Revue de
livre par minarchiste
“Abundance”, par Steven Kotler et Peter H. Diamandis.
Peter Diamandis est le PDG de la X PRIZE Foundation, le
cofondateur de la Singularity University et le fondateur de plus d’une douzaine
d’entreprises de technologie. Il est diplômé en biologie moléculaire (MIT), en
ingénierie aérospatiale (MIT) et en médicine (Harvard).
Ce livre est une réponse savante et puissante aux
« malthusiens » de ce monde (voir ceci);
qui croient que l’humain manquera bientôt de ressources sur la terre et que,
pour cette raison, nous devons réduire notre niveau de vie pour les préserver.
Ces gens sous-estiment grandement le génie humain et son potentiel
d’innovation. Diamandis utilise l’exemple de l’aluminium, un métal si utile,
présent en grande quantité dans la croute terrestre, mais jadis si difficile à
produire, jusqu’à ce qu’en 1886 les chimistes Charles Martin Hall et Paul
Héroult eurent inventé le procédé d’électrolyse qui permet maintenant d’en
produire de grandes quantités à un coût très abordable. L’histoire est remplie
d’exemple de ressources rares, rendues abondante par l’innovation
technologique. Pour un homme qui ne peut atteindre que la première branche d’un
oranger, les oranges sont une ressources plutôt rare, mais lorsque celui-ci
invente une échelle, les oranges deviennent alors abondantes.
L’innovation technologique, le fer de lance de Diamandis, a
fait des miracles pour l’humanité. Aujourd’hui, un guerrier Masai qui dispose
d’un simple téléphone cellulaire a accès à une capacité de téléphonie mobile
supérieure à celle du président des États-Unis il y a à peine 25 ans. Pourtant,
beaucoup de gens n’ont toujours pas accès à certains des avancements les plus
essentiels de l’humanité.
Présentement, un milliard de personnes n’ont pas accès à de
l’eau potable et 2.6 milliard n’ont pas accès à des installations sanitaires de
base. Conséquemment, environ la moitié des hospitalisations dans le monde sont
dues à des intoxications par de l’eau contaminée. La diarrhée cause 4.1% des
maladies globalement, tuant 1.8 million d’enfants par année. L’autre problème
pour les pays pauvres est que, vu le manque d’accès à l’eau potable et à
l’électricité, les enfants doivent passer leurs journées à colporter de l’eau
et à ramasser du bois plutôt que d’aller à l’école, tout comme leur mère qui ne
peut pas travailler en raison de ces obligations. Selon un rapport de l’OMS,
36% des infections respiratoires, 22% des maladies pulmonaires chroniques et
1.5% des cancers (donc environ 4% des maladies) sont causés par la pollution de
l’air à l’intérieur des maisons résultant de l’utilisation du bois et des
matières fécales comme carburant pour le chauffage et la cuisson des aliments.
Pour Diamandis, ces problèmes pourraient être facilement réglés par la
technologie, pour aider les habitants des pays pauvre (qu’il appelle le
« rising billion ») à atteindre la prospérité.
Pour beaucoup, la « surpopulation » est un grave
problème dans les pays pauvres. En fait, c’est plutôt la mortalité infantile
qui est le vrai problème. Dans ces pays où les régimes de retraite et les
filets sociaux sont sous-développés, ce sont les enfants qui prennent soin de
leur parent lorsqu’ils vieillissent. Dans un endroit où beaucoup d’enfants
meurent, il est donc logique que ces gens fassent beaucoup d’enfants pour
s’assurer qu’il y en ait au moins un ou deux qui survivent jusqu’à l’âge
adulte, pour qu’ils s’occupent éventuellement d’eux durant leurs vieux jours.
Ainsi, en réduisant la mortalité infantile, on réussirait à réduire la
« surpopulation ». L’urbanisation et l’industrialisation sont
d’autres manières de réduire l’ampleur de la « surpopulation ». La
principale occupation des habitants ruraux des pays en développement est
l’agriculture. Dans ces pays, cette pratique est plus manuelle et nécessite beaucoup
de main d’œuvre, de préférence des garçons. Ces pourquoi ces familles font
beaucoup d’enfants; pour s’assurer d’avoir au moins trois garçon pour
travailler sur la ferme et nourrir la famille.
Diamandis consacre ensuite un chapitre à expliquer pourquoi
les gens sont si pessimistes à propos du futur de l’humanité. S’appuyant sur
des recherches faîtes sur le cerveau, l’auteur décrit pourquoi nous sommes si
sensible aux mauvaises nouvelles et pourquoi nous accordons tant d’importance
aux prophètes de malheur.
