cela indique que l’entreprise crée plus de valeur avec la même quantité
de ressources. Pour défendre une stratégie de délocalisation, un dirigeant d’entreprise
pourrait s’exprimer de la façon suivante : « c’est économiquement bénéfique pour
nos clients et nos actionnaires. »
Qu’en est-il du sort des travailleurs ? Les médias sont obnubilés
par un aspect particulier du phénomène, les « délocalisations d’emplois nationaux
à l’étranger ». Même s’ils reconnaissent les gains pour les consommateurs (des prix
plus faibles) et pour les actionnaires (des profits plus élevés), nombre de commentateurs
prétendent que ces gains sont compensés par des pertes d’emplois nationaux.
Rotation des emplois
Tout d’abord, il faut reconnaître que, dans une société libre,
les travailleurs n’ont aucun droit à conserver leur emploi. La plupart des emplois
sont des arrangements contractuels qui peuvent être rompus par la volonté des parties,
à n’importe quel moment et pour n’importe quelle raison. Les travailleurs perdent
leurs emplois, pour diverses raisons, et en trouvent de nouveaux, même pendant une
récession. Les licenciements massifs associés aux délocalisations ne sont pas différents
économiquement, ils sont simplement plus visibles, et, partant, sont davantage la
cible des hommes politiques démagogues, particulièrement pendant une récession.
Il ne faut pas pour autant ignorer le malaise des travailleurs,
quelle qu’en soit la cause. Le processus d’ajustement associé à l’externalisation
peut être douloureux. Ce n’est jamais facile pour les individus de trouver de nouvelles
opportunités d’emploi, d’autant plus que dans ce cas un grand nombre de travailleurs
se retrouvent sur le marché du travail et cherchent un emploi au même moment. Les
coûts de réajustement sont particulièrement élevés pour les gens avec des obligations
familiales et des attaches locales fortes. Les ménages surendettés rencontrent également
des difficultés pour migrer. Se former à un nouveau métier est particulièrement
difficile pour les personnes d’un certain âge. Les histoires tragiques abondent,
et les hommes politiques les utilisent avec talent pour faire passer des lois et
des programmes visant à interrompre le processus du marché dans le but de « sauver
des emplois nationaux ».
Mais le changement économique ne se produit pas pour rien ! Sur
un marché libre, lorsqu’une stratégie d’externalisation devient viable, les forces
du marché indiquent aux entrepreneurs, aux travailleurs, aux propriétaires des ressources,
que les vieilles méthodes de production, les anciens emplacements, les vieilles
habitudes, ne sont plus d’actualité. De meilleures méthodes sont disponibles désormais.
Pour le bien de l’humanité, pour profiter des plus grandes opportunités mondiales,
il faut réorganiser la production. Beaucoup de gens sont désormais capables de produire
à un moindre coût ailleurs ce que les gens produisaient ici. Cela signifie que les
travailleurs locaux doivent trouver une autre occupation, se déplacer de région,
se diriger vers une autre industrie, mettre à jour leurs compétences etc.
Les échanges
Bien sûr, le marché n’est pas une personne et n’a pas d’objectif
à proprement parler. Lorsque nous parlons du marché, nous nous référons à une forme
d’organisation des échanges, de la production, de la spécialisation, qui relie d’innombrables
individus à travers le monde. Pourtant l’intuition centrale de la science économique
est que, lorsque les gens poursuivent leur intérêt propre, les « forces du marché
» font en sorte que la valeur de ce qui est produit à travers l’espace du marché
(ici, le monde) est maximisée. Les échanges internationaux sont centraux et font
partie intégrante de ce processus de marché. On appelle délocalisation le fait que
des grandes entreprises réorganisent certains processus de production au-delà des
frontières nationales arbitrairement définies. Le terme évoque le personnage de
Gordon Gekko, l’avide banquier du film Wall Street, ou de dirigeants d’entreprise
véreux dans une salle de conférence, riant des profits énormes qu’ils pourraient
réaliser en transférant leur production de gadgets de Chicago à Shanghai.
Mais en réalité, le progrès économique s’accompagne toujours
de délocalisations. Nous « délocalisons » tous constamment ! Quand le client d’un
supermarché préfère une bière allemande ou un café colombien à un produit national,
peu de gens l’accusent de délocaliser (mis à part les militants « localistes »).
Pourtant le consommateur s’engage dans un échange impliquant une production lointaine.
N’est-ce pas un acte de délocalisation quand j’achète un livre en ligne en provenance
de Boston, ou un costume en provenance de Seattle ? La délocalisation est partout
!
Pour comprendre l’importance de la délocalisation, considérez
un monde où cette stratégie serait absente. Dans ce monde, tout – je dis bien tout
! - ce que vous utilisez doit être acquis dans une zone proche de l’endroit où vous
vivez. Comme l’économiste Russ Roberts l’a souligné, nous avons déjà tenté l’expérience
: cela s’appelait le Moyen Âge, et la vie y était « désagréable, brutale et brève
». Les progrès économiques des siècles récents ont été accompagnés d’une délocalisation,
d’une externalisation croissante de l’activité, ce qu’Adam Smith appelait l’élargissement
de la « division du travail », et David Ricardo « l’avantage comparatif ». Nous
avons « délocalisé » la plupart de notre production de nourriture, du champ derrière
notre cabane vers la grande ferme industrielle qui utilise un outillage sophistiqué,
l’ingénierie génétique et les procédés chimiques, eux-mêmes dépendants d’un processus
de production hautement spécialisé, délocalisé à travers le monde.
Nous avons délocalisé notre production de vêtements, abandonnant
le métier à tisser familial au profit de l’industrie textile, qui elle-même a connu
une délocalisation du nord de l’Angleterre vers la Nouvelle Angleterre, puis vers
le sud des Etats-Unis, et désormais vers l’Asie. Nous avons délocalisé la production
de loisir, abandonnant le troubadour du village au profit des grands studios d’enregistrement
et désormais, grâce à Internet, au profit de multiples spécialistes à travers le
monde.
La croissance de la productivité
La liste pourrait être étendue infiniment. Tout au long del’histoire,
la croissance de la délocalisation s’est traduite par une croissance de la productivité,
une croissance des opportunités et des accomplissements humains, une croissance
du niveau de vie. Ce n’est pas une coïncidence. La science économique montre que
la délocalisation n’est pas un fléau pour la santé économique d’un pays : c’est
un composant indispensable du progrès économique.
La science économique souligne que le problème central est la
rareté, et non la délocalisation, qui est au contraire (une partie) de la solution.
Les hommes politiques et toutes les personnes favorables au progrès économique,
devraient réfléchir à des politiques qui permettraient aux entrepreneurs, aux travailleurs,
et aux propriétaires des ressources de mieux s’insérer dans l’économie mondiale,
qui, fort heureusement, est de plus en plus interconnectée.
Tyler Watts, le 29 août 2012 - Tyler Watts est professeur assistant
d’économie à l’Université d’état de Ball. Cet article est une version de l’article
original paru sur www.TheFreemanOnline.org.
Aucun commentaire:
Publier un commentaire