Chaque Québécois doit plus de 34 000 $ au provincial seulement

Vaut mieux en rire!

Avant de couper des centaines de millions dans les services, est-ce qu’on peut avoir les services ? - Michel Beaudry

06 octobre, 2022

De l’importance de la croissance économique

 Par Michel Kelly-Gagnon.

Le 2 septembre dernier, les représentants des grandes centrales syndicales affirmaient, au cours d’une conférence de presse, que les baisses d’impôt promises par les candidats à l’élection provinciale étaient « une promesse irresponsable, une solution facile et une fausse bonne idée, alors que les services publics ont besoin de soutien plus que jamais. »

Ce narratif, qui oppose les baisses d’impôts à une meilleure qualité des services publics (comme si les deux étaient impossibles), est constamment repris par nombre de chroniqueurs et d’intervenants dans les médias.

Il s’agit pourtant d’un faux dilemme. L’un et l’autre ne sont absolument pas contradictoires si nous adoptons des politiques publiques stimulant davantage la création de richesse. Et oui, nous pourrions avoir plus de dépenses en santé et en éducation et des impôts moins élevés, si nous avions davantage de croissance économique.

Imaginez le scénario suivant : si, par exemple, de 1981 à 2020, le Québec avait généré un taux de croissance économique 1 % supérieur au taux réel lors de toute et chacune de ces 39 années, et bien notre province serait aujourd’hui beaucoup plus riche que l’Ontario. En effet, notre PIB par habitant serait aujourd’hui de 66 000 $[1] contre 58 800 $ pour nos voisins ontariens! De même, si nos politiques publiques avaient suscitées un point de pourcentage de croissance de plus pendant ces 39 années, le Québec serait plus riche que des États américains comme l’Arizona, le Nouveau-Mexique ou la Floride. En fait, nous aurions un PIB par habitant comparable à l’Allemagne!

Tous en profiteraient, riches comme pauvres. Tout ça parce que les gouvernements successifs auraient mis en place des conditions plus propices à la création de richesse.

La « croissance économique » n’est pas qu’un concept abstrait, il s’agit de quelque chose de bien réel qui a un impact spectaculaire sur notre niveau de vie. Et une augmentation, même perçue comme étant « petite », peut faire une énorme différence sur le long terme. (D’ailleurs, les tenants de la « décroissance », qu’on entend ici et là, devraient sérieusement réfléchir aux conséquences de leur lubie.)

Les experts en finances personnelles connaissent bien la puissance de l’intérêt composé lorsqu’il est question de faire fructifier l’épargne d’un individu. Mais cette « magie » peut également opérer sur le plan collectif, si le Québec connaissait davantage de croissance économique, notamment grâce à plus de liberté économique.

Cela voudrait dire moins d’impôts à payer pour les citoyens, et ce tout en capable d’investir davantage dans nos écoles, nos hôpitaux et l’ensemble de nos infrastructures. Le beurre et l’argent du beurre, quoi! Notons au passage un fait essentiel : ces investissements publics additionnels seraient bien plus efficaces s’ils étaient par ailleurs effectués dans un contexte de mise en concurrence des fournisseurs publics, comme c’est notamment le cas en Suède.

Mais la croissance économique n’arrive pas par magie. Pour la stimuler, les politiciens – dont les candidats qui font campagne en ce moment – doivent miser sur trois « moteurs fondamentaux » :

  • La protection de la propriété privée et la garantie, par les institutions et autorités en place, que celle-ci ne sera pas spoliée de façon excessive ou arbitraire. Et ce, de façon à ce que les travailleurs aient intérêt à travailler, que les épargnants et investisseurs sentent qu’ils peuvent conserver de façon sécuritaire et motivante leurs capitaux, et que les entrepreneurs sachent qu’il vaut la peine de prendre des risques et de tenter de bâtir une organisation pour le long terme.
  • Un environnement sain et stimulant pour les innovateurs. Quand une société favorise et valorise l’innovation tous azimuts, qu’elle soit sociale, économique, technique ou managériale, nous en bénéficions tous.
  • Un système d’éducation de qualité, bien financé, qui favorise d’une part le libre choix des parents et des étudiants puis, d’autre part, la concurrence entre les institutions d’enseignement. Une main-d’œuvre éduquée, compétente et dotée d’une bonne capacité d’adaptation face aux aléas de la vie économique est forcément un des piliers de la croissance économique.

Il est temps de remettre les pendules à l’heure. Opposer des baisses d’impôts (ou toute autre forme d’allègement fiscal) à une meilleure qualité des services publics est un faux dilemme. Nous pouvons nous « payer » les deux, et encore plus, si nous faisons de la croissance économique une priorité. Ou, comme certains aiment dire, un « choix de société ».

Michel Kelly-Gagnon est président et directeur général de l’IEDM. Il signe ce texte à titre personnel.

Note

  1. Pour obtenir ce résultat, nous avons calculez le taux de croissance du PIB par habitant, et nous avons ajouté 1% à ce dernier. Nous avons ensuite projeté le nouveau PIB par habitant avec ce nouveau taux. Pour les données voir : Statistique Canada, tableaux 17-10-0005-01 et 36-10-0222-01.

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