L’une technologies encensées par Diamandis sont les OGMs. Il
ridiculise ceux qui s’y oppose en mentionnant que l’agriculture traditionnelle
n’est pas plus naturelle. Toutes les plantes cultivées sont, par construction,
modifiées génétiquement. Ce sont des mutants capable de produire des aliments
en quantités et qualités impossible à trouver dans la nature. Par ailleurs, ces
plantes ont absolument besoin de l’intervention humaine pour exister et
survivre. Les carottes oranges que nous connaissons aujourd’hui descendent
toutes d’un mutant découvert en Hollande au 16e siècle. Le blé que nous
consommons actuellement est une combinaisons de trois herbes sauvages; le blé
n’existe pas et n’a jamais existé à l’état sauvage. Pour lui, le train des OGMs
a quitté la station, il est trop tard pour reculer; et suite à l’augmentation
vertigineuse de la production d’OGMs, les risques scandés par les
environnementalistes ne se sont pas manifestés.
L’un des chapitres intéressants porte sur la
dématérialisation et ce qu’elle peut faire pour réduire notre « empreinte
écologique » tout en améliorant notre niveau de vie. De nos jours, un
simple iPhone contient un téléphone cellulaire, un GPS, une console de jeux
vidéos, un lecteur audio de bonne qualité, un ordinateur personnel, un appareil
photo, une caméra vidéo, un agenda électronique, un téléviseur, un
réveil-matin, une calculatrice et plusieurs autres fonctions. En 1985, ces
appareils auraient pris beaucoup de place, leur fabrication aurait consommé
beaucoup de matériaux et d’énergie et le tout aurait coûté plus de $10,000
(ajusté pour l’inflation).
Au fil du livre, Diamandis dresse un portrait large de
diverses technologies qui sont présentement en développement et qui pourraient
grandement améliorer le sort de l’humanité, que ce soit au niveau de l’énergie,
des transports ou de l’alimentation, et lesquelles contribueron à nous faire
progresser vers l’abondance (d’où le titre du livre).
Concernant l’éducation, l’auteur critique le modèle actuel
basé sur la mémorisation de faits. Ce système qui a émergé lors de la
révolution industrielle est désuet et néglige de développer la créativité, la
collaboration, l’esprit critique et la résolution de problèmes. Selon
Diamandis, des études démontrent que les jeux surperforment les livres de
référence à aider les étudiants à apprendre des sujets factuels tels que la
géographie, l’histoire, la physique et l’anatomie. À cet égard, l’amélioration
de l’informatique, le développement de l’intelligence artificielle, le
développement de l’internet sans-fil et la commercialisation de
« tablettes » peu coûteuses pourraient permettre d’offrir une
éducation presque gratuite, de haute qualité et personnalisée à n’importe qui,
n’importe où et n’importe quand (notamment au « rising billion »).
Dans la dernière section du livre, Diamandis discute du
cheminement qui l’a mené à fonder la X Prize Foundation.
Selon lui, cela fait plus de 300 ans que les concours contribuent à accélérer
le progrès technologique. Il relate notamment l’histoire de Charles Lindbergh,
qui avait entrepris sa fameuse traversée New York-Paris pour remporter le prix
Orteig de $25,000 après que 6 aviateurs eurent perdu la vie pour tenter
d’obtenir le prix. Cet exploit fut un véritable catalyseur pour le
développement de l’aviation.
S’il y a une chose que l’innovation requière, c’est une
forte tolérance au risque. Les meilleures inventions résultent d’une idée qui
apparaît d’abord comme insensée; comme une brisure avec ce qui s’est fait
auparavant. Ce sont souvent des paris très risqués. Ainsi, un système
économique qui ne rémunère pas suffisamment la prise de risque (ou même qui la
pénalise) et qui privilégie les experts du moment au détriment des innovateurs
de demain est voué à la stagnation; on pense ici à la planification centrale
communiste. Diamandis néglige d’approfondir ce point, c’est-à-dire de
l’importance des institutions politiques dans le développement technologique.
Il ne fait aucun doute que les systèmes orientés vers le libre-marché sont bien
plus innovateurs que ceux basés sur la planification centrale étatique. Les
gouvernements peuvent grandement nuire à l’innovation technologique lorsqu’ils
font eux-mêmes le choix des technologies ou entreprises gagnantes, comme c’est
si souvent le cas.
Ce livre est bien intéressant pour quiconque veut se
renseigner sur les nouvelles technologies les plus prometteuses, qui nous
permettront de continuer à augmenter notre niveau de vie de manière durable
dans le futur. Et l’optimisme de l’auteur vous aidera certainement à adopter
une vision plus positive de l’avenir. Si Diamandis a raison, les disciplines de
Malthus continueront de perdre lamentablement la face…
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