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15 septembre, 2022

5 idées reçues sur le capitalisme

 Par Élie Blanc.

En France, le capitalisme n’a pas bonne presse. S’il est aisé de trouver des dizaines d’articles expliquant comment il détruit l’environnement ou comment il enrichit sans cesse les plus riches, il est plus difficile d’en trouver qui expliquent comment il a sorti l’Occident (et maintenant une partie de l’Orient) de la misère agricole et permis une progression des niveaux de vie absolument inédite dans l’histoire de l’humanité.

Une partie de ces critiques provient d’une mauvaise compréhension de ce qu’est le capitalisme, qui est assimilé à la recherche maladive de profits, alors qu’il n’est rien de plus qu’un système économique qui respecte la propriété privée et le libre-échange. Le capitalisme ne condamne donc pas par principe la recherche de profit mais il ne l’érige pas non plus en objectif à poursuivre.

Le capitalisme n’est en rien une forme de pouvoir invisible qui s’exercerait sur les individus pour les pousser à agir de manière toujours plus avide et égoïste, ce n’est qu’un système économique qui respecte les libertés et les droits naturels de l’individu.

Partant de cette définition je vous propose de revenir sur quelques reproches qu’on lui fait généralement pour montrer pourquoi ces critiques sont à discutables.

 

Le capitalisme détruirait l’environnement

L’hypothèse qui sous-tend cette idée que le capitalisme détruirait l’environnement est que celui-ci a marqué une rupture avec un passé dans lequel nous vivions en parfaite harmonie avec la nature.

Pourtant, comme l’a montré par exemple Ferghane Azihari dans son dernier ouvrage, cette représentation du passé est très largement idéalisée. Les problèmes environnementaux et de gestion des ressources se posaient au moins autant avant la Révolution industrielle que de nos jours.

Les historiens estiment d’ailleurs que si la Révolution industrielle a débuté en Angleterre et non en France (pourtant a priori en avance sur son voisin d’outre-Manche), c’est parce que le bois commençait à manquer chez nos amis anglais. Cette pénurie les a incités à trouver une autre source d’énergie, et ils se sont aperçus que le charbon constituait une bien meilleure alternative. Ainsi, le capitalisme n’est pas la cause de la surexploitation des ressources naturelles, il est en fait la solution la plus efficace à un problème ayant toujours existé.

En effet, le capitalisme constitue un progrès considérable en cela que le respect de la propriété privée permet une gestion bien plus durable des ressources. Aristote notait déjà que ce qui appartient à tout le monde faisait l’objet de peu d’attention et de précautions, alors qu’un propriétaire ou un groupe de propriétaires sont fortement incités à prendre soin de ce qui leur appartient, surtout s’ils en tirent un revenu.

C’est cette idée qui a inspiré le célèbre livre de Garett Hardin La tragédie des communs, qui montre bien que ce n’est pas l’existence, mais l’absence de droits de propriété privée qui conduit à la surexploitation des ressources naturelles. Pour prendre un exemple concret, le problème de la surpêche se pose bien parce qu’il n’y a pas de droits de propriété privée sur les zones de pêche et les stocks de poissons (ou qu’il est difficile de faire appliquer ces droits).

Notons au passage que le concept de « ressource naturelle » est parfaitement subjectif, et que c’est le capitalisme et son système de prix qui permettent de révéler les ressources qui ont de la valeur.

De manière empirique, il est aujourd’hui très difficile d’avancer que les pays les plus libéraux sont ceux qui détruisent le plus l’environnement, tant les chiffres tendent à montrer l’inverse. J’avais réalisé il y a quelques mois un graphique qui tentait de faire la synthèse entre degré de libéralisme économique et performance environnementale, et voici ce qu’il donnait :

 

 

 

De manière générale, on constate bien que plus un pays se rapproche d’un capitalisme « pur » (score élevé de liberté économique), meilleures sont ses performances environnementales.

Le capitalisme creuse les inégalités

Un reproche qui revient régulièrement concernant le capitalisme serait sa propension à enrichir les plus riches beaucoup plus rapidement que les plus pauvres (voire à les appauvrir). La difficulté avec la question des inégalités est qu’elle repose forcément sur un choix arbitraire de mesure.

Faut-il mesurer les inégalités de revenu ou de patrimoine ? Quelles tranches de la population faut-il comparer ? Sur quelle période ?

En fonction des réponses à ces questions, les conclusions peuvent être radicalement différentes. Si par exemple on choisit de retenir le coefficient de Gini, on observera qu’il y a eu une forte réduction des inégalités entre les années 1960 à 1980, puis une stabilisation après les années 1980 :

 

 

En prenant d’autres indicateurs (comme l’étude des rapports inter-déciles sur les cinquante dernières années), on pourrait montrer que les inégalités n’ont pas explosé comme on l’entend souvent, mais il est vrai qu’elles ont cessé de se réduire.

Des économistes comme Thomas Piketty affirment à l’inverse que les inégalités sont bien en train de se renforcer, et que nous serions même sur le point de voir revenir une société de rentiers comme sous l’Ancien Régime.

Pour cela, il fait des choix méthodologiques différents qui se concentrent davantage sur les inégalités de patrimoine et sur le « top 1 % » des plus riches. Mais une récente étude d’économistes met en évidence que les résultats des travaux de Piketty comportent un grand nombre d’erreurs qui l’ont amené à surestimer l’accroissement des inégalités.

Contrairement à ce qu’ils avancent, l’évolution inégalités n’a pas la forme d’un U, mais plutôt une forme relativement plate.

