Chaque Québécois doit plus de 34 000 $ au provincial seulement

Vaut mieux en rire!

Avant de couper des centaines de millions dans les services, est-ce qu’on peut avoir les services ? - Michel Beaudry

22 novembre, 2008

Économie n’est pas synonyme de subvention

La présente campagne électorale a été lancée sous prétexte qu’il fallait avoir un débat sur l’économie. Toutefois, depuis le début de la campagne on nous promet des subventions comme si l’argent poussait dans les arbres et on nous prépare mentalement à accepter le retour des déficits pour payer l’épicerie. Aucun des chefs de parti aborde les vraies questions économiques : la croissance anémique du PIB, le faible taux de productivité, le faible taux d’investissement privé, etc.

Le Québec n’est pas exactement ce que l’on peut appeler un paradis pour les principaux créateurs de richesse économique, les entrepreneurs et les investisseurs.

Le Québec possède l’une des économies les moins dynamiques de l’Amérique du Nord. Il se classe bon dernier au Canada et 54e en Amérique du Nord dans le domaine de la création de nouvelles entreprises.

Ce manque de dynamisme découle d’un environnement économique étouffé par une montagne de règlements, des lois du travail dépassées et un interventionnisme d’état d’une autre époque.

En guise de solution les trois partis nous promettent plus d’interventionnisme et plus de dette.

Pourtant, il suffirait de se donner quelques objectifs pertinents (voir le texte de Marcel Boyer et M. Irvine ci-après) pour mettre le Québec sur la voie de la guérison. Malheureusement, cela semble un défi au-dessus des forces de nos partis politiques.
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Marcel Boyer

M. Boyer est vice-président et économiste en chef à l'Institut économique de Montréal ainsi que professeur titulaire de la chaire Bell Canada en économie industrielle à l'Université de Montréal; M. Irvine est professeur d'économie à l'Université Concordia et chercheur associé à l'Institut économique de Montréal.

Les politiciens ont trop souvent tendance à tomber dans le piège de concevoir un «plan grandiose» d'interventions directes dans l'économie. En période d'incertitude à court terme, il est essentiel de ne pas perdre de vue les objectifs à long terme. L'ingénierie sociale et économique est toutefois un domaine dangereux: pour établir une bonne politique, il faut d'abord dégager les vrais enjeux et reconnaître ce qui est faisable et ce qui ne l'est pas.

Le Québec n'a pas le pouvoir de contrôler efficacement un cycle économique avec des politiques de stimulation de la demande. De toute façon, on ne ressentirait leurs effets présumés que dans plusieurs mois et de telles mesures pourraient simplement accroître la demande pour des biens et services produits aux États-Unis, en Chine ou dans le reste du Canada, notre économie étant fortement ouverte sur l'extérieur. N'oublions pas que les deux tiers de ce que les Québécois achètent proviennent directement ou indirectement de l'extérieur de la province et près de trois emplois sur cinq dépendent des marchés extérieurs.

Aucun des principaux problèmes économiques actuels dont on fait état ci-dessous ne sera résolu par une stimulation de la demande globale. Notre faible performance découle plutôt d'institutions défaillantes en santé, en éducation, en développement énergétique, en développement et maintien des infrastructures, entre autres, chargées de bonnes intentions aux conséquences défavorables à la création de richesse. Les objectifs que nous proposons témoignent des défis à relever. Aux partis politiques de nous dire comment ils s'y prendront pour les atteindre.

Des objectifs
  • Objectif no 1: Atteindre le taux d'emploi canadien moyen d'ici cinq ans. Le Québec devra créer 210 000 emplois supplémentaires, en plus de ceux qui seraient créés selon la tendance actuelle (65 500 emplois par année en moyenne depuis 2000).
  • Objectif no 2: Atteindre le PIB canadien moyen par habitant d'ici 15 ans (combler le tiers d'ici cinq ans). La différence entre le PIB par habitant au Québec et dans le reste du Canada a augmenté, en tenant compte de l'inflation, de près de 70% depuis 1981. Si le taux de croissance du reste du Canada se maintient à 1,5%, son taux de 2007, le Québec aura besoin d'une croissance annuelle de 2,9% pour atteindre l'objectif ci-dessus: un grand défi!
  • Objectif no 3: Réduire les paiements de péréquation de 1,2 milliard de dollars par an pour les éliminer d'ici sept ans. Pour y arriver, il faut imaginer des politiques et mécanismes plus efficaces pour développer le potentiel du Québec et quitter le groupe des provinces pauvres.
  • Objectif no 4: Combler l'écart d'investissements privés avec le reste du Canada d'ici cinq ans. Au cours des cinq dernières années, l'écart moyen dans le pourcentage des investissements privés dans le PIB a été de 2,9 points, ce qui représente en 2007 un déficit d'investissements privés de 7,7 milliards.

Souhaitons que l'enchère ascendante de propositions de dépenses observée depuis le début de la campagne fasse place à des propositions plus responsables répondant aux véritables défis auxquels le Québec fait face.

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