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02 septembre, 2022

La loi des débouchés (2) : John Stuart Mill

 Par Marius-Joseph Marchetti.

Première partie de la série ici.

Continuons aujourd’hui avec l’examen du texte de référence des Classiques lorsqu’il s’agit de trouver une défense pertinente de la loi des débouchés, à savoir les Principes d’économie politique de John Stuart Mill.

 

John Stuart Mill, et les quatre propositions fondamentales du capital : le test du bon économiste 

Quelles sont les quatre propositions fondamentales du capital rédigées par John Stuart Mill dans son Livre Premier (Production) de ses Principes d’économie politique ? Les voici :

  1. L’accroissement du capital donne un surcroît d’emploi et travail, sans limite assignable
  2. Le capital est le résultat de l’épargne
  3. Tout capital est consommé
  4. La demande de biens de consommation n’est pas une demande de travail

 

De ces quatre propositions, c’est la dernière qui est la plus primordiale, réfutant l’économie keynésienne, et c’est celle que je n’ai pu trouver que dans les manuscrits du LibertyFund, mon édition anglaise de la Moncreiffe Press ne fournissant qu’une explication de l’éditeur et l’édition française de la Bnf l’occultant carrément.

La demande de marchandises n’est pas la demande de travail. La demande de marchandises détermine dans quelle branche particulière de la production le travail et le capital seront employés ; elle détermine l’orientation du travail, mais pas le plus ou le moins de travail lui-même, ni l’entretien ou le paiement du travail. Ceux-ci dépendent du montant du capital, ou des autres fonds directement consacrés à l’entretien et à la rémunération du travail.

On voit que l’économie classique, bastion protégé des doctrines de la sous-consommation, s’intéresse avant tout aux prix relatifs et donc à la structure de l’offre et de la demande plutôt qu’aux agrégats et notamment à l’offre et à la demande globale. C’est pour cela que la stimulation de dépenses improductives nuit à la formation de l’épargne et au capital, et diminue les niveaux de la richesse nationale, comme cela a été soulevé par John Stuart Mill et d’autres classiques avant lui :

L’effet habituel des tentatives du gouvernement pour encourager la consommation, est simplement d’empêcher l’épargne ; c’est-à-dire de promouvoir la consommation improductive aux dépens de la reproduction, et de diminuer la richesse nationale par les moyens mêmes qui étaient destinés à l’augmenter. John Stuart Mill, Principes d’Économie politique

Ce n’est donc pas le nombre de consommateurs, mais le nombre de producteurs qui fixe la limite de la richesse d’un pays. :

L’accumulation, la production pourraient aller ainsi croissant jusqu’à ce que tous les travailleurs aient atteint toutes les jouissances de luxe compatibles avec la continuation du travail ; en supposant, il est vrai, que leur puissance de production fût suffisante à produire de quoi satisfaire ces nouveaux besoins de luxe pour tous les membres de la classe des travailleurs. Ainsi la limite de la richesse n’est pas fixée par le nombre des consommateurs, mais bien par celui des producteurs, par la quantité de puissance productive qui existe à une époque donnée. Toute addition, tout accroissement de capital donne au travail, soit une addition d’emploi, soit une addition de rémunération. S’il trouve des bras nouveaux prêts à travailler, il accroît la production générale ; s’il ne trouve que les mêmes bras employés auparavant, il accroît leur rémunération, et même, en ce dernier cas, il peut accroître la production, en stimulant les travailleurs par un salaire plus abondant. » 

John Stuart Mill s’attaque également aux préjugés mercantilistes, relayés par Malthus et Sismondi, selon lesquels c’est la dépense improductive en biens de luxe par les riches qui font la richesse d’un pays et permettent d’écouler les marchandises sur le marché (préjugés que Frédéric Bastiat attaquera également dans son livre Ce qu’on voit et ce qu’on ne voit pas, tout comme dans ses Sophismes Économiques) :

Il n’est pas d’opinion plus accréditée que celle qui affirme que la consommation improductive des riches est nécessaire pour donner de l’emploi aux pauvres. Avant Adam Smith, cette assertion trouvait à peine un contradicteur, et même après lui des auteurs du plus liant mérite, et dont les noms sont célèbres, ont affirmé que si les consommateurs épargnaient et convertissaient en capital une portion plus considérable de leur revenu, que s’ils ne dépensaient pas improductivement une partie de ce revenu, toujours en raison directe du capital du pays, l’accumulation qui s’ensuivrait serait une perte réelle, puisqu’il ne se trouverait pas de marché pour les objets créés à l’aide de ce capital. Je regarde cette opinion comme l’une des nombreuses erreurs qui se sont emparées de l’économie politique…

Cependant, en tant que partisan des prémisses d’une théorie de l’équilibre monétaire, John Stuart Mill ne voyait pas d’incohérence entre la défense de la loi de Say et le fait que des émissions excessives de monnaie pouvaient être un facteur de crise et de désorganisation commerciale (tout comme, un peu plus tard, Walter Bagehot).

Voici la fin de notre second exposé, qui s’intéressait plus spécifiquement aux propositions fondamentales de John Stuart Mill, dont la compréhension était jugée par l’économiste autrichien Friedrich Hayek comme étant le test ultime du bon économiste.

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