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14 septembre, 2022

L’idéologie woke s’attaque aux sciences de l’Homme

 Par Frédéric Mas.

Dans un tweet publié vendredi dernier, le célèbre spécialiste de sciences cognitives de Harvard Steven Pinker s’étrangle d’indignation. L’édito du mois d’août de Nature Human Behavour, une prestigieuse revue à comité de lecture publiée par Springer Nature Publishing, lui est désormais haïssable :

Journalistes et psychologues, prenez note : Nature Human Behavior n’est plus une revue scientifique évaluée par les pairs, mais l’exécuteur d’un credo politique. Je n’arbitrerai plus, ne publierai plus et ne citerai plus (comment savoir si les articles ont été vérifiés pour la vérité plutôt que pour le politiquement correct ?)

En cause, la nouvelle ligne de la publication centrée sur le comportement humain, qui subordonne désormais la science aux impératifs idéologiques progressistes woke du moment. Le texte signé Stavroula Kousta commence mal, répétant un scénario trop connu dans un monde de la recherche américaine travaillé par le puritanisme woke :

« Bien que la liberté académique soit fondamentale, elle n’est pas illimitée. »

S’ensuit une liste de recommandations éthiques visant à « protéger » des groupes qui, bien que ne participant pas directement à la recherche, pourraient être blessés par la production scientifique du journal dès que les propositions de publications sembleraient discriminatoires, racistes, sexistes, capacitistes ou homophobes ou pourraient paraître justifier une atteinte aux droits de groupes spécifiques. Simplement en raison de leurs caractéristiques sociales, elles passeraient tout simplement à la trappe ou seraient même dépubliées. La science, peut-on lire dans le papier, a trop longtemps été complice du « racisme structurel », et il faut que ça change.

 

Censure woke

Pour Bo Winegard de Quillette, l’objectif est sans équivoque. Il s’agit de censurer, a priori comme a posteriori, les textes qui ne sont pas dans la ligne du parti :

Puisqu’il est déjà courant de rejeter les travaux faux ou mal argumentés, on peut supposer que ces nouvelles directives ont été conçues pour rejeter tout article considéré comme une menace pour les groupes défavorisés, que ses principales affirmations soient vraies ou non, ou du moins bien étayées. En quelques phrases, nous sommes passés d’une banale déclaration d’évidence à un pouvoir discrétionnaire éditorial draconien et censuré. Les éditeurs jouiront désormais d’un pouvoir sans précédent pour rejeter des articles sur la base de préoccupations morales nébuleuses et de préjudices anticipés.

Sur son blog, le biologiste Jerry Coyne s’inquiète à son tour de la présomption de culpabilité qui pèse désormais sur les sciences touchant au comportement humain. Qui jugera du caractère « blessant » des articles et sur quels critères ?

L’ancien professeur assure :

« De nos jours, les gens sont tellement désireux de s’offenser que [c]es recommandations risquent de se transformer en une pure censure de toute science susceptible d’offenser qui que ce soit. »

Certaines études touchant à la génétique, à l’hérédité et plus généralement aux comportements humains ramenés à la biologie (qu’on pense ici à la sociobiologie ou à la psychologie évolutionniste) et aux sciences cognitives ont souvent suscité les réactions hostiles ou du moins sceptiques des milieux progressistes.

Pour Steven Pinker, ces dernières décennies, les recherches dans le domaine ont largement entamé l’idéologie de la page blanche (blank slate) qui pour lui constitue l’impensé des sciences sociales. Si tout n’est pas culturel, mais qu’existe une nature humaine qui modèle les comportements et façonne les personnalités au moins autant que la culture, alors réapparait pour certains le spectre des inégalités naturelles, du racisme ou encore du déterminisme biologique. Si dans son essai publié il y a deux décennies sur le sujet, Pinker cherche à conjurer auprès du public cultivé cette peur panique de la persistance de la nature humaine comme domaine légitime de recherche scientifique, l’actualité nous indique que rien n’est gagné.

 

Le retour du lyssenkisme version USA

Censurer préventivement la science au nom du moralisme progressiste n’est pas seulement idiot, immoral et dangereux : c’est aussi se placer sur le terrain du lyssenkisme, du nom de Trofim Lyssenko, le « généticien » favori de Staline. En prétendant défendre la science marxiste-léniniste contre la science bourgeoise, Lyssenko a condamné la recherche soviétique à des années de stagnation et de régression. Espérons que le wokisme disparaisse plus rapidement que son alter ego moscoutaire.


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