 

Le capitalisme, c’est la société sans solidarité

Pour beaucoup de personnes, le capitalisme n’est pas compatible avec la solidarité.

Le libre jeu du marché conduirait certains à s’enrichir énormément pendant que d’autres devraient se contenter du minimum (comme nous l’avons vu, cette idée est au minimum à nuancer) et cela justifierait que soit mis en place un système de redistribution des revenus.

Typiquement, il serait en France inconcevable de passer à un système de retraite par capitalisation car ce système est jugé égoïste là où le système par répartition est associé à l’idée de solidarité.

Cette représentation est critiquable pour au moins deux raisons.

Premièrement, parler de solidarité n’a de sens que pour décrire un acte spontané, généralement un don. Or, tous les modes de redistributions s’appuient sur la taxation, qui est collectée par la force, sans le consentement du contribuable. Il est donc beaucoup plus juste de parler de vol maquillé par de bonnes intentions pour décrire le système de redistribution par l’impôt que de solidarité.

Deuxièmement, non seulement rien dans le capitalisme ne l’oppose a priori à la solidarité. C’est même le seul système qui la rend possible. En effet, si la solidarité est un don spontané, alors on ne peut faire preuve de solidarité que dans une société qui respecte le droit de propriété, qui prouve que vous donnez bien quelque chose qui vous appartient.

Il est inévitable qu’une société libre donne naissance à des inégalités entre individus, qui peuvent subjectivement paraître trop élevées.

Comme le résumait avec élégance Soljenitsyne :

« Les hommes n’étant pas dotés des mêmes capacités, s’ils sont libres ils ne seront pas égaux, et s’ils sont égaux c’est qu’ils ne sont pas libres.»

Le capitalisme ne permet pas d’atteindre une société parfaite (en tous cas pas sur le plan de l’égalité), d’où le désir pour certains d’aller vers davantage de « justice sociale ».

Mais cette notion de justice sociale est subjective et arbitraire, et par conséquent elle ne justifie pas qu’on porte atteinte aux droits de propriété.

Par exemple, nombreux sont ceux qui pensent que les footballeurs gagnent trop d’argent, mais vous ne trouverez pas deux personnes différentes s’accordant sur le montant de la juste rémunération d’un footballeur. Dès lors, comment déterminer la juste rémunération d’une personne, si cette appréciation diffère d’une personne à l’autre ? Le système capitaliste répond à ce paradoxe, puisqu’il permet de faire l’agrégation de ces différentes considérations subjectives par le jeu du marché.

Et si le résultat du marché donne des différences de rémunérations jugées inacceptables par certains individus, ils ont toujours la possibilité d’y remédier par le don, puisque dans un système capitaliste leurs droits de propriété sont respectés.

 

Le capitalisme appauvrit les pays du tiers monde

L’idée selon laquelle le capitalisme et la mondialisation appauvriraient les pays pauvres est difficilement défendable.

Concernant la mondialisation, si l’on compare une carte présentant l’IDH des pays du monde avec une carte faisant figurer leur degré d’intégration à la mondialisation, on s’aperçoit rapidement que plus un pays est intégré à la mondialisation plus il a de chance d’avoir un IDH élevé.

À part quelques néo-marxistes, l’écrasante majorité des économistes s’accorde à dire que la mondialisation a des effets positifs sur le niveau de développement des pays qui l’intègrent. Sur le plan historique, les phases de forte croissance sont souvent précédées d’une accélération des échanges internationaux et le décollage économique des pays asiatiques coïncide avec leur entrée dans la mondialisation.

Le respect des droits de propriété qui caractérisent le capitalisme est tellement important pour le développement des pays pauvres que l’économiste Hernando De Soto a montré que c’était précisément l’absence de registres et de systèmes de protection de la propriété privée qui freinait le développement des pays pauvres. Ainsi, si les raisons du sous-développement de certaines régions du monde sont multifactorielles, elles s’expliquent bien davantage par l’absence de capitalisme que par un excès de ce dernier.

 

Le capitalisme, c’est l’exploitation des plus faibles

Cette idée reçue est directement issue de la théorie marxiste, selon laquelle ceux qui détiennent les moyens de productions exploitent les prolétaires (ceux qui ne disposent que de leur force de travail) par le salariat. Aujourd’hui les « riches » (dont on se garde souvent de donner une définition précise) exploiteraient les plus démunis par de nouvelles formes d’esclavage, comme les contrats précaires ou l’ubérisation de l’économie.

S’il me paraît indéniable qu’il existe encore aujourd’hui des personnes dont les conditions de vie et de travail restent très difficiles, il n’en demeure pas moins que la part de personnes vivant dans de telles conditions a fortement diminué depuis la mise en place d’un ordre économique capitaliste.

Avant la Révolution industrielle, plus de 90 % de la population travaillait dans les champs, 7 jours sur 7 et sans vacances, le tout pour un revenu de subsistance. La mobilité sociale était inexistante et le moindre aléa climatique pouvait provoquer des famines. Aujourd’hui, même s’il reste des personnes dont le quotidien est très difficile, aucun travailleur ne doit faire face à une telle précarité.

Et surtout, parler d’exploitation est malhonnête, car elle suppose que des personnes travaillent contre leur gré, ce qui n’est pas le cas. Le système capitalisme repose sur une base contractualiste et de respects des droits individuels.

Il est donc celui qui est par nature le plus éloigné de toute forme d’exploitation.

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